6 Nations : que se passe-t-il chez nos adversaires - Bilan du Tournoi #8
Tournoi des 6 Nations 2015 : bilan de la victoire de l'Irlande. / Crédit Photo : Instagram : irishrugby
Le Tournoi des 6 Nations 2015, c'est terminé, c'est donc l'heure de faire un bilan de la compétition de nos adversaires.
Le Tournoi des 6 Nations 2015, c'est déjà fini ! Enfin, « déjà »... On ne va pas se mentir, le spectacle n'a pas toujours été au rendez-vous cette saison, surtout en ce qui concerne l'équipe de France. Pourtant, la belle victoire du XV d'Angleterre au Millennium en ouverture de la compétition aurait pu se faire l'écho d'un Tournoi palpitant et passionnant de bout en bout. Qui l'a tout de même été lorsque l'Italie s'est imposée sur le fil en Écosse ou quand l'Irlande a vu s'envoler ses rêves de Grand Chelem face aux Diables Rouges dans une rencontre à suspense. Et comment ne pas évoquer cette dernière journée, où 27 essais (un record) ont été inscrits en seulement trois matchs ? Ce Crunch historique, dont on reparlera sûrement dans vingt ans comme LE match d'une génération ?

Au final, l'Irlande termine à la 1ère place, l'Angleterre se contente du statut de dauphin pour la 4e année consécutive et les Écossais de Vern Cotter repartent avec la cuillère de bois. Équipe par équipe, voici un bilan des adversaires du XV de France.

Irlande (1ère)

Soyons clairs : des quatre équipes encore en lice pour remporter le Tournoi lors de la dernière journée, l'Irlande était sans doute l'équipe (après la France) qui vendait le moins de rêve. D'une part parce que les Gallois (si, si) et les Anglais ont envoyé du jeu des quatre coins du terrain. D'autre part parce que le XV du Trèfle s'est surtout servi de la botte de Jonathan Sexton pour avancer dans la compétition. Pragmatisme © quand tu nous tiens... Même la France a inscrit plus d'essais (9) que l'Irlande (8). Mais au fond, y a-t-il vraiment besoin de vendre du rêve pour gagner le Tournoi ou la Coupe du monde ? L'histoire nous a prouvé le contraire. Favoris du Tournoi après un tournée de novembre parfaite, les Irlandais ont assumé leur statut, battant l'Angleterre sans peine grâce au génie tactique de Joe Schmidt.

Historique

S'il regrette « la défaite face aux Gallois », le sélectionneur des Verts se dit « fier » de ses joueurs qui remportent le 6 Nations pour la deuxième année consécutive. Une première depuis... 1949 ! « Je n'échangerais ma place pour rien au monde », poursuit-il. L'Irlande a fait le plein de confiance, son groupe pour le Mondial est loin d'être l'un des plus difficiles... Atteindra-t-elle pour la première fois le dernier carré de la compétition ?

Le joueur : Conor Murray

Certains évoqueront la révélation Robbie Henshaw, d'autres le capitaine et vétéran Paul O'Connell dont l'influence sur le groupe n'a jamais été aussi forte. Mais Conor Murray est sûrement ce qui se fait de mieux à l'heure actuelle au poste de demi de mêlée en Europe (et au monde ?). Son jeu au pied soulage son équipe, son entente avec Jonathan Sexton fait des merveilles. Retenu avec les Lions il y a deux ans, le Munsterman ne cesse de progresser depuis. Il n'a pas d'équivalent, même si Ben Youngs a impressionné face aux Bleus.

Angleterre (2e)

Stuart Lancaster critiqué par sa Fédération

L'histoire pourrait (presque) faire sourire en comparaison de la situation en France. Critiqué tout au long du Tournoi, Philippe Saint-André n'a jamais été lâché par la FFR, Pierre Camou en tête. Bilan ? Les Bleus terminent à la 4e place, encaissent près de soixante points en Angleterre et n'ont plus remporté le Tournoi depuis 2010. Pendant ce temps-là, de l'autre côté de la Manche, Stuart Lancaster se fait allumer par le directeur exécutif de la RFU : « Deuxième quatre ans de suite, ce n'est pas acceptable et on n'est pas contents des circonstances dans lesquelles cela s'est produit. On a eu des occasions pour gagner. Que les choses soient claires, on avait les choses en main. Les Irlandais ont mérité de gagner pour ce qu'ils ont fait lors des cinq matches. Nous, on n'a pas fait assez lors des cinq rencontres. On n'a pas saisi nos chances, pas fait ce qu'on aurait dû faire, pas été assez intelligents parfois. » Ça, c'est fait. En conférence de presse, le sélectionneur a lui déclaré que l'Angleterre était dans les temps pour remporter la deuxième coupe Webb Ellis de son histoire.

Avec dix-huit essais, le XV d'Angleterre a pourtant brillé dans ce Tournoi, échouant de sept points pour s'adjuger le titre. Dur. Les soldats de Sa Majesté regretteront longtemps les occasions gâchées face à l’Écosse. Le XV du Chardon a d'ailleurs été taclé par Mike Brown, à l'instar de l'Italie. On comprend pourquoi : « La France a eu du mérite dans sa façon d'aborder la rencontre et la façon dont elle a joué, en comparaison d'autres nations. Ils ont joué le jeu, c'est fair-play. Je n'ai pas besoin d'en rajouter, tout le monde sait ce que je veux dire. » La place de dauphin a du mal à passer.

Le(s) joueur(s) : les absents

Ils s'appellent Joe Launchbury, Manu Tuilagi, Owen Farrell, Brad Barritt, Alex Corbisiero, Kyle Eastmond ou Dave Wilson. Une liste de joueurs blessés, indisponibles pour le Tournoi, à laquelle on peut rajouter les noms d'Henry Slade, Chris Ashton, Christian Wade voire Sam Burgess et Steffon Armitage, pas utilisés par le sélectionneur. Vous l'aurez compris : le réservoir du XV de la Rose est impressionnant. Une Coupe du monde se gagne à 30 (31, maintenant) et nul doute que les joueurs cités ci-dessus feront tout pour intégrer à temps le squad de Stuart Lancaster. Franchement, ça fait peur.

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Pays de Galles (3e)

Pendant une heure, les Gallois ont pris la tête du Tournoi des 6 Nations... Les homme de Warren Gatland ont littéralement atomisé les Italiens grâce notamment à un triplé de George North. Battus d'entrée dans le Tournoi par l'Angleterre, les Diables Rouges ont bien failli rééditer l'exploit de 2013 lorsqu'une défaite initiale face à l'Irlande ne les avait pas empêché de remporter la compétition. Manque de chance, les coéquipiers de Sam Warburton échouent à dix points... Ils pourront tout de même se targuer d'être la seule équipe à avoir battu le vainqueur de l'édition 2015.

Plusieurs records tombés

Que retenir du Tournoi gallois ? Que les expatriés, de Roberts à Davies en passant par Charteris, ont une nouvelle fois haussé leur niveau de jeu en équipe nationale. Que Dan Biggar et Rhys Webb sont bien partis pour former la charnière au Mondial, que Liam Williams a pris la place d'Alex Cuthbert et ne risque pas de la lâcher s'il continue à jouer aussi bien. Mention spéciale aussi pour Sam Warburton, devenu – comme Thierry Dusautoir – le joueur comptant le plus de capitanat dans son pays. Seul bémol, la grave blessure de Samson Lee. Le successeur d'Adam Jones à droite de la mêlée aurait 50% de chance de disputer la Coupe du monde.

Le joueur : Luke Charteris

Il a rendu fou les statisticiens lors du match face à l'Irlande. À l'origine, son nombre de plaquages effectués avait été comptabilisé à 37, puis corrigé à 26 avant d'être établi à 31. Un record, quatre plaquages devant Serge Betsen, excusez du peu. Le 2e-ligne du Racing Métro, remplaçant au début du 6 Nations, s'est relancé, écartant la concurrence de Jake Ball pour retrouver sa place aux côtés de l'inamovible Alun-Wyn Jones. Gravement blessé avec l'USAP il y a deux saisons, Charteris a retrouvé son niveau. Une très bonne nouvelle pour l'alignement gallois. Et accessoirement, celui du Racing.

Italie (5e)

Essayons de voir le côté positif, d'abord. Les Italiens n'ont pas récolté la cuillère de bois, ne terminent pas à la dernière place, se sont imposés à l'extérieur et terminent le Tournoi sur un essai de Leonardo Sarto. Mais comment ne pas évoquer cette performance indigente face aux Bleus (défaite 0-29), ces soixante points encaissés à domicile face au Pays de Galles (20-61, score final) et l'impression que la Squadra Azzurra n'a pas progressé depuis le dernier Mondial ? En l'absence de Michele Campagnaro, on a découvert Luca Morisi, Sergio Parisse est toujours exceptionnel et va même trop vite pour ses coéquipiers... Mais après ? « On a paniqué » reconnaissait Leonardo Ghiraldini via la Gazzetta Dello Sport.

Brunel contesté ?

Un coup d’œil au nouveau classement World Rugby suffit à s'en convaincre : l'Italie, 15e, ne fait pas partie du gratin du rugby mondial en étant positionnée derrière les îles du Pacifique ou du Japon. Pire, elle ne fait pas partie du gratin du rugby européen puisqu'elle est désormais devancée... par la Géorgie, formation alignée en Tournoi des 6 Nations B. Dans ce contexte, difficile d'imaginer Jacques Brunel continuer l'aventure après la Coupe du monde. Mais le sorcier gersois a été confirmé à son poste : il ira au moins jusqu'en Angleterre, en septembre prochain. Avec une mission : atteindre les quarts. Le XV de France est prévenu.

Le joueur : Kelly Haimona

L'ouvreur des Zebre symbolise à lui seul les problèmes du rugby transalpin, privé de n°10 d'envergure depuis la retraite de Diego Dominguez. Tommaso Allan représente l'avenir, mais il a été placé sur le banc au profit de ce joueur d'origine néo-zélandaise découvert au niveau international en novembre. Résultat ? Pas vraiment exemplaire face aux perches, il n'a jamais su tirer la Squadra vers le haut. Mais lorsqu'il était blessé et indisponible face à la France, ses suppléants n'ont pas fait mieux...

Écosse (6e)

Il faut payer pour apprendre, et Vern Cotter a payé le prix fort. Pour son premier Tournoi à la tête des Scots, le sélectionneur néo-Z n'a pas fait de miracle, et n'a même pas souffert du « syndrome clermontois » en terminant à la seconde place. Cotter et le XV du Chardon ont fait pire, terminant au fond du classement, la cuillère de bois en prime. Restera, restera pas ? Ce qu'il faut savoir, c'est que l'ancien coach de l'ASM possède une clause dans son contrat lui permettant de revenir dans un club en France (l'UBB?), comme le révèle The Scotsman. Mais Cotter nie vouloir l'utiliser et assure être là pour un long moment. Pour lui, les défauts de son équipe pourront être gommés pendant la préparation de la Coupe du monde. Les coéquipiers de Greg Laidlaw disputeront quatre matchs et affronteront l'Irlande, l'Italie (x2) et la France.

Il faut reconnaître que l’Écosse n'a pas été épargnée par les blessures (Denton, Ashe, Gray, Dunbar, Lamont, Maitland, Weir...) ou les suspendus (Russell). Problématique au vu du réservoir que possède les joueurs des Highlands. Positionnés dans la poule la plus ouverte de la Coupe du monde, les Écossais ont une chance de voir les quarts. Mais il faudra marquer plus d'essais et ne pas craquer en fin de match, comme face à l'Italie.

Le joueur : Stuart Hogg

L'arrière du XV d’Écosse est tellement facile... À lui seul, il a annihilé les espoirs de victoire de l'Angleterre dans le Tournoi en n'aplatissant pas dans l'en-but face à l'Irlande (merci Heaslip) après avoir sauvé au moins trois essais le week-end précédent en plaquant en position de dernier défenseur. Quid de ses qualités offensives ? Hogg est le joueur à avoir couru le plus de mètres avec le ballon (442). Scott Spedding, 2e, n'est qu'à 343 mètres ! L’Écossais est aussi celui qui a battu le plus de défenseurs (20, devant Jack Nowell, 16). Bref, sa présence parmi les meilleurs joueurs du Tournoi n'est pas une surprise.

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Bravo aux irlandais et aux écossais !!!

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