"Ça fait 20 ans que j'entraîne à tous les niveaux, et en amateur, j'ai parfois vu des buteurs largement aussi bons qu'en Top 14". La tirade est signée d'un coach passionné et entraînant aujourd'hui en région PACA. Mais plus que son origine, cette formule prend tout son sens par son objectivité : en amateur ou à des niveaux du moins non diffusés à l'antenne, des garçons aux qualités exceptionnelles pullulent bien plus souvent qu'il n'y paraît, ou du moins, qu'on le croirait. À Nîmes par exemple, ce club du Gard qui évoluait encore en Fédérale 1 il y a quelques semaines, on peut trouver un artilleur comme il n'en n'existe pas à foison dans l'Hexagone. Un gars qui sort d'un exercice à 359 points marqués, dont 299 au pied. "Je pense être un joueur que l'on peut caractériser d'aérien, plutôt bon dans l'occupation, avec un long jeu au pied et assez précis face au but", dévoile Samuel Roche, le principal intéressé. Ça, c'est le moins que l'on puisse dire. Car vous vous doutez bien que pour inscrire près de 15 points par match sur une saison à rallonge comme celle du RCN l'an passé, il faut un peu plus qu'être simplement doté d'une grosse puissance de frappe, ou bénéficier du facteur chance à l'occasion.
AMATEUR. Frère de Ben et meilleur réalisateur de Fédérale 1 : qui es-tu Jacob Botica ?Non, son jeu au pied, Roche le travaille quotidiennement du côté de la cité aux arènes. Et désormais, on ne peut mieux grâce à l'accès à la Nationale 2 du club, qui professionnalise grandement les choses au stade Kaufmann. "Maintenant, poursuit-il, une bonne partie du groupe est professionnelle et peut s'entraîner le matin à la muscu' et aux ateliers techniques, afin de gagner du temps sur la séance du soir et qu'on n'ait plus qu'à transmettre aux copains qui n'ont pas la chance de ne pouvoir faire que ça. Ça permet de bien s'entraîner, que tout le monde adopte les automatismes rapidement et surtout de bosser dans des conditions optimales, avec un suivi, des conseils, des retours sur notre travail."
On a montré qu'il y avait aussi du rugby à Nîmes, et pas que du football. Ça récompense le travail de restructuration du club, les montées et notre demi-finale de Fed 1 la saison passée. Ce championnat semi-professionnel qu'est la Nationale 2 devrait pouvoir nous permettre de mettre le rugby en valeur dans Nîmes et dans le département du Gard.
Un panel qui, alloué à un budget à la hausse, un nouvel entraîneur (Guillaume Aguilar) et des recrues importantes à des postes clés, permettent à Nîmes de viser haut, et vite. "L'objectif est clairement d'aller chercher une qualification. La superbe saison de l'an dernier est due à un groupe qui vivait bien grâce à des coachs qui avaient apporté tous les ingrédients qu'il fallait. Notre ambition est d'aller chercher des phases finales et pourquoi pas de retrouver la Nationale 1 le plus rapidement possible." Des attentes confortées par l'arrivée de Pierre-Gilles Lakafia et de ses 165 matchs avec l'équipe de France à 7. "On ne peut qu'avancer avec des joueurs comme ça. C'est un gars volontaire, de bons conseils, humble et qui permet d'apporter une forme d'expérience et de confiance, forcément. Il a une aura et une énergie qui tirent le groupe vers le haut et je pense que ça portera ses fruits cette saison."
Un nouveau "finisseur", une ambition intacte
Roche ? Pour revenir à lui et sa saison fantastique de l'an passé, vous aurez certainement remarqué qu'entre ses 299 points marqués au pied et ses 359 inscrits au total, il existe un bon "gap", comme disent les Anglais. En l'occurrence 60 points, et 12 essais marqués. Car cantonner l'arrière du RCN à un rôle de buteur serait réducteur, pour le moins. Le natif d'Orange a en effet beaucoup travaillé sur sa vitesse et sa capacité à apporter du danger offensivement. Résultat, après 1 petit essai marqué sur ses 17 premiers matchs de Fédérale 1 puis avoir eu le temps de bosser durant la période Covid, le grand brun (1m87 pour 95kg) en a planté 12, donc, en 24 rencontres. Un contraste saisissant qu'il explique par "un changement de poste avec un passage de l'ouverture à l'arrière, mais aussi un déclic intervenu après 3 ou 4 essais marqués". Il détaille : "J'ai commencé à y prendre goût et à me dire que je pouvais aussi être un finisseur. (...) Désormais, j'ai ce physique et cette confiance qui me permettent de jouer davantage mes duels aujourd'hui. Et ça a porté ces fruits cette année... La dernière fois que j'ai marqué autant d'essais en une saison, c'était en Espoirs avec Provence Rugby, donc ça commence un peu à remonter."
@samuelroche Une fois.. deux fois… pas de troisième. 🚩🎯#🎯 #rugby #🏉 #terrainglissant ♬ son original - Samuel Roche
Aujourd'hui doté d'un profil à la fois "safe" et complet, le jeune arrière se voit-il pour autant aller jouer plus haut ? "Je sors d'une très grosse année avec Nîmes. Maintenant, il faudrait une saison pour confirmer et pourquoi pas avoir l'opportunité de jouer au niveau dont je rêve", tempère-t-il. "J'ai déjà eu des propositions pour des niveaux similaires à Nîmes, mais je ne voyais pas trop l'intérêt d'aller voir ailleurs alors que je me sens bien ici, et que ma famille est installée à ici. Reste que je n'aurai pas de problème à partir si c'était pour un niveau supérieur, où là ça serait un véritable challenge." Toute la compétitivé d'un garçon biberonné au centre de formation de Provence Rugby. "Je suis Nîmois, mais je suis aussi un joueur de rugby, encore jeune, qui a toujours aspiré à pouvoir jouer au plus haut niveau possible. Ça, c'est bien clair, je n'ai jamais caché mes ambitions. Mais je pense que c'est le propre de tout joueur qui est un minimum compétiteur..."
RUGBY. 14 essais en 16 matchs : qui est Maewen Sao, le meilleur marqueur de Fédérale 1 ?Et lorsque l'on voit le nombre de passerelles effectuées entre la Nationale et les deux élites du rugby français cette intersaison encore, l'on se dit aisément que son dessein n'a rien d'une chimère. Qu'à cela ne tienne, la dernière année de contrat de Samuel Roche au RCN sera peut-être celle qui fera définitivement basculer son destin. Toujours un tee entre les mains...
Chandelle 72
25 ans, c'est jeune mais pas tant que ça.
C'est un poste, arrière où ça tourne beaucoup au plus niveau.
Il peut peut-être faire sa place comme Bouthier
Dupont9A
Un ovni d'après FG
fabien81
"Ça fait 20 ans que j'entraîne à tous les niveaux, et en amateur, j'ai parfois vu des buteurs largement aussi bons qu'en Top 14".
devenir un buteur correct même dans les petites divisions c'est presque le plus facile. C'est le seul truc avec la prépa physique qu'on peut faire seul, il suffit juste d'un peu de temps libre, n'importe qui en a le temps peut devenir un très bon buteur. Des buteurs à 80% de réussite en fédérale il y en a dans presque la moitié des clubs, pour moi c'est presque banal, le minimum syndical si on vise les phases finales.
On retrouve en fédérale des joueurs qui ont le potentiel pour jouer en Pro D2, ça a toujours existé et ça existera toujours et les raisons sont multiples, c'est pareil dans tous les sports collectifs, pas mal de joueurs du haut niveau amateur ont reçu la même formation et se sont entrainé avec des pros actuels quand ils étaient en cadets, juniors ou espoirs, et certains d'entre eux avaient le niveau pour aller plus haut mais pas le temps ou la place
dusqual
oui, on a plus de temps en amateur pour progresser au tir au but. on a aussi moins de moyens pour le faire, notamment en terme d'accompagnement.
les clubs pros ont des spécialistes du jeu au pied, certains d'entre eux sont très très bons pour faire progresser les joueurs, même si d'autres ont aussi d'autres mission et ont parfois du mal à travailler régulièremnt le tir au but avec les joueurs.
et un autre facteur à prendre en compte, peut être que les buteurs tentent un peu moins des pénalités compliquées en amateur, là où en pro, ils vont plus souvent s'y coller.
balobal
oui c'est bien vrai ; mais aussi ce qui change aussi beaucoup entre amateur et pro c'est la pression sur les épaules et l'environnement quand les pénalités sont tentées.