Le rugby, vecteur d'insertion sociale en Côte d'Ivoire avec le Treichville Biafra Olympique
Le rugby comme vecteur d’insertion sociale grâce au TBO. / Crédit Photo : Treichville Biafra Olympique
Depuis 1993, le TBO ou Treichville Biafra Olympique, vient en aide aux enfants de la commune de Treichville en Côte d'Ivoire. Un travail qui porte ses fruits.
Depuis 1993, le TBO ou Treichville Biafra Olympique, vient en aide aux enfants de la commune de Treichville en Côte d'Ivoire. Son président et trésorier Jean-Claude Conquet, ancien joueur et passionné, évoque le travail de l'association et la réussite de leur projet aussi bien sur le plan sportif que professionnel.

Qu'est-ce que le Treichville Biafra Olympique ?

C'est une association qui travaille aujourd'hui pour l'insertion dans le milieu professionnel des jeunes du quartier pauvre de Biafra, situé dans la commune de Treichville à Abidjan. Lors de sa création en 1993, elle était surtout axée sur le rugby, désormais, c'est un outil. Les enfants dont nous nous occupons ont des parents qui ne sont pas disponibles car ils sont en survie tous les jours. Ils sont tout seuls et manquent d'ambition. Ils voient leurs parents se débattre pour gagner une misère. Ils partent à 6 heures du matin et rentrent à 6 heures du soir, et les enfants se débrouillent.

Pourquoi avez-vous décidé de vous installer à Abidjan ?

À la base, nous sommes tous d'anciens joueurs basés à Abidjan. Nous voulions rendre à l'Afrique ce qu'elle nous avait donné. Moi, j'ai repris les rênes de l'association en 2000, mais elle a été montée par un expatrié français et Mamadou Tomé, qui est un peu l'entraîneur/éducateur des enfants du quartier. Le TBO a connu deux évolutions : au niveau du sportif, et à la demande des anciens joueurs, on s'est inscrit dans le championnat de Côte d'Ivoire sénior. Les débuts ont été difficiles, mais nous sommes premiers depuis 2009 grâce à notre constance. Les joueurs s'entraînent toute l'année, à raison de deux soirs par semaine, alors que dans les autres clubs, ils se réveillent avant le championnat. Nous avons aussi évolué vers l'insertion professionnelle des jeunes. On ne veut pas faire une académie pour vendre des joueurs à l'étranger. Ce qu'on veut, c'est que les enfants trouvent une place dans la vie locale.

Le rugby, vecteur d'insertion sociale en Côte d'Ivoire avec le Treichville Biafra Olympique
Crédit photo : Treichville Biafra Olympique

Quelles sont vos actions vis-à-vis de ces jeunes ?

Il y a tout d'abord l'école de rugby qui englobe les moins de 9 ans jusqu'au niveau des séniors, qui sont champions de Côte d'Ivoire depuis plusieurs années. Dans ce cadre, on leur propose une activité rugbystique le mercredi et le samedi matin. Le rugby nous permet de fédérer les gens et d'inculquer des valeurs propres aux sports collectifs comme la discipline, le goût de l'effort, la solidarité. Au-delà de ça, les enfants du TBO sont scolarisés. On les aide chaque année en leur fournissant des kits scolaires (livres, cahiers, cartables, etc), puis en leur offrant la possibilité d'avoir un soutien scolaire le soir avec des instituteurs. Le tout dans une salle de classe éclairée avec des tables et des bancs. Ce n'est peut-être rien, mais quand ils rentrent chez eux, ils sont dans des cours communes. On s'occupe principalement des garçons. Les filles sont admises sont admises, mais on n'a pas d'équipe de filles. Ce n'est pas exclu, mais cela demande du temps.

La suite en page 2L'éducation tient donc une grande place dans votre projet.

Oui, on accorde d'ailleurs des bourses d'études. Chaque année depuis trois ans, on prend le meilleur de CM2 (en Côte d'Ivoire, il y a concours pour entrer en 6e), et on lui trouve une place en internat dans le collège bourgeois d'Abidjan, où il pourra fréquenter une toute autre partie de la population. C'est une chance incroyable pour eux. Le TBO finance aussi des cours d'alphabétisation, des formations en CAP, en BTS, des permis de conduire.

Le but n'est pas qu'ils soient tous directeurs généraux. Mais on a quand même pas mal de BTS. D'autres ont réussi à devenir chef d'équipe dans divers métiers comme la mécanique, la soudure. Ce sont de bons ouvriers, voire de très bons techniciens. Certains ont arrêté l'école avant le CM2. On les reprend à la base en leur donnant une formation qualifiante. Ils n'ont pas forcément de diplômes, mais ils possèdent le savoir-faire. On essaye toujours de leur trouver quelque chose qui leur correspond grâce à l'aide d'une assistante sociale.

Quels sont les autres domaines où vous agissez ?

On s'occupe un peu de leur santé également en organisant des visites médicales annuelles et le déparasitage. On commence à agir sur la santé et la nutrition, et on espère faire plus à l'avenir. Au début, on ne s'occupait que des blessures liées au rugby. Mais on s'est aperçu, de par leurs gabarits, qu'il y avait des problèmes au niveau de la nutrition. On travaille en partenariat, notamment avec l'administration, pour faire les analyses nécessaires et détecter à la fois les enfants qui ont le plus de problèmes, mais aussi ceux qui ont le plus de potentiel.


Le haka des enfants du TBO à l'occasion d'un concours des "Enfants de l'ovale".
Crédit vidéo : LYSDProject

Comment parvenez-vous à financer tout cela ?

Nous sommes liés à l'association de Philippe Sella, les Enfants de l'ovale, qui s'arrête à 15 ans. Nous avons exactement les mêmes buts qu'eux, mais comme il n'y a pas d'autres associations derrière nous, on ne peut pas laisser tomber les enfants. Alors on les accompagne bien après. De par leur expérience dans de nombreux pays et leur apport financier, ils nous aident beaucoup. Nous recevons également des dons de la part d'une dizaine de sociétés ivoiriennes, plus ou moins grosses. C'est une sorte de mécénat. On a trouvé du répondant chez entreprises grâce à l'insertion professionnelle des jeunes.

En tant que club de rugby, on n'avait pas grand-chose à leur offrir. Mais comme on souhaite également former ces enfants pour qu'ils travaillent plus tard, c'est différent. Dans tous les cas, le travail passe avant tout. Il y a deux ans, un joueur que nous avions depuis l'âge de huit ans devait passer son BTS d'informatique, mais il était aussi retenu avec l'équipe nationale. Même s'il était demi de mêlée et capitaine, je l'ai empêché de partir au Zimbabwe pour qu'il révise. On avait tout le monde contre nous, mais il a bien fait de rester car il a eu son diplôme de justesse.
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  • philbf
    28034 points
  • il y a 9 ans

bravo, continuez!

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