22 novembre 2003. Une date qui restera à jamais gravée dans les mémoires anglaises. Ce jour-là au Telstra Stadium de Sydney, le XV de la Rose soulève pour la première fois de son histoire le trophée William Webb Ellis symbole de toutes les convoitises, au profit d’une bataille épique face à des Australiens portés alors par toute une nation. D’un drop du pied droit du gaucher Jonny Wilkinson, au bout de la nuit et au terme d’une prolongation haletante, l’Angleterre est alors plongée dans une liesse indescriptible remportant pour ce qui reste à l’heure actuelle encore pour beaucoup, l’une des plus belles finales que la Coupe du Monde ait connue. Ce jour-là, Steve Thompson est le talonneur de l’équipe anglaise. A l’instar de ses partenaires, il fête dignement le seul mondial remporté encore aujourd’hui par un membre de l’hémisphère nord.
Problème, Thompson ne se rappelle plus avoir disputé la finale comme il l’explique à The Guardian : « Vous nous voyez soulever la Coupe du monde et je peux me voir sauter sur les images. Mais je ne m'en souviens pas. » Et pour cause, l’ancien talonneur (42 ans) passé notamment par Northampton mais également le CA Brive est atteint de démence précoce ainsi que d’encéphalopathie traumatique. La faute à de nombreux chocs subis sur les terrains à l’époque : « Quand je regarde l’Angleterre de l’époque, c’est comme si je regardais jouer l’Angleterre maintenant. Sauf que j’étais là. Mais je ne me souviens pas du tout d’avoir été là. Honnêtement, je ne connais le score d’aucun de ces matchs ». Un témoignage édifiant qui n’est malheureusement pas rare dans un sport non épargné par les nombreuses commotions. Thompson poursuit : « J’aurais préféré juste avoir une vie normale. Je suis juste normal. Certaines personnes optent pour les grandes lumières, alors que je n'ai jamais voulu ça. Est-ce que je le referai? Non, je ne le ferai pas. Je ne m'en souviens plus. Je n'ai aucun sentiment à ce sujet. »
Des poursuites à l’encontre de World Rugby, ainsi que des Fédérations anglaise et galloise
L’ancien joueur aux 73 sélections avec le XV de la Rose ainsi que trois apparitions sous le maillot des Lions Britanniques et Irlandais, demande aujourd’hui des comptes à World Rugby ainsi qu’à sa fédération. A l’instar d’une centaine d’autres joueurs pour la plupart retraités, il envisage de poursuivre en justice l’instance du rugby mondial ainsi que les fédérations anglaise et galloise jugeant que ces dernières n’ont pas fait ce qui était en œuvre pour protéger les joueurs contre les commotions cérébrales. L’ancien troisième ligne anglais Michael Lipman a même déclaré au Daily Mail : « si je n’étais pas complètement KO, je jouais ».
Les joueurs et leurs avocats s’appuient sur une étude de l’université de Monfort, expliquant que les instances savaient les risques engendrés par ces chocs à répétition, la durée de reprise après une commotion étant même passée de trois semaines en 1977, à six jours en 2011. World Rugby quant à elle se défend, précisant à la BBC que la sécurité des joueurs reste l’une de ses préoccupations majeures : « Sans faire de commentaire sur les spéculations, World Rugby prend la sécurité des joueurs très au sérieux et met en œuvre des stratégies de prévention des blessures basées sur les dernières connaissances, recherches et preuves disponibles ». Même son de cloche chez les fédérations anglaise ou galloise qui si à l’heure actuelle n’ont pas été approchées pour des poursuites judiciaires prennent le sujet très au sérieux : « La RFU n’a eu aucune approche juridique à ce sujet. L’Union prend la sécurité des joueurs très au sérieux et met en œuvre des stratégies de prévention et de traitement de blessures basées sur les dernières recherches et preuves. L'Union a joué un rôle déterminant dans l'établissement de la surveillance des blessures, l'éducation et l'évaluation des commotions cérébrales, en collaborant à la recherche et en soutenant les changements de loi et l'application de la loi pour assurer une gestion proactive du bien-être des joueurs. » Affaire à suivre, mais qui n’a pas fini de faire couler beaucoup d’encre outre-Manche.
Guit333
Il y a plein de choses faire au niveau des règles du jeu pour le rendre moins dangereux et plus sympa à jouer/regarder. Quoiqu’on en dise, je trouve ça courageux de la part de ces joueurs qui ont quand même tutoyé le sommet mondial longtemps et n’ont pas peur de se mettre beaucoup de gens à dos. Le rugby d’aujourd’hui na rien à voir avec celui d’autrefois et les chocs sont quand même énormes.
lelinzhou
« Sans faire de commentaire sur les spéculations, World Rugby prend la sécurité des joueurs très au sérieux et met en œuvre des stratégies de prévention des blessures basées sur les dernières connaissances, recherches et preuves disponibles ».
Déclaration de la RFU un peu plus loin : " L’Union prend la sécurité des joueurs très au sérieux et met en œuvre des stratégies de prévention et de traitement de blessures basées sur les dernières recherches et preuves".
Toute ressemblance entre les deux communiqués ne pourrait être que le fruit du hasard...
Chez nous not' président Lapeste préfère parader chez TPMP qu'assister aux réunions sur la sécurité des joueurs
On évolue quand même un peu, on s'intéresse aux commotions, mais on reste très discret sur le dangers à long terme.
Faites vous même votre opinion et pour commencer, même si vous ne comprenez pas tout; les conclusions sont claires :
https://www.lequotidiendumedecin.fr/specialites/neurologie/lencephalopathie-traumatique-chronique-decrite-chez-36-athletes-decedes
https://www.lamedecinedusport.com/dossiers/complications-retardees-des-commotions-encephalopathie-chronique-post-traumatique-cte/
https://theconversation.com/rugby-un-risque-de-commotion-cerebrale-devenu-inacceptable-89409
http://thesesante.ups-tlse.fr/2875/
Et même Wiki : https://fr.wikipedia.org/wiki/Enc%C3%A9phalopathie_traumatique_chronique#:~:text=L'enc%C3%A9phalopathie%20traumatique%20chronique%20(ETC,pratique%20sportive%20prolong%C3%A9e%20%C3%A9maill%C3%A9e%20de
et bien plus si vous recherchez 'Encéphalopathie traumatique chronique" ou pour les anglophones "Traumatic chronic encephalopathy".
- Ben pitêt que si tu montes au créneau comme ça c'est que t'en tien une d'encéphalo machin ?
- Ben non, ou alors je m'en rends pas compte...
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lolodemillau
Tu es génial, même sur un article qui n'évoque à aucun moment le rugby Français ( bien que tous les rugby du monde sont concernés par ce fléau), tu arrives à en mettre une petite à Laporte, ça devient une obsession 😉
lelinzhou
Tu n'es peut-être pas au courant mais notre président qui sèche les réunions sur la sécurité des joueur pour se montrer chez Hanouna est aussi vice-président de WR et donc parfaitement concerné par cet article.
Ah bon ! Tu le savais avant de pondre ton commentaire ?
lelinzhou
TienS
Manu
Je me souviens surtout qu'en 2007, on lui avait fortement conseillé d'arrêter le rugby en raison de lésions aux cervicales. Il arrête alors, intégre l'encadrement de Brive avant de reprendre sa carrière de joueur dans ce même club quelques mois plus tard, contre toute attente.
Etait-il allé contre l'avis médical à l'époque ?
Rchyères
très lourd tribut payé à la réussite sportive . J'espère que les joueurs auront gain de cause
gjc
Dans la même interview Thompson dit aussi qu'il oublie parfois le prénom de sa compagne. A 42 ans ça fait froid dans le dos...
C'est surprenant ce procès aux fédés uniquement et pas aux clubs. Ca me fait penser qu'ils cherchent un changement des règles plutôt que du fric.
christobal
J’aimerais bien que la mienne oublie mon prénom de temps en temps .
allélégros
Oui ça fait vraiment froid dans le dos : une seule compagne à 42 ans....