Le couperet est tombé ce jeudi. Dans son allocution, le premier ministre Jean Castex a exclu tout retour du public dans les stades avant le 7 janvier, en raison d’une baisse trop lente des contaminations au Covid-19. Un temps espéré pour décembre il n’en sera finalement rien. Une décision délicate mais compréhensible pour le président de la Fédération Française de Rugby, Bernard Laporte comme évoqué au micro de BFM TV : « On est tous déçus, mais on ne s’attendait pas à rouvrir les stades immédiatement. La date de janvier est importante, on verra si on rouvre réellement les stades. » Une décision pas forcément surprenante donc, mais qui plonge un peu plus le microcosme du sport dans un marasme financier sans précédent : « Le monde du sport est dans la difficulté, notamment le monde professionnel. Quand je vois avec la FFR, les pertes que nous avons de jouer à huis clos, il est évident que cela aura des répercussions. Des dépenses et aucune recette, cela ne peut pas durer. Si on prend le cas de la FFR, on va avoir 27 millions d’euros de pertes nettes sur l’exercice, et un remboursement de cinq millions […] On ne va pas se plaindre, on ne fabrique pas de l’argent et le gouvernement fait déjà beaucoup. Un budget a été dégagé, notamment sur le fonds de solidarité billetterie qui est de 110 millions d’euros, qu’il faudra partager entre les clubs de foot, de rugby et de hand », poursuit Laporte.
« Sans recette et avec l’ensemble des coûts, c’est très difficile pour vivre »
Didier Lacroix président du Stade Toulousain, invité de BFM TV, s’est quant à lui montré inquiet sur la situation du rugby professionnel. S’il n’omet pas de souligner une once de cohérence dans le fait que les théâtres, cinémas ou salles de spectacles dont les réouvertures étaient prévus pour le 15 décembre, prolongent elles aussi leur fermeture jusqu’à ladite date, il pointe du doigt en revanche la grave crise économique que traverse le rugby français. Pour l’ancien troisième ligne, sans billetterie et avec des joueurs à charge, la situation est même devenue plus alarmante que lors du premier confinement : « On va prendre notre mal en patience mais c'est toujours difficile parce qu'on avait des gros matchs à jouer […] Sur le premier confinement, nous avions moins de difficulté parce que la compétition était à l'arrêt, les joueurs aussi et il y avait un arrêt du paiement de leurs salaires. Cette fin de saison 2019-20 s'était à peu près bien déroulée puisqu'on a réussi à contenir les choses avec des recettes déjà encaissées de nos partenariats et abonnés. Là, nous sommes en début de saison, on a 100% de nos charges avec nos salaires, même si tous les clubs ont vu les joueurs adhérer à notre modèle économique et consentir à un effort sur leurs salaires. Sans recette et avec l'ensemble de ces coûts, c'est très difficile pour vivre.» Et encore, Didier Lacroix n’est peut-être pas au bout de ses peines. Privés de public, les clubs de Top 14 et Pro D2 scruteront avec attention la décision prise à la date butoir du 7 janvier, puisque là aussi un nouveau point sera fait quant à la marche à suivre.