Lucas Chouvet est un jeune ouvreur arrivé à Oyonnax la saison dernière. À 21 ans seulement, il est déjà passé par de nombreux clubs : Romans, Bourgoin-Jallieu, le LOU et le Racing 92. Le natif de Lyon revient sur ses années au Racing, son passage au pôle France et sa venue dans l'Ain.
Tu étais au pôle France lors de ta deuxième année au Racing, mais tu as refusé de l'intégrer l'année précédente, pourquoi ?
En fait, le Racing m'a proposé de m’entraîner avec les pros et de postuler pour jouer avec eux si je n'allais pas au pôle France. On m'a fait miroiter des choses quand je suis arrivé. Donc j'ai refusé Marcoussis la première année. Mais pour ma deuxième saison au Racing, le pôle France à ouvert une section pour les moins de 20 ans. C'était un format trois semaines en club et une semaine à Marcoussis, je l'ai intégré à ce moment-là.
Pourquoi as-tu quitté le Racing 92 ?
Parce que ça ne se passait pas forcément très bien là-bas. Après j'étais jeune, je n'avais pas le recul nécessaire et on va dire que je ne mettais pas les formes quand je voulais m'exprimer. Il y a eu pas mal de quiproquos, qui ont fait que je ne m'entendais pas très bien avec eux donc je ne pouvais pas rester.
Tu as débarqué dans l'Ain l'année dernière. Pourquoi avoir choisi Oyonnax ?
À la base, il me restait un an de contrat Espoir au Racing. Mais avant de signer là-bas, j'avais déjà été contacté par Johann (Johann Authier, manager de l'USO, nldr) pour venir à Oyo. J'étais resté en bons termes avec lui pendant mes deux années à Paris. On s'envoyait des messages de temps en temps. Du coup, l'année dernière, comme je n'en pouvais plus de rester à Paris, il m'a recontacté pour venir à Oyonnax. C'était pas facile car il me restait un an de contrat et le Racing ne voulait pas me libérer. Mais à force de négocier, ils m'ont laissé partir et j'ai débarqué à Oyo.
La saison dernière, l'USO n'a pas réussi à se maintenir mais tu es resté. Tu t'es dis que la Pro D2 c'était un passage obligatoire ?
Oui bien sûr. On va dire que j'ai fait une première fois l'erreur en signant au Racing : un gros club de Top 14. Quand tu arrives et que tu réussis plutôt bien en jeune, tu te dis que tu vas pouvoir jouer. Mais il y a tellement de moyens financiers qu'ils font venir des stars, notamment au poste de 10. Il faut donc passer par la Pro D2 pour acquérir de l'expérience et jouer, jouer, jouer. Une fois que tu as fait tes preuves, tu peux revenir dans des clubs comme ça. Mais chaque chose en son temps.
Parallèlement à la saison de Top 14 compliquée, tu as très souvent joué en Espoir et vous avez fait une magnifique saison (finale de poule 2). Qu'est-ce que tu retiens : l'aventure en espoir ou tes minutes en Top 14 ?
L'aventure en Espoir parce que j'ai intégré le groupe pro à plein temps qu'en janvier-février. En plus, je n'ai pas beaucoup joué. J'ai passé plus de temps avec les Espoirs. Au début d'année, on n'était pas les meilleurs sur le papier, mais on était une bonne bande de potes. À l'arrivée, tu joues un peu bêtement en finale, mais c'était bien.
Tu as donc pu jouer en Top 14 et en Pro D2 à seulement 21 ans. Qu'est-ce qui change vraiment entre les deux divisions ?
On va dire qu'en Top 14, même si je n'ai pas beaucoup joué, le jeu est plus fluide et il y a beaucoup plus de vitesse. En Pro D2 les rucks sont bien plus contestés et il y a plus de duels physiques. Il ne faut pas croire que, quand tu viens de Top 14, la vie va être belle. Il faut jouer comme des chiens.
Tu as eu la chance de porter le maillot de l'équipe de France à plusieurs reprises chez les jeunes, est-ce que se sont tes meilleurs souvenirs rugby ?
Les meilleurs je ne sais pas, mais c'est vrai que c'est vraiment des bons moments. Ça permet de couper avec l'environnement du club. On revoit ensuite les copains de l'équipe de France sur les terrains du championnat et ça c'est sympa.
Au Racing tu t'entrainais avec les pros, notamment Sexton à ton poste, O'Gara en entraineur. Aujourd'hui c'est Carter au Racing. C'est qui ton modèle à ton poste ?
Mon modèle c'est plutôt Danny Cipriani ou Beauden Barrett. Je suis plus joueur que stratège on va dire. Je préfère la fougue aux choses planifiées, même si je sais que c'est très important.
Normalement quand on joue en pro, on est souvent bizuté avec une jolie coupe de cheveux. Toi non, les cheveux c'est sacré ?
Ah ouais trop important. Mon premier match était à Brive, on avait perdu et ils avaient oublié de prendre la tondeuse. Mais ils ont utilisé les ciseaux pour me faire une coupe un peu plus courte. Je les remercie d'ailleurs, je trouve que ça me va bien mieux. Mais pas chauve heureusement, c'est interdit !
A Charles-Mathon, on a déjà entendu un « Johnny Cavani » venu des tribunes avant que tu buttes, qu'est-ce que t'en penses ? C'est sympa non ?
Cavani ça me va bien, c'est un de mes joueurs préférés, même s'il croque pas mal d'occasions. Je suis supporter de l'OM, mais lui c'est pas un vrai Parisien. Après le « Johnny » c'est sûrement pour ma position particulière avant de buter.
Justement, d'où vient cette routine avant de taper ?
Quand j'étais au Racing, j'avais mis en place des routines mentales pour m'améliorer parce que je n'étais pas forcément très bon. Un jour, ça m'est venu à l'idée de faire comme ça et c'était plutôt une réussite donc c'est resté. Après ça se passe vraiment dans la tête, c'est de la superstition.
La question qui « dérange » pour finir : as-tu arrêté les paris sportifs ?
(rires) Là j'ai pas eu le choix c'est sûr. Quand je suis arrivé à Oyo et que cette « affaire » est sortie, je me suis dis que j'allais passer pour une bille. Mais je me suis rangé aujourd'hui (rires).Top 14 / Pro D2. Pari sportif : quatre joueurs convoqués par la commission de discipline
mimi12
Il a tout a fait raison ! Souvent on s'imagine que la PRO D2 est un championnat " facile" mais c'est la "guerre" tous les week-ends de matchs ! (On l'a vu avec le début de saison des deux surprenants promus Soyaux Angoulême et Vannes !
cahues
Super interview.Belle franchise de Lucas Chouvet sur les exigences du rugby pro.