L'Amérique du Sud, ce continent qui veut développer son rugby - Loin des Bleus, près du cœur #16
Durant l'été, le Rugbynistère vous propose une série d’articles mettant en avant l’influence sportive du rugby français à l’étranger. (David Ramos - World Rugby)
L'Amérique du Sud cherche à se développer rugbystiquement et veut profiter des occasions qui s'offrent à elle, dont les lumières du Top 14 font partie.

En 2020, une conjoncture particulière a bouleversé le rugby américain. Avec l’échec d'Agustín Pichot dans l’élection à la présidence de World Rugby et la crise du COVID-19, les routes des deux sous-continents, nord et sud, se sont scindées. En Amérique latine, le rugby essaye de se développer indépendamment, sans compter sur les institutions extérieures.

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Pour cause, Agustín Pichot avait dédié sa retraite sportive au développement du rugby dans la région. Pour agir localement, il est devenu président de l’Americas Rugby Championship, une compétition calquée sur le modèle du Tournoi des VI Nations. Ensuite, il tente de prendre place sur l’échiquier politique du rugby mondial, en se présentant à la présidence de World Rugby. Cette candidature porte beaucoup d’espoirs, localement.

Cependant, le Canada et Rugby Americas North ont pris le parti de l’adversaire d’Agustín Pichot, l’Anglais Bill Beaumont. Ce dernier a remporté l’élection d’une courte tête, sur le score de 28 à 24, et est actuellement toujours en place. Depuis, l'Amérique du Sud se développe de son côté avec une méthode qui semble porter ses fruits et où la France représente souvent un Eldorado.

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« Bien évidemment, l’Argentine est au cœur des décisions en Amérique du Sud. Cependant, et contrairement à d’autres régions, le pays a fait le pari d’aider activement au développement de ses voisins, surtout ces dernières années. En plus de rencontres plus régulières entre l’équipe première de l’Argentine et les autres nations du sous-continent, le développement du Súper Rugby Américas permet d’améliorer le niveau global des pays qui proposent une franchise. Par exemple, la franchise paraguayenne du Yacare XV ne comptait presque que des Argentins à sa création. Aujourd’hui, une majorité des joueurs proviennent du pays. De la même manière, l’apparition de la franchise de Selknam au Chili amène l’équipe nationale à sa première qualification en Coupe du monde. » - Paul Tait, journaliste et cofondateur d'Americas Rugby News.

Le Top 14, un Graal latin

Cette mise en valeur des talents du continent est en marche depuis quelques années et touche déjà le Top 14. « D’autres nations sud-américaines ont vu leurs joueurs prendre une autre dimension en France. On peut penser à l’Uruguay avec Rodrigo Capó Ortega ou Santiago Arata, par exemple », rappelle Paul Tait. Preuve en est, après une Coupe du monde remarquée, le talonneur chilien Diego Escobar (23 ans) a d’ores et déjà signé avec le Racing 92, qu’il rejoindra à l’été 2024.

Dans ce microcosme novateur, les nations se développent à leur rythme. Face à cela, les Français tiennent une place particulière, où leur qualité de « latins » en font des partenaires privilégiés. « On a ce tempérament qui colle bien à certains pays. En tant que Français, on n'est pas décontenancé face à des profils différents, quand ils sortent du cadre. On ne cherche pas à enfermer les joueurs créatifs », confiait Patrice Lagisquet, en rapport à son expérience acquise au Biarritz Olympique.

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Au Mexique, Terry Bouhraoua a tenté un nouveau challenge après avoir pris sa retraite de joueur professionnel de rugby à XV et à VII. Désormais, le recordman de points et d’essais de l’équipe de France de rugby à 7 s’occupe du développement de cette même discipline dans le pays. Arrivé en Amérique latine en avril 2023, il affirme avoir rapidement pris ses marques. Lors des entraînements, « tout se faisait plus rapidement et naturellement ». Il confirme ressentir des automatismes grâce à « une culture latine, où on se dit les choses et on discute. »

L’ancien capitaine de France 7 confie aussi que « le rugby à XV n’est pas une priorité en Amérique du Nord », même s’il a un peu plus d’importance aux États-Unis et au Canada. « Ici, tout le monde fait un peu son affaire de son côté. Il y a les USA et le Canada, puis les autres. Je ne veux pas faire de la politique. Notre ressenti, depuis le bord du terrain, c’est qu’on est un peu là pour faire le nombre », déclare-t-il au sujet de la place qu’occupent les pays des Antilles et d’Amérique centrale auprès de la confédération nord-américaine. De quoi pousser certaines nations américaines à suivre le pas de leurs voisins du sud prochainement ?

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Alors que le rugby français prend quelques vacances bien méritées, le Rugbynistère vous propose de faire un tour du monde. Au travers d’une série d’articles, baptisés “Loin des Bleus, près du cœur”, il est l’occasion de voir les relations et de constater l’influence sportive que peut avoir le rugby français à l’étranger. Durant l’été, découvrez un croquis de cette empreinte rugbystique qui s’étend du Japon au Brésil, en passant par bien d’autres pays
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Merci pour ces articles qui permettent de nous decentrer de notre nombrilisme top14ien.

D'ailleurs le NPC NZ vient de reprendre, d'habitude C+ retransmet 1 match par semaine mais je ne vois rien cette année. Heureusement il y a de longs resumés sur le site de la competition. C'est interessant de voir que pour certains matchs le public est très present (par ex. le match de la J1 entre Southland et Otago, derby du Sud).

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