Le débrief tant attendu de Fabien Galthié après la Coupe du monde : ''la cicatrice, nous l'aurons à vie''
Le débrief tant attendu de Fabien Galthié après la Coupe du monde. Crédit image : Screenshot Twitch France Rugby
Le sélectionneur du XV de France Fabien Galthié est revenu sur l'élimination du XV de France en quart de finale de la Coupe du monde face à l'Afrique du Sud.

Plus de 20 jours après l'élimination en quart de finale de la Coupe du monde du XV de France face à l'Afrique du Sud, le sélectionneur des Bleus Fabien Galthié est revenu sur ce Mondial et cette fin brutale qui touché tout le rugby tricolore. "J'avais prévu de parler fin novembre, mais devant l'insistance et les demandes. J'ai accéléré le processus pour partager cette peine et cette douleur immense de nos supporters, de nos familles, de nos clubs, des joueurs et presque de la France. Le fait de ressortir de la bulle, je me suis rendu compte comment les Français nous ont aimés et ont supporté cette équipe. Comment ils vont vécu toute cette aventure. En sortant de la bulle, on a reçu que des messages de soutien et d'affection des Français. Bien sûr, ça ne va pas nous donner le titre."

Le temps du deuil pour les joueurs, le staff et les supporters

S'il a attendu pour s'exprimer, c'était aussi pour laisser la Coupe du monde se terminer et le Top 14 reprendre. Mais surtout, c'était pour digérer la déception. "Il fallait laisser le temps du deuil. Ça a été une énorme déception. Quatre ans de travail acharné, de travail réussi avec 80% de victoires, de progression cohérente avec cette équipe. Le seul objectif qu'on avait, c'était d'être champion du monde. La déception aurait été la même si on avait perdu d'un point en demie ou en finale. On aurait vécu une semaine de plus voire deux. On voulait vivre ces moment-là. Il y avait un deuil à respecter pour le staff et les joueurs. On a eu des discussions informelles pour savoir comment chacun vivait ce moment-là. Le mot qui revient, c'est l'acceptation, de la défaite, de ne pas avoir rempli cet objectif. C'est le sport de haut-niveau.

Galthié, qui ne laisse jamais rien au hasard, avait, lors de la préparation du quart face aux Boks, présenté également le programme pour la suite de la compétition, mais aussi ce qu'il appelle, la dislocation. À savoir, la fin de l'aventure. "C'est une option que j'avais partagée, et qui était possible. On avait monté ce projet pour gagner des matchs, gagner des titres. Il y en a eu un. On a gagné toutes nos tournées en France. Perdu en Australie et gagné au Japon. Nous avons performé et remontant au ranking World Rugby en décrochant même la première place. Mais nous avons échoué dans notre objectif principal. La performance des uns et des autres fera qu'on sera champion du monde ou pas. Tout le monde est responsable. "

Les dessous de la défaite en quart

Ce match, Fabien Galthié l'a très vite revu mais de manière "professionnelle" dans le train. Comme le veut le protocole, il a envoyé avec son équipe plusieurs clips à World Rugby et Ben O'keeffe pour avoir des précisions. Depuis, il l'a visionné une dizaine de fois. "C'est bien de prendre le temps de revenir sur le match. J'ai travaillé avec beaucoup de données. Un point, c'est rien, mais c'est un point, c'est tout. On peut tout remettre en question. Quand vous rentrez dans la zone de conclusion 11 fois dans un match, c'est 50 % de plus que nos objectifs. On voulait rentrer 6 fois avec le ballon dans la zone de conclusion. Nous avons marqué trois fois. À un moment, sur le dernier geste, des faits de match, des faits de jeu, ça n'a pas suffi. Il aurait peut-être fallu le faire 12 ou 13 fois. J'ai pris les plus gros matchs de poules, c'est-à-dire France et Nouvelle-Zélande et Afrique du Sud/Irlande, et nous sommes la seule équipe à avoir eu autant de temps fort. Ce qui nous amène à un potentiel de marque de 37 points. Nous en avons seulement marqué de 28. Tactiquement, on ne s'est pas trop trompé sur le plan offensif." 

En défense, les Bleus ont encaissé 29 points. Galthié de rappeler que les Boks ont posé un ruck pour la première fois dans leurs 22 mètres à la 55e. "Avant ça, ils ont marqué trois essais sur trois fulgurances. Deux duels gagnés sur le 3e rideau où on a été battus en l'air. Ils ont été ultra-efficaces et ultra-réalistes. Ils avaient un potentiel de marque 24 points, ils en ont marqué 29 points. Bravo." Il estime que c'est une équipe qui est capable d'utiliser ses armes de manière très efficace comme ils l'ont fait en finale. "Sur un plan tactique et stratégique, on a été bons. Si c'était à refaire, je ferais pareil."

Quid du coaching ? Pour certains observateurs, les finisseurs n'ont pas autant apporté lors de ce match en comparaison de leurs performances passées. "Il était prévu qu'on coache plus tôt. On a retardé le coaching sur certains postes. Il nous a semblé que c'était le bon moment pour intégrer les joueurs qui étaient sur la feuille de match. On meurt à un point." Le sélectionneur rappelle néanmoins que ses ouailles ont été en position de remporter ce match jusqu'à la dernière seconde. Ce qui était une des volontés mises en place dès le début de son mandat. Sur les 44 matchs joués, il n'y a eu que neuf défaites pour le XV de France. Sept d'entre elles l'ont été par trois points ou moins. 

Quel avenir pour les Bleus ?

Si les prochaines semaines seront rythmées par plusieurs réunions avec la DTN ou encore la ligue et le nouveau staff, Fabien Galthié a aussi évoqué le futur du XV de France avec la prochaine Coupe du monde en Australie. Selon lui via RMC, les Bleus seront encore plus forts. "Quand on a monté l'équipe après la Coupe du monde au Japon, on avait une équipe qui avait 24 ans de moyenne d'âge. Contre l'Afrique du Sud, on avait 27 ans de moyenne d'âge. Dans quatre ans, si elle ne bouge pas, l'équipe aura 31 ans de moyenne d'âge. En fonction du turnover, on peut monter, sur l'expérience collective, de deux ans et de 20 sélections. On peut progresser sur l'expérience collective et la maturité collective. À partir de là, je pense que l'équipe sera plus forte que celle qui a perdu d'un point contre l'Afrique du Sud."

Cette défaite en quart de finale de la Coupe du monde en France sera une cicatrice, une balafre qu'ils garderont à vie. Mais au fil du temps, il estime via le Midi Olympique qu'elle deviendra également une force. "C'est une blessure et une douleur mais quand on joue à ce niveau pour l'équipe de France, il faut être prêt à gagner mais aussi à vivre ce qu'on a vécu. Il n'y a qu'une équipe qui n'a pas mal : celle qui est championne du monde. Pour en avoir parlé avec les leaders car je les ai tous eus au téléphone pour échanger après la compétition, je pense que la cicatrice, nous l'aurons à vie. Mais cela fait partie de notre chemin. Pour avoir vécu de nombreuses déceptions, ce n'est jamais un handicap. Ça devient de l'expérience, du savoir et la possibilité d'être encore meilleur. Nous avons tous à faire une sorte d'introspection personnelle et collective."

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Je ne suis pas vraiment fan du genre de manager qu'est FG. Néanmoins je n'ai pas vraiment d'animosité envers lui non plus, sachant lui reconnaitre ses qualités.

Cette conférence de presse est du Galthié pur jus tout de même... J'ai même l'impression qu'il s'est encore davantage enfoncé dans une sorte de "non-langage", une énonciation d'éléments derrière lesquels ils peut se sentir protégé et justifiant son approche. Je n'ai finalement pas grand-chose à dire sur la CDM n'étant pas au courant de ce qui s'est passé en interne. Je rejoins la plupard des observateurs qui font dans la "nuance" en soulignant qu'on a été naïfs mais que le jeu proposé était plutôt bon mais pas adapté et qu'on est tombé sur une équipe et un staff qui a bien moins de scrupules que nous pour gagner un match par quelque moyen que ce soit. A ce jeu, FG a perdu. Il aurait pu gagner. Jusqu'à quand ?

Par contre je préfère regarder l'ensemble de son 1er mandat. La CDM venant en point d'orgue comme d'habitude au rugby.

FG est arrivé à la suite d'une période néfaste du rugby français. Suite à Lièvremont la nomination de PSA a été une erreur importante. On a beaucoup cherché, accusé la formation des joueurs, le top 14, etc ... Pour trouver des arguments qui expliquaient les contre performances du XV de France. Mais je pense que PSA avait une grande part de responsabilité. ( FG l'avait déjà fustigé lors de sa nomination d'ailleurs à l'époque , jalousie certainement puisque lui-même déjà candidat, mais la suite a montré qu'il ne s'était pas trompé) La suite on la connait. Malgré à mon avis (même s'il a ses détracteurs ... ) une embellie à la prise de fonction de GN avec une victoire en Argentine (avec la manière) un tournoi plutôt réussi dans le jeu ( on manque de peu de gagner en Angleterre chez elle ) l'edf rivalise avec la NZ ... Et l'année suivante qu'on connait. Puis Brunel.

FG arrive et on lui donne beaucoup de moyens (en joueurs, staff, temps ... ), il bénéficie d'une génération dorée qui arrive, 2 fois championne du monde, et d'une accalmie entre la FFR et la LNR. Il a le mérite de redonner au rugby français le niveau qu'il n'aurait presque jamais dû perdre. En gros, je pense que l'anomalie était dans les contre performances précédentes à son mandat et non pas dans la rétablissement du niveau de l'équipe. Mais on peut toutefois lui reconnaitre de l'avoir fait.

Deuxième chose: son regard. Il existe plusieurs sortes de managers qu'on pourrait résumer en deux grandes catégories (en caricaturant un peu ) : les profs de gym et les chefs d'entreprises. FG et son staff a plutôt géré le XV de France comme une entreprise. Il n'y a qu'à lire le langage utilisé pour s'en convaincre. C'est une qualité dans la mesure où cette approche permet d'optimiser rapidement les choses. Il y a quelque chose d'obsessionnel dans cette approche qui ne laisse rien au hasard, étudie toutes les dimensions du fonctionnement de l'équipe. Tous sauf deux : la dimension ludique du jeu et son fondement, son "objet". FG a eu ce que de mon point de vue j'appelle une vision horizontale du jeu, c'est à dire une optimisation grâce aux datas des zones à occuper, du temps à posséder le ballon ...etc ... mais de point du vue sur le jeu ... Pas grand-chose. Le jeu de dépossession prôné au départ a permis de gagner rapidement ( Il est plus facile de proposer un jeu "en négatif" de miser sur une grosse défense et de marquer sur les fautes des autres par un système de pression) Ce jeu a permis à l'EDF de se remettre à flot au niveau des résultats. Ce qui était aussi important. Mais là où il était légitime de se poser des questions c'était dans l'après dépossesssion. Là où il était nécessaire d'avoir un point de vue, une approche. FG a poursuivi avec ce jeu de dépossession jusqu'au tournoi avant la CDM. Là il a commencé et annoncé un changement vers un jeu de repossession. Amorcé mais hésitant. Ce jeu allait-il continuer à faire gagner l'EDF ? La question était légitime. (Au passage, il me semble de mon humble point de vue que le rugby pourrait se définir comme un jeu de dépossession ET de possession en même temps en fonction de l'adversaire, du temps etc ... et que jouer au rugby c'est passer de l'un à l'autre sans cesse) Pour cela FG s'est beaucoup appuyé sur les joueurs qu'il avait à disposition et en particulier sa charnière Dupont / NTK. La blessure du second puis du premier ont alors plongé l'équipe dans une grande perplexité. Non pas que les remplaçants soient plus mauvais (Ce n'est pas le cas) mais rien n'avait été vraiment préparé pour varier les associations, en particuliers Dupont / Jalibert. Le Quart l'a bien montré, où on a vu une première mi-temps très offensive mais entièrement centrée sur Dupont ditribuant le jeu à la main et au pied avec un Jalibert transparent. En seconde mi-temps, avec la fatigue de Dupont, Jalibert a été davantage sollicité mais le manque d'équlibre de cette chanière a été criant. C'est là où l'EDF est tombé sur plus froid que lui. Une équipe d'AFS qui n'hésite pas à jouer moche, voire très moche pour gagner, seul jeu potentiellement capable de gagner contre les français. ET là, on n'a pas su réagir, s'adapter stratégiquement. Passer d'une possession à une dépossession par exemple, alterner.

Je ne suis pas certain que les datas et les éléments de langage proposés par FG ne nous permettent de voir notre plafond de verre se casser. On verra.

Quand à l'artbitrage, une fois passé la rage des erreurs. On ne peut pas prétendre qu'avec un autre arbitrage l'EDF aurait pu gagner. En effet, le déroulement d'un match ne se détermine pas à postériori. En effet, on juge un déroulement dans le passé, donc qui s'est déjà effectué et sur lequel on ne peut revenir. Mais sur le moment ? Rien ne peut nous permettre de dire que différentes décisions (aussi justes ou injustes soient-elles) aient pu nous mettre devant. Donner un carton rouge à une équipe peut la transcender par exemple et transformer son jeu ( CF: Angleterre / Argentine ou une finale Racing / RCT ) et la rendre plus redoutable qu'à XV. Ca peut la réveiller. Le déroulement du temps est une donnée qui nous échappe. L'évolution d'un score aussi. Si les Sud africains avaient été menés de plus de points, qui nous dit ce qui se serait passé ? ET inversement: si Dupont avait pris un choc et avait été obligé de sortir, que se serait-il passé ? La forme contingente du temps ne peut pas nous permettre de le refaire. On ne peut que le ressasser ou passer à autre chose. Marqué à vie... Faut pas non plus exagérer ...

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