À trois jours du derby basque qui s’annonce déjà chaud bouillant entre Biarritz et Bayonne, Arthur Duhau l’ailier de l’Aviron Bayonnais (23 ans), nous livre ses ressenties avant ce choc et à l’amour qu’il a pour son club Bleu et Blanc, pour lequel il joue depuis ses cinq ans.
Salut Arthur, comment vas-tu à trois jours du choc entre Biarritz et Bayonne ?
Salut ! Super. Eh bien il y a un gros match qui se prépare samedi, ça va être la survie du club donc il y a pas mal de pression sur les épaules de l’équipe. Mais j'ai vraiment envie d’en découdre et de réaliser un bon match ce week-end.
Comment le groupe a vécu la situation après la défaite face au Stade Français ?
Il y a eu beaucoup de déceptions après ce match. On avait vraiment à cœur de faire une bonne partie et de gagner pour se sauver, mais ça ne l’a pas fait. Ensuite, on a su directement qu’on jouait contre Biarritz pour le barrage. On est très déçu, mais aussi très excité de jouer ce match contre Biarritz.
Quel a été la réaction de l’entraîneur après la rencontre face au Stade Français, qu’est-ce qu’il vous a dit ?
Il nous a dit qu’il fallait directement 'switcher' sur Biarritz, qu’on n’allait pas trop parler de cette défaite et que c’était passé et qu’il fallait se concentrer sur le derby. Que même si les nouveaux arrivants (NDLR : les recrues) n’avaient pas joué de derby, c’était des matchs toujours très compliqués et qu’il fallait tout donner pour vraiment essayer de gagner samedi pour rester ici (NDLR : en Top 14).
Vous auriez préféré jouer l’USAP, ou vous êtes content de jouer contre Biarritz ?
Franchement, aucune préférence. On prend les matchs qui viennent. Biarritz ça va être un derby, mais ça reste un match de rugby. Mais que ce soit pour les Biarrots ou les Bayonnais, il y aura une grosse fête après. Pour les bars et restaurent, ça sera super. Mais il faudra juste gagner.
Est-ce qu’il y a des consignes particulières pour préparer ce match ?
Non, non, ça va rester pareil à d'habitude. On va jouer notre jeu, avec une grosse conquête devant, derrière se faire plaisir et mettre le plus d’incertitude possible. Donc voilà, il n’y a rien eu de nouveau, juste rester sur le même état d’esprit qu’on a et tout donner pour le club. Il y a pas mal de joueur du cru, donc c’est une pression supplémentaire. Mais après ça reste un match de rugby, même si c’est contre Biarritz. Il faudra tout donner comme on l’a fait lors des derniers matchs pour essayer de gagner et de rester en Top 14.
Que représente pour toi un derby, un match comme un autre ou match avec un enjeu supplémentaire ?
Pour moi, je vais te dire que ce n’est pas un match comme un autre, parce que je suis au club depuis tout petit. C’est des matchs que tout Bayonnais rêve de jouer. Mais ça va être une grosse fête, beaucoup de fierté, beaucoup de cris, beaucoup de joie, beaucoup de larmes aussi je pense. Il y aura pas mal de pression pour les joueurs du cru qui connaissent réellement l’importance de ce derby.
Le match va donc se jouer à Aguilera, il y aura plus de 4000 places pour les supporters biarrots, pour seulement 734 pour les Bayonnais. Tu en penses quoi de cette répartition ?
Ça fait un peu mal, parce que c’est sûr qu’on aura besoin de tous les supporters possibles pour nous pousser. Mais après voilà, il y a le contexte sanitaire aussi. Le match se passe à Biarritz, c’est le club qui reçoit, donc c’est aussi normal qu’ils aient plus de spectateurs. Ça fait peu de soutien pour Bayonne dans le stade, mais connaissant nos supporters, ça va nous aider.
Beaucoup de supporters disent préférer gagner un derby plutôt qu’un titre, c’est ton cas ?
Un titre, on l’a vécu en Pro D2, c’est vraiment grandiose, énorme. Mais je pense que oui gagner un derby, c’est aussi très fort. Moi, personnellement, j’en ai joué qu’un seul, mais je pense que ça ne doit pas être loin que de gagner un derby. C’est la rivalité, donc c’est forcément énorme de gagner contre les voisins.
Quand on connaît la passion de Bayonne pour son club et pour le rugby, j’imagine que ça doit galvaniser pour jouer ce match ?
Ha ça, c'est sûr. Ça va être très très fort. La ville de Bayonne ça mange rugby, ça dort rugby, ça vit rugby. Des gros matchs comme celui de samedi en plus, ça sera suivi par tout le monde. Et je crois qu’il y aura un grand écran dans le stade ou à la mairie, avec un grand nombre de foules. On a besoin de tous ces gens qui sont là pour nous et qui nous donnent de la force.
Tu joues avec l’Aviron depuis que t’as cinq ans, que représente le club pour toi ?
Je ne vais pas dire tout, mais ce n’est vraiment pas loin. Mon père et mon grand-père joué déjà à l’Aviron, mais en pelote. Donc, forcément déjà tout petit, je voulais jouer pour l’Aviron au rugby. J’allais voir jouer tous les matchs, j’étais le premier avec le maillot à crier, à pleurer. Donc ce sont des énormes émotions depuis tout petit. Mais voilà, l’Aviron, c’est mon club de cœur, et ça le restera jusqu’à la fin de ma vie.
Tu disais il y a quelques mois sur France Bleu que tu étais prêt à mourir pour le club, j’imagine que ça sera encore plus le cas samedi lors de ce Biarritz-Bayonne ?
Ha oui ça, c'est sûr. Si j’ai la chance de jouer samedi, c’est sûr que je pourrais mourir pour le club. Ça va faire 20 ans que je suis au club, j’ai toujours suivi Bayonne, quand j’étais petit, j’allais voir tous les matchs. Avant d’être un joueur, je suis un grand supporter. Donc oui, si j’ai la chance de jouer samedi, je pourrai mourir et tout donner pour gagner ce match.
En 2018, des rumeurs de fusion ont refait surface, quel regard portes-tu là-dessus ?
On n’était pas forcément pour non plus. Moi, je suis pour qu’il y ait les deux clubs dans l’élite en Top 14. Je trouve ça super que les deux équipes puissent se rencontrer durant l’année, mais pour que les deux clubs fusionnent, je ne suis pas pour. Je pense qu’il faut garder son identité et c’est mieux comme ça.
Il y a eu des joueurs qui sont passés de Bayonne à Biarritz et inversement, qu’en penses-tu ?
Ce sont des choix personnels. Moi, je ne pense pas forcément que ce soit une mauvaise chose, faut voir aussi d’autres choses dans la vie et dans le rugby, je pense. Mais voilà, je n’ai pas forcément d’avis dessus. Il y a aussi à Asier Usarraga qui a joué pour Biarritz pendant sept saisons et qui joue maintenant avec nous, donc ça va être aussi particulier pour lui. Mais il y aura énormément d’émotions.
Tu te vois, toi, un jour quitter Bayonne pour un autre club ?
Oui, si ça se présente, si j’ai une bonne opportunité d’évoluer et de voir autre chose pourquoi pas, mais pour l’instant, il me reste encore deux ans de contrat avec Bayonne et je ne me vois pas encore quitter le club.
Est-ce que tu joueras face à des copains à toi samedi ?
Oui j’ai des connaissances comme Lucas Peyresblanques que je connais bien, je connais aussi Hirigoyen, mais après tous ceux qui jouaient dans ma catégorie jeune sont un peu partie, je pense notamment à Alex Arrate, Alexandre Roumat…
Pour finir, un pronostic pour ce match ?
Un pronostic ? (Rires). Nan, nan, je ne vais pas dire de pronostic, mais on a super bien préparé ce match et on a vraiment à cœur de rester en Top 14.