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Comment la presse avait jugé le match héroïque des Bleus en finale de la Coupe du monde 2011
Thierry Dusautoir, auteur du seul essai du XV de France en finale de la Coupe du monde 2011.
Il y a 10 ans jour pour jour la France s’inclinait par le plus petit des écarts en finale de Coupe du monde face aux All Blacks. Une finale qui avait fait couler beaucoup d’encre.

''French Farce'', carton rouge : il y a 10 ans la presse dézinguait les Bleus après leur victoire en demi-finale''French Farce'', carton rouge : il y a 10 ans la presse dézinguait les Bleus après leur victoire en demi-finaleAprès une demi-finale remportée face aux Gallois réduits à 14 quasiment tout le match, la France se retrouve en finale face à la Nouvelle-Zélande. La troisième fois de son histoire après les finales de 1987 et de 1999, toutes les deux perdues. La France sort d’un parcours laborieux après deux défaites en phase de poule, notamment une plus qu’humiliante face aux Tonga. Leur performance en demi-finale fut plus que critiquée par la presse étrangère, notamment les journaux anglais et néo-zélandais. La France aborde alors ce choc dans un contexte très pesant. Une autogestion avait même été évoqué après la rencontre face aux Tonga. La veille de la finale, les joueurs français se réunissent et décident de répondre au haka des Blacks. Un geste dont on se souviendra tous. Les Bleus annoncent la couleur. Ils se positionnent en « V » lors du haka avant de s’avancer jusqu’à la ligne du milieu de terrain pour défier du regard leurs adversaires du jour. Portés par l’envie, certains joueurs dépasseront cette fameuse ligne, un geste qui avait couté une amende de presque 3 000 euros à la FFR. Le ton est donné. Les Bleus sont révoltés. Le choc mythique est lancé.

Malgré un bon début de match de la France, les Blacks ont l’opportunité de marquer les 3 premiers points de la rencontre par l’intermédiaire de Weepu. Le demi de mêlée néo-zélandais envoie le ballon bien à gauche des perches. On joue la 14ᵉ minute, touche pour les Blacks à dix mètres de l’en-but français. Les hommes en noir sortent une combinaison en touche dont eux seuls ont le secret. Alignement complet, les Français décident de sauter. Les Néo-zélandais font deux blocs de sauts, un devant et un en fond de touche. Mealamu envoie le ballon en fond de touche, Woodcock premier dans l’alignement se faufile entre les deux blocs. Keino, encore en l’air, envoie le ballon dans les bras du pilier droit qui s’en va inscrire le premier essai de la rencontre. Weepu peu en réussite loupe la transformation, 5-0 pour les blacks. Les joueurs tricolores subissent les assauts néo-zélandais, mais sont héroïques en défense lors de cette première mi-temps. Un premier acte marqué par la sortie sur blessure de Morgan Parra, ouvreur d’un soir pour cette finale. Il est remplacé par François Trinh-Duc.VIDEO. Coupe du monde 2011. Finale. Richie McCaw donne un coup de poing et de genou à ParraVIDEO. Coupe du monde 2011. Finale. Richie McCaw donne un coup de poing et de genou à ParraAu retour des vestiaires les Bleus sont transcendés et prennent petit à petit le jeu à leur compte. Dimitri Yachvilli loupe une pénalité excentrée sur la gauche à la 42e minute. Deux minutes plus tard, Stephen Donald alors entré en jeu, passe une pénalité face aux perches, 8-0 pour les hommes de Richie McCaw. On joue la 47e minute, Trinh-Duc intercepte le ballon, continue sa course sur 30 m avant de servir Yachvilli qui lève le ballon à Rougrie lancé. Ce dernier s’échoue à 5 m de l’en-but des Blacks. Deux temps de jeu plus tard, le demi de mêlée français sort le ballon pour le centre clermontois qui transmet à son capitaine. Dusautoir lancé comme un frelon termine sa course au pied du poteau malgré Nonu sur son dos et aplatit sur la base du poteau. L’ouvreur français transforme sans soucis. La France est plus que jamais dans le coup, 8-7. Le score ne bougera plus jusqu’à la fin de la rencontre malgré une tentative lointaine de Trinh-Duc qui passera à côté. Craig Joubert siffle la fin du match. Les All Blacks sont champions du monde…


Une victoire qui fera couler beaucoup d’encre, notamment dans le camp français. Un arbitrage critiqué, aucune pénalité sifflée pour les Bleus dans le camp néo-zélandais en deuxième mi-temps. « On savait qu'il n'allait pas siffler sinon il n'allait pas pouvoir sortir du pays. On savait qu'il n'allait pas mettre une pénalité pour nous, qu'il nous faudrait un drop ou un essai », avait déclaré Barcella après la rencontre, Vincent clerc avait ajouté : « On n'a pas eu les pénalités qu'il fallait dans leur camp, on n'en a pas eu une seule en deuxième mi-temps. On ne les a jamais eues alors qu'il y a eu quelques actions plus que litigieuses. On était venus là pour être champions du monde, on aurait dû l'être, je pense, sur ce match ». Une rencontre d’une rare intensité, qui laisse place à beaucoup de regrets encore aujourd’hui…

Les médias néozélandais et britanniques encensent les Bleus

Après la victoire en demi-finale face aux Gallois, la presse étrangère avait dézingué la performance française. Les médias néozélandais, notamment le New Zeland Herald n’avait pas hésité de parler de « French Farce (farce française) » ou bien même de « Team B (équipe B) » à la suite de la rencontre. Le Sunday Herald s’était même permis de faire un gros titre avant la finale, en l’appelant « L’insulte finale ». Après la victoire des Blacks en finale, et la monstrueuse prestation française, les médias étrangers s'étaient vite calmés et étaient devenus bien plus flatteurs à l’égard des hommes de Lièvremont. Le soir même de la rencontre, le NZ Herald qui avait une semaine plus tôt descendu le XV de France, reconnaissait que « La France avait joué avec une force galopante, que certains ignoraient qu'elle possédait ». Wynne Gray, un des chroniqueurs phares avait rajouté : « La France a fait plus peur que personne ne l'imaginait. C'était une deuxième mi-temps qui prenait aux tripes avec une France qui venait chercher un premier titre en Coupe du monde et des All Blacks qui bataillaient pour leur rachat. » Il avait notamment souligné que cette équipe avait confirmé le mythe des Bleus et leur « capacité à renaitre de leurs cendres ». Comme quoi, il suffit d’un seul match pour séduire la presse néo-zélandaise à nouveau. Pas très compliqués ces Kiwis.

Il n’y pas que chez les champions du monde que la presse s’était adoucie. De l’autre côté de la Manche, les médias avaient très vite retourné leur veste pour féliciter la performance XXL des vice-champions. Le quotidien anglais The Gardian, qui s’était fait un malin plaisir de critiquer les prestations françaises tout au long de la compétition, s’était vu titrer « Les aristocrates All Blacks ont survécu à la Révolution française ». Le média anglais avait même remis en cause les décisions de l’arbitre du soir : « L'arbitre (Craig) Joubert n’a arbitré qu’une équipe : la France. » Le journaliste Robert Kintson avait reconnu que « pendant un moment, on croyait à un déjà vu, un horrible flashback de la défaite (des Blacks) en quarts de finale, à Cardiff en 2007. Même le plus patriotique des Kiwis ne pouvait pas nier que la France démontrait être la meilleure équipe. » Comme on dit, les hommes mentent, pas les chiffres. Eh bien, le Daily Telegraph avait mis en sondage en ligne sur leur site, et plus des deux tiers des lecteurs avouaient que « les Bleus étaient la meilleure équipe et méritaient de remporter la finale ». Des encensements et des félicitations qui malheureusement, n’effaceront pas la triste réalité, les Blacks sont bels et bien champions du monde.

Une France fière

Après ses deux défaites en poule et une victoire à l’arrachée en demi-finale, la France ne faisait plus rêver ses supporters. Mais l’énorme prestation lors de la finale a suffi pour renouer avec son public et faire oublier ses anciennes performances. À la fin du match le sentiment d’injustice semblait prendre le dessus sur celui de fierté. Des joueurs remontés, notamment sur les erreurs d’arbitrages, comme l’avait confié Szarzewski juste après la rencontre : « J’aurais franchement préféré perdre de quarante points que d’un point (...) McCaw (capitaine néo-zélandais) et Kaino (autre 3e ligne), ils ont fait ce qu’ils ont voulu sur le terrain. Ce sont des joueurs que je respecte énormément, mais à un moment donné, on ne peut pas les laisser faire ce qu’ils veulent sur le terrain. Sinon, on arrête de jouer. » Le magazine 20 Minutes avait réagi à la défaite le soir même avec comme titre « La France perd une finale au goût d’injustice face à la Nouvelle-Zélande ». Avec un peu de recul, en laissant l’amertume de côté, les médias français avaient su remercier la bravoure et l’engagement de ses soldats. Le Parisien, le lendemain de la défaite, avait pour titre « La tête haute », avant de souligner que « le XV de France a conclu la compétition avec panache ». Le Figaro quant à lui salue aussi « la défaite avec panache » avant de rajouter « des Bleus remarquables qui se sont inclinés par la plus petite des marges ». Le média France-Soir avait été très élogieux envers les tricolores : « match héroïque perdu d’extrême justesse face aux All Blacks. La France est fière d’eux. » Un match qui avait nourri beaucoup de regrets à l’époque et encore aujourd’hui, mais qui avait rendu fier toute une nation malgré la défaite.

Merci à Jules Bertry pour cet article ! Vous pouvez vous aussi nous soumettre des textes, pour ce faire, contactez-nous !

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On s'est fait voler deux finales sur trois, c'est dur...
Les compliments d'après match c'est bien gentil mais au final on ne retient que les vainqueurs.
Maintenant, rien ne sert de remuer le couteau dans la plaie, vaut mieux penser à l'avenir et à la coupe du monde qui arrive bientôt, peut-être que cette fois ce sera la bonne, peut-être que ce sera le 98 du rugby, ce serait beau.
Et un six nations avant la coupe du monde ferait du bien aussi.

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