Ne les confondez pas : s’ils sont tous les deux Néo-Zélandais, jouent au centre, et ont connu leur première expérience européenne du côté du Connacht, les homonymes Pita Ahki et Bundee Aki n’ont aucun lien de parenté. Si le premier se révèle comme un atout majeur du Stade Toulousain depuis quelques semaines, le second sera l’arme principale du XV du Trèfle, ce dimanche, face à la France.
Vainqueur du Super Rugby avec les Chiefs
Car s’il est bien né à Auckland, au pays du long nuage blanc, Aki porte aujourd’hui le maillot de l’équipe nationale d’Irlande. Comment en est-il arrivé là ? Son parcours est plutôt classique. En 2011, il débute en ITM Cup avec les Counties Manukau. Ce cadet d’une fratrie de sept enfants d’origine samoane n’a jamais porté le maillot des Baby Blacks, mais s’impose petit à petit au sein de sa formation, promue en 1ère division du championnat national au terme de la saison 2012. Le futur “Irlandais” inscrit six essais, et restera deux ans de plus chez les Steelers, basés à Pukekohe.
Mais ce n’est pas tout : en Nouvelle-Zélande, les meilleurs joueurs de l’ITM CUp - devenue aujourd’hui la Mitre 10 Cup - sont ensuite sélectionnés au sein des cinq franchises kiwis engagées dans le Super Rugby. Les Counties Manukau dépendent des Chiefs, et c’est tout naturellement qu’Aki intègre l’effectif des champions en titre en 2013. Bilan ? 15 matchs, 5 essais, et un titre à l’arrivée… Pas mal pour une première à ce niveau ! L’année suivante est également une réussite d’un point de vue personnel. Mais son essai inscrit en ¼ de finale face aux Brumbies n’empêche pas l’élimination des Chiefs. Le Super Rugby 2014 sera son dernier.
“Project Player” de l’IRFU
Serait-il devenu un All Black, s’il avait décidé de rester en Nouvelle-Zélande ? Peut-être. Sûrement. Mais s’il est aujourd’hui un des hommes de base de Joe Schmidt, c’est parce que la Fédération irlandaise a flairé le bon coup. Comme Jared Payne, Quinn Roux ou CJ Stander, Aki fait partie de ces joueurs d’origines étrangères devenus éligibles après trois ans de résidence. Les “Project Players”, censés représenter une solution face au manque de réservoir local à certains postes. A l’image du XV de France, les Verts s’appuient donc sur des étrangers. La sélection du ¾ centre ? Une évidence. Débarqué au Connacht en 2014/2015, le Kiwi mène l’équipe de Galway au titre de champion de la Ligue celte un an plus tard, terminant meilleur joueur de la saison.
Sélectionné pour la première fois contre l’Afrique du Sud, à l’automne 2017, Aki inscrit son premier essai international dans le 6 Nations 2018, tournoi remporté par le XV du Trèfle. Grand Chelem à la clé. Il compte aujourd’hui 15 caps, pour trois essais, et devrait être aligné face aux Bleus ce dimanche, s’il est remis d’une commotion reçue contre l’Italie, il y a dix jours. Son style de jeu fait de percussion ne fait pas de lui le digne successeur de Brian O’Driscoll, mais son profil tranche avec celui de Ringrose ou Henshaw, talents complémentaires à son profil. Sans oublier l’ancien Grenoblois Chris Farrell, qui devrait lui être associé face aux Bleus.
IRLANDE : Chris, l’autre Farrell qui pourrait faire mal au XV de FranceBundee Aki en vidéo :
Crédit vidéo :
Imanol votre idole
Aki c'est un peu ce qu'on aurait aimé que soit Bastareaud.
Un joueur puissant, fort à l'impact, mais également doté d'une vision du jeu et d'une qualité de passe qui lui permettent de jouer les distributeurs lorsqu'il le souhaite et de destabiliser les défenses, un peu sur le modèle de Nonu en son temps. On s'attend à une charge pour laquelle on doit se tenir prêt et c'est à ce moment qu'il écarte, ce qu'on ne peut anticiper sous peine de lui laisser le champ libre.
A l'inverse, lorsque que Bastareaud porte le ballon, on sait qu'il va charger et la défense est prête car s'il veut faire une passe, son niveau technique l'oblige à le faire lorsqu'il est encore loin de la défense. J'ai toujours l'espoir qu'avec une meilleure condition physique il soit capable de se rapprocher de ce profil.
D'accord avec toi, sauf sur l'espoir concernant la forme physique de Bastareaud, quasi 30kg séparent les 2 joueurs et ça m'étonnerait que Basta prenne ce genre de mesures radicales pour sa carrière à 30 ans.
Gorgothor
Démonstration du fiasco de la formation irlandaise.
On devrait interdire le recours à ce genre de mercenaires
gjc
Pas vraiment. La formation du Leinster est la plus grosse usine à talent d'Europe (toutes leurs stars sont formées au club). Il y a très peu de joueurs étrangers dans les provinces irlandaises, beaucoup moins que chez nous même après les JIFF et alors qu'ils n'ont que 4 millions d'habitants. La force des Irlandais est d'avoir une réflexion de long terme sur chaque project player impliquant la fédération et la province.
Dans le cas d'Aki c'est un recrutement intelligent car il a largement contribué au renouveau de Connacht. Ils sont passés de parent pauvre à vainqueurs du Pro14 et fournissent aujourd'hui régulièrement des internationaux. Mais je pense qu'il est inférieur à Laumape, SBW ou Crotty et qu'il n'aurait pas été sélectionné par les AB.
La question que je me pose c'est plutot "pourquoi Galthié et Lartot l'appellent-ils Bounedaï?".
FrancoisUST
C'est le symbole de réussite d'un modèle qui pense global. Ils avaient un manque sur des 3/4 centres physiques (tous leurs 3/4 étaient plutôt dans l’évitement y compris chez les jeunes) alors ils ont ciblé leur manque en allant chercher un jeune centre qui savait pertinemment que les all blacks allaient être dur. Eux ont anticipé un besoin, alors qu'en France on réagit après le problème. On n'avait pas d'ailiers de talents? Alors on recrute a prix d'or des ex-gloires sans penser au futur.
ASM Clermont Féroce
Tu parles d'un modèle ! Modèle d'intégration ? Modèle de naturalisation et d'administration performante? Modèle de formation ? Pas tout compris en fait...
Jak3192
Si la réussite de ce modèle Irlandais est le fait qu'il soit Néo Zélandais-Samoan émigré...
effectivement,
c'est une réussite...
... pour lui.
Le titre ne me semble pas en adéquation avec le contenu de l'article.
Ou alors c'est du 2nde degré, option ironie ?
Zou Lou
Il faut bien comprendre que pour chaque "Project Player", il y a une planification à 3 ans sur les besoins de l'équipe nationale et les manques dans la filière de formation irlandaise.
En regardant la complémentarité et la profondeur de l'effectif irlandais aujourd'hui, le modèle irlandais est très clairement un succès. Bravo à la fédération pour avoir défini et appliqué une stratégie sur un temps long.
~2 ans pour définir la stratégie et détecter les joueurs, 3 ans pour attendre la sélection.
ça pique en comparant au fonctionnement français depuis plus de 10ans.
Ensuite, que ce succès soit bon pour le rugby et moral, c'est une autre discussion.
Jak3192
C'est un plan a très moyen / long terme en matière de sport...
Admettons
Quant au côté moral...
Cela ne m'émeut pas
En sport,
utiliser la règle, l'esprit de la règle...
bref,
rester dans les clous
LaGuiguille
je vois pas en quoi cela fait la reussite du modele irlandais, enfin, si on entends par la le modele de formation
apres, un modele de recrutement d'etrangers, surement mais c'est un peu triste
breiz93
Bientôt Aki ce sera comme Jones au Pays de Galles, il y en aura plusieurs par feuille de match.
Rupeni
Vous surestimez un peu ce joueur. Ce n'est pas un joueur exceptionnel, mais un joueur complet, efficace et régulier. Il est magnifié par un système de jeu irlandais performant et parfaitement rodé, et par son association avec d'excellents joueurs tel que Sexton ou Ringrose. Cela me semble très improbable qu'il aurait eu sa chance avec les Blacks, mais c'est une lourde perte pour les Samoa.
Vae Victis Brennos
Je suis assez d'accord avec toi, il n'est pas franchement transcendant, mais je le préfère à un Henshaw.