Dans la folle ambiance d’Ernest-Wallon lors du derby face à Castres
L'ambiance dans ce derby était folle !
On a eu la chance d’assister au derby entre le Stade Toulousain et le Castres Olympique. On vous raconte tout ce qu’on a vécu et c’était pas de tout repos.

"Tu vas voir le Stade ce week-end ?" Tout a commencé comme ça, par un message de Durroux l’homme qui vit les matchs plus qu’il n’en joue. Allez, pourquoi pas ? Le Crunch est annulé et Namibie-Canada aussi donc aucune possibilité de voir des passes mal ajustées ce week-end hormis si j’ai le courage de regarder la Ligue 1. Mais je ne suis pas le plus courageux, alors direction Ernest-Wallon.

Gardien de la paix avant tout

"Ouais je suis bloqué il veut pas me laisser passer !" C’est de cette manière que je retrouve mon compatriote que je vois plus que ma copine : bloqué au fin fond du quartier des Sept-Deniers par un vigile qui ne rigole pas avec les règles. Après tout, je le comprends, je ne laisserai pas passer un rouquin dans une Clio jaune moutarde avec 3 enjoliveurs. Il est bloqué car il n’a pas son accréditation sur lui pour passer au parking B. Mais, pour aller récupérer son accréditation il doit passer pour justifier. Je m’en occupe, je chausse mes chaussures de sport que j’ai acheté en 2017 pour participer au marathon de Toulouse et je pars le récupérer. Cette rue des Troènes n’en finit pas et je croise des amis qui se demandent pourquoi je pars déjà du stade. Arrivé à la zone de conflit, il suffisait de présenter le laissez-passer.

- Non il peut pas.
- Mais j’ai son autorisation.
- Non ça c’est la vôtre.
- Mais non c’est lui là !
- Ahhhhh ! Mais c’est vous ! J’avais pas vu !

Si les conflits internationaux se réglaient comme ça l’ONU ne serait qu’un groupe de surveillance qui te ferait coucou de temps en temps. Oh, wait. En regardant sa photo sur l’autorisation, je comprends mieux pourquoi le vigile a refusé de le laisser passer. Même sur Paint je pense mieux le dessiner. Bref, on arrive devant le stade.

Essai de ???

En posant notre derrière, on se rend compte que le tableau affiche 5-0. Je veux bien que le stade soit en difficulté mais de là à leur donner une avance de 5 points face à Castres, c’est ne pas respecter le principe fondamental de l’Occitanie : tous les villages naissent libres et égaux en droits, même Castres. Fallait s’y attendre, on rate le coup d’envoi du match. Pas grave, il sera animé quoi qu’il arrive. En levant la tête, je vois Bastien Chalureau, un ami de longue date avec qui on a fait les 400 coups. On en a vu des vertes et des pas mûres, mais également des murs. Il trépigne et ne pas être sur la feuille face à Victor Moreau, son ami depuis les années espoir au Stade le rend triste. On s’assoit pour la suite, la première mi-temps est folle et dans la tribune un homme insulte les Toulousains avec le courage d’un chien derrière un portail. Dès que les gens se retournaient, il assumait autant que les médias qui ont retrouvé Xavier Dupont de Ligonnès. Fin du premier acte sur un match à sens unique du Stade Toulousain. Et si on allait voir là où tout se joue réellement dans ce derby : les tribunes des fervents supporters de chaque club !

Mi-temps mi-raisin

En se déplaçant, on croise les patrons du Ministère. Rendez-vous des amoureux du site sur Toulouse et fraîchement ouvert à Castres. Ils n’auraient jamais raté ce derby, surtout Julien, Castrais dans le sang et qui l’assume jusqu’aux ongles. Après tout, François Fillon a mis des mois avant de se rendre compte de ses erreurs. Rends l’accent Julien ! On les laisse entre eux, ils ne parlent pas de rugby après cette première mi-temps et je les comprends.

Les Castrais, à quelques mètres de la tribune adverse !

Deuxième fois que le jeu reprend

Reprise du match et on décide de se balader dans le stade pour trouver des fous furieux dans chaque club. On se dirige vers les tribunes les plus animées d’Ernest et la chance fait que le supporters du Stade et de Castres se font face de quelques mètres. D’un côté, la tribune étudiante toulousaine animée par un célèbre bar toulousain. De l’autre, la tribune castraise qui pousse derrière son équipe. Chez les jeunes toulousains, je me rends compte qu’un service en tribune est effectué pour le ravitaillement en boisson et ce n’est pas la meilleure idée si vous voulez rencontrer des gens qui parlent rugby comme Daniel Herrero, vous serez servis avec du bon vieux Moscato. Les deux groupes se chambrent et même si Didier Lacroix et Pierre-Yves Revol ont calmé les ardeurs des supporters avant le match, rien n’y fait.

"C’est un derby, on vient d’Albi et on est étudiant à Toulouse. On est content de venir et on est content de la mettre aux Castrais parce que l’an dernier ils ont gagné ici et cette année on montre que ici on est à Toulouse", nous dit Freddy.

WAIT. Il vient d’Albi, il supporte Toulouse, et il est contre Castres. C’est comme ça que se forme les trous noirs. Il continue :

Parce que quand on est d’Albi on déteste l’Aveyron et Castres c’est pareil ! Tu vois, quand y’a des nuages et que c’est sombre ? Et bah au bout c’est Castres, il faut surtout pas y aller !

Fin du game

C’est la fin du match et on connaît tous le score, mais les supporters Castrais ne sont pas des plus heureux. Compréhensible. L’aigreur semble venir de la nouvelle génération de supporters chez les personnes que nous avons rencontré chez les Tarnais. Les anciens sont bons joueurs et admettent qu’il n’y a pas photo entre les deux équipes, même si un derby ça se gagne. Les plus jeunes sont tristes et désolés que les ultras rouges et noirs soient aussi chambreurs, notamment de la tribune étudiante.

Supporters jusqu'au bout des cheveux !

Beau dégât

À Ernest-Wallon, vous ne pouvez pas assister à un match sans passer par la Bodega du Stade Toulousain. Lieu de rencontre entre supporters des deux équipes. Cette fois-ci, peu de Castrais. Il est vrai que la route de 70km vous oblige à faire 2 pleins pour arriver à bon port. Dans cette Bodega, un DJ est installé, un baby-foot et de quoi se huiler le gosier après avoir grignoté un bout. Le plus formidable c’est ce contact avec les joueurs. Voir Elstaadt reprendre 6 fois une photo parce que Sylvie n’arrive pas à cadrer. Discuter avec Axtens qui répond par des sourires car son français est aussi hasardeux que moi en fin de soirée. Peato Mauvaka qui a lâché son dernier sourire pour la communication du XV de France sur les réseaux. Thibaud Durroux, fervent du Rugbynistère, est aux anges quand un homme le reconnaît :

- Tu es Thibaud Durroux du Rugbynistère ? 
- Oui !! Comment tu sais ? Énorme !

Comment il savait ? C’était écrit dans les livres, mais surtout sur son accréditation accrochée au cou. Fin de la période d’analyse pour nous avant de discuter avec Sébastien Bézy. Après quelques bons mots échangés, un supporter se rend compte que "OHHH C’EST BÉZY !" Pas de soucis, un coup de grappin sur l’épaule du 9 et il va lui clamer tout son amour. Que nenni :

- Tu sais ce que j’aime chez toi ?
- Non ?
- Et bah en fait, t’es ni jamais bon. Mais t’es ni jamais mauvais.

Ce supporter a dû se ramasser une sale note au baccalauréat vu son argumentation, mais c’est le plaisir de voir ces deux mondes se croiser. C’est l’heure, tardive, certes, mais j’ai un match à jouer contre Rabastens le lendemain et en aucun cas je ne raterai ça… Le chemin du retour jusqu’à la voiture fut long, comme un super triathlon pour des hommes avec la condition physique actuelle de la planète. Le Stade Toulousain a permis une expérience supporter à la hauteur du club. Les animations autour sont importantes pour un club qui se veut familial et les joueurs (pour certains) sont accessibles pour les enfants qui ne voient que par eux.

Ils l’ont dit, c’est pas nous !

"- Je trouve que chez les Toulousains, il y a un manque de respect. Il gagne, bon, ok. Mais ils sont irrespectueux et ça fait des bastons à la fin.
- En quoi c’est un derby ?
- Je sais pas ! Ils ont là « nanani nanana » mais nous on gagne, on respecte ! Vous perdez, vous perdez ! Toi qui vient provoquer, bah à la fin je te casse le nez ! Bah s’il faut casser les nez, je casse les nez (rires). Et pourtant je suis une femme ! (rires)
- Mais l’année dernière, on était au match et les supporters castrais n’ont pas hésité à insulter les joueurs toulousains.
- Sur les joueurs ! Mais les supporters on les a pas touché. Ok, les joueurs on insulte parce que ça nous fait chier, mais les supporters on les touche pas", Camille, supportrice du CO.

 - Ah c’est un derby c’est Castres-Toulous, il y a 70 km entre les deux équipes. C’est la petite ville contre la grande métropole. Depuis 93, je suis fervente supportrice du CO. Aujourd’hui, bravo au Stade Toulousain il n’y a rien à dire sur leur victoire. Le départ de Christophe (Cf. Urios) on le savait que ça allait être un peu dur avec l’arrivée de Mauricio qui prenait un nouveau staff et puis une nouvelle génération de joueurs qui arrivent. On savait que ça allait être une saison un peu difficile. C’était un peu tendue on va dire, on savait que ça allait être comme ça avec des petits chambrages. Mais tant que ça reste bon enfant c’est bien." Zaza, fervente supportrice du CO depuis 93.

La photo preuve

Rentrer en vélo n'est pas la meilleure idée. Mais attacher son vélo à...rien est clairement l'idée de génie que Thibaud Durroux a eu ces dernières années. 

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Le chambrage entre supporters, je trouve ça dommage. Même face à des supporters Castrais!

Mes meilleurs souvenirs à Ernest Wallon, c'est de passer le match à côté d'un supporter de l'équipe adverse et de savourer ensemble le match.

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