Fini Cardiff, le Millennium, et la Coupe du monde. Le tournoi du Canada s'est achevé par une quatrième défaite en autant de matchs pour les Canucks de Benoît Piffero. Pendant deux mois, le néo-talonneur de Castanet nous aura fait vivre la compétition à l'intérieur du groupe canadien, qui malgré ses résultats, aura été l'une des belles sensations de la phase de poules.
Caribou Inside, c'est donc terminé, mais on n'a pas résisté à l'envie de lui poser quelques questions pour finir en beauté cette chronique. Quel bilan fait-il ? Quel futur pour le rugby canadien ? Et lui, que va-t-il devenir ?
La Coupe du monde 2015, c'est terminé... Quel a été le message du sélectionneur au moment de faire le bilan ?
Il n'a pas forcément été négatif, même si zéro victoire, ce n'était pas l'objectif qu'on s'était fixés. Loin de là ! Il y avait aussi de l'émotion dans le discours puisque les deux entraîneurs adjoints s'en vont vers le Super Rugby. On est conscients qu'on n'a pas réussi à bien finir, mais dans l'ensemble, il y a eu de très bonnes choses. On est passés très proches de battre l'Italie. La plus grosses déception pour les joueurs, c'est ce match-là, sans oublier cette défaite contre la Roumanie.
Vous meniez 15-0 contre la Roumanie pour finalement perdre 15-17... Pourquoi le match vous-a-t-il échappé ?
On a réussi à respecter le plan de jeu pendant 50 minutes, mais on gère très mal la dernière demi-heure, à cause de mauvais choix. Notre but, c'était de tout faire pour éviter qu'ils fassent des mauls et des mêlées. On sait qu'ils proposent un jeu assez restrictif, avec un minimum de passes. Mais on a fini par s'exposer, à prendre des risques dans notre camp, à faire des en-avants... On les a mis en confiance.RESUME VIDEO. Coupe du monde. La Roumanie réalise le plus gros come-back de l'histoire du Mondial face au CanadaEt sur le plan personnel, c'est quoi le bilan ? Ne pas jouer contre la France a dû être difficile à vivre.
Je ne vais pas faire la fine bouche : j'avoue que c'était une expérience assez incroyable de participer à la cette compétition. Il y a quand même un peu de déception par rapport à mon temps de jeu (une entrée en jeu contre l'Irlande lors du premier match). Rugbystiquement, j'avais fait le nécessaire et les efforts pour jouer dans cette Coupe du monde. Après, il y a ce match de la France. Je m'attendais à être dans le groupe, j'avais eu de bons échos mais la déception a été grande. Mais mon entourage me le dit : je ne me rends peut-être pas encore compte de la chance que j'ai eu de vivre ça. J'espère que pendant quatre ans, je vais être capable de continuer à travailler suffisamment pour disputer un autre mondial avec un peu plus de crédit.
Donc tu t'imagines au Japon dans quatre ans ?
J'en ai la volonté. J'en ai l'ambition. Le principal souci à l'heure actuelle, c'est mon emploi du temps. Depuis dix mois, j'en ai eu un complètement fou et je l'aurai durant les quatre prochaines années si je n'arrive pas à trouver un consensus entre travail et rugby. C'est beaucoup d'investissement, d'énergie dépensée... Sur quatre ans, ça va être long ! J'ai eu la chance de me marier juste avant la Coupe du monde, j'espère avoir une vie de famille dans les prochaines années. Je parlais de consensus. Ce serait de trouver un club pro ! Là, j'arrive à Castanet (Fédérale 1) et j'ai déjà repris l'entraînement pour repartir sur de bonnes bases et rencontrer mes nouveaux coéquipiers. Je terminerai la saison là-bas, mais si on me propose quelque chose à l'échelon supérieur, j'étudierai ça.
La suite, p. 2
Revenons une dernière fois sur cette Coupe du monde 2015. Si tu ne devais retenir qu'un seul moment, ce serait quoi ?
(Sans hésiter) Le match contre l'Irlande, mon entrée en jeu au Millennium et plus particulièrement cette mêlée face à Cian Healy, dans ce contexte, cette ambiance. C'était assez hors-norme.Coupe du monde 2015. Un Français dans l'équipe canadienne : Caribou Inside #3Au final, tu retiens quoi de cette aventure ?
Je m'en rendrais sûrement compte dans quelques temps. Mais ce que je vais retenir, c'est la vie commune pendant trois mois avec trente gars. Il y a eu de la pression, du stress. Mais au final, il y a eu aussi la chance de pouvoir jouer au rugby et de pouvoir vivre cet événement. C'est pas donné à tout le monde et j'ai eu de la chance, même si c'est le résultat de beaucoup de travail de ma part, mais aussi de mes proches, qui peuvent parfois subir. En retour, il y a beaucoup d'émotions. Mes proches ont pu venir. Face à la France, même si je n'ai pas pu être sur le terrain, c'était énorme de les avoir à mes côtés. Mon neveu et mes nièces pourront dire, qu'ils sont venus voir leur oncle à la Coupe du monde en Angleterre quand ils avaient quatre-cinq ans. C'était des supers moments.
Le Mondial terminé, on imagine que le groupe des Canucks n'a pas envie de se séparer. Vous avez prévu quoi pour rester en contact ?
On a un groupe sur Whatsapp avec toute l'équipe. Plus que des nouvelles, on s'envoie surtout des conneries (Rires). On s'envoie aussi des messages. Depuis que je suis revenu, j'ai eu quelques échanges avec Jamie Cudmore, mais aussi avec Taylor Paris dont j'ai pris des nouvelles par rapport à sa blessure au genou. Vu qu'il habite à côté, on va se voir prochainement. Ensuite, les retrouvailles auront lieu lors du prochain rassemblement.
Parlons maintenant d'une affaire qui a marqué la fin du 1er tour. Dans un tweet, Jamie Cudmore dénonçait les pratiques de World Rugby puisque certains joueurs ont dû se payer le voyage retour. Tu peux nous en dire plus ?
Ce qu'il faut savoir, c'est que pendant la Coupe du monde, World Rugby a pris en main l'intégralité de nos déplacements, de nos repas... Dans le règlement, on est censés quitter l'Angleterre le lendemain de notre élimination et nos billets sont payés par World Rugby. Seulement, la plupart de nos joueurs ont voulu profiter du fait d'être en Europe pour profiter et visiter, pour revenir au pays une ou deux semaines après. De toute manière, c'était le même prix ! Seulement, pour que ce soit pris en compte, il aurait fallu transmettre à World Rugby en mars ou avril. Or, à cette époque, on ne sait même pas si on est sélectionnés ou pas ! Personnellement, j'ai pu rentrer avec un billet payé par World Rugby mais Jamie Cudmore, qui était invité à assister le match Australie – Pays de Galles, n'a pas pu en bénéficier. Il est surtout monté au créneau par rapport aux joueurs qui n'ont pas la chance de vivre du rugby comme lui.Coupe du monde. Canada. Jamie Cudmore dénonce à sa manière les différences de traitement entre les nationsEnfin, si tu pouvais changer quelque chose dans le rugby canadien en 2019, tu ferais quoi ?
La réponse est simple : il faut avoir un championnat dans lequel les Canadiens peuvent se développer. Ce ne sera malheureusement pas le cas avant que les Etats-Unis et le Canada trouvent une solution ensemble. Il existe des projets, à calquer sur le modèle de la Major Ligue Soccer (la ligue de football professionnel aux USA). Ce serait la solution idéale puisque je ne pense pas que le Canada possède assez d'équipes, même s'il existe un bassin de rugby vraiment intéressant. On sait tous que le jour où les Etats-Unis se mettront à investir dans ce rugby, il y aura des répercussions, notamment financièrement !
Pour les joueurs, participer à ce genre de compétitions ne peut être qu’intéressant. Aujourd'hui, il y a trop de disparités entre les joueurs qui jouent en Europe, ceux qui font du 7 et ceux qui jouent au pays où sont amateurs comme moi. L'un de mes coéquipiers travaille dans les ascenseurs, un autre est professeur des écoles... La MLS n'a pas pris d'entrée mais aujourd'hui, il y a de plus en plus de bons joueurs. Désormais, le Canada va avoir plus de matchs à disputer grâce au jeu attrayant qu'on a pu voir dans cette Coupe du monde. Pas mal d'équipes sont intéressées pour jouer contre nous.
Merci à Benoît pour sa disponibilité et sa gentillesse lors de ces deux derniers mois. Rendez-vous à Tokyo !Coupe du monde 2015. Un Français dans l'équipe canadienne : Caribou Inside #1Coupe du monde 2015. Un Français dans l'équipe canadienne : Caribou Inside #2Coupe du monde 2015. Un Français dans l'équipe canadienne : Caribou Inside #4
Caribou Inside, c'est donc terminé, mais on n'a pas résisté à l'envie de lui poser quelques questions pour finir en beauté cette chronique. Quel bilan fait-il ? Quel futur pour le rugby canadien ? Et lui, que va-t-il devenir ?
La Coupe du monde 2015, c'est terminé... Quel a été le message du sélectionneur au moment de faire le bilan ?
Il n'a pas forcément été négatif, même si zéro victoire, ce n'était pas l'objectif qu'on s'était fixés. Loin de là ! Il y avait aussi de l'émotion dans le discours puisque les deux entraîneurs adjoints s'en vont vers le Super Rugby. On est conscients qu'on n'a pas réussi à bien finir, mais dans l'ensemble, il y a eu de très bonnes choses. On est passés très proches de battre l'Italie. La plus grosses déception pour les joueurs, c'est ce match-là, sans oublier cette défaite contre la Roumanie.
Vous meniez 15-0 contre la Roumanie pour finalement perdre 15-17... Pourquoi le match vous-a-t-il échappé ?
On a réussi à respecter le plan de jeu pendant 50 minutes, mais on gère très mal la dernière demi-heure, à cause de mauvais choix. Notre but, c'était de tout faire pour éviter qu'ils fassent des mauls et des mêlées. On sait qu'ils proposent un jeu assez restrictif, avec un minimum de passes. Mais on a fini par s'exposer, à prendre des risques dans notre camp, à faire des en-avants... On les a mis en confiance.RESUME VIDEO. Coupe du monde. La Roumanie réalise le plus gros come-back de l'histoire du Mondial face au CanadaEt sur le plan personnel, c'est quoi le bilan ? Ne pas jouer contre la France a dû être difficile à vivre.
Je ne vais pas faire la fine bouche : j'avoue que c'était une expérience assez incroyable de participer à la cette compétition. Il y a quand même un peu de déception par rapport à mon temps de jeu (une entrée en jeu contre l'Irlande lors du premier match). Rugbystiquement, j'avais fait le nécessaire et les efforts pour jouer dans cette Coupe du monde. Après, il y a ce match de la France. Je m'attendais à être dans le groupe, j'avais eu de bons échos mais la déception a été grande. Mais mon entourage me le dit : je ne me rends peut-être pas encore compte de la chance que j'ai eu de vivre ça. J'espère que pendant quatre ans, je vais être capable de continuer à travailler suffisamment pour disputer un autre mondial avec un peu plus de crédit.
Donc tu t'imagines au Japon dans quatre ans ?
J'en ai la volonté. J'en ai l'ambition. Le principal souci à l'heure actuelle, c'est mon emploi du temps. Depuis dix mois, j'en ai eu un complètement fou et je l'aurai durant les quatre prochaines années si je n'arrive pas à trouver un consensus entre travail et rugby. C'est beaucoup d'investissement, d'énergie dépensée... Sur quatre ans, ça va être long ! J'ai eu la chance de me marier juste avant la Coupe du monde, j'espère avoir une vie de famille dans les prochaines années. Je parlais de consensus. Ce serait de trouver un club pro ! Là, j'arrive à Castanet (Fédérale 1) et j'ai déjà repris l'entraînement pour repartir sur de bonnes bases et rencontrer mes nouveaux coéquipiers. Je terminerai la saison là-bas, mais si on me propose quelque chose à l'échelon supérieur, j'étudierai ça.
La suite, p. 2
Revenons une dernière fois sur cette Coupe du monde 2015. Si tu ne devais retenir qu'un seul moment, ce serait quoi ?
(Sans hésiter) Le match contre l'Irlande, mon entrée en jeu au Millennium et plus particulièrement cette mêlée face à Cian Healy, dans ce contexte, cette ambiance. C'était assez hors-norme.Coupe du monde 2015. Un Français dans l'équipe canadienne : Caribou Inside #3Au final, tu retiens quoi de cette aventure ?
Je m'en rendrais sûrement compte dans quelques temps. Mais ce que je vais retenir, c'est la vie commune pendant trois mois avec trente gars. Il y a eu de la pression, du stress. Mais au final, il y a eu aussi la chance de pouvoir jouer au rugby et de pouvoir vivre cet événement. C'est pas donné à tout le monde et j'ai eu de la chance, même si c'est le résultat de beaucoup de travail de ma part, mais aussi de mes proches, qui peuvent parfois subir. En retour, il y a beaucoup d'émotions. Mes proches ont pu venir. Face à la France, même si je n'ai pas pu être sur le terrain, c'était énorme de les avoir à mes côtés. Mon neveu et mes nièces pourront dire, qu'ils sont venus voir leur oncle à la Coupe du monde en Angleterre quand ils avaient quatre-cinq ans. C'était des supers moments.
Le Mondial terminé, on imagine que le groupe des Canucks n'a pas envie de se séparer. Vous avez prévu quoi pour rester en contact ?
On a un groupe sur Whatsapp avec toute l'équipe. Plus que des nouvelles, on s'envoie surtout des conneries (Rires). On s'envoie aussi des messages. Depuis que je suis revenu, j'ai eu quelques échanges avec Jamie Cudmore, mais aussi avec Taylor Paris dont j'ai pris des nouvelles par rapport à sa blessure au genou. Vu qu'il habite à côté, on va se voir prochainement. Ensuite, les retrouvailles auront lieu lors du prochain rassemblement.
Parlons maintenant d'une affaire qui a marqué la fin du 1er tour. Dans un tweet, Jamie Cudmore dénonçait les pratiques de World Rugby puisque certains joueurs ont dû se payer le voyage retour. Tu peux nous en dire plus ?
Ce qu'il faut savoir, c'est que pendant la Coupe du monde, World Rugby a pris en main l'intégralité de nos déplacements, de nos repas... Dans le règlement, on est censés quitter l'Angleterre le lendemain de notre élimination et nos billets sont payés par World Rugby. Seulement, la plupart de nos joueurs ont voulu profiter du fait d'être en Europe pour profiter et visiter, pour revenir au pays une ou deux semaines après. De toute manière, c'était le même prix ! Seulement, pour que ce soit pris en compte, il aurait fallu transmettre à World Rugby en mars ou avril. Or, à cette époque, on ne sait même pas si on est sélectionnés ou pas ! Personnellement, j'ai pu rentrer avec un billet payé par World Rugby mais Jamie Cudmore, qui était invité à assister le match Australie – Pays de Galles, n'a pas pu en bénéficier. Il est surtout monté au créneau par rapport aux joueurs qui n'ont pas la chance de vivre du rugby comme lui.Coupe du monde. Canada. Jamie Cudmore dénonce à sa manière les différences de traitement entre les nationsEnfin, si tu pouvais changer quelque chose dans le rugby canadien en 2019, tu ferais quoi ?
La réponse est simple : il faut avoir un championnat dans lequel les Canadiens peuvent se développer. Ce ne sera malheureusement pas le cas avant que les Etats-Unis et le Canada trouvent une solution ensemble. Il existe des projets, à calquer sur le modèle de la Major Ligue Soccer (la ligue de football professionnel aux USA). Ce serait la solution idéale puisque je ne pense pas que le Canada possède assez d'équipes, même s'il existe un bassin de rugby vraiment intéressant. On sait tous que le jour où les Etats-Unis se mettront à investir dans ce rugby, il y aura des répercussions, notamment financièrement !
Pour les joueurs, participer à ce genre de compétitions ne peut être qu’intéressant. Aujourd'hui, il y a trop de disparités entre les joueurs qui jouent en Europe, ceux qui font du 7 et ceux qui jouent au pays où sont amateurs comme moi. L'un de mes coéquipiers travaille dans les ascenseurs, un autre est professeur des écoles... La MLS n'a pas pris d'entrée mais aujourd'hui, il y a de plus en plus de bons joueurs. Désormais, le Canada va avoir plus de matchs à disputer grâce au jeu attrayant qu'on a pu voir dans cette Coupe du monde. Pas mal d'équipes sont intéressées pour jouer contre nous.
Merci à Benoît pour sa disponibilité et sa gentillesse lors de ces deux derniers mois. Rendez-vous à Tokyo !Coupe du monde 2015. Un Français dans l'équipe canadienne : Caribou Inside #1Coupe du monde 2015. Un Français dans l'équipe canadienne : Caribou Inside #2Coupe du monde 2015. Un Français dans l'équipe canadienne : Caribou Inside #4
ACR
Ravi de voir un international rejoindre l'Avenir Castanéen🙂
Jak3192
Le côté amateur de cette selection apporte un souffle d'air frais en ces temps de problèmesssss rugbystique français.
Ces gars là ont donné le max sur le terrain, avec leurs moyens,
ils reviennent bredouille de toute victoire
et ils vont construire
(quand "d'autres" doivent reconstruire)
J'aime.
fxlerusse
"C'est bien bro', continue comme ça"
Super série du rugbynistère. Ca donne une approche très humaine de la CdM
ClemOConnor
Merci FX ! On a pris beaucoup de plaisir à le faire !