L'Immonde du Rugby N°48
Ovale Masqué est bien sage et fait ses devoirs de vacances... retour sur le match Argentine - France et la première victoire des Bleus chez les Pumas depuis 1998.
Vous n'avez pas pu voir Argentine – France parce que vous étiez en cellule de dégrisement avec Danny Care hier soir ? Ou bien parce que vous ne voulez pas payer BeinSport et que vous surfez sur Minitel, ce qui vous empêche de suivre les matchs en strimigne ? Rassurez-vous, l'Immonde du Rugby a tout vu et vous raconte le match. Pour l'occasion, nous avons même tiré ce fainéant d'Ovale Masqué de ses vacances...

« Heureusement qu'il y a le rugby, au moins dans ce sport il y a des valeurs et on mouille le maillot » voilà la phrase typique que vous pourrez retrouver dans les commentaires de la page Facebook du Rugbynistère ce matin. C'est vrai, hier, l'équipe de France de foot a perdu, sans gloire et sans panache, contre l'Espagne. Perdre contre les champions du Monde d'Europe, forcément déshonorant. Heureusement le XV de France a lavé le drapeau français souillé par les pousse-citrouilles en allant réaliser un exploit à Tucuman : battre les remplaçants des remplaçants argentins. En plus, paraît qu'après le match de foot, Nasri a insulté un journaliste en conférence de presse. Au rugby c'est quand même une autre classe : c'est l'entraîneur qui insulte les journalistes.

Tout le monde a donc vite oublié la défaite lors du premier test à Cordoba, où le XV français avait réussi le parfait match à l'envers (ne pas attaquer quand il fallait attaquer, attaquer et se faire contrer quand il fallait gérer). On ne reviendra pas sur ce match (vous pouvez trouver l'analyse de Pierre Villegueux sur la Boucherie Ovalie, ici) et après tout ne boudons pas notre plaisir : même si l'opposition valait ce qu'elle valait, ça faisait un moment qu'on avait pas vu une équipe de France aussi séduisante. Genre depuis début 2008, quand Marc Lièvremont avait sélectionné des joueurs de 16 ans et des piliers dacquois pour aller jouer le Tournoi des 6 Nations.

On promettait pourtant l'enfer aux Bleus au stade de Tucuman. Ouin-Ouin lui-même avait raconté aux joueurs qu'il s'était fait jeter des cailloux sur cette pelouse dans les années 80. Dès le début, on remarque d'ailleurs que des grillages électrifiés séparent les tribunes du terrain : une bonne idée, à exporter à Toulon (avec des Miradors pour que les snipers de la LNR puissent tirer au fusil tranquillisant sur Mourad avant chaque conférence de presse). Pourtant les Français rentrent dans le match sans problème. Par rapport à la semaine dernière, le contraste est saisissant comme un plaquage de Florian Fritz à la carotide. Les libérations sont propres et Machenaud peut accélérer le jeu. Contrairement à Yachvili et Parra qui ont apparemment trop joué à Risk quand ils étaient petits, l'Agenais ne se prend pas pour Napoléon et se contente de jouer simple et de dynamiser. Même chose pour Michalak : pour son énième come back de la dernière chance, le futur Toulonnais ne s'est pas mis la pression, il a mené le jeu sans chercher à briller et a été aussi à l'aise qu'au milieu des Lolos Noirs. Ouin-Ouin a aussi eu la bonne idée d'aligner enfin un vrai 12, en la personne de Maxime Mermoz, qui nous a prouvé qu'entre deux radios du genou et une séance photo en slip moule burnes, il était aussi un joueur de talent et capable de faire jouer ses partenaires. C'est d'ailleurs lui qui s'illustre dans les premières minutes en prenant l'intervalle au centre du terrain et en servant Benjamin Fall, qui conclut entre les perches pour un essai 100% sponsorisé par la sécurité sociale.

Contrairement à la semaine dernière, les Bleus évitent de s'enflammer et maîtrisent la partie. Michalak ajoute trois pénalités. Son rival Contepomi, est battu : il n'en passe qu'une et son crâne est pour une fois bien moins luisant que celui du joueur des Sharks, ce qui est un signe évident qu'il n'est pas dans un bon soir. Après l'heure de jeu, c'est Ouedraogo qui perce sur plusieurs mètres. Après un point de fixation, Mermoz lance parfaitement Huget dans l'intervalle et le Chewbacca toulousain file inscrire son premier essai en équipe de France après avoir crocheté le dernier défenseur argentin. Il célèbre sa réalisation front contre front avec Dimitri Szarzewski, dans une sorte de remake de sa caresse frontale sur Benjamin Lapeyre il y a quelques mois, mais malheureusement cette fois-ci l'arbitre ne l'exclura pas. Juste avant la mi-temps, Machenaud tape à suivre et Fall va récupérer le ballon au rebond avant d'être arrêté à quelques mètres de la ligne. Machenaud, encore lui, profite de la panique pour aller marquer un « pur essai de demi de mêlée » (en langage de commentateur, ça veut dire un essai de pute) en coin. Silence de mort dans le stade (enfin, en dehors de Morgan Parra, qui a été subitement pris d'un syndrome de la Tourette en visionnant cette action) et le XV de France rentre au vestiaire sur le score de 30 à 3.

L'Immonde du Rugby N°48

Yoann Huget croqué par la presse argentine : il manque l'air idiot quand même.



La seconde période débute sur une nouvelle domination des Bleus. Fritz et Michalak sont d'humeur taquine et décident de chambrer Contepomi en tentant des drops complètement inutiles. A noter que celui de Fritz était bien valable mais a été refusé par principe par l'arbitre vidéo, parce que quand même, faut pas déconner. La partie tourne au n'importe quoi, on sent qu'à tout moment Pascal Papé lui-même va se mettre à tenter un drop, du coup Maxime Mermoz décide d'intercepter une passe argentine sur ses 22 mètres et part inscrire en solo le 4ème essai des Bleus. A noter que cette fois il ne plonge pas, apparemment il ne réserve ça que pour les grandes occasions, comme les matchs où les Bleus sont menés de 20 points. Au bout d'une heure, le jeu se fait moins précis mais les Bleus continuent d'atomiser les Pumas en mêlée et Picachu le tractopelle s'amuse à jouer au bowling sur les pauvres skinhead argentins. Puis Michalak nous rappelle que si son jeu au pied de dégagement est parfois perfectible, ses diagonales sont un délice, en balançant une offrande directement dans les bras d'Huget qui va inscrire son doublé sur l'aile. Une action que l'on espère revoir à Toulouse la saison prochaine... ah non merde ça marche pas. A noter que les Bleus ont tenté cette combinaison trois fois avant de la réussir, Huget ayant gâché la première tentative d'un superbe en-avant. Faut dire que ça lui change de Trinh-Duc qui l'obligeait à jouer au volley la semaine dernière. Le match se poursuit et sur une nouvelle belle offensive française, Bouclettes est de retour et envoie Dulin dans l'en-but, mais l'essai est refusé pour un en-avant. Sur la mêlée qui suit, Lapandry nous offre une belle imitation de Picamoles : repositionné en 8, il part au ras et marche sur la gueule de tout ce qui se trouve devant lui pour marquer le 6ème essai. 

Il reste 10 minutes à jouer et c'est là qu'on peut admirer l'excellente gestion psychologique de Ouin-Ouin : soucieux que les Bleus ne s'enflamment pas après une belle victoire contre un adversaire de faible niveau, il décide de faire entrer Parra et Trinh-Duc pour ralentir le jeu et nous offrir 10 dernières minutes aussi pénibles que les 90 du match de foot disputé quelques heures plus tôt. Tolofua a bien compris le message et décide de prendre un jaune après une faute technique. Coté argentin, Zorro débarque pour sauver l'honneur de la patrie et De la Vega va marquer le premier et unique essai des Pumas. On regrettera l'absence de Vergallo qui aurait été parfait dans le rôle de Bernardo, le demi de mêlée muet et gesticulant. Les locaux poursuivent leurs offensives et Ascarate (vous l'aurez compris, le thème c'était soirée masquée chez les Argentins) s'échappe sur plusieurs mètres. Mais la défense des Bleus ne cède pas, je sais plus qui récupère la balle et l'envoie je sais plus où, le match se termine sur le score de 49 à 10. Première victoire des Bleus en Argentine depuis 1998, la plus large depuis le ¼ de finale de Coupe du Monde 1999 (47-26). Après des années de branlées, ça fait du bien à l'ego, et aux yeux aussi.



Les Coqs :

Dulin : Moins en vue que la semaine passée offensivement, il a de nouveau été propre sur les quelques ballons qu'il a eu à négocier. Poitrenaud, Médard, Buttin, Dulin... voire même Lapeyre qui fut brillant avec les Barbarians, c'est pas le poste où l'on manque le plus de talent en France. Bonne chance à Ouin-Ouin pour établir une hiérarchie. Huget : sur la lignée de sa bonne fin de saison à Bayonne, il a enfin été aussi convaincant avec le XV de France que lors de ses séances photos. Même chose pour Fall, qui a réussi une prouesse incroyable : jouer 3 matchs cette saison et être excellent à chaque fois. Mermoz : son meilleur match en bleu aussi. Il a l'avantage d'être le seul vrai 12 sur le marché et peut espérer remplacer le vide laissé par Jauzion, reste encore à être régulier et à avoir du temps de jeu à Toulon. Fritz : comme la semaine dernière, très bon. En plus, il a fait plein de passes. Récompensé en fin de match en étant replacé à son poste naturel, celui de flanker. 

Pour sa 51ème tournée d'adieu (record de Charles Aznavour battu), Frédéric Michalak a signé un beau retour et a proposé une belle complicité avec Machenaud. Les deux joueurs nous ont proposé un jeu fluide et aéré et quelques fulgurances personnelles... à revoir contre une meilleure opposition, mais le contraste avec la charnière Parra / Trinh-Duc, rarement convaincante malgré une vingtaine d'associations, a tapé dans l'oeil de tout le monde.

Les gros : Comme à l'aller, très bons matchs pour Debaty et Attoub et performance propre (comme ses cheveux) pour Szarzewski. Maestri a été discret et semble un peu fatigué. Papé a été présidentiel et à la hauteur de son brassard. Ouedraogo : Passé à coté la semaine dernière, il s'est rattrapé en étant très bon cette fois-ci. Idem pour Lapandry, les deux peuvent espérer récupérer la place laissée vacante par Bonnaire. La bise à Yannick Nyanga qui, s'il nous lit, a dû se suicider à la lecture de cette phrase. Picamoles a été Picamolesque : tout est dit.

Le match de BeinSport :

Vous n'avez pas envie d'enrichir les Qatari et vous trouvez que c'est déjà bien assez cher de payer Canal + pour suivre un Top 14 de merde ? On vous comprend. Cela dit, rendons grâce à la chaîne qui nous a offert un duo réjouissant aux commentaires : Rodolphe Pires, l'homme qui à lui seul, est une publicité ambulante pour les drogues hallucinogènes, et Fabrice Landreau qui faisait de bien beaux débuts dans l'exercice : une analyse souvent juste, de l'humour, pas de rappel de la règle pendant 15 minutes et de donnage de leçons en mode "je suis un ancien joueur, je sais tout". Ca fait du bien.

Les Pumas :

On les connaissait pas avant le match, on les connaît pas vraiment après non plus. Gomez-Kodela s'est fait broyer, ce qui ne l'a pas trop changé de ses matchs au Bého. Senatore avait fait belle impression pendant la Coupe du Monde, puis lors de son intérim à Toulon, hélas on ne l'a pas trop vu aujourd'hui. On espère quand même le revoir en Top 14 prochainement pour un duel Senatore-Impérial. Felipe Contepomi a perdu un match contre la France : le pauvre, il avait probablement oublié ce que ça faisait.

Remerciements : Damien Try qui m'a soufflé les plus mauvaises vannes de ce résumé, et sa tendre moitié Chistera qui a corrigé les fautes occasionnées par ma cuite post-match.
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"un essai 100% sponsorisé par la sécurité sociale"... à se pisser dessus (trop tard).

Merci pour cet article

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