Seulement, ce n'est pas tout. Parce que de rugbywomen à sapeur-pompier, il n'y a qu'un pas. Et qu'Audrey l'a franchi, conjuguant ses deux métiers. Ses deux passions. Elle revient sur son parcours :
Salut Audrey, peux-tu nous raconter tes débuts avec un ballon ovale ?
Le rugby est arrivé tard dans ma carrière sportive. À la fin du lycée, on décide avec des copines du judo de pouvoir jouer ensemble dans une équipe : le Rugby Club Jacou Montpellier Nord. Nous voilà en 2005 sur le pré, avec des drôles de chaussures à pointes, un ballon tordu et un bout de caoutchouc entre les dents. En fin de saison, on soulèvera une planche de bois… La fée de l’ovalie a frappé ! A l’issue de cette finale, le sélectionneur du XV féminin me demande si je souhaite faire une sélection. Je lui répond que je n’ai pas envie de repartir dans le haut niveau car je souhaite par-dessus tout assouvir ma vocation, devenir sapeur-pompier professionnel. L’année qui suit, j’ai donc mis en stand-by le rugby pour passer mon concours SPP. Après son obtention, j’ai repris le rugby à Jacou en 2007.
C'est alors que l'appel du Seven se fait plus fort.
2008, c'est l’année charnière. Poussée par mes partenaires de club, je décide de répondre présente à la convocation de la sélection du rugby à 7. J'étais intriguée par les on-dit : « Le seven, c’est fun ». Sélection réussie. On part au tournoi de Dubaï en 2008 avec une équipe de France complètement renouvelée. Des jeunes joueuses avec peu d’expérience au rugby à 7, insouciantes, pour jouer à cette discipline qui te donne le tournis. On n'avait pas le rugby mais on avait tout le reste : l’engagement sans limite, la fierté, l’ignorance, et l’envie de vivre cette grande fête du rugby qu’est le 7. C’était juste magique ! On gagne le tournoi avec La Marseillaise des supporters français dans les tribunes. On repart abasourdies, des images plein la tête. J'étais devenue addict !
Il te faut alors trouver l'équilibre entre ton métier de Sapeur-Pompier et le sport de haut niveau, jusqu'à cette qualif' pour les JO.
De 2008 à 2014, je jongle entre ma vie professionnelle de SPP à Montpellier, mon club de rugby à XV le MHR où j’évolue au poste de 3ème-ligne aile, et mes sélections nationales à 7 où je joue 1ère ligne. Le travail paie : en 2014, la FFR propose des contrats semi-professionnels en vue des JO 2016. Je décide de monter dans la capitale... comme un indien dans la ville ! (Rires). Pas si facile de vivre ses rêves… J'étais loin de mon entourage, ma maison, mes copains de caserne, de ma vocation et du soleil de Montpellier ! Il y a eu des blessures, des doutes parfois, individuels comme collectifs. Le chemin a été long pour la qualification. On y a cru toute l’année, et la déception a été énorme quand on a perdu la 4ème place du classement mondial, qualificative pour les JO. On a dû se remobiliser très vite pour pouvoir gagner les championnats d’Europe et décrocher la qualification. Cela nous a fait grandir.VIDEO. France 7 féminines remporte le championnat d'Europe et se qualifie pour les Jeux Olympiques La suite p. 2
Comment cette année va-t-elle s'organiser pour toi ?
La préparation va être encore plus intense. Dans notre planning, il y a plus de stages, plus de tournois d’échange, en plus des tournois du circuit mondial. De mon côté, j’ai déjà planifié mes gardes SPP pour Noël. Les vacances, ce sera pour septembre 2016 ! C’est une vie à 1000Km/h, en allant faire mes gardes SPP quand je suis en congé à la FFR. C’est l’exigence du haut niveau et de ce sport ou les hyperactifs sont les meilleurs. L’année dernière, je n’ai pas su tout gérer, comme les allers-retours dans mon club. J’ai donc signé en septembre au Stade Français, par commodité et sympathie, même si la saison à 7 me permettra de ne faire que quelques matchs à XV.
Les JO, tu y penses tous les jours ? Vous avez déjà déterminé l'objectif ?
C'est en août 2016 mais je n’y pense pas tout le temps. Ça se joue sur trois jours. Y participer avec l’équipe serait juste la cerise sur le gâteau, d’une préparation sportive exceptionnelle et d’une magnifique aventure humaine. Concernant l’objectif des JO, pourquoi pas la France championne olympique ?
Enfin, terminons avec plus de légèreté : si un jeune joueuse te lit et rêve de disputer les JO, tu lui dirais quoi ? Et si tu avais une baguette magique te permettant d'améliorer quelque chose dans le rugby féminin, tu ferais quoi ?
Je lui dirais de vivre sans regret, mais que le rugby ne reste qu’un jeu ! Et si j’avais ta fameuse baguette magique, je ferais en sorte que les filles du Stade Français ne jouent plus en rose ! (Sourire)
Pour le rose, il faudra peut-être oublier. Mais une chose est sûre : son entraîneur au Stade Français (Fédérale), Olivier Carreiras, est conquis : "Je ne vais pas trop en dire car je risque d'être très lourd en compliments ! C'est une super fille, très simple et déjà super bien intégrée. Une belle personne. Quand elle a signé, elle a été clair : son objectif c'est Rio. Mais à chaque fois qu'elle le peut, elle est avec nous, elle apporte sans jamais s'imposer. Sur le terrain, c'est une pure combattante, un soldat. Je suis content de la compter dans l'effectif".
La suite, c'est quoi ? En attendant les Jeux Olympiques, il y a ce premier tournoi à disputer du côté de Dubaï (3/4 décembre). Audrey est de l'aventure.
#France7Féminines Découvrez la liste des joueuses retenues pour le Tournoi de @Dubai7s! #soutiensle7 pic.twitter.com/ckL0W9xTPW
— FF Rugby (@FFRugby) 17 Novembre 2015
Cap200
Bien joué!