Ce Toulouse vs La Rochelle remporté dans les derniers instants par les Hauts-Garonnais fut-elle la "meilleure" finale de tous les temps en Top 14 ? Malgré les débats qui fusent depuis ce samedi soir, c'est en tous cas ce que laisse à penser l'intensité et la rudesse folle de ce match, ainsi que son dénouement digne des 1000 et 1 nuits : divin pour les Rouges et Noirs, cruel pour les Jaunes et Noirs. Le tout, grâce à cette fulgurance de Romain Ntamack. Hasard ou non, sur le papier, le lendemain à Chateaurenard - aux confins du 13 et sur les bords de la Durance - se jouait la plus belle demi-finale de Fédérale 3 qui soit entre Avignon/Le Pontet et Aubagne. Un match que tout le monde attendait depuis le début de saison, où les deux ogres du Sud-Est s'étaient retrouvés dans des poules différentes. Un match pour la suprématie régionale, aussi, voire nationale cette fois, qui sentait donc la poudre à 100 bornes à la ronde...
Et pour cause, environ 2500 personnes s'étaient massées dans les gradins du stade de Coubertin, qu'elles soient du Var, des Bouches-du-Rhône, du Vaucluse ou du Gard. Rajoutez à cela un écrin parfait, un soleil de plomb et deux équipes au sommet de leur art en ce moment et vous comprenez donc mieux dans quel contexte se joue ce derby. D'ailleurs et comme pressenti, les premiers impacts laissent imaginer quelle va être la teneur de l'après-midi. D'emblée, on se rend coup pour coup à l'impact et après une première séquence de possession, c'est le favori du Pontet qui débute bien en inscrivant les 3 premiers points du match par leur arrière et buteur Colombié. Mais rapidement, le RCA va montrer qu'il s'est bien mis en mode "phases finales" depuis un mois et demi désormais. Plus puissants devant, plus cliniques et appliqués aussi, les Santonniers montrent qu'ils ne se sont pas déplacés en victime expiatoire, bien au contraire. Et après un premier quart d'heure de jeu où les deux formations se rendent coup pour coup, c'est le petit 9 péroxydé des "visiteurs", Tempier, qui plante le premier essai de la rencontre façon Kerr-Barlow la veille, au ras d'un ruck.
Pourtant habituellement très forts sur les entames, les Vauclusiens, indisciplinés et maladroits ce jour, sont cette fois pris au cou. Dans la foulée, Hervé Combes enquille au pied et avec, en supériorité numérique, l'essai en force de Pujolle suite à une combinaison en touche, le score grimpe - déjà - à 6 à 18 en faveur des hommes à la marinière. Côté Pontet, en tribunes, on entend les premiers oiseaux siffler et les poncifs vieux comme ce sport descendre du haut des gradins. De la bouche de ceux qui jurent à qui veut bien l'entendre que "le rugby c'était mieux avant" et "qu'à mon époque, ça ne se serait pas passé comme ça", bien sûr. Ainsi, les "si vous n'avez pas envie de jouer une demi-finale, il vaut mieux restez chez vous" un peu durs émergent du coin jaune et bleu, eux qui, ma foi, ont certainement fini par toucher l'orgueil des coéquipiers des Radosavljevic, jusqu'à les faire disjoncter... Car s'il n'y a aucun doute que les "locaux" montent peu à peu en agressivité, celle si se fait aussi dans le mauvais sens du terme. Et sur une action abracadabrantesque amorcée par une percée de Canourgues depuis ses 22 mètres, suivie d'une passe par-dessus la tête pour son 9 et prolongée du pied, Dorian Hermet, que l'on vous a déjà présenté, plongeait en coin. 23 à 6 pour Aubagne ?
AMATEUR. PETIT FRÈRE D'UNE ''STAR'', ANCIEN ACOLYTE DE SÉGURET ET FÉDÉRALE 3, QUI ES-TU DORIAN HERMET ?Que nenni, car au moment de taper à suivre, Tempier fait un soleil suite à un plaquage mal contrôlé de l'arrière usapiste. Il n'en fallait pas plus pour que les esprits s'échauffent et que le capitaine du Pontet déclenche une partie de manivelles à lui seul. Résultat, 3 cartons rouges distribués sur l'action et un essai refusé au numéro 12 aubagnais. Qu'on le veuille ou non et même réduit à 13, Le "Tépon" s'en sort bien car des situations du genre, on en vit déjà avec des essais tout de même accordés au bout. Certains se souviennent peut-être de ce derby parisien grisâtre de 2010, où Sireli Bobo ne s'était pas préoccupé de l'empoignade des "gros" pour aller planter un essai de 70 mètres sur un contre. Mais le "rugby a changé", disaient ces mêmes anciens en tribunes...
Le banc du Pontet n'y a rien changé
Ce que l'on peut vous dire, nous, en revanche, c'est que les mots du champ lexical de la guerre pour renvoyer les soldats au front en seconde période sont toujours légion. Les citrons font du bien à la meilleure attaque des phases finales et Avignon revient avec d'autres intentions des vestiaires. D'autant que Bahbah prend un jaune au même moment et qu'on joue donc à 13 contre 13 pendant 10 minutes, sous 30 degrés à l'ombre... Forcément, les espaces sont partout et, revigorés aussi par les entrées de leur banc XXL et des Péré, Garcia, Capo ou Batby, les ouailles du duo Mabilon/Zanini finissent par trouver la faille durant leur quart d'heure américain. Le demi de mêlée remplaçant trouve la faille en filou dans le fermé avant que 5 minutes plus tard, bien décalé, l'ailier/arrière Benjamin Batby n'aplatisse en coin. Le stade explose et le tableau d'affichage indique alors 18 à 21 : à 20 minutes du terme, le match est complètement relancé !
AMATEUR. JE SUIS ALLÉ VOIR UN 16ÈME DE FINALE DE CHAMPIONNAT DE FRANCE DE FÉDÉRALE 3 POUR VOUS
Oui mais voilà, un match de rugby dure 80 minutes et, en phases finales plus encore que d'ordinaire, est une véritable partie de poker. À ce petit jeu, forcément, Le Pontet va alors finir par payer son infériorité numérique. Un contre de Bahbah sur un box kick et la course de sa vie du poulachou Fischer plus tard, Aubagne reprenait 8 points d'avance. Et tuait le match à la 63ème minute. Car la bascule se fit à ce moment-là dans les têtes (et dans les corps) des deux équipes. Le RCA remis alors la main sur le ballon, laissa aussi son adversaire dans son camp, l'obligeant à relancer sans plus aucun jus dans les pattes.
Je pense qu'on n'est pas tombés dans le piège qu'ils ont essayé de nous tendre. J'ai des joueurs qui ne se laissent pas impressionner comme ça et cela s'est vu aujourd'hui. On a joué notre match, respecté la stratégie et ça passe face à une très belle équipe. Même si eux, à l'inverse, se sont trompés dans leur manière d'aborder cette demie, je pense. - Georges Valliorgues, entraîneur du RCA
Jusqu'à, dans le désordre, l'essai de Sarlin (73ème) suite à une superbe relance du virevoltant Egiziano, sur lequel Thomas Capo écopait à son tour d'un jaune pour un plaquage sans ballon. Battus à la régulière et passés à côté de leur match stratégiquement, les Vauclusiens n'avaient alors plus que leur frustration à déverser sur les dernières minutes. Un ultime geste dangereux de son pilier droit et Avignon/Le Pontet terminait le match à 11, tandis que Combes (19 points) aggravait le score au pied et soignait ses stats. Score final, 21 à 39 en faveur d'Aubagne, qui se qualifie donc pour la finale du championnat de France face à Sarlat. 60 pions, 7 cartons et de l'animation de la 1ère à la dernière minute, on peut dire que le Sud-Est a respecté ses traditions, non ?
Gio-nemanquaitpas-d'Aplon
Super article!! On y était. Bravo!!
Bravo aussi pour la prise de position
Fondacci
Merci à vous !
duodumat
@Theo Fondacci
C'est vrai que la finale de Top14 nous fait oublier ces phases finales de Fédérale.
Merci pour cet article, très vivant qui nous fait vivre cette demi-finale qui a due être engagée, vu le nombre de cartons. A vous lire on s'y croirait.
Merci.
Fondacci
Très engagée et très animée aha, comme on s'y attendait !
Merci beaucoup pour vos mots gentils.
pascalbulroland
Sinon , vous pouvez écrire 1001 nuits 😄