L'immonde du Rugby N°9
Ovale Masqué nous propose une fiction : Quel aurait été le sénario de la finale de H-Cup si Toulouse et Perpignan s'étaient qualitifés ? La réponse humoristique dans ce numéro 9 de l'Immonde du Rugby !
Ca y est, la Heineken Cup est terminée. Nous avons assisté à une des plus belle finale de l'histoire de la compétition, sûrement même la plus belle avec celle de 2004 entre Toulouse et les Wasps. Mais il semblerait que tout le monde s'en foute. Un petit encart sur la une d'un Midol consacré à 95% aux demi-finales du Top 14, et rien du coté de l'Equipe où on a préféré fêter le titre de Lille en Ligue 1.

Le constat est terrible : quand il n'y a pas d'équipe française en finale, personne n'en a rien à carrer de la Heineken Cup. Nous, on trouve ce manque d'ouverture d'esprit regrettable. Mais comme on veut quand même avoir plein des lecteurs, on va vous proposer un article 100% français et 100% science fiction : Ovale Masqué a chevauché son scooter à voyager dans le temps. Revenu dans le passé, il a usé de ses pouvoirs pour faire gagner Toulouse et l'USAP en demi-finales de H-Cup, créant ainsi un paradoxe temporel majeur et un futur alternatif.
Et c'est donc en direct live (pourquoi dire direct live d'ailleurs ? ça veut dire deux fois la même chose...) depuis une dimension parallèle qu'il vous livre le résumé de la finale de Heineken Cup que vous ne verrez jamais entre Toulouse et Perpignan...

La finale que vous ne verrez jamais, et c'est peut être pas plus mal : USAP – Stade Toulousain

16 : 30
Les supporters commencent à s'amasser autour du Millenium Stadium. On compte quelques catalans et toulousains, mais surtout des milliers de supporters du Leinster et du Munster qui tentent en vain de revendre leurs places pour éviter d'assister une purge 100% française digne de la finale de l'année dernière. Sans succès.

17 : 30
Il y a du beau monde dans les tribunes du Millenium Stadium. En effet, Dan Carter himself est présent ! En pleine saison de Super Rugby, il a tenu à faire le voyage depuis Christchurch pour supporter l'USAP. Un journaliste de France Télévision se fraye un chemin jusqu'à Dan et lui pose la question obligatoire: « A quand un retour à Perpignan, Dan ? »

17 : 32
« J'adore la Fance, j'adore les français, les gens sont très gentils ici. J'aimerais beaucoup revenir à l'USAP. Peut-être après la Coupe du Monde. Je ne veux pas en parler, je préfère me concentrer sur le Super 15 et les All Blacks... ensuite, j'étudierai les propositions et je verrai bien laquelle est la plus intéressante finan... euh sportivement. » Sourire enjôleur. Tout le monde est conquis devant sa télé. Qu'est-ce qu'il est sympa ce Dan !

17 : 40
De nombreux médias sont évidemment présents pour l'occasion, notamment France 2 avec Matthieu Lartot et Raphael Ibanez. Lartot présente le match à l'antenne « Bienvenue pour cette finale de Coupe d'Europe 100% française ! Toulouse – Perpignan, c'est un peu le derby du sud ouest, pas vrai Raphaël ? ». Ibanez se contente de répondre « euh... ».

17 : 42
Du coté toulousain, une autre star mondiale est présente dans les tribunes : Frédéric Michalak ! Le journaliste l'interview à son tour. Même question « On ne vous a pas revu sous un maillot toulousain depuis la Coupe du monde Fred, à quand un retour à Toulouse ? ». Sa réponse est nettement moins aimable « Ça fait trois ans que je suis revenu, connard ».

17 : 43
« Au temps pour moi » s'excuse le journaliste. Vous ne jouez pas ce soir donc, ça doit être dur d'être blessé et de ne pas pouvoir aider ses camarades, non ? » Réponse de Michalak « Je ne suis pas blessé ». « Au temps pour moi ».

17 : 50
Alain Rolland, arbitre-anthropologue réputé à l'ERC pour sa connaissance du langage et de la culture de ces barbares de français, a été désigné pour la finale. Il est assisté, entres autre, par Steve Walsh, qui lors de son échauffement au bord du terrain, a reçu plusieurs lettres d'amour et même quelques sous vêtements.

18 : 00
Coup d'envoi !

2ème minute.
Premier plaquage du match pour David Skrela qui décide de plaquer Tuilagi avec sa tempe. K-O, l'ouvreur toulousain revient sur le terrain après s'être fait poser son habituel bandage.

4ème minute.
Première faute de Jean-Pierre Perez, hors-jeu sur le ruck. David Skrela, avec son look de joueur de tennis des années 80 ensanglanté du plus bel effet, tente la pénalité.

5ème minute.
La pénalité passe entre les poteaux. Florian Fritz pique un sprint de dératé et récupère le ballon en dessous des poteaux avant d'aplatir. Depuis le bord du terrain, Guy Novès lui explique tant bien que mal que ça ne marche pas quand la balle passe entre les poteaux.

8ème minute.
Sur une attaque catalane, Dusautoir réussit à récupérer le ballon sur un plaquage offensif. Doussain éjecte, Skrela relaie pour Fritz. Il y a un léger surnombre (6 contre 2) mais Fritz préfère courir percuter plein champ. Il s'isole et garde le ballon au sol. Pénalité pour Porical à 46 mètres à droite des poteaux.

9ème minute.
Ca passe ! 3-3.

12ème minute.
Lancement de jeu toulousain. Skrela saute Fritz et donne pour Poitrenaud. Comme d'hab, Poitrenaud ne sait pas quoi faire. Il court donc de travers et fait une croisée avec Clerc qui raffute Hume et perce la défense. L'ailier toulousain tape par dessus pour aller à l'essai mais Porical est plus rapide et applatit dans son enbut. Aux micros de France Télévision, Matthieu Lartot s'exclame « Oh là ! Qu'est-ce qu'il a fait ! Essai contre son camp ! Que lui a t-il pris ! ». Raphel Ibanez lui explique calmement qu'on va jouer un renvoi au 22m.

15ème minute.
Faute d'Albacete sur un ruck. A 20 mètres en face des poteaux, Porical rate la pénalité.

18ème minute.
Pression sur le camp toulousain après plusieurs temps de jeu usapistes, mais Milo-Chluski réussit à récupérer le ballon au sol. Doussain, derrière son ruck, passe à Skrela qui s'apprête à dégager. David attrape le ballon. Puis il le positionne. Arme son pied. Tape. Entre le moment où il a reçu le ballon et sa frappe, 10 secondes se sont écoulées et Mêlé a eu le temps de venir contrer son coup de pied. Il n'a plus qu'à aplatir le ballon dans l'enbut. 3-10 pour l'USAP.

24ème.
Florian Fritz fait une passe. C'est sa première cet après-midi.

26ème minute.
C'est maintenant autour de David Marty de réaliser une passe. Transcendés par l'évènement, les joueurs se surpassent des deux cotés !

31 minute.
Suite à un dégagement inspiré de Larrahague en plein centre du terrain, Cédric Heymans récupère le ballon. Il feinte le coup de pied, accélère et élimine son vis-à-vis, puis place un cadrage débordement sur Hume, un raffut sur Marty, avant de taper à suivre par dessus Planté. Il récupère le ballon, mais sentant Porical revenir sur lui, il préfère assurer en donnant le ballon à Clément Poitrenaud qui venait au soutien. Hélas, Poitrenaud fait un en-avant dans l'en-but. Mêlée à 5m.

36ème minute.
Coup dur pour le Stade Toulousain. Alors que Jean Bouilhou s'apprêtait à voler son 7ème ballon en touche de l'après midi, Guillhem Guirado dévisse complètement son lancer et envoie un obus en pleine face du capitaine toulousain. Il est évacué sur civière. Les usapistes viennent féliciter leur talonneur. Guilhem est heureux, c'est la première fois qu'on le félicite pour un de ses lancers.

37ème minute.
Jean Bouilhou sort, il est remplacé par Nyanga.

Mi-temps.
L'arbitre siffle la fin d'une première mi-temps poussive. Toulouse a eu le ballon et quelques occasions mais pas de réussite. L'USAP n'a pas fait grand chose mais a réussi à marquer en contre. On a donc vraiment l'impression de voir un match de Top 14.

Maxime Mermoz, toujours blessé, est également dans les tribunes aux cotés de Julien Candelon, suspendu pour son plaquage cathédrale aérien digne des chevaliers du zodiaque contre Northampton.
Mermoz accorde une courte interview. « C'est vrai que je suis déçu de ne pas pouvoir jouer cette finale. C'est la vie. Il faut que je continue à travailler pour espérer jouer le Mondial. Je ne doute pas que mes partenaires trouveront la faille sans moi. Il y a de très bons joueurs de ballons dans la ligne, Laharrague, Hume, Marty... » pris d'un fou-rire incontrôlé, Maxime Mermoz glisse et se brise le fémur.

Frédéric Michalak, qui allait se chercher un hot dog, trébuche sur Maxime Mermoz qui était entrain de se tordre de douleur par terre. Le toulousain se réceptionne mal, rupture des ligaments croisés.

41ème minute.
Reprise. Les toulousains mettent du rythme d'entrée de jeu et Jean-Pierre Perez se met à nouveau à la faute. Skrela venant de subir son troisième KO du match, Doussain prend la pénalité. Ca passe ! L'Usap ne mène plus que de 4 points.

45ème minute.
Nouvelle relance de Cédric Heymans qui élimine 4 adversaires à la suite. Mais Porical le rattrape in extremis avec une cuillère à 10m de la ligne d'en-but. Aux micros de France 2, Matthieu Lartot s'enflamme « Penalty monsieur l'arbitre ! ». Raphael Ibanez lui envoie son poing en pleine figure.

46ème minute.
Sortie sur civière de Matthieu Lartot qui est remplacé par Nelson Monfort, qui était là pour effectuer les interviews au bord du terrain.

47ème minute.
« Quel joueur ce William Servat ! On se demande à quoi il marche ! Peut-être est-ce AREVA qui lui fourni cette énergie ? Car n'oubliez, pas, l'énergie c'est notre avenir ! En tout cas, ce Servat n'est décidément pas un Mickey. Ce qui me donne envie d'aller faire un tour à Disneyland Paris ce week end... pas vous Raphael ? ». Sa réponse est un nouveau coup de poing.

48ème minute.
Il n'y plus de commentateurs disponibles pour France 2. En urgence, ils font donc appel à Pierre Salviac, qui se trouvait dans les tribunes du Millenium en tant qu'envoyé spécial pour l'Equipe TV. Salviac s'installe dans la cabines des commentateurs. Il enfile son casque. « Salut les p'tits loups... » mais il se prend aussitôt une mandale de la part d'Ibanez, qui commentera donc la fin du match seul.

52ème minute.
Les supporters Irlandais qui peuplent 70% du Millenium commencent à s'emmerder, un peu comme nous. Du coup ils entament « It's a long way to tipperary ».

58ème minute.
Alors qu'on commençait à s'endormir, le meilleur marqueur d'essai toulousain frappe à nouveau ! Non, pas Maxime Médard, mais l'essai de pénalité. Suite à une mêlée à 5 mètres de la ligne rejouée 11 fois, le pack toulousain enfonce une fois de trop son homologue catalan et Alain Rolland se dirige vers les poteaux. Skrela transforme. Le Stade Toulousain reprend l'avantage 13-10. Fous de joie, les toulousains entament un chant « jeu de mains, jeu de toulousains ».

64ème minute.
L'USAP reprend du poil de la bête. Les catalans effectuent leur seule combinaison offensive efficace depuis 2009 : à l'entrée des 22m, Laharague tape une diagonale pour Adrien Planté. L'ailier de l'USAP gagne son duel dans les airs contre Poitrenaud, qui était en train de refaire ses lacets et ne regardait pas l'action. Planté marque en coin. Porical passe la transformation le long de la ligne de touche. 13-17, l'USAP y croit encore !

66ème minute.
Guy Novès se retourne vers son banc. « On a besoin d'impulser du mouvement dans la ligne d'attaque ! Yannick, enlève ton survê... euh, non, pas toi Yannick, laisse tomber. Nico (Bézy) tu entres à la place de Skrela à l'ouverture ! ».

67ème minute.
Skrela cède donc sa place. L'ancien parisien a encore beaucoup donné : 22 plaquages, une pommette ouverte, une arcade sourcilière explosée, un morceau de cuir chevelu arraché, deux dents en moins et 4 dégagements contrés. Heureusement qu'il met aussi des pénalités de temps en temps, qu'on voit un peu la différence avec un flanker.

68ème minute.
Yannick Jauzion se morfond sur le banc et décide de s'allumer une clope. Il s'en fout, il n'ira pas à la Coupe du Monde et de toutes façons on va tous mourir en 2012.

69ème minute.
Premier ballon d'attaque pour Bezy. Tuilagi monte à toute allure vers lui. Le jeune ouvreur ose la feinte de passe et prend l'intervalle. Erreur fatale. Terrible cravate du troisième ligne centre samoan. Bezy a fait un looping autour de son bras.

70ème minute.
Skrela doit de nouveau rentrer sur le terrain. Il venait à peine d'enlever son bandage (ce qui semblait très douloureux à la vue de son imposante masse capillaire), et doit s'en faire poser un nouveau.

73ème minute.
Nouvelle faute d'Albacete qui depuis quelques matchs, semble se rappeler qu'il est argentin. En très bonne position, Porical rate encore la cible.

74ème minute.
Yannick Jauzion va entrer en jeu. Il écrase sa clope sur Pierre-Gilles Lakafia, qui trouve enfin un rôle au Stade Toulousain, puis court vers le terrain. C'est Poitrenaud qui sort... Clément tente de taper dans les mains de Jauzion pour l'encourager, mais il le rate.

76ème minute.
Jauzion va percuter dans la défense et réussit à rester debout. Cédric Heymans vient à sa hauteur... et Jauzion réussi sa première passe après contact depuis 2009 ! Heymans perce plein champ, fixe Porical et sert Médard qui va marquer un énième essai où il n'aura eu qu'à courir 5 mètres. Skrela loupe la transfo, 18-17 pour les rouges et noirs !

79ème minute.
L'USAP pillonne la défense toulousaine dans l'axe. Ils progressent mètre par mètre. Porical se positionne pour le drop. Mêlé sort le ballon... mais sa passe est bien trop haute ! Sous pression, Porical ne peut taper et ouvre pour Marty. Le trois-quart centre perpignanais, dans un instant de génie, place une cad'deb sur Jauzion et perce plein champ. Comme il n'arrive pas à y croire lui-même, il lève la tête vers l'écran géant du Millenium pour s'assurer que cette action a bien eu lieu. Clerc a eu le temps de revenir sur lui et le pousse en touche. C'est fini.

19 : 50
Cette fois c'est fait pour Toulouse qui remporte sa 5ème Coupe d'Europe. C'est l'explosion de joie sur le terrain ! Même Thierry Dusautoir a le sourire. Guy Novès lui, reste accroupi au ras du terrain et note quelque chose sur son petit carnet, l'air soucieux.

Après-match

19 : 55
Pendant que la remise du trophée se prépare, La BBC sort les statistiques du match. Yannick Nyanga a parcouru 12 kilomètres sur toute la première mi-temps, ce qui fait de lui un candidat de choix pour la victoire au prochain marathon de New York. Thierry Dusautoir a réalisé 17 plaquages et Clément Poitrenaud 7 en-avants. Un match assez moyen donc pour le Stade Toulousain, mais l'important dans la victoire, c'est de gagner.
Pendant ce temps, chez France 2, on a pas de service statistiques et on préfère nous passer une pub pour le prochain épisode de Louis la Brocante.

20h00
Clément Poitrenaud est en larmes sur la pelouse. Ce n'est pas l'émotion, mais parce qu'il vient de se rendre compte que Steve Waslh a plus de groupie que lui.

20h02
David Skrela, après avoir enlevé son second bandage, est désormais complètement épilé du crane. Au moins, maintenant, il ressemble à un véritable auvergnat.

20h04
Byron Kelleher, qui est venu voir sa future-ex équipe, est en larmes. Aux micros de France 2, il rend hommage à tous les gens qui ont compté pour lui lors de son séjour à Toulouse. « Guy, Vincent, Thierry, David, Jean-Baptiste, René... Angela, Anne-Catherine, Françoise, Julie, Stéphanie 1, Stéphanie 2, Sylvie, Maryline, Clara, Roselyne... je ne sais pas encore où je jouerai l'année prochaine, mais sachez je suis très excité à l'idée d'un nouveau challenge. » On en doute pas, Byron.

20h05
Guy Novès daigne enfin accorder une interview aux caméras de France Télévision. « Je voudrais saluer l'équipe de Perpignan qui a eu la gentillesse de faire un beau parcours et qui nous a aidé à conquérir ce 5ème titre, puisque comme vous le savez nous ne gagnons nos finales que contre des clubs français. Je leur souhaite bonne chance pour l'Amlin Challenge l'année prochaine, ils auront l'occasion de visiter de très beaux endroits comme Budapest ou El Salvador. Hélas, nous n'avons pas cette chance au Stade Toulousain, puisque nous nous qualifions systématiquement pour les demi-finales du championnat de France depuis 17 ans, et ce malgré les doublons qui faussent largement la compétition ».

20h10
Dans les locaux de Nike France, c'est la panique. Où est-ce qu'ils vont bien pouvoir la foutre, cette cinquième étoile ?
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  • FromMadrid
  • il y a 13 ans

Superbe chronique! 😀

Juste une petite présicion, mêne si tout le monde s'en fout: "El Salvador" est un club de la ville de Valladolid, ce n'est pas une ville 😉

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