Après une blessure au dos en 2013, Pascal Papé sombre dans une terrible dépression. Son passé douloureux revient à la surface, et il ne saura pas le gérer. Découvrez son entretien avec Océane Lerouge, pour la série documentaire diffusée sur France TV Slash « Dans ma tête - mon trouble psy, ma thérapie ». Une série qui donne la parole à des jeunes adultes souffrant notamment de troubles psychiques.
"[Dans le rugby], quand on a des points faibles, on évite d’en parler", déclare Pascal Papé. C’est la raison pour laquelle il gardera son histoire et son passé douloureux pour lui seul, tel un fardeau. Un passé marqué, entre autres, par l’abandon de sa mère, qu’il livre dans un ouvrage intitulé Double jeu, paru en 2016. Sauf, qu’après une terrible blessure au dos lors du tournoi des 6 nations 2013, l’ancien vice-capitaine du XV de France tombe dans une terrible dépression. En effet, après avoir été éloigné des terrains à cause de cette blessure, le colosse d’1.96 m pour 115 kg, sera livré à lui-même, avec un passé douloureux qui le rattrape. Il se sent alors inutile dans sa vie de rugbyman comme dans sa vie d’homme et sa vie personnel. Cette blessure stoppe toutes ses belles histoires de rugby, et le met face à lui-même.
La descente aux enfers commence alors, et pour palier sa fatigue morale et mentale, il prend des cachets qui l’empêchent de trouver le sommeil. Ne voyant pas le bout du chemin, l’idée de dormir pour toujours l’effleure. Il veut en finir avec cette terrible souffrance qui le ronge. Un soir de 2013, Pascal avale des cachets en grande quantité avant de tomber inconscient. Comme un symbole, c’est son père adoptif qui va lui sauver la vie en appelant les pompiers. À son réveil, l’ex-deuxième ligne comprend qu’il a fait une bêtise, et sa rédemption peut enfin commencer.
Il passe alors deux semaines en maison de repos, coupé du monde. Sans wifi, ni téléphone, le Parisien peut enfin se recentrer sur lui-même. Il commence à écrire son histoire, et ce sera une véritable délivrance pour lui. Un bien fou, qu’il perçoit comme une thérapie. Une fois l’homme guéri, le rugbyman devient plus performant et plus heureux sur les pelouses, et c’est ce qu’il affirme : "Mon retour en équipe de France a été hyper serein », avant de poursuivre « j’ai presque été meilleur, et c’est là où j’ai été le plus épanoui en termes de joueur de rugby".
Pascal Papé ne voit désormais plus le suicide comme une solution et perçoit la vie différemment. Aujourd’hui en charge de la formation du Stade Français Paris, il saura briser le tabou pour la génération à venir.
christobal
Quel courage de la part de ce garçon mais ça ne m’étonne pas. C’était un guerrier sur le terrain et il a su se battre dans sa vie malgré ses épreuves.
Respect total pour avoir su rebondir et pour avoir le courage et l’intelligence de partager ce vécu et ses émotions.
Passovale
Touchant, beau témoignage, et sûrement un thème à déployer dans les centres de formation.
oc
C'est quand meme délicat a aborder en frontal .
Surtout ,allumer des pare feu et éviter l'instrumentalisation de jeunes gens ,
et oui ,on tendra vers le bon ordre des choses .
Tonioo
Super intéressant. Top de voir que ça évolue avec le professionnalisme (grâce ou à cause je ne sais pas quel mot choisir). Dans son autobiographie que je recommande 1000 fois Sam Warburton parle de toute cette pression, de littéralement manger dormir vivre rugby-performance, de ses nombreuses blessures qui poussent à bout etc. De la difficulté de le montrer et d'en parler, comme dit Raphaël Poulain d'être un superman. Il parle de l'importance d'être bien entouré aussi. Quand on voit qu'un mec comme Papé, ou Bastareaud, Dominici et sûrement d'autres (qui se sont quand même fait un sacré nom) en arrivent là, tu te dis que le chemin est long et que des joueurs moins ''stars'' sont sûrement touchés aussi.