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L'AS Monaco, un club comme les autres perché sur un rocher
Les joueurs de l'AS Monaco sous les ordres d'une figure du rugby italie : Luciano Orquera.
Le XV de France vient de terminer son stage de préparation à la Coupe du monde à Monaco, terre où le football est roi. Nous voulions en savoir un peu plus sur le rugby en Principauté.

Le Rugbynistere est allé à la rencontre des acteurs de l’AS Monaco, le club, pas la sélection, qui avec beaucoup d’énergie et après de nombreuses batailles essaye de se faire une place sur la carte de l’ovalie. Qui de mieux que Thomas Riqué, président de l’AS Monaco Rugby, pour nous faire découvrir ce qu’est le rugby sur un rocher ? Joueur du club depuis la renaissance, il a pris la direction de cette jeune institution, "pour continuer à faire le job". Originaire de Narbonne où il a fait ses armes au Racing, il a atterri à Monaco comme médecin urgentiste après ses études toulousaines. 

Tout est reparti il y a 9 ans maintenant, autour de quelques passionnés qui avec beaucoup d’enthousiasme ont repris le combat. "Nous n’avions rien, si ce n’est la passion", se souviennent les présidents successifs Aldo Belmonte et Mathieu Louppe. Les joueurs s’entrainaient sur un parking le mardi et sur un terrain synthétique de football le jeudi. Les matchs se jouaient à Cannes, nous faisions des kilomètres pour jouer des matchs de 4e série où ce n’était pas du grand rugby, je vous assure. 

Thomas Guilleray, le coach de l’époque, a pourtant construit rapidement un groupe de compétiteur avec une identité forte et une soif de victoire. Il n’est pas difficile de se construire un état d’esprit quand vous êtes de Monaco, vous ne laissez pas les gens indifférents à commencer par les adversaires qui ont souvent une image erronée du club de la Principauté. Vous savez le rugby, c’est le même partout, les mêmes visages, les mêmes personnalités, les mêmes joueurs qui viennent d’horizons multiples, les mêmes combats avec ses rires et ses larmes, les mêmes bringues au fond du bus.

Les joueurs de la réserve en compagnie de leur bouclier. (crédit photo : AS Monaco Rugby)

Se construire

Beaucoup de personnes ont pensé que cela serait facile, mais il a fallu travailler, saisir les opportunités et se faire une place. D’autant plus que les chantiers étaient multiples. Il était hors de question de construire seulement autour de l’équipe première. Dès le début, l’école de rugby et la formation furent la priorité de la direction du club. Nous avions conscience que seule l’équipe fanion pouvait faire accéder toute la structure "club" au niveau Fédéral, mais cela ne pouvait être envisageable et n’avait du sens que si toutes les fondations étaient présentes et solides.

L’école de rugby s’entraînait à gauche, les jeunes à droite, les seniors en haut, les passionnés se buvaient une bière en bas. Aucun n’était ensemble. C’est compliqué de faire grandir un projet quand les membres de votre propre association ne peuvent pas se croiser, partager, échanger. Avec les enfants ça va toujours, alors nous avons construit petit à petit. D’abord par le plaisir, l’aventure humaine, les tournées, les voyages, les stages, le partage, les copains. Puis sont venus la compétition, l’exigence, les victoires, le respect. Les premiers juniors ont intégré l’équipe première seulement l’année dernière et c’est la plus belle de nos victoires de voir des enfants formés à Monaco, attachés à l’identité du club et qui défendent avec fierté les couleurs de leur équipe de cœur.

En parallèle, l’équipe fanion a gravi un à un les échelons jusqu’à la division honneur. On ne nous a rien donné, nous n’avons pas eu de "WildCard", il a fallu ferrailler au fin fond du Var, en Corse et ailleurs pour gagner le droit de grimper dans la hiérarchie. Au début, nous ne savions pas trop à quoi s’attendre par rapport au projet de jeu que nous avons proposé aux joueurs, mais de fil en aiguille, ils ont intégré les schémas, le plaisir, la confiance et le talent de ces joueurs nous a permis de devenir une force collective qui nous donnera pleine satisfaction en finissant largement en tête de sa poule. Cette performance a donné beaucoup de plaisir aux nombreux supporters présent dans les tribunes. Des matchs mémorables, des souvenirs épiques, des retours de bus anthologiques, mais aussi des entraînements à 10 en plein hiver, des défaites cruelles, des retours de Corses compliqués... Rien de nouveau, tous les rugbymen connaissent cela, c’est le quotidien du monde amateur.

La jeunesse, priorité du club de la Principauté. (crédit photo : AS Monaco Rugby)

Le stage du XV de France

La venue du XV de France en stage pré-coupe du monde est un exemple frappant de ce dont est capable la Principauté. En effet suite au passage, lors d’une soirée partenaire début janvier, de Jacques Brunel (ami de Vincent Romulus) et de Nicolas Jeanjean (avec qui j’ai été champion de France avec la sélection du Languedoc, pour l’anecdote) est venue l’idée de réaliser leur stage à Monaco. Ils nous ont fait part de leur intérêt et tout a mûri progressivement et suite à la visite de plusieurs infrastructures, l’intérêt fut officialisé. Plus tard, Lionel Rossigneux, manager du XV de France est venu visiter les infrastructures avec l’hôtel puis le stade Louis II.

Nous avons cette chance à Monaco d’avoir deux entités complémentaires : la Fédération et le club.

La capacité des différents acteurs de la Principauté (le Palais Princier, le Gouvernement, la Fédération Monégasque de Rugby, l’AS Monaco Rugby) à pouvoir, en très peu de temps, répondre à l’exigence d’un stage préparatoire à une coupe du monde (infrastructures de haute qualité, logistique, proximité des lieux, prises en charge médicale tout cela dans un cadre idyllique et convivial) montre bien que toutes les forces peuvent travailler de façon constructive sur un projet commun et faire de Monaco demain une place-forte du rugby dans le Sud Est de la France. La FMR et Nicolas Bonnet ont aidé à la logistique sur place et l’AS Monaco a aidé à la prise en charge médicale, mise à disposition du matériel, des kinés, coordination des soins, quartier libre des joueurs, etc. Les différents acteurs de la principauté ont fait le reste. Je pense à la Société des Bains de Mer qui a oeuvré pour la cryothérapie ou les repas au MonteCarloBay.

Jacques Brunel lors de la soirée partenaire du club. (crédit photo : AS Monaco Rugby)

Le mot du président

Thomas Rique se souvient : « J’avais 35 ans quand Matthieu Loupe m’a proposé de reprendre le flambeau, nous n’arrêtions pas de demander au président, il nous faut un terrain, un club house, un stage de début de saison, un préparateur physique etc. Il m’a alors dit, "vous avez de l’enthousiasme de l’énergie et ben allez-y, je vous accompagnerai." » Nous étions dans une impasse, aux portes de la Fédérale 3, mais incapable de remplir le cahier des charges de la division supérieure. Fragile, sans terrain, dans l’incapacité d’attirer des partenaires au-delà de parents des enfants de l’école de rugby, une principauté bienveillante mais prudente à l’idée de nous voir grandir.

"Nous avons décliné un projet sur 3 ans, nous avons amené de la compétence et de la rigueur dans notre structure. Nous avons accepté notre particularité monégasque et en avons fait une force", reprend Rémi Caseblanque, le commercial du club. Nous sommes une équipe très jeune, avec beaucoup d’humilité, mais nous essayons d’être audacieux modernes et actuels. Nous n’avons pas tous ces vieux moustachus, que nous apprécions pourtant, qui nous explique le rugby d’avant, nous essayons d’anticiper et de vivre pleinement le présent pour construire un club, un vrai, pour les générations futures. Nous avons rencontré les autorités monégasques, nous nous sommes expliqués, nous avons réunis les gens sur des événements incroyables pour un club de notre niveau et nous avons convaincus.

Les clichés monégasques vont bon train. La ville est riche, le club doit sûrement l’être. Ce n’est pas le cas ni le but. Nous n’avons pas de mécène, mais un sponsor important, la Société Pastor accompagnée de petits partenaires. Le budget est équilibré à 75% privés (cotisations, évènements et partenaires) et 25 % de subvention public. Le recrutement est difficile et nous ne misons pas sur les anciennes gloires de Fédérale ou autre, les jeunes sont une priorité même si 2-3 joueurs expérimentés devant ne seraient pas du luxe.

La venue de grandes personnalités de notre sport nous a aussi beaucoup aider dans la sensibilisation au rugby auprès des institutions de la Principauté. Ils ont été fantastiques de générosité, d’écoute et de relais... François Piennaar, Vincent Clerc, Thomas Lombard, Thierry Dusautoir, Dan Luger, Yoann Huget, François Thrin-Duc Yacouba Camara, ils ont tous pris le temps, bénévolement, de passer nous voir pour nous aider à construire quelque chose.

Le Prince Albert II de Monaco et son épouse la Princesse Charlène, sud-africaine d’origine, tout deux passionnés de sport et de rugby ont œuvré à la finalisation du Stade Prince Héréditaire Jacques de Monaco sur la commune de Beausoleil, à qui l’on doit beaucoup. Cela nous a permis d’envisager le futur avec beaucoup d’espoir dorénavant. Avec ce terrain, tout devenait possible, l’arrivée de Luciano Orquera et Sylvain Masson au niveau de l’équipe première, dans des infrastructures adaptées, a permis aux garçons de franchir ce pallier et d’atteindre la Fédérale 3.

En parallèle, le reste de la structure, cœur du projet, progressait patiemment :

  • Une école de Rugby Labellisée (crainte et respectée) grâce au travail acharné de son directeur technique Jeremy Benstaali
  • Une section féminine créée par Fabien Camin avec 37 licenciées.
  • Des jeunes en constante progression avec un titre territorial pour les U16 et les espoirs
  • Un projet de cohésion sociale le Rugby Solidaire Challenge #RSC
  • Le 1e match retransmis en direct sur Internet
  • La Kids Cup : tournoi d’enfants réunissant 600 minots sur le bassin monégasque.
  • 1e stage pour les jeunes sur 1 semaine pendant les vacances scolaires.
  • Un comité directeur dynamisé et un équilibre financier rassurant.
  • L’accueil du XV de France à Monaco en coordination avec la Fédération Monégasque de Rugby et les différents acteurs de la Principauté.

Séniors et école de rugby, main dans la main. (crédit photo : AS Monaco Rugby)

L’avenir

En ce qui concerne la saison 2019/20, le défi est immense et la Fédérale 3 va mettre de nouveaux problèmes en lumière : l’absence d’un club house, le chantier du milieu scolaire, la recherche de financement, le recrutement de joueur dans le cadre d’un système adapté. Mais nul doute que ce jeune club ambitieux trouvera les ressources pour rayonner au plus haut niveau amateur et travailler main dans la main avec les acteurs de la Principauté afin de trouver des solutions pérennes pour le développement du rugby. Nous avons besoin, malgré tout, de bénévoles, de passionnés, de jeunes énergiques, de séniors enthousiastes (surtout devant) pour venir écrire l’histoire d’un club à part, audacieux et familial. Nous souhaiterions recruter 7 à 8 joueurs en priorité devant, mais nous ne voulons pas déséquilibrer l’équipe que ce soit dans l’identité de jeu ou du vécu. De plus, nous sommes persuadés que nous pourrons compter sur les jeunes du club qui ont montré beaucoup de maturité en gagnant eux aussi un titre territorial (en réserve) et qu’ils vont s’affirmer comme les leaders demain. 

Le stage fut une réussite, les enfants sont venus nombreux voir les internationaux et nous espérons tous que cela aura fait naître quelques vocations à des jeunes que nous serions ravis d’accueillir en cette année Coupe du monde et que nous accompagnerons dans leur épanouissement. Monaco est un beau village où le rugby a toute sa place.

Merci à Thomas Riqué pour cet article ! Vous pouvez vous aussi nous soumettre des textes, pour ce faire, contactez-nous !

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  • Yonolan
    198749 points
  • il y a 5 ans

un rocher pas tout à fait comme les autres ...

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