C’est un petit séisme qui secoue actuellement le microcosme du ballon ovale. Un tremblement de terre venu tout droit d’Amérique du Sud, d’Argentine plus précisément. Car si à l’heure actuelle, la France croise le fer des meilleures nations de notre continent, on aurait tendance à oublier que le rugby bat son plein aux antipodes de notre planète. Dans un format remodelé, crise sanitaire oblige, qui a dû faire face au forfait de l’Afrique du Sud, et à l’obligation de disputer l’intégralité de la compétition sur le sol australien, Nouvelle-Zélande, Australie et Argentine se disputent une victoire finale dans le Rugby Championship, compétition annuelle de l’Hémisphère sud. On pensait les All Blacks alors enclins à ancrer une nouvelle fois leur hégémonie sur le rugby mondial, le champ laissé libre par l’absence des tenants du titre sud-africains. Et pourtant à deux journées de la fin, la donne est tout autre.
Sanchez et Matera portent les Pumas vers un succès d'anthologie sur les All Blacks [VIDEO]Avec seulement six petits points, à égalité avec leurs deux autres concurrents et forts de d’une seule victoire en trois rencontres, les hommes de Iann Foster ne doivent leur salut et une première place inespérée qu’à un goal-average élevé. Une contre-performance qui contraste avec l’excellente surprise argentine. Les Pumas, qui s’avançaient dans l’inconnu treize mois après leur dernier match, n’ont pas mis longtemps à se réacclimater aux joutes du « Tri-Nations ». Victorieux pour la première fois de leur histoire face à la Nouvelle-Zélande (15-25), ils ont ensuite tenu tête aux hôtes australiens (15-15), après avoir été menés de neuf points. Une force de caractère qui permet aujourd’hui aux hommes de Mario Ledesma de rêver d’une hypothétique victoire finale dans la compétition. Et s’ils sont soutenus par un contingent local nombreux qui a fait le déplacement sur le sol australien, il en est de même à quelques milliers de kilomètres, où en Argentine, les bonnes performances de l’équipe nationale déchaînent les passions. Pour preuve, dans un sondage paru sur le site du journal sportif Olé, 67% des Argentins croient à un succès de leur équipe à l’issue des deux derniers matchs. Il faut dire que si la victoire face aux All-Blacks a été vécue comme un véritable exploit national, le match nul décroché au forceps face à l’Australie a plus que jamais laissé entrevoir les portes d’un premier sacre historique au sein du pays sud-américain.
Un parcours qui déchaîne les passions d’autant que les Argentins possèdent un match à moins que les Néo-zélandais et australiens. Le journal Olé précise : « C’est la première fois que l’Argentine est invaincue sur deux matchs face aux grandes nations du Sud. Et donc, avec un match en moins que leur rivaux ils ont une réelle chance d’être champions ». Même son de cloche dans le journal national Clarin dithyrambique sur son équipe nationale pour qui « les Pumas ont montré à la suite du match nul en Australie, que la victoire contre les All-Blacks n’étaient pas le fruit du hasard », avant d’ajouter : « ce match nul prouve la maturation de l’équipe. C’est agréable de les voir jouer comme ça, car l’on en avait marre des défaites " dignes" ». Puis de poursuivre : « il est très difficile de se remettre dedans après avoir eu une si grande usure émotionnelle et mentale car cela vous oblige à battre une équipe aussi bonne que les All Blacks. » Le journal s’est même attardé longuement sur les chances de victoire finale en précisant qu’une défaite avec bonus défensif assortie d’un succès face à l’Australie offrirait la victoire au siens, tout comme l’éventualité de deux matchs nuls. Globalement tout un pays croit dur comme fer aux chances d’un succès final. La Nacion ajoute également son grain de sable à l’engouement que suscite l’Argentine : « Quel que soit le résultat samedi prochain, les Pumas atteindront le dernier match avec la possibilité de remporter le Tri Nations ».
L’Argentine peut-elle réellement l’emporter ?
Oui, potentiellement l’Argentine peut gagner ce « Tri-Nations ». Déjà parce qu’elle semble en mesure favorable avec une rencontre en moins. Également car elle peut s’appuyer sur des vertus qui ne sont plus à prouver : un état d’esprit irréprochable et une défense ultra agressive. Cependant la bande de Pablo Matera a semble-t-elle montré des premiers signes de fébrilités face à l’Australie. Courageuse, remontant un handicap de neuf longueurs, elle n’a en contre-partie pas proposé un jeu alléchant, là où ses trois quarts se sont montrés sans solutions voire limités techniquement. La mêlée si conquérante une semaine auparavant a également été mise à rude épreuve. Une friabilité qui pourrait avoir raison des Pumas à long terme. Surtout que la prochaine rencontre face à des All Blacks revanchards, traînés dans la boue par ses propres observateurs, s’annoncent des plus coriaces. La presse locale ne s’en cache d’ailleurs pas comme l’explique une nouvelle fois Olé : « Bien sûr la tache ne sera pas facile. Surtout car il s’agit de deux grosses nations mondiales ». Le journal Clarin n’omet pas non plus de préciser un brin de réussite dans la partie face aux australiens : « Contre les Wallabies, l’Argentine a eu de la chance, mais combien de fois ne l’avons-nous pas eu ? ». À voir si l’Argentine sera capable de réitérer de telles performances. Auquel cas elle pourrait décrocher le premier titre majeur de son histoire et plonger le pays dans une liesse indescriptible.
Roger Lavoyer
Je n'y crois pas du tout.
mimi12
Cela serait beau mais ça paraît compliquer...
Team Viscères
Attention à ne pas non plus trop s'emballer : en dehors de la possibilité mathématique il existe surtout la possibilité sportive, et s'ils n'ont jamais été aussi bien placé c'est encore très loin d'être fait.
Mathématiquement ils sont bien, ils ont le même nombre de points que les autres mais ont deux matchs à jouer contre un seul pour les NéoZeds et les Australiens.
Sportivement c'est une autre histoire, puisqu'ils vont devoir jouer les Blacks revanchards puis aller en Australie. Les combinaisons pour gagner ne sont pas si évidentes que ça : gagner les deux matchs (exploit indescriptible), faire deux matchs nuls (donc ne pas se rater une seule fois), ou gagner un des deux matchs en prenant un bonus de plus que les Blacks ou le même nombre de bonus que les Aussies (battre deux fois les Blacks à la suite serait déjà le plus grand exploit de leur histoire, et pas loin des plus grands de l'histoire du rugby). Comme dit dans l'article, leurs difficultés offensives risquent de leur coûter cher dans ces histoires de bonus...
Saluons déjà leur tournoi historique qui peut encore s'améliorer et laissons leur le droit de rêver à l'exceptionnel, ils se le sont gagné comme des grands. Mais sur le papier les chances de titre les plus crédibles restent aux Blacks même affaiblis comme rarement. Avec leur avance au goal-average général, une victoire samedi leur ouvrirait grand les portes et un bonus offensif plierait quasiment l'affaire (une victoire Néozed forcerait les Pumas à finir devant au classement, donc si les Blacks prennent 5 points cela signifie défaite bonifiée pour les Pumas suivie d'une victoire bonifiée en Australie...).