On a vécu pour vous en direct les tirages au sort de la Coupe du monde 2023
Le tirage au sort de 2023, vécu de l'intérieur.
Ce lundi 14 décembre, les poules pour la prochaine Coupe du monde en France ont été dévoilées. Retour sur l'événement.

Une Coupe du monde en France est un événement attendu par tous les supporters de l'Hexagone. Et Dieu sait à quel point le ballon ovale passionne les foules au béret et à la baguette. Je dis béret et baguette, car c'est le cliché favori que le monde entier donne aux français, mais aussi celui qu'on préfère accepter. Pour qu'un Mondial soit complètement lancé, il faut connaître ses adversaires. Hier, lundi 14 décembre, le monde entier suivait en live le tirage au sort retransmis depuis le Palais Brongniart. Deux journalistes du Rugbynistère ont pu vivre cet événement aux allures de Festival de Cannes de la chistéra. Récit.

10h30. Echauffement

Le rendez-vous fixé par France 2023 est à 10 heures 30. C'est une aubaine lorsqu'il faut se déplacer dans Paris au mois de décembre. Une aubaine de pouvoir faire la grasse mat' également. Sur le parvis du Palais Brongniart, les forces de l'ordre mettent en place un dispositif de sécurité important avec camions et brigades. Une chose qui me paraît plutôt logique quand je vois arriver Sébastien Chabal. Son masque, tendu sur son visage, réduit à néant toute tentative d'expressivité et d'impressionner son vis-à-vis. C'est un peu commme dessiner des petites fleurs des champs sur une bombe nucléaire. Alors imaginez-moi avec un masque : un vrai remplaçant d'équipe B. 

L'indéboulonnable Thibault Perrin arrivait de Lyon, ville lumière. Si vous êtes déjà allé à Lyon et que vous cherchez la raison de ce qualificatif, tapez dans ma main. Du haut de son mètre "quatre vins", mon camarade de rédaction me rejoint devant l'entrée pour débuter cette journée magique. Aujourd'hui, pas de bises.

10h45. Mise en place

Après avoir récupéré les accréditations, ces colliers qui permettent à chaque journaliste de se comparer à l'autre en fonction de sa rédaction, direction la salle de presse à l'étage du Palais Brongniart. Sur place, des tables et chaises sont installées en veillant à respecter les distances de sécurité. Le café a un franc succès dans le monde du journalisme. Ce n'est pas un cliché comme les lunettes de Clark Kent. Mais ce qui a le plus de succès, ce sont évidemment les cookies de la maison Kayser, "les meilleurs" selon une dame. On connaissait la pizzeria Kayser, le consultant Kayser, le bon-vivant Kayser, et voici maintenant que le talonneur se met à la pâtisserie. Trêve de gourmandises, il faut aller "prendre la température" selon Thibault alors que je sais très bien qu'il fait vraiment froid dehors. 

11h00. L'arrivée au stade

Un photocall est installé sur le haut des marches du Palais, devant une dizaine de photographes officiels. Les stars se présentent une à une et il faut dire que reconnaître Christian Louboutin pour un joueur amateur est d'une difficulté sans nom. Surtout si le seul indice donné est une semelle rouge. Pour Hubert Bonisseur de la Bath, plus communément appelé Jean Dujardin (quelle drôle d'idée), le piétinage du tapis rouge se fait tout naturellement. Sourire à la Française, posture à la parisienne : Dujardin impressionne. Il faut dire que l'acteur a une relation particulière avec notre sport : son père était joueur et il s'est lui-même essayé à la rush défense. Les invités continuent de rejoindre la magnifique salle du Palais Brongniart et tous attendent l'ouverture de cérémonie par le président de la République Emmanuel Macron.

12h30. Coup d'envoi

C'est parti pour le tirage au sort de la prochaine Coupe du monde 2023. En salle de presse, les discussions vont bon train sur le meilleur ou le pire tirage, mais aussi sur ces "cookies fabuleux". Deux sujets qui devraient tous bien nous occuper aujourd'hui. En bas, des malinois reniflent les caméras des journalistes tout en essayant de jouer avec les micros. Ce dispositif annonce clairement l'importance de cet événement. Et c'est déjà l'heure du discours d'Emmanuel Macron, marqué par une formulation qui restera dans les esprits: "C'est simple, tous les 12 ans on est en finale. J'ai fait le calcul, en 2023, ça fera 12 ans qu'on n'a pas été en finale, donc pas moins. Maintenant en 2023, comme c'est à la maison, il faut la ramener. Donc débrouillez-vous ! En 2023, je veux non seulement qu'on aille en finale, mais qu'on puisse rapporter la Coupe à la maison". Le message est clair. Trois ans pour se préparer à cette échéance. 

"C'est simple, vous marchez sur le monde et vous me ramenez la coupe. OK les gars ?"

12h40. Première pénalité pour la France

Jean Dujardin arrive sur le plateau et attire l'œil : une pointe de jalousie dans les regards masculins, une vague d'admiration dans les yeux féminins. Le parallèle sur le tirage des boules et la fameuse réplique des boules de Noël était de mise, mais bien trop facile. Son passé rugbystique n'est plus à découvrir et l'acteur de 48 ans pourrait encore jouer. Qui sait ? D'ici 2023, il faudra "doubler les postes" comme l'a déclaré Bernard Laporte. Jean a tout d'un ouvreur, d'un grandisse : beau, classe, drôle et capable d'improvisation. Bonne chance Romain Ntamack.

Quand il te regarde comme ça, tu sais que tu vas être dans la Poule A. 

12h48. Plan (de jeu)

Un petit tour et puis s'en va, c'est au tour de Jean-Michel Wilmotte d'entrer en scène. Scène qu'il aurait très bien pu agencer tant son talent est sans fin dans les métiers de l'architecture. Il rappelle d'ailleurs la qualité des infrastructures françaises en termes de stades, avec notamment le Matmut Stadium de Bordeaux imaginé par Jacques Herzog et Pierre de Meuron. C'était le point culture. Wilmotte est chargé de tirer une équipe du chapeau 5, qui sera dans la poule française. Et c'est l'Afrique 1 ! Les journalistes parlent très rapidement de la Namibie, mais Fabien Galthié rappellera plus tard que d'autres nations sont compétitives : "Et Afrique 1, on imagine que ce sera la Namibie. Mais il peut aussi y avoir le Maroc. Il y aussi le Kenya, qui est une équipe qui grandit. Peut-être la Tunisie". Dans un coin, je m'imagine déjà un France vs Algérie. 

Wilmotte lors de son tirage. 

12h56. Appel à la vidéo

Les équipes du chapeau 4 seront choisies par Yann-Arthus Bertrand qu'on ne présente plus. Il rappelle les dangers de la crise climatique, qui touchera le rugby par ricochet et notamment les équipes du Pacifique. L'écologiste se lance dans le tirage et se saisit de la première boule : "America One". Encore une fois, les spéculations vont bon train en salle de presse et les États-Unis sont déjà cités. Une aubaine pour le XV de France et notamment pour le marché américain qui est encore vierge du ballon ovale. Trois équipes sont connues pour la France, mais les plus gros chapeaux ne sont pas encore tombés. On parle déjà des Blacks et tout le monde souhaite ce tirage. Une stratégie qui te permet de jouer une compétition en commençant par la fin : une finale. Très Français. 

Avec la présence exclusive de Jacques Brunel.

13h04. Changement de crampons

L'entrée de Christian Louboutin avec un pantalon rouge qui permet de le reconnaître. Astucieux. Le créateur déclare même qu'il a déjà pensé à faire des semelles rouges pour les rugbymen : "Je l'avais déjà fait avec des chaussures pour le Pays de Galles, vertes ou rouges et avec le dragon. Je suis en train de travailler sur le sujet". C'est donc la grande information à retenir : les Gallois vont jouer en Louboutin et ce n'est même pas une blague d'Ovale Masqué. Place au tirage du chapeau 3 pour le créateur de chaussures. L'Italie est tirée au sort dans la Poule A et une nouvelle fois, les observateurs sont satisfaits par ce tirage. À vrai dire, c'est un événement unique pour la France, alors tous les tirages seront appréciés. 

Christian Louboutin, en pleine évaluation des souliers de la présentatrice Louise Ekland.

13h10. Le bal commence

L'ambassadrice de charme Alice Renavand entre en scène d'un pas feutré et maîtrisé. La danseuse étoile voit "une vraie chorégraphie" dans le rugby, comme "une danse explosive" autour de "schéma tactique". Elle sera en charge du tirage du chapeau de la France, dont aucune équipe ne pourra être présente dans la poule. La poule C verra donc encore une fois l'Australie et les Fidji s'affronter, comme un remake du Japon. Mais la pression monte. Il reste le chapeau 1 composé des 4 meilleures nations mondiales au 1er janvier 2020 : la Nouvelle-Zélande, le Pays de Galles, l'Angleterre et l'Afrique du Sud.

Alice Renavand, danseuse étoile et ambassadrice du doux rêve de ramener une première étoile sur le maillot.

13h10. La collation d'avant-match

Qui de mieux qu'un chef étoilé pour tirer au sort les meilleures équipes mondiales ? Si vous ne connaissez pas Guy Savoy, c'est que vos repas ne se composent que de féculents. Le chef n'est pas étranger au rugby : "Dès l'école de rugby j'ai pris conscience qu'en équipe on était bien plus forts. J'ai pris également conscience que malgré toutes les singularités de postes, de personnalités, de physiques, de vitesse, on faisait une équipe cohérente". D'ailleurs, il n'y a pas de brigades dans ses restaurants, mais une "équipe" dont il est "le capitaine/entraîneur, et très rarement l'arbitre". It's time ! La France va enfin savoir si les Blacks seront leurs prochains adversaires. La tension monte en salle de presse et la Nouvelle-Zélande est attendue. Encore une fois, cette question me titille et je me demande pour quelles raisons ce tirage serait bénéfique à une jeune génération qui va vivre le plus gros événement de sa carrière. L'argument d'un vrai test fait foi. L'argument d'une désillusion fait loi.

13h12. Les Blacks 

La salle retient son souffle derrière les masques. Un petit mouvement dans la salle se fait ressentir, une excitation individuelle transmise à son voisin, trois sièges plus loin. "Waouh", lance le chef. Guy Savoy a résumé le sentiment commun d'une onomatopée : la France jouera les Blacks en match de poules. Un "oooohhh" retentit dans la salle mais impossible de savoir s'il s'agit d'excitation ou d'appréhension. Dans les deux cas, c'est l'heure. Les journalistes se délectent et comme un joueur de poker, certains lancent un "je le savais !". Désormais, tout s'accélère et les premières questions fusent : un match d'ouverture face aux Blacks ? Ou en troisième selon le pic de forme ? Certains sont excités de voir un France vs All Blacks en ouverture et la suite de la journée nous donnera quelques informations à ce sujet. 

Guy Savoy, la main à la pâte. 

14h00. Interviews d'après-match

À la suite de la cérémonie, trois personnalités sont à disposition pour quelques questions. On passe de la salle de presse à l'enceinte de la cérémonie à travers une pièce de 28 mètres de haut qui nous rappelle à quel point nous sommes petits. Surtout Thibault. Bernard Laporte s'avance en premier et le président de la FFR ne mâche pas ses mots : "Un France vs All Blacks, ça lance la Coupe du monde". S'il espère que le match se déroulera à Gaillac pour éviter de perdre, Bernard Laporte sait qu'il faut battre tout le monde pour être champion du monde. Il rappelle qu'il ne sera en rien dans la décision et que le staff aura son mot à dire. Mais prêcheront-ils pour une ouverture de cette envergure ? Ou, comme à l'accoutumée dans les coupes du monde, pour une affiche sur le papier plus inégale ?  

Le défilé continue avec Antoine Dupont, le petit prodige à l'œil au beurre noir. Il commente ce tirage avec les Blacks : "C'est toujours un challenge excitant de pouvoir jouer contre la Nouvelle-Zélande. On sait que dans le chapeau 1, il y avait quatre gros morceaux et qu'on en aurait forcément un. Le public sera ravi que ce soit la Nouvelle-Zélande. C'est une équipe iconique". Il se souvient de la dernière finale face aux Blacks, du haut de ses 15 ans : "Je me souviens de l'avoir regardée, j'étais chez moi et ça devait être le matin, il me semble. Après, le scénario, on n'en reparlera pas (rires)". Avoir le meilleur joueur du monde en face pousse à l'admiration, et je ne parle d'Antoine avec moi. Réaliste comme sur le terrain, il analyse parfaitement les prochaines échéances : "Ce sera trop tard si on ne s'y met pas maintenant".

Une photo juste pour rappeler que Jean Dujardin est marié. 

Le dernier à se prêter au jeu des questions est le directeur général du comité d'organisation de la compétition, Claude Atcher. Le troisième ligne centre ne s'est pas tassé avec les années et derrière son masque, il ne peut pas nous confirmer quel artiste fera l'ouverture de la Coupe du monde 2023. Même pas Big Flo et Oli : "Alors, ce n'est pas Big Flo et Oli mais Mistoufi et Gandoulfi (Rires)". Cependant, il nous a donné quelques informations sur la cérémonie d'ouverture : "On n'en est pas encore là. Mais on travaille sur une idée qui serait que véritablement, on mette en valeur le savoir-vivre français. Et ça, c'est un lieu commun. Mais surtout, la proximité et l'authenticité. Souvent, on dépense beaucoup d'argent dans des cérémonies d'ouverture, les télés ne te les prennent que 20 minutes parce qu'ils n'ont pas la grille pour les diffuser. On dépense beaucoup d'argent pour peu de résultats. Nous on aimerait bien construire quelque chose de beaucoup plus inclusif en matière de participation. On va dire n'importe quoi mais des gamins, des joueurs, les 2023 joueurs du bouquin Gueules de Rugby, les soignants, etc. Ce ne sont pas des exemples aboutis, mais construire quelque chose qui correspond au mieux à ce qu'on veut montrer de cette Coupe du monde de rugby". Les idées fusent à la rédaction sur le concert d'ouverture, et ce gloubi-boulga me confirme une nouvelle fois que l'eclectisme est notre richesse puisque le nom de Patrick Sébastien a été évoqué. 

15h00. Retour en bus

C'est la fin pour nous, après une journée riche en émotions. Vous avez été très nombreux à suivre l'événement depuis votre canapé et à vous prendre de passion pour ce tirage au sort. Sûrement même à vous projeter sur les matchs que vous souhaitez voir. Après tout, toutes les affiches sont belles quand on accueille le monde entier sous son toit, que ce soit une rencontre du XV de France, ou une rencontre d'équipes du Tier 2. Le Mondial à la maison est lancé, on comptera les mois puis les semaines, et enfin les jours avant de vivre une expérience unique entre amis ou en famille. En 2007, je n'avais que 16 ans et il m'était difficile de vivre pleinement l'événement autrement qu'à la télévision. Je suis avant tout amateur de ce sport et être présent dans un stade, dans mon pays, entouré de supporters est sûrement la chose la plus excitante qu'il puisse m'arriver. À dans trois ans ?


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  • CEVEN
    200022 points
  • il y a 3 ans

L'impression de lire le synopsis d'un nouvel opus de la saga des Teletubbies en parcourant ce papier.

"Y'a du mou dans la corde à nœuds" au niveau éditorial

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