L'Immonde du Rugby N°26
Pour célébrer sa retraite internationale; l'Immonde du rugby rend hommage au grand Jonny Wilkinson et vous invite à passer 24h en sa compagnie...
L'Immonde du Rugby N°26
Cette fois c'est fini. Après 91 sélections avec le XV de la Rose, 1179 points inscrits et plus de 798 975 likes uniquement pour cette photo sur Facebook, Jonny Wilkinson a décidé d'en finir avec sa carrière internationale, avec la noblesse et la classe propre aux joueurs qui savent s'arrêter avant de faire la saison de trop, et passer le flambeau à la nouvelle génération au meilleur moment. Ou qui sentent bien que le prochain sélectionneur ne les prendra pas de toute façon, c'est selon.

Jonny a donc terminé sa belle carrière (on ne vous fera pas son palmarès, vous connaissez l'adresse de Wikipedia) sur une défaite sans gloire face au XV de France, dont il fut pourtant si souvent le bourreau. Jonny n'a même pas tapé un dernier petit drop inutile, pour le fun, avant de laisser sa place à Toby Flood vers la 60ème minute de jeu... ce qui prouve qu'il a tout de même moins d'humour que son ancien rival Felipe Contepomi.

À l'heure où la France entière va rendre hommage au plus grand demi d'ouverture de tous les temps derrière Dan Carter et Alain Penaud, nous avons décidé de faire plus original, et de vous proposer un vrai sujet de fond dont le but sera de percer le mystère Jonny Wilkinson. Car oui, Jonny Wilkinson est un mec louche : trop beau, trop bien coiffé, trop souriant, calme en toutes circonstances, bilingue au bout de deux semaines en France alors qu'en 22 ans de présence sur le territoire Mathieu Bastareaud galère toujours : cet homme est trop parfait pour être vrai et forcément suspect. Quel horrible secret cet homme trop parfait peut-il bien cacher ? Pour répondre à cette question, nous avons passé 24h avec lui avant le match du RCT contre Agen...


8h30
Après d'âpres négociations (un coup de téléphone de 2 minutes 30 environ conclu par un « Ok, no problem ») Jonny Wilkinson a accepté de recevoir l'équipe de l'Immonde du rugby chez lui, dans sa propriété située sur les hauteurs varoises. GPS en poche, Ovale Masqué (incognito et sous l'astucieux pseudonyme de Bruce Veine) se rend à la résidence de Sir Jonny à bord de son Ovale-Mobile, une voiturette de golf tunée ayant autrefois appartenu à Andy Powell. Il est bien sûr accompagné de son fidèle Stagiaire, chargé de pousser la voiturette dans les montées.

9h
Nous approchons de l'imposante grille encerclant le domaine de Jonny Wilkinson. La porte est ouverte. Nous pénétrons dans les jardins. L'endroit est à son image : simple, modeste, bien entrenu. La maison, elle, semble plus ancienne, recouverte de plantes, ce qui lui donne un air de monastère. Alors que nous visitons les lieux à la recherche d'un éventuel corps enterré quelque part (celui du concepteur des ballons de la dernière Coupe du Monde, par exemple) Jonny Wilkinson surgit de nulle part, sourire aux lèvres. « Bonjour. »

9h02
Charmant, Jonny s'excuse immédiatement « Oh désolé, je vous ai fait peur ? Entrez donc ». Jonny nous montre le chemin. Nous remarquons qu'il porte une bure. Sans doute une tenue traditionnelle toulonnaise.

9h10
Lorsque nous arrivons dans sa cuisine, le petit déjeuner est déjà servi. Nous nous attendions au pire de la part d'un Anglais mais à notre grande surprise, la table est exquise. Pas d'oeufs au plat, de plats de haricots rouges et de saucisses frites à la menthe. Mais des croissants, du (bon) café et de la confiture. Nous nous régalons. Satisfait, Jonny nous confie « J'adore la cuisine française ».

9h15
Nous discutons tranquillement autour de la table. Le rugby, le bouddhisme, Toulon, son amour pour la culture française... Jonny nous confie: « Je pense que si je me sens aussi bien ici, c'est parce que j'ai été Français dans une de mes vies précédentes. J'en suis même persuadé. Puis j'ai évolué spirituellement et je suis devenu Anglais, ce qui m'a permis de faire des choses irréalisables pour un Français, comme gagner la Coupe du Monde de rugby. »

9h17
Après avoir observé nos mines défaites pendant quelques secondes, Jonny ricane poliment : « Hey guys, just joking ! ». Connard.

9h30
Alors que nous terminons le petit déjeuner, Jonny veut nous montrer la pièce de la maison où il expose ses divers trophées et souvenirs. « Là, c'est le maillot de ma première sélection avec le XV de la Rose, à 18 ans contre l'Irlande à Twickenham.... Là c'est celui de mon premier match avec Newcastle... celui-ci là, c'est celui de la finale de la Coupe du Monde 2003.... ça c'est le trophée de meilleur joueur du Monde IRB... » 

9h47
Jonny continue son passage en revue. Alors qu'on commence à s'ennuyer ferme devant cette gigantesque collection (et dire qu'il n'a jamais rien gagné en club...) nous remarquons un étrange bocal qui semble contenir deux... dents. « Ah ça. C'est des dents de Serge Betsen. Je les ai récupérées dans une de mes cuisses après France – Angleterre en 2002 ». Le Stagiaire tombe dans les pommes.

9h55
Jonny apporte les premiers soins au Stagiaire, qui connait ses premiers émois amoureux lorsque l'Anglais lui pratique le bouche à bouche. Il finit par reprendre ses esprits. Je dois avouer que je suis admiratif « À votre place, je crois que je l'aurais laissé crever là ». Jonny rigole. J'étais sérieux.

10h
Jonny va se préparer pour rejoindre l'entraînement. Pendant ce temps là, nous fouillons sa maison à la recherche de secrets honteux, prouvant qu'il n'est pas parfait. Nous tombons dans une salle étrange, avec des vitrines contenant, selon toute vraisemblance, des parties de corps humain. Jonny Wilkinson serait-il un serial killer du dimanche façon Dexter ?

10h03
Jonny nous surprend dans sa pièce secrète. « Oh, vous l'avez trouvée. Je ne voulais pas vous la montrer pour vous embêter avec ça... comme vous le savez, j'ai beaucoup été blessé au cours de ma carrière. J'ai tenu à garder un souvenir de ces épisodes douloureux de ma vie. Ça m'aide à avancer de venir ici dans les moments difficiles. Regardez, là c'est une côte brisée par un plaquage de Schaalk Burger... ça, c'est un morceau de ligament croisé que je me suis cassé avec Newcastle... ça c'est mon tendon d'Achile... là un cartilage de l'épaule... » le Stagiaire s'effondre à nouveau.

10h42
« … Ah et celle là, c'est le cadeau d'un ami. C'est un bout de tibia de Frédéric Michalak. » Puis soudain, Jonny regarde sa montre. Il est en retard pour la première fois de sa vie. Il fonce vers sa voiture. Pendant ce temps-là, je fais remarquer que Maxime Mermoz devrait louer une aile entière du Musée d'Orsay si il voulait exposer tous ses souvenirs de blessures. Je vois bien dans ses yeux qu'il n'a pas compris la blague, mais il rigole quand même, en bon stagiaire.

10h45
Nous embarquons avec Jonny. Malgré son retard, l'ex ouvreur du XV de la Rose n'est aucunement stressé, il ne dépasse aucune limite de vitesse et ne grille aucun feu rouge, ce qui prouve qu'il n'est pas encore tout à fait intégré à la vie toulonnaise finalement.

10h50
Jonny arrive au centre d'entraînement des Rouges et Noirs avec 20 minutes de retard. Il s'attend à se faire sermonner par Bernard Laporte, mais ce dernier, exceptionnellement, laisse couler. Alors que Jonny se dirige vers les vestiaires, Bernard nous confie: « Je crois qu'en fait ça me rassurerait s'il était en retard plus souvent. ».

11h
Petite causerie de Bernard Laporte avant le match de ce soir face à Agen. Pour assister Bernie le Dingue, Olivier Azam et Pierre Mignoni sont là, ainsi que Nelson Monfort (encore un ménage...) qui est présent pour assurer la traduction aux 21 nationalités différentes de l'équipe.

11h05
Un crissement de pneus vient briser le calme feutré du terrain d'entraînement. Lorsque nous apercevons cette Ferrari rouge immatriculée « MadMourad83 », nous reconnaissons immédiatement la patte du président toulonnais. Rayban vissées sur la tête et costume crème du plus bon goût, Mourad Boudjellal est accompagné de deux trois molosses faisant office de gardes du corps. Parmi eux, Willie Mason, qui a enfin trouvé une utilité au sein du Rugby Club Toulonnais. Occupé à négocier un contrat au téléphone, Mourad ne nous prête pas attention.

11h07
Bakkies Botha porte un plaquage cathédrale à Nelson Monfort. Apparemment, il ne parlait pas assez bien Afrikaner à son goût. À noter que sur l'action, Bakkies se blesse, ce qui reporte désormais ses grands débuts sur le terrain au mois d'avril.

11h10
En apprenant la nouvelle, Mourad Boudjellal pète une câble. Il sort un pistolet silencieux de sa doublure de veste et tire une balle dans le genou de Willie Mason. Stupeur. « De toute façon, ses jambes elles lui servent à rien, et moi ça me défoule ». Le Stagiaire s'évanouit à nouveau.

11h15
C'est apparemment une matinée comme une autre au centre d'entraînement du RC Toulon. Bernard Laporte décide donc faire comme si de rien n'était et procède à la mise en place tactique pour le match de ce soir. Au bout de quelques minutes, il se rend compte qu'il a encore confondu Steffon Armitage et Mathieu Bastareaud. Le troisième ligne anglais se retrouve donc à jouer au poste de second centre. Laporte constate que finalement ce n'est pas si mal, puisqu'il court de toute façon plus vite que l'ancien parisien.

11h20
Alors que le Stagiaire est toujours inconscient, Mourad Boudjellal tente de lui faire signer un pré-contrat. Avec sa mèche blonde, il l'a apparemment pris pour le jeune Australien James O'Connor.

11h25
Rory Lamont tente d'entrer dans le centre d'entraînement toulonnais. Il se fait vider par la sécurité « C'est fini Rory, tu ne joues plus ici maintenant ! ». Nous apprenons donc que Rory Lamont a joué à Toulon.

11h30
Nous assistons au reste de l'entraînement depuis les tribunes. À coté de nous, un journaliste de l'Equipe prépare également un sujet sur Wilkinson. IL ne lui manque plus que le titre... « J'avais pensé à un truc original, qu'est-ce vous pensez de « Wilkinson, taille patron ? ». Un journaliste du Midol assis un peu plus loin propose « Wilkinson, le patient anglais ». « Ah ouais, c'est bon ça ! ». Nous sommes en admiration devant ces ténors du journalisme et nous espérons pouvoir un jour être aussi créatifs qu'eux.

13h
Après s'être douché et avoir dîné au club house (un steak au soja et du riz bio certifié commerce équitable) Jonny se rend sur une crique isolée au large de la ville. Torse nu et assis sur le sable, Wilko médite en laissant ses cheveux blonds courir dans le vent. Le Stagiaire est définitivement amoureux.

14h
Wilko se rend maintenant au Stade Mayol pour un petit entraînement face aux perches. En délicatesse avec sa cuisse droite, il décide de faire un entraînement light et ne tape qu'une série de 350 pénalités.

17h
Après sa séance d'entraînement, Jonny reprend sa voiture, cette fois sans nous, puisqu'il nous confie qu'il désire rester seul pour préparer son match. Intrigués, nous tentons de le suivre à distance dans notre voiturette de golf. Après une filature mémorable de 12 minutes (le stagiaire a vomi deux fois), Jonny se gare quelque part dans le centre ville de Toulon. Que cache t-il ? Relation tarifée ? Rencontre avec un médecin véreux dans le but d'obtenir une ordonnance magique ?

17h30
En fait, Jonny se rendait à un studio pour enregistrer un single caritatif dont les bénéfices seront reversés aux victimes des tremblements de terre en Nouvelle-Zélande. Il chante accompagné par d'autres bad boys du rugby comme Vincent Clerc, Sébastien Chabal, Thierry Dusautoir ou Dan Carter, qui était en repérage dans le Var pour choisir la destination de ses prochaines vaca... de son prochain club européen. Le projet qui s'intitule « Elvis Vers-Melun and friends sings for Christchurch », sera disponible pour Noël dans toutes les bonnes boucheries.

19h30
Le vestiaire toulonnais se prépare pour le match face au SUA. Alexis Palisson se concentre en comptant les stickers Pokemon collés sur son casier et découvre avec stupeur que quelqu'un lui a volé son Bulbizarre. Il soupçonne immédiatement Davit Kubriashvilii, dont la ressemblance avec le dit Pokemon n'aura échappée à personne.

19h45
Jonny Wilkinson lui n'est toujours pas là. Bernard Laporte commence à paniquer et nous révèle « Moi j'y comprends plus rien au rugby, notre seule tactique c'est de passer la balle à Wilko et de voir ce qu'il va faire... on est dans la merde ». Pierre Mignoni nous rassure cependant en nous assurant que Philippe Saint André avait exactement le même plan de jeu.

20h00
Jonny arrive enfin dans les vestiaires, l'air calme et détendu. À la descente du bus, il avait tenu à signer un autographe à chaque supporter. Même à l'agent de sécurité de Mayol et au jardinier qui passait par là et n'avait rien demandé, en ont eu un. Quel professionnalisme.

20h50
Début du match.

22h50
Match terminé sur la victoire de Toulon 34 à 12. Jonny Wilkinson a été très bon et décisif sur les essais de Lovobalavu et Senatore. Pour ménager le suspense, il a toutefois pris soin de disputer le match avec le ballon de la Coupe du Monde et a raté 5 coups de pied. Quel professionnalisme.

23h00
Alors que tout le reste du vestiaire toulonnais va fêter la victoire au bien nommé Pussy Cat Club, Jonny lui, passe l'option beuverie et préfère rentrer chez lui. Il nous invite à dîner. Au menu, un délicieux boeuf bourguignon préparé par ses soins. Le stagiaire fond en larmes et lui confie que personne ne s'était jamais aussi bien occupé de lui. Jonny lui fait un câlin.

23h30
Jonny nous raccompagne vers la sortie. Toujours soupçonneux, nous décidons de nous cacher derrière un buisson et d'épier ses faits et gestes, au cas où...

1h
Alors que je m'endormais tendrement contre l'épaule de mon stagiaire, la lumière du salon s'allume brusquement. Jonny Wilkinson sort de chez lui et se dirige vers sa voiture. À 1h du mat' ? Cette fois c'est sûr, il va se trahir... nous décidons donc de le suivre à distance à bord de l'Ovale-Mobile.

1h30
En fait, Jonny Wilkinson se rendait de nouveau au Stade Mayol pour tirer une nouvelle série de 350 pénalités.. Seul, dans le noir. On a compté, il n'en a raté que deux.

1h45
Alors qu'il est en plein entraînement, les projecteurs du stade s'allument brusquement. Bernard Laporte descend des tribunes, armé d'un fusil tranquillisant et d'un mégaphone. « Jonny, je t'ai déjà dit, c'est plus possible ! Tu vas finir par te blesser, rentre chez toi bordel ! Tu t'es assez entraîné ».

2h
Nous avons donc finalement trouvé UN défaut à Jonny Wilkinson : il est trop perfectionniste. Mission accomplie...

***Fin***
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  • OvaleMasqué
  • il y a 12 ans

Je confirme que j'ai bien tracaillé pour le Monde du Rugby (en étant horriblement sous payé, voire pas payé) et que je suis l'auteur de l'article original.

Je crois aussi que les deux trois malheureux qui ont payé 4 euros 50 pour ce magazine devraient relire l'article qui n'a plus grand chose en commun, hormis deux trois vannes qui valaient le coup d'être conservées.

La bise !

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