Les Carabins de Toulouse ont été fondés en 1987 et depuis des générations hétéroclites de petit gros, grand maigres, intellos à lunettes continuent de perdurer cette histoire. Le Championnat de France Universitaire était composé jusqu'à l'an dernier de 3 niveaux : Élite 1, Élite 2, Ovale U. Cette année, les 2 championnats Élite ont fusionné, faute d'équipes inscrites et c’est dans le championnat de 2e division que nous avons remporté le bouclier. Par le passé, l’Université Paul Sabatier (UPS) avait une équipe en Élite 1 donc nous ne pouvions avoir une autre équipe en championnat de France, l'an dernier nous avons réussit à avoir une dérogation comme Paul Sabatier devait fusionner avec les autres écoles et fac de Toulouse pour faire une sélection par ville comme cela est le cas à Bordeaux, Paris, etc.
Au final, l’an passé, les autres équipes du championnat Élite 1 ont déclaré forfait général pour protester contre cette fusion. Ce qui nous a permis de récupérer à 100% les crédits votés par Paul Sabatier pour nous payer l'hôtel et bus. Pour l'Élite, il y a 5 dates : 2 matchs de poules puis 1/4, 1/2 et finale. Nous, l'ovale U (2e division), on se retrouve avec des plateaux de 3 ou 4 matchs à la fois. C’est une des raisons de notre envie de monter en Élite. Nous avons joué la demi-finale à Montpellier et le plateau finale à Montluçon. Jeudi 30 juin, l’Association des Carabins Toulousains pour le Rugby a décroché son 1er titre de Champion de France Universitaire. On pourrait presque dire qu'on est la meilleure équipe universitaire de France. Merci l'Élite 1 ! Mais je vais vous raconter cette belle histoire…
Le tournoi
Nous avons échoué l’an passé contre Lyon III 12 à 7 sur l’ultime marche, et faire mieux nous tenait à cœur. Après être sortis de poule, nous éliminons en ¼ de finale la vaillante équipe de Paris 7, puis vient le match piège de ces phases finales : la ½ finale contre ESCP Europe… La survie des médecins menés 14/0 à 3 minutes de la fin et en infériorité numérique ne tenait qu’à un fil… L'équipe a dû se montrer plus soudée que jamais, et pour cela, puiser dans les apports de leur stage de cohésion en mars dernier à Budapest… où le fruit du hasard vue l’ensemble des 50 membres de l’équipe se retrouver au tour d’une table et d'un canapé à Budapest. Je m’arrête ici. Tout ce qui se passe à Budapest reste sur le Rugbynistère. Ce supplément d’âme leur permit de s’imposer 17/14. Ce choc des cultures a vu des étudiants en école de commerce BCBG, au brushing impeccable, bien rasés et avec de magnifiques chaussures bateau, s’incliner devant le jeu latin proposé par notre bande de gueux toulousains, venus du fin fond de Nîmes, Narbonne, Albi, Pau, St Lary… Et même d’Andorre pour notre Président Guillem Blanc ! Enfin, en finale, nous sommes venus à bout de l’INSA Lyon qui ne démérita pas.
Cigares Champagne et Bouclier : les futurs médecins prêts à marcher dans les pas de leur modèle Serge Simon !
L'an dernier, nous avons perdu en finale contre Lyon donc nous avions le choix de monter en Élite ou de retenter notre chance en Ovale U. Albert Cigagna et Olivier Baragnon nous ont conseillés de rester en Ovale U et de le gagner comme nous sommes les seuls représentants Toulousains en Championnat de France Universitaire. Là, en étant champion, sauf s'il y a des modifications de championnat, nous évoluerons en Élite où nous serions le petit poucet au milieu des sélections de ville.
La promesse
On ne l'explique pas. Mais il y a 2 ans, le 4 mars 2017, nous avions organisé les 30 ans de l'équipe. Depuis, on a créé une vraie dynamique avec nos anciens qui sont pour certains aux 4 coins de la France médecins, professeurs, chefs de services mais qui ont pris un plaisir fou à se retrouver. Depuis nous organisons plusieurs événements intergénérationel où l'on se sent porté par ces mecs... En résumé, on n'est pas de grands joueurs, on a certes un niveau de merde, mais il y a quelque chose de sympa. Un peu cet état esprit de clocher ou de génération cadet, quand avec tes potes tu es insouciant et que tu ne prends pas 1€ dans ta besace. Mais t'es heureux. Ce qui manque au monde professionnel.
Vincent Tofani, fut l'un des étudiants qui lors de la saison 1987/88 créa l'Association des Carabins Toulousains pour le Rugby : une équipe de rugby de la faculté de médecine qui défend aujourd'hui encore les couleurs carabines sur les terrains. Fort en gueule, il joua pilier plus de 20 ans sans jamais abandonner le combat. Malheureusement, il nous quitta, prit par la maladie le 23 décembre dernier. Nous avons souhaité être présents à son dernier hommage lors de sa sépulture, où nous avons pris l'engagement vis-à-vis des anciens, de tout gagner pour lui cette année ! C’est ainsi, qu’à l’issue d’une campagne de France maîtrisée en ayant été invaincus, nous avons honoré la promesse qu’on s’était faite en décembre dernier de ramener le bouclier pour honorer la mémoire de Vincent Tofani, un fondateur de l’équipe décédé à seulement 50 ans…
Vincent Tofani, ici en mitaines en bas à droite.
L’homme du match
Très dur de choisir tant Andy Goode a mis la barre haute. Mais jamais assez haute pour des perchistes comme cette équipe. Nous hésitons entre Antoine Noguero, qui seulement quelques heures après le coup d’envoi devait s’envoler pour un projet humanitaire au Laos. Par solidarité avec ses coéquipiers, il a décidé qu’il n’enlèverait son maillot, son strap et ses crampons qu’une fois arriver à destination. Belle idée, les passagers du vol AF1787 ont sûrement dû apprécier ce doux mélange de sueur, dolpic, bière et cigare. L’autre « man of the match » est notre treiziste Léo Mathieu, qui suite à un coup au poignet en début de tournoi, a décidé de le strapper pour finir avec nous. Un vrai soldat. Résultat ? Fracture du scaphoïde et opération. Le comble pour un étudiant en médecine. Je vous laisse choisir qui mérite le statut.
Antoine Noguero, l'Andy Goode de la médecine toulousaine.
La boum
La 3e mi-temps fut grandiose… Champagne et cigares dans les vestiaires suivi de 6h de bus retour, entre chants forgés par nos longues années étudiantes en médecine : Nadau, Joe Dassin et un petit passage par "les fêtes de Mauleon". Les meilleures pour peaufiner notre répertoire lyrique et nos souvenirs. Et au passage une Marseillaise ! Nous sommes descendus du bus Allées Paul Feuga à Toulouse. Hasard ou la chance, devant un pub de la ville rose. Tous vêtus de chemises et cravates à l'anglaise, accueillis par nos milliers... Non. Centaines.. Non. Dizaines de supporters ! La soirée s’est allongée pour les plus courageux avec quelques heures supplémentaires bien payés par des huîtres au petit matin. Une 3e mi-temps simple, basique dans la ville rose.
Paulo Quenelle
Belle équipe et bel esprit. Chapeau bas, les gars ! Ça fait chaud au cœur, des articles comme ça.
Petite pensée pour les voisins d'Antoine dans l'avion. 10/12 heures de vol à côté d'un type qui sent le poney : j'espère qu'ils avaient de l'humour. Ou une anosmie.
lelinzhou
Sympa l'article, mais ça ramène bien des choses à la surface...
Je ne sais pas (j'en doute) si c'est toujours le cas, mais à l'époque de ma toulousaine jeunesse, si tu savais lire et écrire et que tu touchais ta bille au rruby, tu pouvais être médecin ou pharmacien les doigts dans le nez grâce à quelques patrons portés sur l'ovale et fanas du TUC. Et si en plus t'avais des doigts de fée, dentiste sans effort...
Garou-gorille
"La bande de gueux toulousains" : des Carabins debout !