Vous aimez le rugby anglais mais vous en aviez marre de voir les Saracens et Exeter se partager le championnat depuis tant d’années ? Vous adorez les belles histoires ? Alors quelle a dû être votre joie quand les Harlequins sont venus souffler ce si doux vent de fraîcheur sur le Premiership il y a un peu moins d’un mois, raflant le trophée au nez et à la barbe des Chiefs au terme d’un match tout bonnement hallucinant (38 à 40) ! Dans la foulée, les habituels boudés Alex Dombrandt et Marcus Smith étaient appelés en sélection avec l’Angleterre, et ce dernier même convoqué avec les Lions Britanniques suite à la blessure de Finn Russell. Le tout grâce aux tirs d’une fin de saison en boulet de canon…
VIDEO. 78 points, 11 essais, la finale de Premiership, c'était autre chose que celle de Top 14
Flashback ! Car revenons aux prémices de cette épopée de folie. Nous sommes quelques mois en arrière, en janvier 2021 précisément, et les Quins ne sont plus que l’ombre du grand club qu’ils étaient encore au début de la décennie dernière. Englué dans la seconde partie du classement, balayé par tous ses adversaires en Champions Cup, le club de l’Ouest londonien décide de se séparer de celui qui avait pourtant tant fait pour rebâtir un projet fort : Paul Gustard.
Une histoire digne des plus belles success story
Alors qu’aucun « head coach » n’est nommé pour remplacer l’homme aux 173 matchs de Premiership, outre-Manche, tout le monde croît à une fin de saison dans les eaux sombres du championnat anglais. Sans le savoir, c’est pourtant la meilleure chose qui soit arrivée aux pensionnaires du Stoop depuis bien longtemps. Non pas que Gustard (ancien entraîneur de la défense du XV de la Rose) soit mauvais, mais plutôt parce que cela va déclencher un déclic. Un énorme déclic même. C’est bien simple, en suivant, la bande à Danny Care va enchaîner 4 victoires consécutives avant de manquer d’un rien l’exploit chez les deux cadors du championnat, d’abord à Exeter (21 à 20) puis à Bristol (35 à 33).
Le retour d’André Estherhuizen « The Giant » au centre du terrain, la découverte de la pépite sud-africaine Tyrone Green dans le triangle arrière… tous ces éléments n’en furent évidemment pas étrangers. Mais c’est aussi et surtout la prise en main remarquable d’un groupe en partie en auto-gestion - emmené par ses papas Marler, Care ou Brown -, ainsi que la définitive prise de poids énorme de Marcus Smith et Alex Dombrandt dans le jeu de leur équipe qui donnèrent aux Quins cet élixir de jouvence auquel personne ne s’attendait. Le tout encadré par le jeune mais très compétent quatuor de tête Adam Jones, Nick Evans, Jerry Flannery et Charlie Mulchrone, cela a donné lieu à l’une des plus folles deuxième partie de saison qui nous ait été donné de voir, surtout pour un club que l’on ne donnait même pas prétendant aux demi-finales en début d’exercice. Résultat ? Cette victoire en finale du Premiership, bien sûr, mais également ces 13 victoires en 18 matchs de fin janvier à fin juin, cette demi-finale déjà légendaire remportée 36 à 43 face à un Bristol qui menait 28 à 0 à la demi-heure de jeu, et la découverte de l’un des jeux offensifs les plus attrayants du vieux-Continent.
Car les Harlequins champions d’Angleterre 2021, ce furent aussi ce club « vraiment concentré sur son identité et sur la manière dont il voulait jouer au rugby » assura la nouvelle recrue Huw Jones pour The XV après avoir conversé avec le manager général Billy Millard. Huw Jones l’Ecossais, le feu-follet qui devait rejoindre Bayonne ? Lui-même. Et en faisant venir l’un des centres les plus tranchants d’Europe ballon en main, les Quins prouvent-là qu’ils comptent bien perpétuer ce qui a fait leur force lors des 6 derniers mois : leur jeu offensif.
C’est probablement le meilleur endroit auquel je pouvais rêver, le meilleur club possible pour moi, s’enthousiasmait-il récemment. D’ailleurs, depuis que ma venue a été annoncée, j’ai reçu un déferlement de messages d’anciens coéquipiers, tous unanimes, me disant a quel point ce choix allait être excellent pour moi et la suite de ma carrière. - Huw Jones, pour The XV
Comme l’UBB de 2019/2020 ?
Le champion en titre y parviendra-t-il ? Saura-t-il en mesure d’aller bouger les cadors du vieux-Contient sur la scène européenne dès la rentrée ? Cela paraît compliqué, dans le sens où les Harlequins n’ont malgré tout pas l’effectif pour tenir la dragée-haute durant toute une saison, surtout devant. Bientôt viendra alors l’heure de la confirmation, que la ligne de 3/4 fantastique (Care - Smith - Murley - Estherhuizen - Jones - Marchant - Green) semble - elle - être en mesure d’assumer. Mais il ne faudra pas non plus oublier que passée l’euphorie, Mike Brown mais aussi Scott Baldwin ou Tevita Cavubati auront tous un nouveau point de chute dans quelques semaines. Et avec 5 recrues annoncées pour 12 départs à l’heure d’écrire ces lignes, les Harlequins de 2021 ont largement de quoi nous faire penser à l’UBB version 2019/2020 ; beau joueur, mais rarement gagnant au bout… Amis des Quins, faites-nous mentir !
Sent Junian
À priori, quel que soit le champion d’Angleterre, il ne peut que figurer au rang des favoris. De plus, leur jeu et leur état d’esprit de fin de saison étaient enthousiasmants !