La Coupe du monde 1995 parlera certainement à beaucoup d'amateurs du sport. L'Afrique du Sud a remporté cette édition devant son public, en devançant la Nouvelle-Zélande de trois petits points. De son côté, le XV de France échoue en demi-finale face aux futurs champions. Mais une équipe fait sa première apparition dans le cercle des mondialistes : la Côte d'Ivoire.
Inespéré
Depuis son premier match officiel en 1976 à la magnifique qualification au mondial 1995, Les Éléphants ont fait du chemin. Ils tombent dans la poule D avec l'Écosse, le Tonga, mais surtout le XV de France en adversaire. Lors du premier match, ils encaissent un terrible 89-0 face à l'Écosse d'Andrew Gavin Hastings. Mais la prochaine rencontre face à la France a une saveur particulière pour ces joueurs exilés pour la plupart dans le championnat français. C'est sous l'impulsion de Dominique Davanier, ancien de Cahors et à l'époque directeur technique national, que le rugby ivoirien s'est fait figure de proue du rugby noir africain.
Le rugby a été un incroyable facteur d'intégration parce que ce sport c'est d'abord un collectif, une entraide, qui te forment pour la vie tout court. Moi, cette Coupe du monde, c'est une manière de retrouver mes racines, de rendre hommage au rugby. C'est quelque chose d'énorme. - Toussaint Djehi, pilier ivoirien de Millau pour Libération.
Sous les ordres de Claude Aimé Ezoua, ancien de Bègles, les joueurs découvrent donc l'Afrique du Sud et Nelson Mandela, qu'ils rêvent de rencontrer. Ezoua pouvait compter sur son capitaine Djakaria Sanoko, lui, le seconde ligne de Biarritz qui a fait ses débuts sur un parquet de Basket, mais qui a tapé dans l'oeil de Serge Blanco. Tous pourront dire qu'ils ont joué une Coupe du monde, mais surtout le XV de France de Benazzi, Delaigue, Deylaud et Lacroix. Malgré la défaite 54 à 18 devant les 20 000 spectateurs de l'Olympia Park, les scènes de joie lorsque l'ouvreur Camara et l'ailier Soumara marqueront les deux seuls essais des Éléphants suffisent à apprécier le moment.
La composition ivoirienne : Kouassi - Soulama, Sathiq (cap), Niakou, Brito-(o) Camara - (m) Dupont (Bouazo, 79) - Okou, Lassissi, Pere - Sanako, Aka - Djehi (Angora, 75), Niamien, Ezqua (Bley, 46)
Le drame
Face au Tonga, la Côte d'Ivoire perd plus qu'un match. Alors qu'il relance du fond de terrain, Max Brito, ailier de Biscarosse, se retrouve tétraplégique. Le visage de ses coéquipiers est marqué par cette image alors que le fils métis d'Abidjan n'était pas revenu sur le continent depuis plus de 20 ans, comme il le déclare à Libération avant de décoller pour le mondial : "C'est un mélange d'émotion, de chaleur, de souvenirs flous; penser que je porterai peut-être le maillot ivoirien en Afrique du Sud est encore irréel." Ce n'était que sa troisième sélection sous le maillot orange et vert et ce "conte de fée" s'arrêtera à la 6e. Bloqué sous un amas de joueurs, il ne se relèvera pas du ruck. L'attente autour du joueur est inquiétante et ses coéquipiers voient bien que ce n'est pas anodin : 4e et 5e vertèbres cervicales déplacées. Évacué sur civière, Max Brito vient de disputer le dernier match de sa carrière, à seulement 24 ans, alors qu'il remplaçait son frère, Patrick, forfait en raison d'une pubalgie. Sur place, l'accident a ému des milliers de personnes et les premiers soutiens se sont fait connaître, initiés par Morne De Plessis.
"C'est comme si tout s'était débranché dans mon corps. J'ai tout de suite compris que j'étais paralysé. Mais je me suis dit qu'on allait me réparer, que ce n'était pas si grave", déclare-t-il au Monde alors qu'il suit la Coupe du monde 2007 depuis son fauteuil électrique. L'éléphanteau s'est reconstruit après ce drame, il a pu compter sur son club de Biscarosse qui l'a soutenu financièrement. Au journal Le Monde, il émet que l'idée de ne plus jamais souffrir le hante, à seulement 39 ans : ""S'il devait m'arriver un jour une maladie grave, et si j'ai la force de me laisser emporter, alors je le ferai." Plein d'optimisme et de résilience, il n'en veut pas à ses proches d'espacer de plus en plus les visites : "On ne peut pas être tout le temps à mon chevet. Je n'en tiens rigueur à personne. Tout le monde a sa vie."
Aujourd'hui, le rugby ivoirien rêve encore d'une Coupe du monde, et 2023 en France est une occasion en or pour le pays. Pour cela, Olivier Diomandé, ancien de la maison montpelliéraine, lance une cagnotte en accord avec sa Fédération. Le but ? "Un vrai projet avec, notamment, la création d’une académie pour les jeunes baptisée Max Brito, le développement du rugby féminin, le rugby à 7 et le rugby à 15 pour faire de la Côte d’Ivoire le premier pays africain derrière les Sud-Africains. Une qualification à aller chercher pour France 2023 et surtout Pour les JO à VII Paris 2024. Rien que ça." Pour participer à ce projet, une cagnotte est disponible ici.
Noir&Blanc
Triste histoire que celle de Brito, mais hélas pas unique, le deuxième ligne Néo-Z récemment en Angleterre qui lui remarche ou encore le pilier Alex Barozzi en sont d'autres exemples.
Mais quand on voit en CdM des joueurs de certaines "petites nations" (Portugal, Uruguay,...) qui évoluent habituellement en Fédérale, affronter des pros hyper entraînés, c'est un vrai miracle qu'il n'y ait pas plus d'accident de ce type.
Pour sourire un peu, je ne me rappelais pas que les arrières Français avaient tous la boule à zéro, un pari ?
Emilienne t\'arnaque
... c'était l'équipe des coiffeurs !
cahues
J'ai encore le souvenir pour le drame de Max Brito, le temps qui passait paraissait une éternité.