7's, Singapour, Angleterre, Paris... L'histoire exotique du Frenchy qui rêvait de Premiership, Luca Mignot
Grand talent du 7 en France, Luca Mignot (23 ans) aspire aussi à une carrière en Premiership, lui qui évolue à Exeter cette année
Grand talent du 7 en France, Luca Mignot (23 ans) aspire aussi à une carrière en Premiership, lui qui évolue dans l'équipe universitaire d'Exeter cette année. Rencontre avec ce passionné de voyages.

Combien sont-ils les "frenchies" qui sillonnent le monde et l’Europe du rugby actuellement ? En première division et à l’exception du jeune Louis Millet en Major League, seul Antoine Frisch joue toujours au Munster, à notre connaissance. L’ancien Rouennais a d’ailleurs débuté titulaire au centre, lors de la victoire de la Red Army sur les Sharks, en ouverture de la nouvelle saison d’URC le week-end dernier. Personne d’autre ? À vrai dire, certains toqueront peut-être bientôt à la porte d’équipes fanions et c’est en tout cas ce qu’on leur souhaite. C’est notamment le cas de Luca Mignot, qui évolue du côté d’Exeter cette année.
RUGBY. ITW. Unique français en Angleterre, Antoine Frisch rayonne avec BristolRUGBY. ITW. Unique français en Angleterre, Antoine Frisch rayonne avec BristolEst-il un fan du pudding et d’Owen Farrell ? Cultive-t-il un aspect singulier, pluriculturel, presque exotique ? C’est plutôt vers la seconde option que se tourne le garçon de 23 ans. Né en Allemagne d’un père français et d’une mère brésilienne, il a d’abord vécu en Espagne avant de débarquer dans la ville rose à 5 ans. Il y fera d’ailleurs sa formation rugbystique au Stade Toulousain jusqu’à l’adolescence, avant de prendre la direction de l'Asie et de Singapour, pour suivre la mutation professionnelle du papa.

Le 7 dans la peau

La suite, c’est donc la découverte du rugby à 7 dans la cité-état. "Là-bas, ça se pratique beaucoup. C’est d’ailleurs grâce à cette discipline que je tiens la route au rugby aujourd’hui. (rires) Ça a développé mes skills, mon cardio, mon sens du duel…" C’est peu de le dire : à ce jeu, le Frenchy est d’ailleurs loin d’être un peintre. Après avoir eu l’opportunité de toucher quelques gonfles à l’entraînement auprès de France 7 lors d'une étape à Singapour du World Sevens Series durant ses années lycées, Mignot ne perd pas le contact avec elle.

Luca Mignot sous les couleurs de France 7 Développement à l'Open Mens de Dubai. Photo : Julien Poupart

En 2017, il est élu meilleur joueur du tournoi des lycées français asiatiques, au Vietnam. Par chance, celui qui lui remet le trophée n’est autre que Jérémie Aicardi, encore membre de France 7 à l’époque et devenu depuis l’un des entraîneurs les plus reconnus de la discipline dans l’Hexagone, que ce soit du côté de Monaco ou du pôle Lakanal. Hasard et chance des rencontres, "Mucalino" et lui gardent le contact. Lorsque le jeune Français termine son cursus dans la "ville jardin" et revient en Europe, on lui propose même de rejoindre des associations bien connues du 7 ici, comme celle des 7 Fantastics puis des Seventise, champions de France à de multiples reprises.

Bath, Paris, Exeter... Mais les études avant tout

Alors qu’il commence ses études d’ingénieur en génie mécanique du côté de Bath, il intègre aussi les équipes universitaires de la ville du club champion d’Angleterre en 1998. Là, il progresse dans son rugby à XV, assume sa polyvalence et, en parallèle, installe son nom dans le panel septiste français. Les contacts se font et lui permettent d’ailleurs de débarquer en 2020 en Espoirs au Stade Français. De disputer le Supersevens, toucher du doigt France 7 grâce à son équipe développement et glaner du temps de jeu en numéro 12 aux côtés d’un certain Léo Barré. "Quand j’y repense, c’est vraiment le joueur le plus doué que j’ai côtoyé, avec Romain Ntamack quand j’étais plus jeune. Et d’abonder : Quand vous lui rajoutez la capacité de travail qu’il avait déjà étant jeune et l’environnement qu’il avait autour de lui, vous comprenez pourquoi il en est déjà arrivé là."
All Blacks, Australie et Wilkinson : la folle histoire du Frenchy Lenny Valleyé, parti vivre son rêve au bout du mondeAll Blacks, Australie et Wilkinson : la folle histoire du Frenchy Lenny Valleyé, parti vivre son rêve au bout du mondeLa suite ? Membre éminent des Barbarians Français désormais, ce profil à la Thomas Ramos (15 ou 10 fiable, relanceur et créatif à défaut d’être le plus rapide) s’est aussi engagé à Exeter cette année. Et ce alors que l’opportunité d’aller accrocher un club professionnel français existait. Comment ? Grâce à un concours de circonstances, à sa volonté de poursuivre ses études dans la finance et au fait de savoir "saisir les opportunités, souligne-t-il. En Angleterre, la grosse différence avec la France est que les championnats universitaires et des équipes développements sont beaucoup plus médiatisés et suivis que celui des Espoirs chez nous, par exemple. C’est du même acabit qu’en Nouvelle-Zélande." Et ?

Résultat, un peu plus tôt dans l’année, je regarde à la télé une demi-finale de championnat où les jeunes d’Exeter sont engagés, et je vois un Français qui parle au micro en après-match. C’était Nicolas Sestaret, un ancien ailier passé par Toulouse notamment et qui a joint longtemps ici, en Angleterre. Il est resté à Exeter et s’occupe aujourd’hui, en gros, de la relation entre équipe, l’équipe développement et la fanion. Je l’ai contacté et après avoir jeté un œil à mon CV, il a contribué à ce que les Chiefs me proposent quelque chose. 

Le Premiership et France 7 dans un coin de la tête

Installé en numéro 10 depuis le début de la saison grâce à sa polyvalence et son pied, Luca Mignot (1m88 pour 90kg) entrouvrira-t-il les portes de l’équipe professionnelle prochainement ? Pour l’instant, il s’entraîne déjà aux côtés des Henry Slade, Jacques Vermeulen ou Scott Sio la semaine. Avec, dans un coin de sa tête, peut-être l’idée que le départ de Joe Simmonds vers Pau et le Top 14 laissera forcément de la place, à terme…

"Je suis encore jeune mais en même temps, je commence à avoir une certaine expérience. Et puis je n’y ai pas pensé en signant, mais c’est vrai que je me rends compte aujourd’hui que le titulaire au poste (Harvey Skinner) est de 97 et que son remplaçant a tout juste la vingtaine. Quelque part, ça laisse un peu de place pour imaginer de belles perspectives pour la suite. L’objectif est clairement d’aller chercher un contrat professionnel à la fin de la saison." C’est tout le mal qu’on lui souhaite. Histoire que la France soit à nouveau représentée en Premiership prochainement et que le voile soit levé sur ce parcours plus étonnant que les steps de Quade Cooper. A lui d’avoir le bon rebond…

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