''On ne voulait pas ébruiter l'affaire, mais le président de Saint-Malo a demandé à soutenir son entraîneur''
L'enquête est en cours et la victime va mieux (crédit photo : Faustine Bernard)
C'est encore un mauvais geste que l'on va vous conter dans la même poule de Fédérale 3 entre Auray et Saint-Malo. En parler, c'est déjà le dénoncer.

Il y a deux semaines, un incident avait déjà lieu dans la poule 8 de Fédérale 3 entre Trignac et Saint-Malo. Le numéro 10 de Trignac avait sauvagement marché sur la tête d'un joueur de Saint-Malo et ce dernier s'était vu sanctionné d'une mise à pied par son club et son président. Mais la tension dans cette région se ressent encore et c'est un nouvel incident déplorable qui a eu lieu ce dimanche 24 novembre. Auray (9e) affrontait Saint-Malo, 6e. Match remporté sur le score de 21 à 14, mais personne n'en est sorti vraiment gagnant.

Amateur : le joueur qui s’est fait marcher sur la tête veut faire passer un message !Amateur : le joueur qui s’est fait marcher sur la tête veut faire passer un message !

Les faits

Malgré l'apaisement et les mots de la victime face à Trignac, lors du match entre Auray et Saint-Malo, un joueur d'Auray a été agressé par l'entraîneur adverse. Le match était tendu, mais rien ne présageait cet acte à la fin de la rencontre. C'est après le coup de sifflet final qu'un jeune joueur d'Auray et l'entraîneur de Saint-Malo se sont accrochés verbalement jusqu'au drame : l'entraîneur lui assène un coup de poing par derrière. Kevin, se retrouve au sol après avoir percuté le mur, assommé et le visage en sang. L'entraîneur d'Auray, Mickael Garcia a accepté de répondre à quelques questions :

C'était un peu tendu comme un match peut l'être. Il y a eu quelques petits échanges sur le terrain, mais rien de méchant. Après, c'est vrai que nous, on avait un passif avec le coach adverse donc on s'est un peu pris le bec sur le bord du terrain, c'est resté verbal. C'était pas inhabituel, rien d'exceptionnel. C'est après que ça a dégénéré. On a déjà joué contre ce mec en amical quand il évoluait à Massy et lors de ce match il avait, pour aucune raison, assommé notre capitaine par derrière en lui cassant la mâchoire. De là, il était parti se cacher derrière un arbre parce qu'il avait déjà des problèmes avec la justice. 
Nos joueurs étaient au courant de cette histoire et c'est ce qui l'a fait dégoupiller. Il y a eu une petite bagarre à la fin du match entre joueurs, mais rien de méchant, on a réussi à calmer le jeu. Les joueurs sont rentrés après avoir fait leur haie d'honneur. C'est là que l'entraîneur de Saint-Malo est rentré avant tout le monde. Son vestiaire est à l'entrée du couloir et le nôtre est à 15 mètres. Je n'ai pas tout entendu entre l'échange verbal entre nos joueurs et l'entraîneur, sûrement du chambrage. J'ai juste vu l'entraîneur partir dans les vestiaires et j'ai entendu une bagarre et un gros boum. Mes joueurs m'ont appelé et je suis arrivé en courant. Je ne m'en suis pas aperçu, mais j'ai croisé l'entraîneur en question qui partait s'enfermer dans son vestiaire. 
Arrivé à l'entrée de nos vestiaires, Kevin était à plat ventre, la tête dans le sang vu qu'il avait dû tomber sur la bouche et le nez en premier. J'ai eu quelques secondes de panique avant de souffler, il ne respirait pas et ne me répondait pas. Heureusement que le co-entraîneur Sébastien Plouvier est pompier de métier. On n'arrivait pas à le faire respirer car il avait la bouche complètement tétanisée, bloquée. Mais il s'est remis à respirer, et on a attendu les pompiers. Régis Loubéry, l'autre entraîneur, voulait s'expliquer avec l'entraîneur adverse. On a dû appeler les gendarmes pour le déloger de son vestiaire puis à côté de ça il y a eu toute une série d'interrogatoires. Ils ont fini par l'escorter jusqu'à son bus. 

"T'inquiètes, ça va, on a gagné !"

La victime, Kevin, a connu sa première cap en équipe une ce sombre dimanche. "Il n'est pas très jeune, c'est sa première année au club, arrivé d'un niveau inférieur breton. Il a fait tous les matchs en B et on a voulu l'essayer parce qu'il a un mental d'acier. Son profil nous intéressait dans le groupe de l'équipe une, on a beaucoup de bons jeune, mais pas des leaders de combats. Il tire le groupe vers le haut dans ce secteur", nous décrit Mickael Garcia, son entraîneur. Mais Kevin reste un battant jusqu'au lit d'hôpital. Malgré deux points de saignements au cerveau qui sont à priori bénins, il a passé ce début de semaine en soin intensif, en surveillance continue. Il sortirait ce soir, après avoir passé quelques jours sous morphine dans l'obscurité totale pour surveiller son état. La première chose qu'a voulu dire Kevin montre l'état d'esprit de ce joueur : "t'inquiètes, ça va, le principal, c'est qu'on a gagné !" 

Kevin devrait sortir ce soir, son état s'est amélioré.

Il était tellement content de jouer en première, c'est un gamin qui avait les larmes aux yeux avant le match. Il était super fier, aux anges quand on lui a annoncé qu'il jouait en première. Il était pressé de rejouer, mais c'est hors de question. On va prendre toutes les précautions pour ne pas le faire reprendre trop tôt.

La suite ?

Il y a eu de longues discussions entre toutes les parties. Nous, on ne voulait pas ébruiter ça parce que le président de Saint-Malo était outré par la situation et le geste de son entraîneur. Mais dès le lendemain, on a reçu une capture d'écran du président de Saint-Malo qui incitait son entourage et le club à rester discret sur ce qui s'était passé, mais surtout continuer à soutenir leur entraîneur. On a décidé donc de publier un communiqué parce que c'était clairement du foutage de gueule. On était agacé parce qu'on soutenait Saint-Malo suite au geste qui avait eu il y a deux semaines. On en a même discuté, on était surpris de la réaction de l'entraîneur en question qui condamnait le geste. 

Le club d'Auray ne compte pas en rester là, mais "c'est à Kevin de voir ce qu'il compte faire", comme nous indique Mickael Garcia. "L'important, c'est de laisser une trace en portant plainte ou en faisant une déposition, pour se couvrir plus tard par rapport aux séquelles éventuelles", mais du côté du staff et du club, c'est une attente plus large qui les motive : "on ne veut pas qu'un mec comme ça puisse rester aux bords des terrains"

Quand on a commencé à prendre le score, ils étaient venus pour gagner et ils ne s'en étaient pas cachés, le coach de Saint-Malo a dit ouvertement à ses joueurs du bord du terrain : "sortez la boîte à gifles".

L'entraîneur en question (ancien joueur de Dax) serait récidiviste, en 2009, il était impliqué dans une bagarre qui n'avait rien à voir avec le ballon ovale aux fêtes de Bayonne et comme l'indique Sud Ouest, la victime souffre aujourd'hui de séquelles neuropsychiques permanentes et serait reconnu adulte handicapé. 

C'est pas possible, il encadre des jeunes, d'après ce que je sais il est formateur ou intervenant au comité. Un mec qui demande à ses joueurs de faire péter des bagarres parce que l'équipe adverse n'est pas guerrière, ce n'est pas ce qu'on devrait prôner au niveau de la formation des jeunes. On espère qu'il ne pourra plus exercer au niveau du terrain.

Et Saint-Malo ?

Contacté, le club de Saint-Malo n'a pas voulu répondre à nos questions : "Le club a décidé de ne pas faire de commentaire tant que l'enquête est en cours", mais quelques heures plus tard, un communiqué sur leur page Facebook pour s'exprimer. Comme écrit, le club souhaite avant toute chose présenter ses excuses et souhaite un bon rétablissement à Kevin. On apprend également que l'entraîneur est d'ores et déjà suspendu de toutes ses fonctions d'entraîneur du groupe seniors. Le fautif s'est excusé immédiatement après les faits et on apprend qu'il encadre les jeunes du club ainsi que des interventions en milieu carcéral. Mais le club de Saint-Malo souhaite revenir sur les faits, tout en n'excusant pas son geste : 

L'entraîneur d’Auray et JR se connaissent. Les deux hommes ont un contentieux qui a démarré dans leurs précédents clubs. Pendant tout le match du dimanche 24 novembre, joueurs et entraîneurs du club d’Auray, bien décidés à provoquer l'entraîneur malouin, n’ont cessé de jeter insultes, menaces et propos irrespectueux à son encontre. Celui-ci n’a pas répondu, préférant alors se concentrer sur le match et s’expliquer à l’issue de celui-ci de façon adulte et mature. Décidé à pousser l’entraîneur de Saint-Malo à bout après le match, un joueur de l’équipe adverse s’est dirigé vers le vestiaire de Saint-Malo et a émis une énième provocation à l’encontre de son entraîneur. C’est là que le coup a été porté, à l’encontre du dit joueur d’Auray.

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  • Pianto
    56141 points
  • il y a 4 ans

le récit du match est juste magique.
tout un tas de bagarres, de coups, d'insultes mais "rien de méchant"...
Bref, le rubbby comme on l'aime.

En dépit de ma passion pour ce sport, c'est ce que j'ai très, très souvent constaté dans les matchs de "petites" divisions que je suis allé voir... Tellement, que je n'y vais plus jamais.

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