Arnaud Mignardi continue de fouler les pelouses de Nationale 2. Ancienne grande figure de Brive dans les années 2010, "Bison" de son surnom, est notamment revenu sur la saison avec Auch, mais aussi sur celle de Brive, relégué en Pro D2.
Qu’avez-vous pensé de cette saison du RC Auch ?
C’est une très bonne saison. On a toujours été dans les trois premiers de la poule. On compte 5 victoires à l’extérieur pour une seule défaite à domicile. Au vu de notre budget et de notre récente historie, c’est une très bonne saison car il y a 5 ans, Auch était en Honneur.
Et d'un point de vue personnel ?
J’étais venu rendre service au club. Sur 25 matchs joués, j’en ai fait 23. J’ai essayé de véhiculer des valeurs qui me sont propres et d’apporter mon expérience aux plus jeunes. Rugbystiquement, après deux ans de coupure, j’ai eu du mal à m’y remettre, c’était dur physiquement. Après mon corps s’est habitué et j’ai pu faire cette saison sans encombre ni blessure et j'ai surtout pris beaucoup de plaisir sur le terrain.
Vous avez échoué en quart de finale retour face au Stade Métropolitain (Villeurbanne) alors que vous avez gagné avec le bonus offensif à l’aller. Qu’est-ce qui a cloché sur ce match retour ?
Il nous a manqué de la maîtrise offensive malheureusement. On l’avait pourtant parfaitement fait à l’aller en créant un écart de points conséquent. Au retour, Villeurbanne s’est réveillé et a fait un très bon match. On aurait pu les contenir. Pour moi le tournant du match est qu’on pouvait prendre les points sauf qu’on s’est entêté avec des mêlées. Il y aurait pu y avoir 5-3 à la mi-temps et on est passé à 12-0. Villeurbanne y a cru jusqu’au bout et ils ont bien fait puisqu’ils se sont qualifiés.
Vous allez continuer à jouer la saison prochaine ?
Je ne sais pas encore. Je suis en pourparler avec le club, je saurai sûrement dans les prochaines semaines. J’ai pu régénérer mon corps pendant ces deux ans où je n’ai pas joué, mais je ne vais pas jouer jusqu’à 45 ans (rires). Si j’en fais une autre, ce sera certainement une de mes dernières, mais tant que j’ai envie d’aller m’entraîner le soir et jouer le week-end, je me dis pourquoi pas continuer.
Vous avez entraîné Dax pendant deux saisons. C’est quelque chose qui vous plait ?
Oui, je l’ai fait durant 2 ans à Dax et c’est quelque chose que j’ai aimé faire. Des choix de vie ont fait que j’ai malheureusement dû quitter la côte basque. Je n’ai pas de proposition. Je reste amoureux du rugby et je reste ouvert à toutes les offres.
Votre saison avec Auch est terminée. Vous êtes aussi un homme expérimenté qui a joué en Top 14 et notamment à Brive qui vient d’être relégué en Pro D2. Vous avez suivi leur saison ?
Bien sûr, je suivais tous les week-ends. J’étais régulièrement en communication avec Arnaud Méla et Jean-Baptiste Péjoine. C’était une saison compliquée où rien ne leur a souri. Beaucoup de blessés, des contre-performances à la maison, pas mal de changements à l’intérieur de l’équipe et du staff. J’ai déjà vécu ce genre de situation avec Brive, c’est très difficile de relever la tête.
Ça vous peine de les voir en Pro D2 l’année prochaine ?
Oui, car la place de Brive n’est pas en Pro D2. C’est un club qui ne demande qu’à exploser. Il y a un gros investisseur qui va arriver d’ici peu. Il aurait permis à Brive d’être en concurrence avec les plus gros budgets du championnat et de pouvoir rivaliser au niveau du recrutement avec des joueurs plus expérimentés et de plus haute qualité. C’est dommage. C’est un coup d’arrêt, mais Brive a toujours su se relever et on l’a montré à plusieurs reprises en remontant l’année qui suivait la descente en Pro D2. Je n’ai aucun doute sur le fait qu’Arnaud Méla et Jean-Baptiste Péjoine vont avoir les cartes en main pour faire remonter le club de suite.
L’arrivée de Patrice Collazo a été trop tardive ?
C’est possible. Le mal était là depuis un petit moment. Patrice a pris le bébé un peu tard. Difficile de tout changer du jour au lendemain. Je pense qu’on verra la patte de Patrice la saison prochaine. Il va prendre les commandes de A à Z et je pense qu’il y aura de gros changements.
Un mot sur Saïd Hireche? Vous avez dû partager de bons moments avec le capitaine courage du CAB.
C’est un peu le dernier des Mohicans. C’est le seul joueur qui reste à Brive de notre belle génération où on essayait de sauver le club chaque année. C’est le garant des valeurs, c’est un mec exemplaire dans le travail. C’est un bon mec dans la vie. Je ne sais pas s’il va continuer à jouer la saison prochaine ou s’il va rentrer dans le staff, mais que ce soit l’un ou l’autre, il apportera énormément au club.
Vous vous voyez dans un futur lointain retourner à Brive ?
Je ne peux pas vous dire. Ma vie est dans le Gers. On a repris nos marques. Je suis revenu dans mon club de cœur donc j’espère aussi filer un coup de main au RCA. Je ne suis pas fermé.
Vous avez un mot pour les supporters ?
Ils ont des valeurs énormes. Ils sont derrière leur équipe quoi qu’il arrive. C’est toujours mieux quand ça gagne. Et même quand ça perd, il y a du monde au stade. Je me rappelle que même en Pro D2, ils étaient là à chanter et crier. La ville aime le CAB. Ils seront le 24ᵉ homme en Top 14 comme en Pro D2. Le public de Brive est très important et on y est vraiment attaché.
Vous racontez vos beaux souvenirs avec ce public. C’est quoi votre moment le plus marquant sous le maillot de Brive ?
Pour moi, c'est le maintien in-extremis face au Stade Français en 2015. On était à égalité avec Bayonne. Il nous fallait 5 points. On a réussi à mettre un 27-0 au futur champion de France. On a senti un soulagement énorme de toute une ville qui était heureuse. C’était superbe !