Bonjour Romain, on revient sur ta signature à Issoire. Comment ça s’est noué ?
Bonjour, alors pour faire court. Christophe Rodier m’a appelé l’année dernière après « l’épisode » Stade Français. À ce moment-là, mentalement et physiquement j’en avais assez. Du coup je n’ai pas souhaité m’investir dans un nouveau projet et Christophe l’a compris. J’avais besoin de prendre du recul et ne penser qu’à ma famille et ma reconversion car j’avais pris la décision de raccrocher les crampons. Et puis fin février, je reçois un appel de "Dédé" Théron (Team Manager, on va dire ça comme ça) me disant qu’il voudrait me rencontrer pour me parler du projet du club et savoir si j’avais envie de remettre les crampons. Et puis me voilà 6 mois après à prendre un plaisir fou dans ce rugby amateur et dans une division que je ne connaissais pas comme beaucoup d’autres joueurs du club.
Tu as débuté à Issoire, c’est le club de coeur ?
Oui, c’est le club dans lequel j’ai fait mes premières armes à l’âge de 10 ans (je sais ça commence à remonter) il y a donc 25 ans. Ensuite, je suis parti à l’âge de 16 ans chez le voisin Brioude par rapport à l’école où j’étais pensionnaire. Ces 2 clubs sont particuliers pour moi, car j’y ai passé des moments extraordinaires, dans le plus pur amateurisme et avec l’insouciance de ma jeunesse.
Tu as un parcours atypique. Tu passes par Issoire et Brioude (en Fédérale 3), directement propulsé à Clermont à 21 ans.
C’est vrai que c’est plus qu’atypique même, je passe de Honneur à Fédéral 3 avec Brioude et ensuite aux espoirs de l’ASM et son centre de formation. Comme chaque gamin qui prend une licence dans n’importe quel sport, son rêve c’est d’être professionnel. Donc ce fut forcement le mien aussi. Et puis quand arrive l’âge de 18/19 ans et que tu n’as toujours pas "percé" et bien tu te dis que c’est trop tard. Et puis non en fait.
C’est à Narbonne que tu te révèles ?
Effectivement, au bout de mes 2 ans de centre de formation je ne suis pas conservé par l’ASM car j'atteins la limite d’âge pour rester au centre de formation et certainement pas assez compétitif par rapport aux autres joueurs déjà en place pour décrocher un contrat professionnel. Alors je suis parti en Pro D2 à Narbonne où j’ai passé 3 années exceptionnelles, tant sur le plus humain que rugbystique. J’y connais l’équipe de France A, des mecs fabuleux (comme partout où je suis passé d’ailleurs) et surtout une personne qui a beaucoup compté pour moi (rugbystiquement et humainement) c’est Patrick Arlettaz. Je me suis rattaché a toutes ses valeurs, que je partage. Il aime ses joueurs et par-dessus tout il aime un rugby que j’aime aussi. Aucune restriction du joueur dans ses prises d’initiatives et ça devient donc un rugby totalement fou quand il est maîtrisé. J’ai un souvenir en tête, lors d’une séance vidéo où il fait un arrêt sur image sur un 3 contre 1 juste devant notre en-but et il dit un truc du genre "si vous ne jouez pas ça les mecs vous jouerez jamais rien". Un plaisir fou.
Tu confirmes à Castres, avec une place de second marqueur d’essai en 2011/2012.
Du coup en 2010 je signe a Castres en Top 14 où je connais une 1re année plutôt compliquée avec très peu de feuilles de match. Et en mai 2011 je deviens Papa et pour moi ça a tout changé. Ca m’a peut-être plus responsabilisé et fait grandir mentalement. Je passe presque 10 mois sans feuille de match. Rien. Et puis Laurent Labit, me donne un match de coupe d’Europe en novembre et tout part de là.
Castres, un titre de champion de France et une finale. C’est tes meilleures années en pro ?
Oui sans hésitations. Ce club a vraiment une place particulière pour moi. Le Castres Olympique est mon club. J’y ai tout connu. Le fond du sceau jusqu’au Graal. Ce titre ne peut s’expliquer par des mots. C’est magique, comme les 6 années que j’y ai passées. Même si j’ai aussi pris énormément de plaisir à Bayonne ou à Paris.
Une tournée avec l’équipe de France, mais pas de sélection. C’est un regret ?
Ne pas avoir de sélection est un regret en effet, mais j’ai quand même eu la chance de porter quelquefois le maillot frappé du coq avec France A et France 7 (de superbes expériences) mais peut être que je n’avais pas le niveau pour la grande équipe de France. Le plus grand regret de ma carrière est de ne jamais avoir eu la chance de porter le maillot des Barbarians Français. C’est vraiment quelque chose que j’aurais aimé connaître.
Ton meilleur et ton pire souvenir en pro ?
Mon meilleur souvenir est forcément ce titre de champion de France, au-delà du bouclier qui reste emblématique pour n’importe quel joueur de rugby, c’est vraiment l’aventure humaine qu’il y avait derrière qui fait que c’est beau. Et le pire souvenir reste ma blessure à l’épaule en 2014 ou je mets presque 7 mois pour revenir sur les terrains à cause de complications. Très dur mentalement, car c’était ma première grosse blessure.
Qu’est-ce que tu penses du niveau de la Fédérale 1 ?
Ce niveau est surprenant, avec la suppression de cette poule Elite, on voit un écart important entre le haut et le bas du classement. On se rapproche du 1er niveau professionnel donc il n’y a de fédéral que le nom au final. Avec des clubs qui ont un mode de fonctionnement identique au monde professionnel et d’autres qui sont de simples amateurs avec 3 entraînements/semaines et le réveil tous les matins pour aller au boulot. Mais ce niveau est vraiment intéressant et on voit des matchs avec des fortes intensités et des impacts qui commence à être très lourds.
Tu penses rempiler à Issoire ? Tu as pensé à l’après rugby ?
Joker pour Issoire... Et pour l’après-rugby, je suis en pleine reconversion. Je prépare actuellement un titre de Conducteur de Travaux Bâtiments/Génie Civil. J’ai démarré ma reconversion il y a maintenant 1 an avec un titre de Maçon obtenue a l’AFPA. Et j’ai ensuite enchaîné sur la formation de conducteur de travaux. Comme au rugby, je démarre par le bas pour évoluer. Là, c’est pareil pour ma reconversion, d’abord maçon pour évoluer sur conducteur de travaux dans lequel je prends un énorme plaisir.
Si tu as une anecdote frappante à raconter, on est preneur !
C’est malheureusement pas une anecdote que je vais raconter, mais depuis quelques jours le rugby français est dévasté par l’annonce du Décès de Ibou Diarra. Il laissera un vide immense, c’est une terrible nouvelle. Je pense sincèrement à sa famille et ses proches et je leur souhaite beaucoup de courage dans cette terrible épreuve. Il a semé le bonheur partout où il est passé.
breizovale
Le fond du SCEAU jusqu’au Graal, ça ne maque pas de cachet !