Né en 1987, "je suis un bon vieux de 30 balais", Jonas Nahon est traducteur pour le gouvernement dans le cadre de la Présidence de l’Europe. Originaire de la ville de Grasse dans les Alpes-Maritimes, il débute au club local à l'âge de 5, club qu'il ne quittera pas jusqu'à ses 21 ans et son départ de la France. Irlande, Australie, Ecosse... Pas question d'abandonner le rugby pour ce talonneur, qui a malheureusement dû se résigner à ne plus jouer, la faute à plusieurs blessures aux ligaments croisés. Devenu coach du Swieqi Overseas Rugby Club, sur la petite île de Malte, en plein cœur de la Méditerranée, il raconte son aventure.
Comment t'es tu retrouvé à Malte ? Pas trop dure l'acclimatation ?
Le choix de Malte s’est fait un peu par hasard. Après trois ans en Irlande, et après avoir vécu à l’autre bout du monde, je voulais simplement un pays avec du soleil, qui parle anglais, et qui est en Europe. J’ai trouvé Malte, fais mon sac, et suis parti sans aucune attache ou plan, outre le fait que comme d’habitude, j’ai cherché un club de rugby directement, car cela reste le meilleur moyen de rencontrer du monde, d’avoir des bons plans, et tout simplement de continuer à jouer. L’acclimatation s’est faite sans aucun souci, le pays étant très accueillant, les bières étant à moins de 2 euros, et étant tombé dans le club du pays qui accueille tous les expats. Le principal conseil que je puisse donner à tout rugbyman qui part à l’étranger, est de chercher un club de rugby en priorité, car cela ouvre des portes à tous les niveaux (logement, travail, vie nocturne …).
On a du mal à imaginer qu'il existe une culture rugby là-bas. Raconte-nous un peu tout ça !
J’ai commencé le rugby quand j’avais 5 ans, et je joue/coach depuis quatre saisons maintenant à Malte. La culture rugby est très petite ici, les seuls sports véritablement populaires sur cette île de 30km restant le football et le Water Polo. Mon club, le Swieqi Overseas Rugby, est le plus vieux de l’île (on fête nos 70 ans cette année). Ce club s’articule autour d’un noyau de joueurs, mais la moitié de l’effectif est renouvelée tous les ans car nous avons environ 60 % d’expatriés, dont la durée de vie à Malte est généralement d’1 ou 2 ans. Sans compter les jeunes stagiaires ou en école de langue qui ne nous rejoignent que pour 5 ou 6 mois, le temps de leur stage.
Il y a donc un sacré mélange culturel !
Nous sommes en moyenne 3 à 5 Français par an dans ce club, avec le même nombre d’Anglais, et un mix de plus de 10 nationalités incluant Malte, les pays du Royaume-Uni, l'Afrique du Sud, ou encore des expats du Mexique ou même du Chili. Depuis l’origine du club il y a 70 ans, énormément de Français sont passés par ce club, et depuis que je suis à Malte, nous en avons accueilli plusieurs : certains sont de vrais génies, en particulier un certain Billy, Ariégeois de Pamiers, grand supporter du club de David Marty le Catalan. D'autres viennent de divers clubs comme Quillan, Mazamet, Millau, Céret, Toulouse, Reims, du pays Basque, de plein d’autres clubs partout en France et même un espoir de Pau qui nous a rejoint. De plus, comment ne pas citer le chef des arbitres du pays, qui n’est autre qu’un Français (j’ai droit à une bouteille de Ricard si je cite son nom donc, Lionel Da Silva, si tu me lis), et qui œuvre énormément pour le développement de ce sport ici.
Pour la petite histoire, nous partons faire un tour le week-end des demi-finales (du 26 au 29 mai) de Top 14 à Marseille, très généreusement sponsorisé par My club Equipement, où nous allons jouer contre le club de Gardanne qui nous accueille de façon très généreuse, et où nous allons initier les Maltais aux joies d’un Tour Rugbystique, du Stade Vélodrome, et d’une ambiance rugby à la Française. Si qui que ce soit veut se joindre à nous, ou nous donner des conseils sur les endroits où faire des 3èmes mi-temps, nous serons un groupe d’une trentaine et nous sommes preneurs !
Faisons un petit état des lieux du rugby maltais... Si tu devais comparer le niveau du championnat à une division française, ce serait quoi ?
Depuis que je suis arrivé, et pour multiples raisons, le niveau rugbystique a baissé, tout comme la compétitivité. Jugez un peu : il y a quatre ans, nous avions 2 divisions, avec une D1 comprenant quatre clubs, et une D2 comprenant huit équipes (4 autres clubs, et les équipes 2 des 4 clubs de 1re division). La deuxième division a tout simplement disparu, et nous ne sommes plus que cinq clubs. Cependant, le changement récent de présidence peut très bien relancer ce sport ici. Le niveau est assez étrange à comparer, car les cinq clubs ne sont pas vraiment au même niveau. Disons que les meilleurs matchs et les finales atteignent un niveau correct Fédérale 3, mais en règle générale c’est plutôt un niveau Honneur.
Il faut comprendre que mon club par exemple, qui a glané 13 des 17 trophées disponibles dans les quatre dernières années, mix des joueurs de tous niveaux. Nous avons par exemple dans l’équipe quelques internationaux maltais, un type qui a joué en espoir dans un club de Top 14, mais également des gonzes qui ont démarré le rugby l’année dernière. Ce mix énorme de joueurs est très intéressant car on voit qu’en fin de compte, on arrive tous à s’adapter à un certain niveau, à s’amuser, à gagner, et c’est un peu une victoire en soi.
Concrètement, à quoi ressemble un match de rugby à Malte ?
Les matchs se passent généralement sans heurts, vu que la communauté rugby est assez petite et que nous nous connaissons tous. Quelques accrochages certes, mais cela ne va pas bien plus loin. Nous n’avons qu’un seul terrain, sur lequel nous jouons tous nos matchs, et la différence Domicile/Extérieur se fait seulement sur le club qui doit fournir les ballons, voire accueillir l’équipe adverse dans son club house (généralement un bar ou une boite quelque part sur l’ile). Niveau entrainement, on est obligés de s’entrainer sur des terrains de foot synthétiques, et les préparations n’ont rien à voir avec la France, où la dimension mentale y est beaucoup plus importante. Ici, a part quelques exceptions, le rugby n’est pas une façon de vivre comme ça peut l’être en France, mais plutôt un hobby (surtout pour les Maltais, car les expats gardent leur mentalité propre au pays).
La 3ème mi-temps se fait généralement dans le bar ou boite de nuit qui sponsorise le club, et la réputation maltaise en termes de vie nocturne n’étant plus à faire, elles se terminent souvent de la même façon qu’en France, en rampant ! Même si les jeux débiles sont un peu moins légion, on essaie d’amener notre culture de la 3ème mi-temps autant que l’on peut, avec les jeux que ça inclut (cassage de glaçons, etc….). Une fois de plus, les bières, rhums, ricards et autres whiskies à 2 euros aident fortement.
Quid du niveau international... ça ne t'a jamais tenté ? Tu es éligible !
Le niveau international maltais équivaut une très bonne Fédérale 2 voire Fédérale 1, avec 75% des joueurs issus de clubs anglais, gallois ou même français (l’un des joueurs était encore espoir à Mont de Marsan l’année dernière) de très bonnes factures. Pour ma part, je devais effectivement intégrer le squad local pour commencer, mais suite aux blessures, je n’ai jamais eu ma chance. Puis franchement, je suis une pompe bien meilleure en 3ème mi-temps que sur les 2 premières. Mon ami pilier anglais, avec qui nous nous insultons de façon quotidienne (grande amitié franco-anglaise) et qui est arrivé au club en même temps que moi, a réussi à percer : il est maintenant titulaire. Petite déception personnelle car l’histoire aurait été belle…
Y a-t-il une culture du rugby à 7, comme dans certains "petits" pays ?
Le rugby à 7 chez les hommes ne se pratique qu’une fois par an, mais le rugby féminin à Malte ne se joue qu’à 7 pour l’instant ! Tous les samedis, les trois équipes féminines se retrouvent sur un plateau et font un tournoi qui dure toute l’année, couplé avec un tournoi de rugby à 5 pour les joueuses débutantes, et avec quelques plateaux internationaux tout au long de l’année incluant des équipes italiennes, tchèques ou suisses.
Qu'est-ce qui, selon toi, permettrait de développer encore plus ce sport ?
Enormément de choses pourraient être faites à Malte pour développer ce sport. Une présence plus accrue dans les médias et les écoles me semble être nécessaire. Un plus grand partenariat avec les pays voisins (Sicile, Italie, France) pourrait être très bénéfique. De véritables stades d’entrainement également, car les contacts sont très déconseillés (sauf en match bien sur) dû au fait que nous nous entrainons sur des synthétiques de football. Grâce aux multiples écoles de langues, et à un domaine touristique immense dans ce pays, c’est une destination idéale pour tout jeune qui voudrait apprendre l’anglais, avoir une expérience à l’étranger, tout en jouant au rugby et en profitant des avantages de la vie maltaise (soleil, paysages, fête etc..).
Il faut cependant avouer que tous nos matchs sont retransmis à la télé, qu’une émission hebdomadaire du type « Canal Rugby Club » sans Isabelle (snif !) est diffusée sur les chaines publiques, et que les journaux locaux ont généralement une page entière dédiée à notre division. Pour des joueurs de petits niveaux comme nous, et pour les Maltais, rien de mieux que de se retrouver en milieu de semaine dans un pub à refaire le match comme on dit autour d’une bonne Cisk (bière locale) !
Pour finir, j’ai envie de conclure en disant que pour tout Français, jeune ou moins jeune, Malte est une destination idéale en Europe car les possibilités professionnelles sont nombreuses, la qualité de vie est sérieusement pas mal, et le rugby y existe bel et bien !
Le support sur les réseaux sociaux est également important, donc voici les différentes adresses où nous contacter ou même nous suivre, sachant que le groupe Facebook est le plus réactif des trois options.
Le club vient de remporter la Coupe !
Chaaauuunnne
Excellent, Grand Merci au Rugbynistère pour avoir publié cet article et faire connaitre un peu le petit pays de Malte en France 🙂 !!
OLIVE651
ça fait plaisir d avoir des nouvelles e ce sacré Jonas.....
T as le bonjour du PULP 7's ... souvient toi de Kinsale
A bientôt mon Ami
Bises
Chaaauuunnne
Kinsale je n'oublierai jamais, et je pense d'ailleurs y retourner l'année prochaine pour les sevens 🙂 !!
A bientot près d'un terrain/bar !
fred-eric2
J'y étais en octobre, et franchement je vous conseille tous d'aller y faire un tour.
Pour y vivre, je ne sais pas si je pourrais dans la durée, mais franchement pour des vacances ça reste au top vraiment, et n'hésitez pas car certaines équipes manquent de joueurs, donc si vous y allez 1 ou 2 semaine, vous pourrez peut-etre faire un match de division 1 Maltaise en vous proposant aux équipes les jours de matchs 😊