EXCLUSIF. La lettre d'Imanol Harinordoquy à Dimitri Yachvili
Exlcusif ! La lettre d'Imanol Harinordoquy à Dimitri Yachvili.
L'intrépide Ovale Masqué a mis les mains sur un document exclusif : la lettre d'Imanol Harinordoquy à Dimitri Yachvili. Le Basque y raconte ses premiers jours au Stade Toulousain.
L'intrépide Ovale Masqué a encore frappé cette semaine, en mettant les mains sur un document exclusif : une lettre d'Imanol Harinordoquy adressée à son vieux compère Dimitri Yachvili. Le Basque y raconte ses premiers jours au sein da sa nouvelle équipe du Stade Toulousain.... et de son adaptation un brin difficile.


Cher Dimitri,

Je t'écris ces quelques lignes alors que je m'apprête à m'embarquer dans une nouvelle aventure. Un nouveau challenge, un grand challenge, bref, un challenge à la hauteur d'Imanol Harinordoquy.

Comme tu le sais, j'ai en effet décidé de quitter Biarritz pour rejoindre le Stade Toulousain, ce petit club que nous avions écrasé toi et moi en 2006. Ah, que de bons souvenirs ! Quand j'ai un peu le blues, même si ça ne m'arrive pas souvent (après tout, je suis Imanol Harinordoquy, de quoi ai-je à me plaindre?) je me repasse ce passage où Damien Traille met un cadrage débordement à Frédéric Michalak. C'est imparable, ça me donne toujours le sourire. Nous étions si forts à l'époque, que nous arrivions même à faire marquer des essais à Jean-Baptiste Gobelet. Ah mon BO, qu'es-tu devenu...

Après l'officialisation de la descente en ProD2, dûe à l'incompétence des 13 joueurs que Serge avait sélectionné pour nous entourer, j'ai beaucoup réfléchi. Comme tu t'en doutes, j'ai croulé sous les offres : le Japon, la Nouvelle-Zélande, l'Afrique du Sud, Castres... des contrées lointaines et mystérieuses, de nouvelles cultures à découvrir. J'ai été tenté. J'aurais également pu arrêter ma carrière, comme tu l'as fait. Mais la génétique est inégale et contrairement à toi qui mettais une demi-heure à extraire le ballon d'un ruck cette saison, mon physique me permet encore d'évoluer au plus haut niveau.

Certes, je le reconnais, j'ai eu quelques soucis de santé récemment. Mais grâce à la sagesse de Philippe Saint-André, qui a décidé de se passer de moi lors des derniers rassemblements de l'équipe de France, j'ai pu me reposer au mieux. Pour le remercier, je lui ai d'ailleurs offert un polo de la marque H. Tu aurais dû le voir, il était si ému de recevoir un cadeau d'un grand joueur comme moi, qu'il était en larmes quand je lui ai apporté ! Enfin, tu connais Philippe, il est tout le temps en train de pleurer de toute façon.

Après de longues négociations – René Bouscatel voulait me donner le même maigre salaire que mon suppléant en équipe de France, Louis Picamoles, ce que j'ai bien entendu catégoriquement refusé – j'ai donc choisi Toulouse, qui est tout de même le club le plus titré de France, comme je l'ai découvert sur Wikipédia (Serge m'avait pourtant assuré que c'était Biarritz !). Je sais ce que tu vas dire, il s'agit là d'une équipe sur le déclin, tellement à la ramasse qu'elle se met même à recruter des joueurs à Bayonne. Et c'est vrai.

Mais justement, je me suis dit... et si j'étais l'élu, celui qui rendra sa dignité à cette équipe, qui l'emmènera à retrouver sa gloire passée ? Ca, c'est un défi. En comparaison, quel mérite aurais-je eu à compléter mon riche palmarès à Toulon ? J'imagine que Mourad Boudjellal rêvait d'associer Juan Smith, Chris Masoe ou Fernandez-Lobbe à côté d'un des plus grands N°8 de l'Histoire... mais je suis un homme, pas une image panini destinée à un riche collectionneur.

Et puis Toulouse, c'est l'occasion de revoir en action la troisième ligne légendaire que je formais avec Thierry Dusautoir à Biarritz ! Yannick Nyanga pourra reprendre le rôle de Serge Betsen, s'il se laisse pousser des tresses et qu'on lui taillade le visage avec un cutter, il sera vraiment parfait. Oui mon cher Dimitri, comme tu le vois, je suis vraiment motivé par ce nouveau projet. Certes, il y aura du boulot et j'ai déjà constaté plusieurs erreurs de management flagrantes depuis mon arrivée. Mais rassure-toi, quand je m'occuperai du programme des entraînements et de la composition d'équipe, comme je le faisais au BO, je pense que tout ira bien mieux.

Car pour le moment, je dois dire que j'ai été assez déçu, si ce n'est choqué, de voir comment les choses fonctionnent par ici. On frise en effet l'amateurisme le plus total. Cela a très mal commencé dès mon premier soir en ville. Je suis allé dîner dans un restaurant cossu du centre, près de la place du Capitole, un endroit où je verrai d'ailleurs bien une statue à mon effigie - après tout, Thierry Henry en a bien eu une à Wembley, et le seul fait d'armes de sa carrière est d'avoir fait un en-avant contre l'Irlande. Moi, l'Irlande, je leur ai planté des dizaines d'essais !

Bref, j'étais donc dans un restaurant près de cette place et à la fin du repas, le choc. Le serveur m'a demandé de régler la note ! Bien sûr, je me suis levé, furieux. « Vous savez qui je suis ? », je lui ai demandé. Le type ne m'a pas répondu et m'a fait escorter en dehors de l'établissement par deux grands blacks baraqués. J'aurais pu les briser d'une seule main si je l'avais voulu, mais je n'ai pas osé. Si ça se trouve, il s'agissait de Fidjiens qui jouent au Stade et qui cherchaient là à arrondir leurs fins de mois... et comme tu le sais ce n'est pas mon genre de frapper mes coéquipiers.

Le lendemain, nouvelle déception. Pour le premier jour d'entraînement, j'ai voulu prendre mes aises à Ernest-Wallon et j'ai constaté qu'on m'avait alloué un casier à côté de Matanavou et Lamboley. Evidemment j'ai refusé de m'habiller à côté de ces deux joueurs de seconde zone ! J'ai donc décidé d'installer mes affaires dans le casier de Picamoles, qui n'est pas encore de retour à l'entraînement. Ca lui apprendra à être un tire-au-flanc ! Des vacances pour les internationaux, et puis quoi encore... de mon temps, les jeunes étaient de plus gros bosseurs. Je m'inquiète de voir ce qu'est devenu le rugby professionnel !

Fatigué par cette première journée éprouvante psychologiquement, j'ai logiquement décidé de quitter les lieux sans m'entraîner. William Servat, qui était occupé à apprendre à Tolofua à se servir de ses mains en lui faisant participer à un atelier de pâte à modeler, n'a même pas remarqué mon absence. Pas plus que Jean-Baptiste Elissalde, qui avait la tête plongée dans un quelconque ouvrage. Je pensais qu'il s'agissait d'un livre de tactique, mais en m'approchant j'ai constaté que c'était le dernier Marc Levy. Cela m'a rappelé que je dois penser à écrire mes mémoires. J'aime l'idée d'apporter un témoignage pour les générations futures. Et qui sait, un jour, mes écrits seront étudiés lors du baccalauréat ! Je pense que cela parlera bien plus aux jeunes que des auteurs datés et abscons comme Victor Hugo. Pour un jeune, Victor Hugo, c'est juste un type qui a donné son nom à plein de rues. D'ailleurs, je me demande quand on pensera à en nommer une à mon nom à Biarritz... il faut que je pense à passer un coup de fil à Serge, qui ordonnera probablement au maire de faire ça au plus vite.

J'attends maintenant de rencontrer celui qui sera, j'imagine, mon adjoint tout au long de la saison : Guy Novès. Lui aussi était absent lundi, ne voyant pas l'intérêt, je cite, « de prendre part à un entraînement avec des joueurs de merde qui ne sont même pas internationaux ». Je le comprends bien. Moi-même, ça ne me plait pas beaucoup d'avoir à côtoyer ces gars-là, mais après tout je viens d'arriver au club, il faut rester humble et discret, rentrer dans le rang. Je sais aussi que ce vieil homme fait une sorte de fixette sur les doublons... j'espère qu'il ne m'en tiendra pas rigueur lorsque je ferai mon grand retour avec le XV de France en 2015, juste à temps pour participer à la Coupe du Monde.

J'espère que de ton côté, tout va bien. Je t'ai vu récemment dans une pub pour Petrol-Han, tu m'avais l'air très affuté. Si jamais une malheureuse blessure devait pousser le Stade à rechercher un joker médical, sache que je ferai peser tout mon poids pour que tu sois recruté pour une dernière pige prestigieuse. Certes tu es lent et fatigué... mais j'ai vu Jean-Marc Doussain à l'entraînement, cela ne devrait pas changer grand chose au final.

Force et honneur,
Imanol Harinordoquy.

EXCLUSIF. La lettre d'Imanol Harinordoquy à Dimitri Yachvili
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  • Yonolan
    198745 points
  • il y a 5 ans

J'étais passé à coté...un petit bijou

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