Sam Warburton est une légende du rugby gallois, et britannique en général. Âgé de 30 ans, le 3e ligne ne disputera pourtant pas la prochaine Coupe du monde. Et pour cause : depuis un an, l'ancien joueur de Cardiff a raccroché les crampons.
"La décision de me retirer du rugby a été prise avec ma santé et mon bien-être comme priorité car mon corps est incapable de me redonner ce que j'avais espéré à mon retour à l'entraînement," déclarait-il à l'époque.
Pays de Galles - Sam Warburton met un terme à sa carrière à seulement 29 ansCapitaine de sa sélection à 22 ans, Grand Chelemard avec les Diables Rouges, demi-finaliste du Mondial 2011... En tout, Warburton portera à 74 reprises le maillot de la sélection galloise, sans oublier cinq caps avec les Lions Britanniques et Irlandais qu'il mena à la victoire lors de la tournée 2013 en Australie, puis au match nul quatre ans plus tard, au pays des All Blacks.
Pourtant, le 3e ligne aurait pu ne jamais triompher au pays du long nuage blanc. Dans son livre à paraître dont Wales Online s'est procuré certains passages, il avoue avoir failli tout quitter suite au premier test, perdu face aux Kiwis.
Je me demandais pourquoi je m'infligeais toute cette douleur, toute cette pression alors que j'aurais pu faire quelque chose d'autres. Pourquoi faire un job que je détestais, à ce moment ? Avant d'aller jouer, je devais prendre des anti-douleurs, me faire strapper comme une momie aux genoux, aux épaules, aux coudes... [...] Il était 2h du matin, je n'avais personne à qui parler, mais j'avais besoin de le faire. Il n'y avait qu'une seule personne qui pouvait vraiment me comprendre.
Subissant un stress physique, mental et émotionnel, Sam Warburton décide donc d'appeler... sa maman.
Elle décroche, et sa voix était pleine d'inquiétude. Elle savait quelle heure il était là où j'étais, et que je ne téléphonais pas sans raison. "J'en ai assez, maman." Ma gorge était serrée, j'essayais de ne pas pleurer. "Je vais rentrer, aller à l'aéroport, laisser mes affaires et prendre le premier avion. Je serai dans le ciel avant qu'ils ne réalisent que je suis parti." Je ne suis pas parti, évidemment. Vous imaginez les titres des journaux ? Ma mère m'a calmé, m'a dit que je ne devais rien à personne, que je devais seulement passé cette semaine, puis celle d'après avant de pouvoir faire ce que je voulais. Elle avait raison, bien sûr...
Le week-end suivant, les Lions battaient les Blacks dans un match d'anthologie, sur le score de 24 à 21, avant d'arracher le nul à l'Eden Park d'Auckland (15-15) la semaine d'après. Et on dit merci à madame Warburton !
gregi
Combien de joueurs de très haut niveau détestent leur job ?
Il y en a à mon avis beaucoup plus qu'on ne le croit mais le poids de la société qui les considère comme des "veinards" affublés de "l'honneur de représenter la patrie" (vaste instrumentalisation politique) rend impossible toute transparence à ce sujet.
Bravo Warburton, immense joueur et homme courageux.
Ahma
On lit régulièrement que "le rugby moderne" ceci, "le rugby moderne" cela... souvent à tort, parce qu'on ignore ce qui existait déjà autrefois. Mais là, d'accord. Un rubimane qui raconte avoir failli pleurer en appelant sa maman, ça oui, c'est du rugby moderne.
gregi
Oui et ça montre bien l'évolution de nos sociétés où la dimension psychologique n'est plus niée comme à l'époque.
breiz93
Cela me fait penser à Marie Josée Perec, qui elle avait quitté les JO.
Ahma
Je ne vois pas le rapport. Warburton ne mentionne aucun Chinois du FBI.
Un riz savant scie
Touchante histoire. L'importance de l'empathie. Courageux de la part de ce très grand joueur de s'exprimer avec autant de sensibilité et de sincérité. C'est révélateur de la face cachée du haut niveau.