Cédric Desbrosse : ''Aucune autre équipe n'est capable de sublimer le rugby comme le Stade Toulousain''
Cédric Desbrosse sous les couleurs du Stade Toulousain.
Avant que Toulouse ne reçoive les Wasps, l'ancien centre stadiste Cédric Desbrosse s'est confié à nous sur cette équipe anglaise, qu'il a bien connue...

Quand on t’évoques les Wasps, que Toulouse affrontera ce week-end, quel souvenir te vient en tête en premier ?

À mon époque, c’était une équipe qui était au top et vachement en avance sur certaines choses. C’était un peu l’équivalent anglais du Stade Toulousain lorsqu’on y étaient, nous. Évidemment, je me rappelle de cette finale de Coupe d’Europe 2004, de ce match très serré qui se joue sur une erreur en fin de match que tout le monde connaît, et tout bascule là-dessus. Si on loupe pas ça, on va en prolongation, et vu notre dynamique, je pense qu’on gagne le match. Mais comme je le dis souvent, ce sont les incohérences du sport et ça fait partie du jeu… Si ça s’est passé comme ça, c’est probablement que ça devait se passer ainsi.

Justement, est-ce que tu as des images précises de la rencontre et de cette fameuse action ?

Tout à fait. Je me rappellerai toujours de la tête de Clément (Poitrenaud) sur l’action ; je sais qu’il est pris, quoi. Avec Yann (Delaigue), nous étions côté à côte et on voit dessuite qu’il sait ce qu’il a fait… On espère que l’arbitre signale un passage en touche ou quoi que ce soit, mais non. C’est une petite erreur de jeunesse, qui finalement nous coûte probablement le match.

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Malgré tout, on ne se souvient pas que de ça, mais aussi du bon. Pour nous ce match est une grande déception mais on en a jamais voulu à Clément ou quoi que ce soit, au contraire. Il était jeune, c’était ses débuts et c’était pas simple cette situation dans un moment aussi important. D’ailleurs, pour l’anecdote, il nous fait à peu près il nous fait la même quelques semaines plus tôt où il cafouille un ballon sur la pelouse de Brive (rires). C’était litigieux mais mais il n’y avait pas eu essai.

Quoi d’autre ?

C’est aussi un match qui nous a marqués et je me souviens de notre préparation de toute la semaine où on avait travaillé les petits coups de pieds par dessus pour contrer leur défense qui montait très fort et qui était la première à couper les extérieurs à l’époque. (En effet, leur entraîneur était un certain Shaun Edwards, tiens, tiens.) Moi, je n’étais pas bon au pied donc sur ces actions, c’est Yannick Jauzion qui passait premier centre pour taper et moi qui montait en 13. Ce sont des souvenirs qui restent.

Qu’est-ce que tu connais de cette équipe des Wasps aujourd’hui ?

Pour être honnête, pas grand chose (rires) ! Généralement, je découvre ces équipes durant la coupe d’Europe justement et donc j’attends le match de dimanche pour en savoir plus. Mais je sais que c’est un club très bien structuré, qui, un peu comme le stade, était en avance sur son temps à dans les années 2000, avec des grands noms (Dallaglio, Lewsey, Shaw…) un peu partout. Je sais que j’en avais parlé avec Serge Betsen et c’est ce qu’il m’avait dit… Mais aujourd’hui, même si j’imagine qu’ils ont toujours des bases solides, avec les problèmes de Covid en Coupe d’Europe, j’avoue que je ne sais pas trop où il en sont…

Justement, les Guêpes devraient se déplacer en France sans 27 joueurs absents, donc 5 touchés par le Covid…

Ah oui ! Comme à Cardiff, ça peut-être un avantage pour le Stade alors, mais ils devront faire attention car les joueurs qui se présenteront face à eux n’auront probablement rien à perdre… Ces matchs sont difficiles à préparer car c’est là où les mecs veulent se montrer, te plongent dans les jambes en défense, et où tu peux avoir des blessés si tu te relâches. Il faudra aussi qu’ils soient sérieux car ce n’est pas optimal pour préparer les phases finales, où là, quand tu tombes sur des équipes ultra-préparées, ça peut faire tout drôle si tu ne t’es pas confronté à ce type d’oppositions plus tôt dans la saison.

En ce qui concerne les Toulousains, les penses-tu capables de conserver leur titre cette saison ?

Écoute, le Stade avait un virage à prendre il y a quelques années et il l’a pris. Je pense qu’il y a eu une transition et un renouvellement depuis la passation de pouvoir entre Guy Novès et René Bouscatel et Ugo Mola et Didier Lacroix. On a aussi retrouvé l’ADN du Stade Toulousain. Actuellement, je ne vois pas d’autre équipe capable de sublimer le rugby comme le Stade Toulousain. L’équipe est emmenée par l’une des charnières les plus impressionnantes qu’on ait vue, et même s’il faut être prudent car la coupe d’Europe est vraiment d’un niveau différent, ils sont hyper compétitifs et ont de quoi continuer sur leur lancée.

Le Stade Toulousain, c’est LE club qui m’a fait vivre des choses que je n’aurais jamais pensé vivre dans ma vie. C’est un club que je conseille à tout le monde et qui peut t’emmener vers le haut niveau.

Tu parles de la charnière rouge et noire. Que penses-tu justement d’Antoine Dupont et de Romain Ntamack, qui sont également les titulaires en équipe de France ?

Qu’est-ce que tu veux dire à des mecs comme ça ? Le petit Dupont, il a énormément mûri dernièrement, et même si on connait ses énormes qualités depuis ses débuts, il est vraiment sur une autre planète désormais. C’est un rugbyman très complet, humble, qui à l’air relativement détaché de tout ce qu’il accomplit, et sa force réside peut-être là, aussi.

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Quant à Romain, il a pris conscience de ce qu’il était capable de faire et il le fait superbement bien. Je me souviens de lui petit, sur les épaules de son père… Il était déjà très souvent au Stade et on sentait déjà que ce gamin vivait pour le rugby. Quand tu entends parler Romain, et même si d’autres auraient pu mal le vivre, le fait que son père soit une légende n’a finalement été qu’une motivation pour lui.

Et le XV de France, quel regard portes-tu sur cette équipe ?

Cette génération se connaît depuis jeune, beaucoup ont joué ensemble chez les U20 et la Fédération a vraiment pris conscience qu’il fallait intégrer ces jeunes-là. Là-dessus, Bernard Laporte a vraiment fait un super boulot. Encadrés par Fabien Galthié, Raphael Ibanez et les autres, qui sont des hommes de grande expérience, ils ont trouvé la formule parfaite pour que cela fonctionne bien et ils sont sur leur petit nuage. Les joueurs vont tous dans la même direction et d’ailleurs, on les entend souvent parler en interview ou ailleurs de la coupe du monde en France en 2023, qui est vraiment leur objectif à moyen terme. Cela montre qu’il savent où ils vont et qu’ils ont conscience de leur potentiel énorme.

Toi justement, qui a eu une trajectoire de carrière si particulière, aujourd’hui tu pourrais être l’un des OVNIS de la liste de Fabien Galthié…

Peut-être (rires) ! Effectivement, j’arrive de Givors en Groupe B, et moins d’un an plus tard je fais la coupe du monde 1999 ! Après des débuts un peu difficiles je trouve mes repères à Toulouse, il y a des blessures et je joue la finale de championnat, lors de laquelle je marque un essai, puis on m’appelle en Bleu… Mais au-delà de tout ça, ce qu’il faut retenir, c’est qu’il est important qu’il y ait des mecs comme ça qui gardent la tête sur épaules et qui savent d’où ils viennent, quoi…

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Et oui la Poitronade dommage ont revenés dans ce match.

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