L'immonde du Rugby N°32
L'Immonde du Rugby invoque Pierre Villegueux qui revient France - Italie et analyse la performance des Bleus version PSA...
Après vous avoir présenté les 6 nations engagées dans le Tournoi lors des trois derniers numéros (quoi ? Vous ne les avez pas encore lus ?) l'Immonde du Rugby invoque à nouveau le sage parmi les sages, le grand gourou de la Boucherie Ovalie, l'homme qui a donné des concours de self control à Florian Fritz et Julien Caminati, Pierre Villegueux, pour analyser la première sortie de l'Equipe de France contre les Bleus. Comme tout le monde, Pierre est globalement satisfait mais pas enthousiaste.

Le contexte

Auréolé de son titre de champion du monde des finales perdues, le XV de France entamait ce tournoi des 6 Nations dans la peau du favori : un effectif expérimenté, profond et peu remanié, un entraîneur dont la santé mentale semble pour le moment intacte (et ce malgré 2 ans au contact de Mourad Boudjellal) un calendrier favorable, une entrée en matière « facile » à domicile contre l'Italie : autant dire que toutes les conditions étaient réunies pour assister à un match poussif, comme seul le XV de France sait en réaliser face à un adversaire pourtant promis à l'humiliation.

Fin observateur du championnat de France et du tout nouveau Top 2 qu'on nous propose depuis le début de la saison, PSA a opté pour une composition façon « Stade Clermontois », les Toulousains devant pour concasser, les Clermontois derrière pour jouer à la baballe, et Pascal Papé pour faire des blagues en conférence de presse. Bref, du solide.

Pour ses grands débuts, Marc Lièvremont avait annoncé une révolution et du jeu à tout va. Après des débuts enthousiasmants, Lapinou avait fait demi-tour aux premières difficultés et avait fini par forger l'équipe qu'on a connue durant le Grand Chelem 2010 et le Mondial 2011 : forte sur les bases, disciplinée, incapable de garder le ballon plus de trois temps de jeu mais sacrément opportuniste. Philippe Saint André, lui, a été plus modéré pour sa prise de fonction et avait annoncé d'emblée qu'on se ferait chier en déclarant qu'il ne « révolutionnerait pas le jeu avec un stage de 3 jours ». Résultat, on a retrouvé les Bleus comme on les avait quittés, voire moins bien puisque pas vraiment dominateurs en conquête, mais tout de même capables de marquer 4 essais de trois quarts (et plutôt jolis) en touchant 5 fois le ballon. Contre une équipe comme l'Italie qui aurait pu continuer de jouer jusqu'au début de l'été sans jamais prendre un intervalle, c'était l'assurance d'une victoire confortable.


Le match

Le problème de faire un compte rendu 4 jours après le match c'est que tout le stock de vannes possibles et imaginables sur les pigeons en mode #occupysdf ont déjà été faites,et que c'est sans doute la principale chose à retenir du match. Heureusement du coté français, la charnière était également là pour nous divertir en début de match, d'abord avec Dimitri Yachvili, auteur d'une passe 5m en-avant puis d'une autre 5m en arrière : sûrement les séquelles de son association avec Marcelo Bosch au Biarritz Olympique. François Trinh-Duc a, lui, tenu à rendre hommage au fantôme de David en ratant complètement deux renvois. On comprend pourquoi Galthié avait l'air si joyeux aux commentaires : comme souvent en Equipe de France, le vrai Trinh-Duc devait être séquestré dans le local à poubelle du Stade Yves du Manoir. Même Rougerie y est allé de sa passe complètement foirée lors des 15 premières minutes : la touche Lagisquet n'aura donc vraiment pas tardé à se faire ressentir derrière.

Devant l'imprécision des arrières français, ce sont donc les Italiens qui mettent la main sur le ballon en début de match. Pas qu'en début de match d'ailleurs puisqu'ils termineront avec la stat éloquente de 66% de possession : à ce niveau là c'est un peu comme passer trois heures à faire un cunnilingus à sa partenaire sans même obtenir le moindre début de frémissement. Les Italiens ne réussiront même pas à prendre une seule fois le score dans le match puisqu'après une percée de 40m de Malzieu, la France obtient une pénalité et Yachvili a l'occasion d'ouvrir le score pour la France. Malgré la réponse de Burton par un drop , l'inévitable arrive : sur sa première incursion dans le camp italien, Trinh-Duc lance Rougerie plein champ entre Castrogiovanni et Ghiraldini. Deux piliers pour défendre sur un centre, l'idée est brillante : l'élu du peuple auvergnat, entouré d'un halo de lumière à chaque fois qu'il touche le ballon, aveugle les deux Transalpins qui lui ouvrent le passage vers l'en-but.

Après 15 nouvelles minutes de domination italienne stérile, vient alors l'action ahurissante du match : après une mêlée récupérée par les Bleus sur introduction italienne (premier exploit) Picachu qui met Parisse dans le vent (second exploit) et enfin Julien Malzieu, raffûte et crochète un à un tous les arrières du XV italien avant d'aplatir. Une action qui résume finalement à elle seule tout le match : les Italiens ont beau avoir le ballon et l'initiative du jeu, c'est quand même un peu difficile de gagner un match de rugby à 8 contre 15. Au moins l'année dernière, les Français avaient eu la politesse de venir à Rome à 12 en titularisant Jauzion, Huget et Poitrenaud.

Burton réduit le score sur pénalité et à la mi-temps, le 15 à 6 est plutôt flatteur pour la France. La seconde période ne sera pas tellement plus digne d'intérêt puisque le match sera plié dès la 54ème minute suite à une action de football de François Trinh-Duc et Aurélien Rougerie (comme quoi tout arrive) qui permettra à Vincent Clerc de marquer un essai comme il les aime : sans rien d'autre à faire que courir tout droit et aplatir dans l'en-but. 25-9

En fin de match, Geldenhuys, ce seconde ligne sud-africain qui porte un nom de maladie, est exclu pour avoir volontairement effondré un maul. La sanction ne tarde pas à tomber puisqu'une minute plus tard, Fofana, auteur d'une belle partie, vient chercher sa récompense en inscrivant son premier essai en Bleu : la cerise sur le gâteau, le jouet dans le Happy Meal ou la MST sur la prostituée slovaque : choisissez votre expression favorite. Christian Jeanpierre peut souffler : la France vient d'empocher le bonus défensif. Le seul suspense de cette fin de match sera du coté du live du Rubynistère où Ovale Masqué cherchera (en vain) à brancher son ordinateur portable pour commenter la fin du match depuis un rade bordelais mal fréquenté. Les 7 acharnés qui suivent ses lives fort bien narrés et toujours si détaillés seront alors sur le bord du suicide : heureusement Maxime du Rugbynistère est déjà bien habitué à l'incompétence de la starlette imbibée du site et avait tout prévu : il prendra le relais avec brio pour la fin du match.


Les coqs :

La première ligne : Debaty : Le sélectionné surprise de la liste, et aussi celui qui a le moins de chance de garder sa place vu que Thomas Domingo arrêtera bien de se blesser un jour, et que son jeune coéquipier Clément Ric le pousse déjà sur le banc à Clermont. Quand en plus, on a appris qu'il débuterait face à un Castrogiovanni, ça sentait clairement le traquenard. Le Belge s'en est plus ou moins bien sorti, en réussissant à limiter les dégâts bien que globalement dominé. Dans le jeu, son point fort, on ne l'a pas vraiment vu. Il aura peut être plus l'occasion de briller dans un rôle d'impact player contre l'Irlande. Nicolas Mas et William Servat ont été assez peu en vue eux aussi, ce qui s'explique peut-être par le fait qu'ils viennent d'enchaîner une saison à 60 matchs et une Coupe du Monde. On demandera son avis à Guy Novès pour être sûr.

Lionel Nallet: Après avoir appris que son épouse avait été licenciée, Lionel Nallet a paru sous le choc sur le terrain du Stade de France. Auteur d'un match moyen.

Pascal Papé : 7 ballons, deux passes, 12 plaquages, des ballons volés en touche, un gros abattage : YES BABY .

Julien Bonnaire : Julien « cœur de rital » Bonnaire, le meilleur d'entre nous selon Saint Marc, a fait un match discret et a même moins plaqué que Picamoles. Peut-être que comme nous, Julien milite pour la naturalisation de Julien Bardy et pense qu'il manque à ces Bleus un joueur qui bave pendant les hymnes nationaux et va mordre les mollets de l'ouvreur adverse au premier ruck.

Thierry Dusautoir : 7 ballons, 4 passes, 14 plaquages, la routine pour le meilleur joueur du monde libre et de ses alentours proches. À noter qu'il a tout de même raté un plaquage : du coup, à la fin du match, il est parti s'isoler dans sa forteresse de solitude au Pôle Nord pour méditer sur cet échec inacceptable.

Picamoles : WHY YOU CONTINUE ? Ces dernières années, la régularité a souvent été le problème de Picachu. Mais depuis le début de la saison, l'ex-montpelliérain est irréprochable et presque toujours décisif. Sur l'essai de Malzieu, il se permet de mettre un vent à Parisse. Un peu comme si Jean Baptiste Gobelet mettait un cad'deb à Shane Williams. À noter que du coté de Murrayfield, Dan Parks a pris sa retraite internationale après s'être fait contrer sur un dégagement par Charlie Hodgson. Que va donc décider Parisse après s'être fait enrhumer par Picamoles, un affront au moins aussi douloureux pour l'ego ?

Dimitri Yachvili : Dimitri (ou Shlomo-Sean comme on l'appelle parfois sur la côte basque) a réalisé un match parfait sur le plan publicitaire en prenant bien soin de sortir tous ses ballons au ralenti, histoire de bien secouer sa belle chevelure sans pellicules devant les caméras. Certes, les Italiens ne lui facilitaient pas spécialement la tâche, mais la différence avec Parra en fin de match était tout de même flagrante...

Trinh-Duc : Une sorte de best of de sa carrière en Equipe de France : des mauvais choix à l'ouverture, deux renvois foirés, mais malgré tout une implication dans deux des quatre essais français et une aile de pigeon qui lui permettra sans doute de décrocher une sélection pour l'Euro 2012.

Julien Malzieu : Où es-tu passé, Averell Dalton ? Tes replacements approximatifs, tes air-plaquages, tes tentatives de crochets qui ne prendraient même pas sur Sylvain Marconnet le lendemain du 24 décembre. Excellent depuis le début de la saison, Averell semble métamorphosé par la force ancestrale des poulets d'Auvergne, et a encore réalisé un très bon match et marqué un essai splendide : ce qui lui a donc valu le Talent d'Or du match, qui revient systématiquement à celui qui marque le plus d'essais.

Wesley Fofana : La seule nouveauté du début de mandat de PSA n'a pas déçu : en un match, Fofana a marqué autant d'essais que Mermoz en 12 sélections et on l'a déjà vu deux fois plus sur le terrain. Bon, lui n'a pas encore marqué un essai contre les All Blacks, ni failli se péter la clavicule en plongeant dans l'en-but : attendons donc qu'il confirme.

Aurélien Rougerie : L'homme bionique, Rougerie, mi-Prince de Lu mi-Robocop, avait été le grand mystère de la Coupe du Monde 2011 : comment donc le XV de France était-il parvenu jusqu'à la finale en plantant un grand blond qui rate 5 plaquages par matchs en plein milieu du terrain ? Puis Rougerie avait finalement réussi son (seul) excellent match lors de la fameuse finale, et on n'en avait plus parlé. Et ce n'est pas maintenant qu'on va relancer le débat car Rougerie a encore signé un bon match au centre du terrain. Attention tout de même à la malédiction puisque toute la presse semble lui avoir attribué le titre honorifique de « papa des lignes arrières »... le même qu'on utilisait autrefois pour justifier les sélections de Dominici et Jauzion alors complètement cramés.

Vincent Clerc : Jean Dridéal se réjouissait de pouvoir enfin jouer un match sans Matanavu, l'homme qui lui pique tous ses essais faciles où il ne reste que 5m à courir jusqu'à l'en-but. Encore une fois il faut saluer la classe de Rougerie qui a donc laissé Clerc marquer son 32ème essai en Bleu. La fin d'une longue détresse pour le fils de Guy Novès. Et parfait pour le remettre sur pied avant le match face à l'Irlande, contre qui Dridéal marque toujours 2 ou 3 essais.

Maxime Médard : A adopté la technique dite de Clément Poitrenaud : ne pas se faire voir et surtout ne rien tenter pour ne pas déjà se griller aux yeux du sélectionneur. On attendra plutôt son duel avec l'Irlandais Kearney, le seul rugbyman professionnel doté de la même détente verticale que Michael Jordan.

Lartot & Galthié : Le duo de commentateurs gallois de France 2 a encore la demi-finale de Coupe du Monde en travers de la gorge, ainsi ils ont eu du mal à s'enthousiasmer pour le XV de France. Heureusement, ils ont retrouvé leurs dragons rouges préférés le lendemain contre l'Irlande.


Les Italiens :

Comme d'habitude, la première ligne a assuré, le trio Lo Cicero – Ghiraldini – Castrogiovanni devrait plier tout le monde durant le Tournoi, ce qui sera toujours une bonne consolation au moment de recevoir la cuiller de bois. La troisième ligne et plus particulièrement Sergio Parisse a encore été admirable, récupérant tous les ballons hauts, avançant à l'impact et jouant plus de ballons que toute sa ligne de trois quart réunie. C'est aussi lui qui se loupe sur Picamoles sur l'essai du break, pour être sûr d'être le héros tragique de la rencontre jusqu'au bout.

Gori – Burton : Sûrement la pire charnière italienne jamais vue, dans une sélection où on a vu défiler Pez, Orquera et autres Cannavosio et Griffen, le constat est plutôt flippant. Mauvais match aussi pour la paire du Benetton Sgarbi – Benvenuti, inexistants contre les Intouchables clermontois. Le trio de derrière McLean – Venditti – Masi a été plus en vue avec deux trois bonnes percées – hélas, le soutien était en train de chasser les pigeons à chaque fois. Au final, McLean aura quand même gagné un raffut dans la gueule du bizut Fofana. Chienne de vie.

Jacques Brunel : Alors qu'il était immobile, la moustache à moitié congelée dans les tribunes du Stade de France, Jacques a pendant un instant compris ce qui s'est passé dans le cerveau du commandant Schettino pendant le naufrage du Costa Concordia. Allez, plus que 4 ans à regarder le Squadra Azzura lentement couler vers les abysses, et tu pourras faire ton retour triomphant à Perpignan pour aider l'USAP à remonter en Top 14. Courage.


Les observations du week end :

- Stephen Ferris a tenté de se faire suspendre pour éviter les retrouvailles avec ce grand psychopathe de David Attoub. Hélas, ça ne servait à rien, Boubie La Fourchette ne sera pas dans les 22 contre le XV du Trèfle samedi.

- Les Anglais nous ont sorti une équipe jeune et au profil joueur pour finalement aller gagner encore plus salement que celle emmenée par Martin Johnson : l'identité nationale du rugby anglais n'est pas menacée.

- On appréciera la subtile réalisation de la BBC qui a bien fait gaffe à filmer Ronan O'Gara en gros plan à chaque fois que Johnny Sexton ratait une pénalité. Donc environ 8 fois.

- On connaît maintenant tous quelqu'un qui a fait des rêves érotiques avec George North dimanche soir. Indice, il travaille à France Télévisions et il ne porte pas de casquette des années 40.

À ce propos, Fabien... non, juste non.

- Là où un Yoann Huget règle ses comptes d'une timide caresse du font, le Gallois Bradley Davies, lui, préfère y aller d'une plaquage cathédrale UFC style, sur un adversaire qui n'a pas le ballon alors que le jeu est arrêté. Comment on dit déjà ? Ah oui : MONSIEUR.

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  • leblogdevern
  • il y a 12 ans

En fait, renseignement pris, Ric est un polyvalent qui peut jouer à droite comme à gauche... Désolé...

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