« Au début, c'était du rugby pour le plaisir »
Né à Saint Affrique sur les bords de la Sorgue, Paul Farret (19 ans) n'avait pas vocation à jouer au rugby, comme il le dit lui-même : « je suis né dans une famille qui est très foot, j'y suis venu (au rugby) grâce à des collègues. J'ai essayé à 12 ans et voilà, ça m’a plu et du coup, je suis resté dans mon club à Saint-Affrique. » Et de rajouter avec une certaine fierté avoir été le précurseur de la fratrie Farret : « du coup mes frères jouent aussi au rugby ».
Après avoir fait, ses premières gammes dans son Aveyron natal, le jeune Paul décide il y a cinq ans - alors qu'il n'a que 14 ans - de viser un peu plus haut :
J'ai fait quelques sélection départementale, un stage Midi-Pyrénées et je me suis dit : pourquoi ne pas aller me tester dans une bonne équipe comme Albi ? J'ai été sélectionné, et depuis cinq ans j'évolue à Albi !
Repéré à Carmaux lors d'une journée de détection du SCA par « Julien Guimard et des anciens joueurs professionnels qui étaient là », le jeune Aveyronnais intègre le centre de formation du SCA, alors en Pro D2. Pour ce jeune homme modeste dans ses propos, mais dont le comportement sur le pré dégage une saine ambition, l'aventure albigeoise fut tout d'abord pour lui : « du rugby pour le plaisir. » Puis l'an dernier, sous la férule de Flo Wiedzorek, le jeune Saint-Affricain se découvre un potentiel : « c'est grâce à lui que j'ai évolué et que je me suis aperçu, que je pouvais aller plus loin. »
« J'ai donné tout ce que je pouvais et je compte pas m'arrêter là »
Car depuis le début de la saison et les matches de préparation contre Cognac-Saint Jean D'Angely, Paul Farret ne laisse pas passer sa chance. Intégré au groupe pro en début de saison par Arnaud Méla avec ses copains Paul Armenagaud, Martin Doan ou Théo Pires, il fait preuve d'abnégation pour tirer son épingle du jeu. Et comme beaucoup d'enfants de cette terre de labeur qu'est l'Aveyron, Paul manie l'humilité et s'attelle à la tâche, avec bonne besogne, malgré l'adversité :
On a eu une prépa assez difficile cet été ! On est jeunes, on s'accroche, c'est à l'entrainement que l’on donne tout. La place, elle ne se fait pas pendant les matchs, mais à l'entraînement ! Après, quand on a l'occasion de pouvoir jouer, on donne tout !
Dans un groupe programmé pour la remontée en Pro D2, dont certains tauliers de la saison passée sont restés au bercail, le 3ème-ligne albigeois apprend vite et écoute les précieux conseils prononcés par ses coéquipiers : « Je parle beaucoup avec Thibault Bisman, quelqu'un qui est important dans cette équipe, niveau ambiance et motivation ! Romain Casals aussi et les joueurs de devant qui ne me laissent pas tomber et me poussent à aller vers le haut .» Paul enchaîne les belles prestations (Roval, Bourgoin et Rouen), dont une XXL contre le CSBJ à domicile sous les yeux de ses proches, un essai à la clé. « J'ai vu qu'ils avaient un minimum confiance en moi, j'espère continuer sur ce rythme ! J'ai donné tout ce que je pouvais et je ne compte pas m'arrêter là ! »
Objectif Pro D2 pour le SCA
Malgré son jeune âge, le garçon ne manque pas d'une lucidité qui peut être une arme dans un rugby moderne où tout va très vite. Et la pression du haut niveau ? A le voir percer les lignes adverses, tel un Olivier Magne de la grande époque, on pourrait se dire qu'il ne la connaît pas. Mais le premier concerné confie : « Ça ne paraît pas ! Mais avant les matchs je l'ai beaucoup (la pression). Je l'ai même beaucoup avant le match ! Après une fois sur le terrain, ça va mieux ».
Le terrain, une forme d'exutoire pour ce jeune talent poli par le staff d'Arnaud Méla et Julien Guiard, le patron du centre de formation du SCA. La pression, elle, sera de retour dès le 13 janvier et le début de la phase aller de la Fédérale 1, poule Elite. Celle du money-time et de cet objectif impératif voulu par les dirigeants et tant espéré par le peuple jaune et noir : la « remontada » en Pro D2 ! Au moment d'évoquer cet objectif, Farret tient une analyse digne d'un vieux briscard :
On a eu un début de championnat un peu compliqué ou on a perdu des matchs à domicile... Cela a un peu cassé l'ambiance ! Après, on n'a pas perdu confiance, on a travaillé énormément la semaine. On est arrivés à construire un bon groupe, ça s’est vu à Rouen où on n’a pas lâché. On prend un essai dans les dernières minutes, et on va en remarquer un derrière ! C'est dans des matchs comme cela que le groupe se forme et qu'on reste serrés !
Et que pense Arnaud Méla de son jeune poulain ? « Il faut qu'il continue à travailler, il y a aussi des joueurs qui travaillent dur à coté et qui font de très bon matchs et de très bons entraînements ! Ce n'est pas parce qu'on a fait deux ou trois matchs qu'on a acquis une carrière. Il faut qu'il continue à s'investir à fond et il sera récompensé, car quand il est à fond, il est bon ! Mais la route est encore longue pour lui. » La route, c'est aussi celle des études puisque le jeune Paul est en BTS Négociation et Relation avec le Client. « C'est quand même important de penser à la reconversion ! Il faut y penser avant de rêver rugby ! Je vais faire mes études comme il faut,et une fois que j'aurai mon diplôme, je pourrais enfin envisager de faire une carrière dans le rugby ! »
Tout un programme pour ce jeune homme qui s'empresse - à chaque match disputé au Stadium - d'aller voir sa tribu de copains venus le soutenir ! Paul Farret deviendra-t-il un symbole de réussite pour tous les jeunes patiemment couvés dans la pépinière albigeoise ?
spir
attention au SCA : la cellule recrutement du ST va l'avoir à l'oeil