''French Farce'', carton rouge : il y a 10 ans la presse dézinguait les Bleus après leur victoire en demi-finale
Sam Warburton avait été rapidement exclu pour un plaquage cathédrale.
Il y a 10 ans jour pour jour, la France battait le Pays de Galles pour accéder à la finale de la Coupe du Monde. Une performance décriée par la presse qui s'en était violemment pris aux hommes de Lièvremont.

Il y a 10 ans jour pour jour, l'équipe de France se hissait en finale de la Coupe du Monde en venant à bout du Pays de Galles, au terme d'une rencontre ô combien tendue. Rapide rappel des faits. Les Bleus parviennent à sortir miraculeusement des poules, malgré des défaites face à la Nouvelle-Zélande, et les Tonga. Cette dernière inquiète mais a le mérite de relancer les tricolores. Le XV de France s'impose en quart contre l'Angleterre et a donc rendez-vous face au Pays de Galles en demie. Ces derniers ont pris le meilleur sur l'Irlande pourtant invaincue, lors du tour précédent, et s'avance légèrement dans la peau du favori au vu des performances des deux nations tout au long du mondial.


Oui mais voilà, alors que les Gallois dominent le début de partie et mènent (3-0), cette demi-finale va basculer sur un fait de jeu. Nous jouons la 18ᵉ minute de la rencontre lorsque le jeune capitaine gallois de l'époque, Sam Warburton assène un plaquage ''cathédrale'' à Vincent Clerc. Carton rouge. À 14 contre 15, les joueurs du XV du Poireau vont faire mieux que résister. Malgré le sans-faute de Parra au pied, ils reviendront dans le matc sur un essai de Mike Phillips en seconde période. La transformation de Stephen Jones tape l'extérieur du poteau (9-8). Les Gallois maudits face aux perches, entre le drop manqué de Hook et une pénalité d'Halfpenny trop courte pour quelques centimètres, devront se contenter de la petite finale. Les Français sont donc en finale face aux All Blacks pour un affrontement qui sent la poudre. Car dans la presse, la performance des Bleus, largement dominés mais vainqueurs, est alors vivement critiquée.

La presse néo-zélandaise dézingue les Bleus 

Après la défaite, les Gallois pestaient contre l'arbitrage, notamment le sélectionneur Warren Gatland en conférence de presse dans des propos rapportés par Le Parisien : ''Pourquoi gâcher une demi-finale de Coupe du Monde avec un carton rouge ? [...] Nous ressentons simplement que le destin de ce match nous a été ôté avec ce carton rouge.'' Avant que Warburton ne poursuive : ''Je suis très déçu, mais il n'y avait pas de mauvaise intention de ma part''. Un carton rouge qui a fait comme vous le savez, couler beaucoup d'encres. De son côté Marc Lièvremont, alors sélectionneur des Bleus, déplorait que cette demi-finale fut déséquilibrée, les Gallois jouant en un de moins. En revanche, il acquiesce la décision de Monsieur Rolland, et ne conteste nullement le carton rouge : ''Vous avez vu le plaquage comme moi, un plaquage appuyé qui peut être extrêmement dangereux. À mon sens, il y a carton rouge.'' Les Gallois ont de leur côté reçu le soutien du Premier Ministre de l'époque, Carwyn Jones. Ce dernier déclarait qu'il s'agissait ''d'une mauvaise décision [...] Cela a gâché le jeu''. De son côté, l'arbitre de la rencontre, l'Irlandais Allain Rolland affirmait n'avoir aucun regret, dans des paroles reprises par Rugbyrama : ''Si j'avais à le refaire, je le referai. On ne peut juger que l'action et ce qu'a fait Warburton méritait le carton rouge parce que c'était dangereux. Je n'avais pas d'autres choix''. 

Pays de Galles - Sam Warburton intègre le staff du XV du PoireauPays de Galles - Sam Warburton intègre le staff du XV du PoireauEn revanche, la presse néo-zélandaise de son côté s'est montrée particulièrement virulente envers les Français au lendemain de son succès. Plus que le carton rouge, c'est surtout la performance des Bleus qui a fait enrager le peuple néo-zélandais. Sûrement inquiet à l'approche de la finale, surtout que l'on sait que le XV de France n'est jamais aussi dangereux que lorsqu'on ne l'attend pas. Le New Zeland Herald n'hésitait pas à parler de ''French Farce (farce française)'', ou de ''Team B (équipe b)'' après ce succès presque inespéré. Le journal néo-zélandais avait même adopté une politique anti-française qui en devenait presque grotesque. Jugez par vous-même : ''Un spectacle pathétique orchestré par des lavettes. Autrefois, la France était une nation du rugby puissante et fière qui illuminait le jeu pour la plus grande joie du public planétaire. Ils marquaient des essais du bout du monde, fascinaient ceux qui les regardaient et en guise d'explication, se contentaient tout en tirant sur leur Gauloise, d'un haussement d'épaules bien français. Et pour cela, nous les aimions. L'exubérance, la passion, l'intensité parfois frénétique, cet amour pur et simple du sport, c'était la joie de vivre du rugby français. Ils ne gagnaient pas toujours, ne marquaient pas forcément de beaux essais mais voyez-vous, leur jeu était tout à la fois : charme, séduction et amour. Et puis, il aura fallu cette demi-finale contre le Pays de Galles pour que l'histoire d'amour s'arrête brutalement.'' Avant de poursuivre, toujours avec autant de violence : ''Cette performance de poltrons est une disgrâce pour une équipe française''. Rien que ça. Mais ce n'est pas tout, le Sunday Herald avait également titré au lendemain de la victoire française : ''L'insulte finale''. Toujours dans l'excès, bien évidemment. 

Et pour conclure ce ''French Bashing'', comprenez cette propagande contre les Français, rien de mieux que notre bon vieil ami, le New Zeland Herald : ''Les All Blacks vont rencontrer une équipe de France pleine de défauts dimanche en finale [...] Les Français, oubliez la qualité ! '' Avant que le chroniqueur Peter Bills n'estime que les Bleus ''ont trahis l'héritage du rugby français'' face aux Gallois, jugeant leur performance à 15 contre 14 ''pathétique et faible''. Le Dominion Post, autre grand quotidien néo-zélandais allait même plus loin : ''Les Dindons. La France n'a aucune chance de remporter la Coupe du Monde''. Alors que l'ancien international anglais Stuart Barnes estimait lui aussi avoir vu lors de cette demie ''une équipe de France sans joie qui trahit son passé''. Ambiance. 

La France peu convaincue 

Vous l'aurez compris, les Français n'ont pas fait l'unanimité, et même au pays. Là où dans n'importe quel pays, on s'enthousiasmerait d'une finale de Coupe du Monde peu importe la manière, dans l'Hexagone on fait la fine bouche. Pour France 24, Didier Camberabero ne s'était pas montré tendre avec les protégés de Marc Lièvremont : ''Un hold-up, un hold-up, un hold-up ! La victoire française est lamentable car ce sont les Gallois qui ont fait le match : ils marquent un essai et manquent trois pénalités, un drop et la transformation, alors que les Bleus n'inscrivent que trois points en une mi-temps [...] On a joué avec la peur au ventre en se satisfaisant du minimum. C'est un drame pour le rugby car on arrive en finale en ne gagnant qu'un seul match d'importance contre les Anglais.'' Même son de cloche dans à peu près tous les journaux français.

VIDEO. Coupe du monde. Craig Joubert revient sur la finale 2011 : « J'aurais fait des choses différemment »VIDEO. Coupe du monde. Craig Joubert revient sur la finale 2011 : « J'aurais fait des choses différemment »Mais les coéquipiers de Thierry Dusautoir ont vite retourné l'opinion publique. Sûrement galvanisés par cet amas d'injures, ces derniers ont livré une finale pharaonique, pleine de bravoure. La défaite d'un point fut cette fois-ci cruelle, jugée imméritée. Et jamais les Néo-Zélandais ne se sont plaints de la performance médiocre de leurs protégés, le tout orchestré par un Craig Joubert très complaisant envers ces derniers. Mais qu'importe, ils étaient champions du monde 24 ans après, la France dans le costume du perdant magnifique.

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personne pour parler des décisions limites dans beaucoup de rucks où les gallois n'ont plus été arbitrés après leur rouge largement mérité?

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