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''Ciao Dédé'' : les mots simples du club de Montesquieu pour son dirigeant aimé
André Cuniberti (à gauche) a quitté les siens pour un dernier voyage.
L'Amicale Sportive Montesquivienne est endeuillé par la disparition de trois joueurs, dirigeants et hommes emblématiques de la vie communale. Ciao Dédé. Ciao Garba. Ciao Manou.

"Cuni". Quel drôle de surnom ai-je découvert quand je n'étais encore qu'un enfant. André Cuniberti, voici la vraie raison. Voici la vraie raison qui peut pousser un joueur d'un village de 3000 âmes à rester au club, alors que la ville offre "tout". Voici la vraie raison qui peut donner envie de se dépasser sur le terrain. La vraie raison qui peut donner envie à un gamin bercé par les jeux vidéos de jouer à la belotte de comptoir. On t'appelle Dédé, Cuni, ou encore Taz. Je n'ai pas pu te dire au revoir, mais pourquoi ? Puis, tu m'aurais sûrement dit de fermer ma gueule, comme à chaque fois. Le club est endeuillé par ta disparition, mais bien plus encore, par ton absence qui se fera ressentir au coin de cette cheminée. On connaît la valeur d'une personne lorsque pléthore de souvenirs ressurgissent chez les gens qui en parlent. Et c'était complètement toi. Je me souviendrai toujours de trois choses te concernant. 

La première est ton amitié avec mes parents, lorsque je n'étais qu'un "petit con", comme t'aimes à me le rappeler. Tu faisais partie des gens du village qui entretenaient le souvenir de mon père et tu venais manger à la maison. Ce jour-là, tu me passais cette boisson anisée sous la nappe. Ni une ni deux, je partais rendre à la nature tout ce que tu m'avais donné. Tu m'avais couvert auprès de ma mère qui pensait que j'étais malade, tout en me passant un coup d'eau sur le visage. Tous ceux qui ont eu la chance d'être licencié à l'Amicale Sportive Montesquivienne n'oublieront jamais ces repas d'après entraînements. Aujourd'hui à Paris, je peux t'assurer Dédé qu'on a bien de la chance que des anciens et des bénévoles nous fassent la popote pour 5 €. Toi, tu restais au coin de la cheminée où le lainteau te surplombait d'un bon décimètre, à nous raconter toutes les histoires possibles. On mangeait, on riait, on t'écoutait.

Tu es la première personne que je voyais à la sortie d'un match à Jean-Castet, et il ne fallait pas trop l'ouvrir si on faisait un grand match. Ce grand "vous êtes des brêêêêêêêêêêêles" résonnera encore longtemps sur le parvis du club house. Plus jeune, mon ambition était de marquer dès que je touchais la balle et tu m'as fait comprendre par une simple phrase que je n'étais pas seul sur le terrain : "Fais ta passe branleeeeeeur, des indispensables, il y en a plein le cimetière". Aujourd'hui, tu nous prouves encore que tu ne disais pas que des conneries. La dernière fois que je t'ai vu tu sortais d'un repas chez ton ami (et mon voisin) Barthet. Je partais courir et vous m'avez fait goûter une gnôle. Ce jour-là, ma montre n'a jamais dépassé la minute de course. Je n'ai pas pu te dire au revoir et notre dernière rencontre restera comme une histoire drôle que je raconterai passé minuit. Tout ce qui te définit. Rémi a également tenu à écrire des conneries te concernant, de toute façon, c'est le mieux à faire non ? Ciao Dédé, on se retrouvera autour d'une cheminée. Fais le bisous à Garba et Manou, d'autres partis sans qu'un club ne puisse les remercier.


Dédé.
Cuni.
Taz.

Dans la vie, y a des gens qui traversent la vôtre sans que vous y prêtiez attention. C’est dur, mais c’est la vie. Puis, y a des gens, qui n’auraient probablement pas dû y rentrer, pour des raisons que la raison ignore elle-même, mais qui n’en sortiront plus vraiment. C’est doux, et c’est la vie.

Et le rugby, faut se le dire, c’est mieux que la vie. Tu l’avais certainement compris bien avant que des personnes à qui tu t’offrais sans concessions ne naissent. T’avais surtout compris qu’elle était courte, la vie. T’avais compris que si on ne vivait pas l’instant, on le regarderait passer en se disant "Si seulement". Alors, t’as foncé, du haut de ton mètre soixante-cinq au garrot, dans un tas qui n’a jamais été trop haut pour toi.

Fidèle en amour - Annie, on pense à toi -, fidèle en amitié et en valeurs, tes opinions auraient pu faire de toi quelqu’un de clivant, tu en as fait quelqu’un d’impressionnant, parfois d’intimidant pour qui ne te connaissait pas, mais quelqu’un de vivant. Et chez toi, chez nous, on aime la vie. Les hommages se suivent et se ressemblent, tu n’as donc laissé personne indifférent. Le plus beau, c'est qu’ils sont tous unanimes.

Je me revois parler de toi avec maman, la veille de ton départ, sa voix trahie par des trémolos en évoquant ton nom.
Chacun te revoit au Club House, un "Yop anisé" à la main, en train de dire ses quatre vérités à un joueur que t’embrasseras à la fin du sermon. Chacun t’entend, l’accent chantant et moustachu, envoyer des "Vous êtes que des cooons !" ou encore "Mais… mais… vous n’avez rien compris !" et des éternels "Bande de pipes !".

Aujourd’hui chacun te pleure, mais n’aie crainte, ça ne durera pas, parce que nous savons tous que tu ne veux pas ça. Tu aimais bien trop la vie pour ne pas vouloir nous la gâcher une fois à gauche l’arme passée.

Alors, tu vas rejoindre "les indispensables" comme tu aimais à les appeler. J’espère que tu y verras les copains Manou, Garba, Dagu et tant – malheureusement - d’autres. Embrasse-les… et dis-leur qu’on est toujours aussi cons ! T’as traversé Dédé, t’as traversé beaucoup de vies et beaucoup de cœurs. Ceux-ci ne t’oublieront pas.

Le Crabe et le Taz

Dans des contrées un peu reculées,
Bien que parfois très renommées,
De joyeux gai-lurons avaient
Pour habitude de festoyer.

L’attrait d’un étrange ballon
Réunissait en lieu sacré
Quelques honnêtes volontés
Portées par la même ambition.

Le Taz, chemin faisant se dit :
« Arrêtons-nous quelques instants !
Il semble des tranches de vie
À partager passionnément. »

Au gré des rebonds facétieux
D’une gonfle tant désirée,
S’émerveillaient certains bleus yeux
Écoutant votre logorrhée.

Votre gouaille avait pour égal
Ce pied délicieux, magistral.
Aussi, chaque ami rencontré
N’oubliera vot’fidélité.

Et si les pinces d’un crabe,
Crustacé mal intentionné,
N’étaient venues vous enlever,
Comme Moby la jamb’ d’Achab

Nous aurions surement, tous unis,
Encore pu chanter, danser,
Des moments intenses, infinis,
Au lieu de ce soir vous pleurer.

À Taz, à Manou, à Garba et à tous ceux qui ont été et qui resteront.

 

Merci à Jap & Ouss pour cet article ! Vous pouvez vous aussi nous soumettre des textes, pour ce faire, contactez-nous !

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Bel article. Par contre le bandeau "écrit par vous" cache le visage du fameux Dédé sur la photo... Une petite symétrie horizontale et le problème est résolu.

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