PRO D2 : Qui est Joris Segonds, le nouveau maître à jouer du Stade Aurillacois ?
Joris Segonds, ouvreur d'Aurillac. Crédit photo : Baptiste Paquot Photographie
À 21 ans, le demi d'ouverture Joris Segonds s'impose à la fois comme fer de lance du jeu rouge et bleu et successeur de Maxime Petitjean.

Douze feuilles de matchs de Pro D2 sur douze possibles en 2018/2019, dix titularisations. Joris Segonds, demi d'ouverture de son état, fait désormais partie des leaders de jeu du Stade Aurillacois. Et à 21 ans, il compte déjà plus de 2000 minutes jouées en deuxième division. Natif de l'Aveyron, formé à Decazeville, l'ouvreur rejoint le club cantalou en Cadets, repéré lors d'un match amical. ''Je suis arrivé en deuxième année puis j'ai intégré le centre de formation, j'ai ensuite signé ma première convention puis mon premier contrat professionnel''. Trajectoire linéaire pour la pépite du Sporting Club Decazeville. ''À Aurillac, ils font confiance aux jeunes. Je suis un des exemples mais il y en a plusieurs. On a vu que quand on faisait des bons matchs en Espoirs, on nous donnait l'opportunité de nous montrer à l'entraînement puis en match. C'est une vraie chance''. Lancé en 2016 face à Carcassonne avec ''les larmes aux yeux'' lors de l'annonce du groupe, l'ouvreur alterne entre les rencontres avec les pros et celles en Espoirs. Rapidement, il s'impose dans la génération montante du SA - où figurent notamment le pilier Lucas Seyrolles, le demi de mêlée Hugo Bouyssou, l'ailier Pierre Gaveau (deux essais en deux matchs l'an passé) ou encore l’arrière Thomas Salles - et devient l'un des fiers représentants de la formation bleu et rouge. ''Depuis gamin, j'espère jouer en pro mais je ne m'y attendais pas du tout. C'était un rêve qui s'est finalement concrétisé. Tout est allé très vite et je me rends compte que je n'ai pas encore tout à fait réalisé que je joue en Pro D2. Mais j'ai tout fait pour y arriver''.

Maxime Petitjean, le modèle

Chez les pensionnaires de Jean-Alric, il grandit dans l'ombre de Maxime Petitjean. Joueur phare du club, idole du peuple et véritable tireur d'élite qui a remisé les crampons au placard l'été dernier après huit ans de bons et loyaux services. ''Beaucoup de monde m'a présenté comme le successeur de Maxime. Et il faut savoir qu'il m'a aidé, il m'a dit que j'étais la relève et qu'il ne fallait pas que je me pose de questions. Il m'a beaucoup apporté d'abord sur le jeu au poste puis comme buteur. Maxime m'a beaucoup donné et poussé. C'est un joueur qui a marqué l’histoire du club''. La reconnaissance est légitime. ''On nous promettait la concurrence à nos arrivées en professionnel, qu'on ne nous ferait pas de cadeaux. Ça a été tout le contraire avec lui, je ne peux que le remercier''. Un jour l'élève dépassera peut-être le maître et il est clair que ce dernier aura contribué à la perte de sa propre couronne. Avant cela, Joris Segonds porte donc la succession sur ses épaules et s'est désormais mué en dépositaire du jeu du Stade Aurillacois. Ses six feuilles de matchs la première année ont été suivies de vingt-six apparitions l'an passé. Comme un symbole, c'est lui qui a remplacé Maxime Petitjean lors du dernier match de sa carrière face à Mont-de-Marsan en avril et à l'intersaison, il tenait une nouvelle place dans la hiérarchie des ouvreurs. Tout en modestie. ''Je n'ai que 21 ans mais mon objectif est de jouer un maximum. Je suis le plus heureux d'avoir du temps de jeu. Surtout que c'est une chance en Pro D2. Mais il ne faut surtout pas s’enflammer, je ne suis pas installé, je n'ai rien prouvé. Et si je ne réalise pas de bonnes performances avec les pros, je retournerai en Espoirs''.

Les Aurillacois ont débuté la saison par un succès prometteur devant Oyonnax. La défaite à domicile contre Nevers lors de la cinquième journée les a propulsés dans la deuxième partie du tableau. ''Aujourd'hui, on est douzième et on parle de maintien. C'est dommage, il faut qu'on vise les barrages, le championnat est très serré. Mais on s'est remis la tête à l'endroit avec de bonnes performances contre Colomiers et Mont-de-Marsan''. Les coéquipiers du capitaine Paul Boisset ont glané un point en terres columérines puis vaincu avec la manière le Stade Montois lors de la douzième journée. Un succès bonifié 31-7 au cours duquel Joris Segonds, auteur de onze points au pied, était le plus jeune joueur aligné sur la feuille de match côté aurillacois (le deuxième de la rencontre après Nathan Courtade, son adversaire direct). C'est un fait récurrent chez les Cantalous, preuve de l'importance du joueur dans le dispositif de l'équipe. Une équipe qui a certainement décroché face aux Jaunes et Noir, en plus des cinq points, un succès référence. ''C'est la meilleure prestation avec la première période contre Montauban. Mais on doit désormais confirmer et ne pas s'en satisfaire. Avant le déplacement à Colomiers, on s'est remis en question. Il faut arrêter de passer nos matchs à défendre, on doit essayer de produire du jeu, prendre du plaisir et en donner à nos supporters qui ne paient pas pour voir des purges''.

Le salut par le jeu de main

Le demi d'ouverture ''fanatique du Stade toulousain depuis toujours'' estime que déployer du jeu est l'essence même de la discipline. ''Quand tu es ouvreur, tu aimes avoir le ballon, le mouvement, les grandes envolées, relancer des 22. Il faut jouer pour l'équipe. Remonter le terrain à la main c'est magnifique et bien sûr ce n'est pas simple''. Un style de jeu tourné vers l'offensive que les Aurillacois tentent d'appliquer et notamment depuis qu'ils se sont dit les choses avant Colomiers. ''On a une équipe pour déplacer le ballon, les meilleurs performances du club ont été réalisées lorsque l'équipe jouait. On n'a pas le pack le plus solide mais si on joue à la main ça peut payer même face aux grosses équipes. La force, c'est le déplacement du ballon même si ça peut-être délicat en Pro D2 avec des phases de combat mouvementées''. L'année passée, les bons matchs de l'ouvreur ont attiré les convoitises du niveau supérieur. Mais l'heure de quitter le club qui lui a donné sa chance a été remise à plus tard. ''Cet été je voulais rester à tout prix, il faut que je confirme. Je ne me projette pas encore car je suis à 100% dans le projet d'Aurillac. Après quand tu mets les pieds dans un monde, tu rêves plus de l'autre. Si j'ai l'opportunité d'aller jouer en Top 14, bien sûr que j'y penserais mais il faut d'abord enchaîner les bons matchs en Pro D2''.

Le trois-quarts centre Jules Godfroy (formé à Brive), qui a côtoyé Joris en sélection Inter-secteurs et Provinces puis l'a affronté avec Vannes en PRO D2, se souvient d'un joueur avec ''un jeu au pied marquant, très long. Il trouve de grosses touches et est capable de buter de loin. J'ai un souvenir précis en Inter-secteurs où il avait frappé une pénalité de plus de cinquante mètres sur le poteau. Ce n'est pas un bon souvenir pour lui car il l'a manquée mais c'est impressionnant. C'est aussi un bon animateur''. Segonds qui a été marqué par le match face au Mont-de-Marsan de Timoci Matanavou (''je prenais des photos avec lui à Ernest-Wallon et maintenant c'est un adversaire'') est désormais lancé pour s'imposer sur la durée dans le monde professionnel. Entre rêve, réalité, coup de pied long et idéal d'un jeu tourné vers le mouvement.

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