FLASHBACK. Entre tension, espoir et déception, comment j'ai vécu la finale de la Coupe du Monde 2011
Lors de cette finale, les Bleus nous ont offert un match dantesque au destin cruel.
10 ans après cette finale de Coupe du Monde perdue contre la Nouvelle-Zélande, revivons, à travers mon témoignage personnel, ce match que personne n'a oublié.

9h55 : le stress d'avant-match

Le petit déjeuner à peine fini, je m'installe sur le canapé, le cœur battant à 10000. Il faut dire qu'on ne s'apprête pas à vivre n'importe quoi. Car en ce dimanche 23 octobre 2011, la France affronte la Nouvelle-Zélande, en finale de la Coupe du Monde de rugby. Rien que ça ! Du haut de mes 11 ans, je n'ai que très peu de souvenirs de l'édition 2007, et de cet exploit monumental des Bleus face aux All Blacks. C'est donc impatient que je me ronge les ongles en attendant le début du match. Il faut dire que dans ma famille, on ne croit guère à une victoire de l'équipe de France. Qui pourrait leur en tenir rigueur ? Car d'un côté, nous avons la Nouvelle-Zélande, impériale dans son pays et qui nous avait gentiment étrillé en poule, et de l'autre, un XV de France qui a eu du mal à se défaire de 14 Gallois en demi-finale. Mais peu importe le passé, tout peut se passer sur un match, et j'y crois dur comme fer.

9h58 : premier affrontement

Assis entre mon père et ma mère, j'assiste au premier défi de ce match. Emmenés par Thierry Dusautoir, les Bleus défient, comme en 2007, les All-Blacks durant le fameux haka. Un moment incroyable, qui nous indique d'ores et déjà, que ce match ne sera pas comme les autres. Assez d'émotions, que le match commence !

10h10 : des Bleus morts de faim

Lorsque Aurélien Rougerie trouve une touche dans les 22 des All-Blacks, nous jouons seulement depuis 10 minutes. Et pourtant, que d'actions en ce début de match ! Entre les premières offensives au large, le plaquage de Dusautoir sur Cruden, ou encore la pénalité ratée de Weepu, on peut clairement dire que nos Bleus sont dans le match. Je me rappellerais toujours de cette ambiance dans le salon familial, où chacun d'entre nous prend conscience de ce qu'il se passe. Les Blacks se font dominer, par une équipe de France tout simplement fantastique.

10h15 : le coup dur

Alors que nos Bleus dominent ce début de match, nous nous retrouvons dans nos 22 mètres, lancer Mealamu. Le talonneur trouve en fond de touche Kaino, qui passe la balle au pilier Woodcock en plein milieu de l'alignement. Un trou béant, qui ne pardonne pas face aux All-Blacks. Fébrile, je me retourne vers mes parents qui sont, à ma grande surprise, plus agacés qu’inquiets : "le match est encore long, on va revenir" me disent-ils alors. Et le moins que l'on puisse dire, c'est qu'ils ne s'étaient pas trompés. D'autant plus que Weepu ne passe pas sa transformation. 5-0.

10h36 : saleté de cuillère

Alors que le match avance, la France est toujours au contact des Blacks. Elle résiste aux assauts des locaux, grâce à une défense héroïque. Côté salon, je sens ma famille très agacée par l'arbitre du soir, Craig Joubert. Ils ne comprennent pas certaines décisions prises par le Sud-Africain, qui semble assez clément avec les coéquipiers de McCaw. De plus, la sortie prématurée de Morgan Parra ajoute à ce match une tension déjà omniprésente. Heureusement pour nous, le buteur des All Blacks, Piri Weepu, rate de nouveau une pénalité, ce qui nous laisse à porter des locaux. Mais ce dernier se retrouve lors de cette finale bien plus habile de sa main que de son pied : nous jouons la 36e minute, lorsque Nonu rend le ballon au pied à Rougerie. Le Clermontois écarte pour le nouvel entrant François Trinh-Duc, qui engage une contre-attaque. L'ouvreur voit qu'il a des avants en face de lui, et perce le rideau défensif. Il s'apprête à rentrer dans les 22 face à l'arrière Dagg, lorsque ce maudit Weepu, d'une très belle cuillère, fait tomber le Français. L'action ne donnera finalement rien, à notre plus grand désarroi.

10h40 : fin de la première mi-temps

Alors que la Nouvelle-Zélande tient le ballon dans notre camp, Weepu décide de dégager le ballon en touche à la fin du temps réglementaire. Un aveu d'impuissance face aux plaquages cinglants des Bleus, qui ne plaira pas au public de l'Eden Park. Toujours est-il que les Blacks mènent à mi-chemin, face à une équipe de France héroïque. Alors que je reprends une tartine durant la mi-temps, je sens l'excitation générale montée à la maison. Car même si nous sommes menés au score, il est évident qu'il y a un gros coup à jouer. L'enfant que je suis imagine déjà le capitaine Dusautoir soulevé la coupe d'un air triomphant, devant des Blacks médusés. Si seulement mes rêves s'étaient réalisés...

10h56 : 8-0

Alors que le match reprend, les Bleus sont de nouveau à l'offensive dans le camp adverse. Ils enchaînent les temps de jeu et Monsieur Joubert sanctionne les Blacks le long de la ligne. Malheureusement, Yachvili rate le coche et le score reste de 5-0. S’ensuit plusieurs actions qui font bondir mes parents, qui estiment encore une fois que l'arbitre du jour ne fait pas ton travail correctement. C'est notamment le cas lorsque Woodcock semble prendre haut François Trinh-Duc : tout le monde a vu le plaquage haut, sauf Craig Joubert, qui demande de jouer. Les Français se dégagent, mais se font pénaliser juste après. Stephen Donald, qui avait remplacé Cruden blessé, réussit la pénalité et donne de l'air à son équipe dans un match de plus en plus irrespirable. Je vous épargne ici tous les mots tendres que ma famille adresse à Monsieur Joubert à ce moment-là.

10h59 : Dusautoir, forcément lui

Frustré par le score, j'essaye tant bien que mal de croire à la remontée française. Après une percée de Dagg, je vois les Bleus mettre la pression dans le ruck. Rougerie gêne la sortie de balle, et Trinh-Duc intercepte le ballon. Le Montpelliérain s'élance, mais se voit rattraper par la défense néo-zélandaise. Ce dernier trouve Yachvili qui glisse, mais parvient à trouver le soutien de Rougerie. Le centre s'arrache et il faut trois All Blacks pour l'arrêter, à 5 mètres de l'en-but. L'ambiance est à son comble, j'entends mon père hurler "à gauche, écarte à gauche il y a un surnombre", comme si les joueurs pouvaient l'entendre. Servat crée un point de fixation côté gauche. Yachvili ressort le ballon pour son ouvreur, qui sert Rougerie. Ce dernier fixe pour servir son capitaine Dusautoir, qui s'en va aplatir entre les perches le premier essai français. Lorsque le Toulousain aplatit, tout semble irréel : j'entends crier de joie tous mes proches, s'entrelaçant comme rarement. Je saute sur le canapé, déchaîné par cet essai, hurlant de toutes mes forces tout et n'importe quoi. Pendant ce temps-là, Trinh-Duc transforme, 8-7. Sur le renvoi d'après, Weepu met le ballon direct en touche. Les Blacks sont K-O debout.

11h14 : pénalité pour la France

Nous jouons la 63ᵉ minute de jeu. Après une mêlée française dominatrice, Joubert se décide (enfin) à siffler contre les All Blacks. À environ 50 mètres des perches, Dusautoir indique les 3 points à l'arbitre. Ne voulant pas voir ça, je me retourne, faisant confiance aux réactions de ma famille pour savoir si la pénalité allait passer ou non. Trinh-Duc s'élance, mais une poignée de secondes plus tard, je n'entends aucun cri de joie. Je regarde la télé et je vois que le score n'a pas bougé d'un cil : "ce n'est pas grave, il reste du temps" me dit ma mère, sans savoir que nous venions de vivre l'un des tournants de ce match.

11h26 : "Joubert va t'acheter des lunettes"

Il ne reste plus que 5 minutes au chrono lorsque les Français s'engouffrent dans le camp des Blacks. Joubert, qui a décidé de ne plus voir les fautes de la Nouvelle-Zélande, siffle une mêlée pour la France, à 40 mètres des perches adverses. Pourtant, il semblait clair que le Néo-Zélandais gênait volontairement la sortie du ballon. Une impression que partage sur le coup, Thierry Lacroix : " Je ne comprends pas, il dit au joueur néo-zélandais de sortir de la zone, il ne sort pas et il ne le pénalise pas. Alors ne le dites pas M. Joubert". Un avis que partage l'un de mes proches, qui après cette action, hurle dans le salon "Joubert va t'acheter des lunettes". Impuissant, je regarde la mêlée se jouer, comprenant que nous étions en infériorité numérique sur ce match. D'autant plus que sur la mêlée d'après, la première ligne des Blacks se relève complètement, sans être sanctionnée.

11h31 : la fin d'un rêve

Comme vous l'aurez deviné, plus aucune pénalité ne sera sifflée contre la Nouvelle-Zélande, malgré des actions très litigieuses. Il reste 30 secondes de jeu, lorsque les Blacks décident de garder le ballon au chaud, attendant la fin du match. Ellis dégage le ballon en touche, mettant fin au rêve de toute une nation. Abattu, je me revois pleurer toutes les larmes de mon corps, le réconfort de mes parents n'arrivant pas à adoucir ma colère d'enfant. Les critiques contre l'arbitre n'y changeront rien : les Blacks remportent leur 2ᵉ Coupe du Monde, emmenés par un McCaw aussi détestable que génial.

10 ans plus tard, la douleur est passée, mais les regrets sont toujours présents. Des regrets, mais aussi de l'espoir lorsque je vois l'équipe de France actuelle, aussi jeune que talentueuse. Espérons qu'elle sera prête pour 2023, afin de pouvoir, peut-être, réparer nos cœurs blessés par cette finale au destin cruel.

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Il y a quand même un petit detail oublier qui a eut peut etre une petite influence.
Les MAILLOTS DU MATCH:
normalement nous aurions du jouer avec nos couleurs traditionnelles et eux en gris mais voila Jo Maso leur a laisser leur maillot Noir voila il est peut etre la le petit point qui nous a manqués car les black's en gris ce nest pas pareil not same same désoler

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