LA ROCHELLE. Personne n'en parle, mais : et si Kévin Gourdon retrouvait les Bleus cet été ?
Gourdon au milieu de la 3ème ligne française ? Ça se tient...
Fort de sa saison majuscule, pourquoi Kévin Gourdon ne retrouvait pas les Bleus en Australie cet été ? Après tout, 31 ans n'est pas non plus synonyme de fin.

Ce gars-là est un phénix. Un ovni, au milieu d'un rugby pro' ne laissant que peu de place aux gabarits "humains" et au détachement de la balle ovale. Passé par une descente aux enfers sportive entre 2018 et 2020, Kévin Gourdon est finalement rené de ses cendres pour redevenir le cadre du Stade Rochelais qu'il était autrefois. Car si "la Gourde" nous impressionne à nouveau tous aujourd'hui par sa vitesse, son sens du placement et sa technique individuelle, il ne faut pas oublier qu'on parle là d'un garçon autrefois révélation (tardive) du XV de France, même nommé international de l'année 2017 lors de la célèbre Nuit du Rugby et pourtant absent des radars pendant plus de 2 ans. Entre 2016 et 2018, l'ancien clermontois enchaîne 19 capes avec brio, souvent, devient même l'un des hommes de base de l'ère Guy Novès aux côtés de Louis Picamoles en troisième ligne, le manager toulousain appréciant énormément sa faculté à trouver des intervalles et assurer la continuité du jeu derrière lui. 

STATISTIQUES. Emmenée par un très bon Kévin Gourdon, La Rochelle vise la demieSTATISTIQUES. Emmenée par un très bon Kévin Gourdon, La Rochelle vise la demie

Et puis patatras. La fin en eau de boudin de celui qui l'avait lancé et l'arrivée de Jacques Brunel sonneront le glas de sa période dorée au plus haut niveau. Pas parce que papi était un tyran, loin de là, mais parce que Gourdon en eut sa claque. Marre physiquement, marre mentalement ; marre d'être dicté par son travail qui plus est alors que les résultats en Bleu n'étaient jamais là. Avec son franc-parler habituel, il n’hésitait d'ailleurs pas à mettre alors des mots sur son spleen : "Un ras-le-bol du rugby", expliquait-il dans les colonnes de Sud-Ouest à l'époque. "C’était juste une lassitude de mon travail. J’étais nul parce que je n’avais plus de convictions. Le rugby, ça reste un travail. (...) Il ne faut pas croire que tout est beau dans notre monde. Nos corps sont usés. Il y a plein de choses qui me dérangent dans le rugby…" Avant d'aller plus loin pour le Midi Olympique, une fois la crise passée.

 

Au début, c’est vraiment une passion. Après, ça devient un travail. Avec l’âge, on a des responsabilités, plein de choses derrière. Beaucoup de gens ne voient que l’aspect positif : le salaire, la notoriété… On vit de notre passion mais ils ne se rendent absolument pas compte de tout ce qu’il y a derrière. Notamment vis-à-vis de nos familles. Ma femme fait un boulot de dingue qui me permet d’être performant dans mon travail. (...) Ça fait des années que je suis dedans donc je sais m’adapter, mais ce n’est pas facile tous les jours." 

Retour au premier plan

Au bout, du bout, donc, en plus d'avoir connu une dernière en Bleu douloureuse en juin 2018, le troisième ligne traînait sa peine à La Rochelle également, où il perdit sa place de titulaire. Deux nouvelles saisons galère suivirent, avant de retrouver vraiment la foi, probablement grâce à la longue coupure "Covid". "Beaucoup de personnes pensaient que je faisais une dépression et ne comprenaient pas forcément ce qu’il y avait derrière. Mais c’était juste une lassitude de mon travail. J’étais nul parce que je n’avais plus de convictions. Le rugby, ça reste un travail. J’ai réussi à passer cette phase-là. Elle est passée comme elle est venue, bizarrement."

Résultat ? Gourdon a rattaqué cette saison 2020/2021 avec le même entrain qu'à ses débuts en Top 14. Naturellement, lorsque la tête va et que le corps aussi, les sensations reviennent toute seules. Ainsi, à 31 ans, l'Ardéchois a retrouvé son meilleur niveau depuis et réalise probablement l'une des meilleures de sa carrière. 17 titularisations en 22 matchs avec La Rochelle, un suivi permanent et une pleine confiance accordés par Ronan O'Gara, seul avant parmi le Top 25 des joueurs cassant le plus de plaquages en Top 14 et bien sûr, cette émulation créée par la dynamique incroyable du Stade Rochelais cette saison. En 8ème de finale de Champions Cup, il était d'ailleurs élu homme du match après avoir parcouru 101 mètres, réalisé 3 franchissements et battu 5 défenseurs contre Gloucester. Ce à quoi l'on peut également ajouter son essai tout fait offert à Leyds après un rush de près de 50 mètres. Géant. 

Et pourquoi pas l'EDF ?

Que l'on soit clair avant de conclure, aussi bon soit-il, Gourdon n'a jamais été et ne sera jamais ce monstre de puissance que peut-être Grégory Alldritt au même poste par exemple. Il le sait et c'est d'ailleurs ce qui lui coûta sa place dans le XV de départ rochelais en demie de Coupe d'Europe face au Leinster, Jono Gibbes ayant fait le choix de densifier son pack avec Wiaan Liebenberg pour contrer l'imposant 8 de devant irlandais. La domination maritime ne prit pourtant ostensiblement effet que lors de l'entrée du garçon formé à La Voulte, où son punch et ses skills mirent vraiment à mal les Dublinois. Face à un paquet bien plus mobile qu'est celui du Stade Toulousain, nul doute que Gourdon retrouvera donc sa place aux côtés d'Alldritt et Vito ce samedi à Twickenham, en finale de Champions Cup. Est-il stressé par le match qui pourrait définitivement marquer d'une pierre blanche son retour au premier plan en cas de réussite ? Du Gourdon dans le texte : "Il n'y a que mes enfants qui m'empêchent de dormir, pas une finale", plaisantait-il en conférence de presse cette semaine. Avant de pourquoi pas retrouver les Bleus, 3 ans après les avoir quittés ? Le principal intéressé ne cracherait en tout cas probablement pas dessus.

C’était génial, même si on ne gagnait pas. C’était un accomplissement personnel, une fierté. Parce que c'était l'aboutissement de tout mon travail et que c'est la consécration de jouer pour son pays (...) Alors j’essaie d’être le meilleur possible pour y retourner un jour. (...) La Coupe du monde 2023, c'est encore loin. J'essaie de bien travailler avec le Stade Rochelais pour, pourquoi pas, casser la ligne. On ne sait jamais sur un malentendu..." - Gourdon, pour France Bleu.

Cet été en Australie, après une saison harassante pour les internationaux notamment, certains auront probablement besoin de souffler. On pense notamment au capitaine Charles Ollivon, qui a énormément donné cette année. Et puis, derrière François Cros lors de sa blessure à l'automne dernier, personne ne s'est réellement imposé. Les prétendants sont certes légion entre les Jelonch, Cretin, Woki ou Macalou, mais Gourdon possède un sens du jeu que les autres n'ont pas. Au milieu d'une équipe bâtie pour l'attaque, on jurerait que "la Gourde" a tout pour jouer les trouble-fêtes en face aux Wallabies. Au milieu d'une équipe aussi jeune, difficile aussi pour Galthié de cracher sur les 31 ans du Rochelais, surtout si le Grand Charles venait à manquer... 

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  • to7
    16852 points
  • il y a 3 ans

c'est sans doute pas l'avenir mais ça ferait vraiment plaisir de le revoir en bleu, surtout qu'il pourrait se faire plaisir et nous faire plaisir avec une équipe qui gagne et où il ne serait pas tout seul à produire du jeu

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