Premier épisode : 35 points de retrait au classement. Jusque-là, tout n’était pas terminé pour les Saracens qui pouvaient encore espérer se sauver. Mais la punition n’était pas terminée, puisque la commission a décidé de reléguer le club champion d’Europe en deuxième division. La raison ? Ils n’ont pas accepté de rendre leurs titres, tout en ne laissant pas un plein accès à leurs finances à cette commission. L’Angleterre se réunit cette semaine en Algarve, au Portugal pour préparer son Tournoi des 6 Nations. Entre une finale perdue et le doute autour des Saracens, Eddie Jones aura du boulot ! Mais comment cette nouvelle a été perçue à l’étranger ? Notamment en Angleterre.
TRANSFERT : le mercato s'annonce complètement dingue avec la descente des Saracens !
Les regards accusateurs
Eddie Jones et son franc-parler sont désormais connus. L’entraîneur anglais sait très bien que des tensions peuvent naître dans le groupe, mais il ne choisira que les joueurs prêts à passer outre et à se consacrer à l’équipe nationale, comme il le dévoile à Rugbypass : "Je me souviens d'avoir entraîné le Japon et les joueurs de Panasonic se détestaient avec les joueurs de Suntory. Nous avons donc dû faire le tri. Cela arrive toujours."
"Bien qu'aucune équipe actuelle de Jones n'ait critiqué les doubles vainqueurs en public, l'incapacité répétée du club du nord de Londres à respecter la limite de 7 millions de livres sterling pour le salaire des joueurs a été une source de frustration à long terme chez ses rivaux", Rugbypass.
Jones veut en parler avec le groupe anglais qui se prépare en Algarve, au sud du Portugal. Le but est de crever l’abcès et de tout mettre à plat comme il l’explique au journal L'Equipe : "Je vais pousser les joueurs à dire ce qu'ils ressentent. Ceux des Saracens et aussi les autres. Le but, c'est qu'après cela, il reste 35 joueurs qui ont envie de défendre les couleurs de l'Angleterre. On va les aider à mettre tout à plat. Au fond, je pense que tout ça est une chance pour l'équipe, dans le sens où cela va contribuer à les rapprocher." Il faut dire que les Saracens sont une source infinie pour le XV de la Rose ces dernières années. Et la corrélation entre les résultats de l’équipe nationale et le club du nord de Londres n’est pas abusive. Sept joueurs sont d’ailleurs parmi les 34 sélectionnés pour le prochain Tournoi des 6 Nations.
La reconstruction excitante
Encore une fois, Rugbypass est toujours très juste dans ses analyses. Dans un article dédié aux Saracens qui commencent par "si vous le pouvez, mettez de côté un instant vos sentiments sur les infractions au Salary cap des Saracens, leur comportement pendant et après le processus d'examen et l'ampleur à laquelle vous pensez qu'il a déformé le rugby anglais ces dernières années, pour se projeter sur la reconstruction du club qui pourrait être encore plus belle que ce qu’il ne l’est." Le cadre est posé. Durant un long récit, il explique que le rugby anglais est en train de rentrer dans ‘"l’une des périodes les plus fascinantes du rugby professionnel, avec une reconstruction vraiment colossale d’une équipe comme vous n’en avez jamais vu."
Tout d’abord, Mark McCall souhaite conserver son noyau dur de joueur, qui est primordial à cette reconstruction. Comment ? En les prêtant durant une saison, le temps de remonter (et s’ils remontent). Mais 9 des 12 clubs de Premiership sont à la limite des 7 millions de livres sterling du Salary cap, donc difficile de trouver ces prêts, hormis à l’étranger. Jamie George, Alex Goode ou George Kruis font également partie du verrouillage souhaité pour la reconstruction. Mais une nouvelle génération pousse et McCall compte bien évidemment s’appuyer sur elle. Il s’agit du quatuor Nick Isiekwe, Ben Earl, Rotimi Segun et Manu Vunipola.
D’un côté, il faut garder le noyau dur. De l’autre, il faut écrémer cette masse salariale pour tomber sous le Salary cap. Le problème des Saracens est que ce noyau dur est assez important, selon Rugbypass. Ils prennent l’exemple de Northampton ou des Harlequins, descendus sportivement en 2007 et 2005, qui ont dû ‘mettre en place un nouveau noyau’ : "C'est aussi un défi fascinant pour le chef du recrutement Nick Kennedy, qui travaillera en tandem avec McCall pour mettre en place une équipe qui pourra gagner à nouveau la confiance et l'admiration des fans de rugby, tout en essayant de polir le ternissement qui existe maintenant sur de nombreux triomphes récents des Saracens." Rugbypass terminera son article par un large état des lieux du possible recrutement des Sarries. Mais laisser partir ses stars une année en prêt, pour les remplacer par de jeunes joueurs : quid du retour des grands joueurs ?
Les "vrais" fautifs
De son côté, la BBC titre "La relégation des Saracens est le scandale le plus remarquable du championnat domestique" avant d’énumérer les nombreux avantages que l’équipe londonienne a donné au rugby anglais. Pour eux, ce scandale est aussi important que si Manchester United, du grand Sir Alex Ferguson, s’était fait clouer par le Salary cap. La BBC fait la part des choses entre le staff qui ‘ne joue pas des salaires des joueurs’ et les personnes qui sont responsables de cet effondrement. Mais d’un autre côté, comme ils le déclarent : "sans l'argent, certains de ces joueurs ne seraient pas là." Le quotidien anglais estime que c’est un effondrement où ‘"tout le monde a perdu quelque chose."
La BBC pointe du doigt la fédération anglaise en première, qui doit absolument "appliquer ses règles" : "Chaque scénario est mauvais, mais l'alternative de ne rien faire, détourner le regard, accepter des excuses timides, est bien pire." Pourquoi ne le font-ils pas ? Selon eux, l’envie permanente "d’augmenter ses audiences et ses revenus, mais sans stratégie pour le faire" est l’une des raisons. Comment augmenter son capital ? En faisant appel à des sociétés pour investir comme CVC, que la BBC pointe également du doigt : "le groupe de capital-investissement CVC est sur le point d'acquérir une participation de 27 % dans la société propriétaire du Pro14, après avoir pris une participation de 27 % dans la Premiership (rugby) il y a un an. Il conclut un autre accord pour acheter une participation de 300 millions de livres sterling dans les Six Nations." Pour la BBC, ce n’est pas une solution viable pour le rugby, ces sociétés "ne sont pas des entités bénignes dont l’intérêt est de protéger les structures traditionnelles des actifs qu'elles prennent en charge. Il s'agit de profit, partout, à tout moment."
to7
ce qui est certain c'est que finalement assez directement le XV de la rose a été bénéficiaire de la triche des saracens, puisqu'elle a permis au plus gros de l'ossature de l'équipe de se côtoyer tous les jours en club et de perfectionner leurs automatismes et il n'est pas tout à fait impossible que cela ait joué dans la durée sur laquelle les dépassements ont perduré
clement6628
Va falloir qu'on m'explique quel serait l'intérêt pour les autres clubs anglais de récupérer en prêt les stars des Saracens ? Ils vont tous être ravis de leur rendre service "Bien sûr chers Sarries, nous accueillons vos stars que nous paierons exceptionnellement pendant que vous êtes punis, puis nous vous les rendrons dès l'an prochain comme ça vous serez de nouveau les meilleurs". Sérieusement ?
Puis même, ça bloquerait de nouveau au niveau des salaires pour le présent car ils devront en payer au minima une partie et dans le futur quand ils les récupèreront.
Bref, c'est de la fantaisie à l'exception peut-être d'un ou deux joueurs vers un nouveau riche jouant le maintien en quête de coup médiatique.
Starkillershow
J'ai toujours du mal à croire et comprendre que les joueurs Sarries ne soient pas mis en cause. Comment n'étaient ils pas au courant de tenants et des aboutissant de leur fiche de paie ?
Silkerin
C'est sans doute la raison des tensions entre joueurs qu'evoque Eddy Jones. S'ils n'etaient que victimes y aurait aucune raison de leur en vouloir. Personne n'est dupe, ils savent très bien comment l'argent arrive sur leur compte en banque.
Starkillershow
C'est ça...Je pense que l’intérêt supérieur du rugby anglais a été privilégié à savoir, ne pas mettre sous l'eau tes meilleurs joueurs.
Garou-gorille
Le fruit de la tricherie : le "noyau dur" génère pas mal de pépins !
adourAB
Merci pour cet article. Donc au final les joueurs devront accepter de voir leur salaire baisser, dans le même temps voir des investisseurs venir se remplir les poches, et les budgets TV augmenter. Je suis peut être minoritaire dans mes idées, mais un patron d’entreprise ne peut bloquer les salaires sous peine de sanctions en cas de dépassement, surtout si ses revenus augmentent. Nous sommes dans le monde Pro, se souvenir de l’arrêt Bossman. Les britanniques ne seront plus dans l’UE, mais ce qu’il leur est reproché était régi par des lois de l’UE. Attention si d’autres clubs sont fautifs également même avec des montants moindre, tout l’édifice s'écroule.
amoureuxdubeaujeu
pour une fois, je pense que la méchante Europe n'y est pour rien.
C'est une histoire interne à la premiership : leurs équipes, leurs règles, leurs organes de contrôles, leurs instances de direction... et leurs sanctions.
adourAB
Je dis que les lois européennes peuvent annuler des lois restrictives sur les salaires imposées par des patrons de clubs s'étant mis d’accord pour bloquer des salaires. Je n’accuse l’UE de rien, elle n’a pas été saisie. Je me rappelle juste de la loi Bossman. Les Saracens se retourneront ils devant les tribunaux? Ils n’ont enfreint aucune loi du royaume.
CEVEN
- «les lois européennes peuvent annuler des lois restrictives sur les salaires imposées (...)»
↳ le Salary Cap n'impose pas des "salaires restrictifs": il fixe un plafond max de la masse salariale.
Rien n'interdit au RC Laragnasse d'employer un plombier (polonais) avec un salaire exorbitant, tant que la totalité des contrats pro' ne dépasse pas la limite fixée.
- «la loi Bossman»
↳ l'arrêt Bosman pose l'interdiction de discrimination entre ressortissants européens car contrevenant à la liberté de circulation (des travailleurs de pays membres).
Il s'agissait en l'espèce de "quota sportif"; pas de contrat de travail ou de conditions salariales.
Le Salary Cap (plafond de la masse salariale) ne contrevient -jusqu’à que Mohed A. ne parvienne à démontrer le contraire- ni à la liberté de circuler, d'entreprendre; ni au droit du travail.
Il est historiquement(en direct des sports US: paradoxe des lois du marché) fondé sur la volonté commune[== patrons et Ligue] de préserver l'équité dans le cadre de compétitions sportives.
Mais avant tout: les Saracens sont membre du Premiership et acceptent de fait les règles régissant le championnat professionnel anglais.
Règles qui incluent un Salary Cap ainsi que les contraintes/obigations induites.
Ils ont signé, ils doivent se soumettre (ou faire comme la mouette qui vit de procédures et de lobbying)
- «Les Saracens se retourneront ils devant les tribunaux?»
↳ Au pif: a quoi cela servirait-il ?
S'ils «n’ont enfreint aucune loi du royaume», un grand déballage ne serait bénéfique pour personne.
Le championnat anglais (autour duquel rôde CVC) se trouverait exposé pour le pire.
Si les Sacarens avaient le popotin nickel ils auraient agi il y a longtemps déjà.
Les rumeurs ne datent pas d'hier
Et ils sont certainement aujourd'hui les premiers intéressés à ne pas écorner l'image du Premiership (& le pactole), s'ils souhaitent revoir le jour.
Le produit, seulement le produit, rien que le produit ....
CEVEN
«mais ce qu’il leur est reproché était régi par des lois de l’UE»
Ce qui est leur est reproché est de ne pas avoir respecté le SC et mis en place un plan d'allègement drastique de la masse salariale comme exigé par le Board de la Premiership.
La législation européenne ne semble pas être dans ce cas invoquée....