Titre provocateur pour tenter de trouver une explication sur le peu d'ambition que possède le jeu gallois depuis quelques mois. Alors que l'arrivée de Wayne Pivac comme sélectionneur promettait de le rendre beaucoup plus glamour, force est de constater que celui-ci reste encore marqué par les douze années de Warren Gatland à son chevet. Loin de l'équipe légendaire des années 70 qui raflait tout sur son passage dans le sillage des JPR Williams, Barry Jones ou encore Gareth Edwards pendant plus d'une décennie, le Pays de Galles a opté pour un jeu méthodique et physique.
Wayne Pivac, ancien entraineur des Scarlets de Llanelli, avait fait du club une superbe équipe agréable à regarder, dont les résultats éloquents plaidaient pour lui (vainqueurs de la ligue Celte en 2017, demi-finalistes de la Coupe d'Europe en 2018). Le Pays de Galles pensait alors suivre dans cette voie après la Coupe du Monde 2019 au Japon. Le Tournoi des Six Nations 2020 était déjà prometteur. Malgré des résultats mitigés, les intentions de jeu avaient énormément évolué et l'on croyait alors cette équipe capable de se tourner vers l'offensive, avec comme joueurs en têtes, Nick Tompkins, Tomos Williams, Josh Navidi, Louis Rees-Zammit.
Cette équipe ne manque pas de talent, et malgré un titre dans le Tournoi des Six Nations l'an passé, le jeu et les résultats ont du mal à convaincre. Une correction reçue face à la Nouvelle-Zélande, une défaite face à l'Afrique du Sud, deux victoires poussives à 15 contre 14 cet automne, auparavant une défaite à domicile face à l'Argentine. Cette équipe galloise manque en fait cruellement de variation de lancement de jeu :
Le rôle de Biggar ici est uniquement de distribuer le jeu derrière lui. Il est difficile de l'imaginer créer un quelconque danger face à la défense adverse qui plus est organisée et bien en place. On remarque tout de même une récurrence dans le jeu gallois avec Dan Biggar :
Sur ces deux séquences, on le voit utiliser une cellule de trois joueurs arrivant à plat dans la ligne défensive adverse. C'est un lancement de jeu que l'on voit très régulièrement côté gallois, mais qui manque tout de même d'efficacité. Avec ce bloc de trois joueurs, quelques variantes existent :
Ou bien le numéro 10 joue dans le dos de ce bloc, ou bien le bloc joue devant la défense. Il est tout de même très gênant de constater à quel point il est facile pour les défenseurs de glisser et gérer l'attaque galloise. Il n'y a quasi pas de danger crée ni d'incertitude.
De manière générale, on constate en fait que le Pays de Galles joue devant la défense adverse. Il n'y a pas de joueur qui rentre sa course, pas d'appel en leurre, mais uniquement un collectif qui effectue l'essuie-glace. Cette pratique de jeu rappelle ce que l'on avait l'habitude de voir au tournant des années 2010 dans le Tournoi des Six Nations. Depuis la Coupe du Monde 2015 justement, les avants s'intéressent plus au jeu dans la ligne, et sont utilisés comme des points d'appuis pour que le jeu puisse rebondir et se déplacer vers les extérieurs plus facilement.
Quelle que soit la situation, le jeu est aisément lisible et les Gallois perdent la dynamique créée en cédant du terrain. Avec Dan Biggar comme distributeur, cela permet en théorie de déplacer le ballon rapidement entre chaque cellule de joueur répartie sur le terrain. Malheureusement, le peu d'incertitude rend l'intention gâchée. Tout de même, on est obligé de constater que cette méthode de distribution peut être efficace pour relancer le jeu lorsque la balle est en bout de ligne.
Bien effectuée, la relance peut permettre à l'équipe attaquante de garder sa dynamique de jeu, et ainsi continuer à imprimer son tempo face à la défense adverse qui s'est replacée. Cette équipe galloise semble alors avoir un jeu du passé qui n'est plus aux normes de ce que requiert le niveau international. Malgré ce constat, Dan Biggar est capitaine du Pays de Galles. Sa précision au jeu au pied en font un réel atout, et le fait qu'il fasse très peu de fautes de goût rassure son sélectionneur. Néanmoins, quel est le projet de jeu des Gallois en perspective de la prochaine Coupe du Monde ? Difficile d'y voir une réelle ambition. Une alternative déjà testée l'an passé dans le Tournoi, et qui s'était révélée efficace, se nomme Callum Sheedy. Demi d'ouverture des Bristol Bears en Angleterre, il fait partie des meilleurs joueurs de son poste en Premiership. Il est même l'anti-thèse de Dan Biggar. Jugez par vous-même :
Tonique, explosif, inspiré, Callum Sheedy a su faire la différence l'an passé à chaque fois qu'il est rentré en cours de jeu à la place de Dan Biggar. Sa performance XXL face à l'Angleterre a fait l'unanimité au Pays de Galles. On pensait alors que les Gallois avaient trouvé le bon équilibre et une arme massive en attaque pour apporter de l'inspiration. Car Callum Sheedy aime agresser la ligne adverse, attaquer, passer après-contact, jouer au pied pour ses ailiers. Un numéro 10 racé pour l'attaque. Malheureusement, Wayne Pivac semble préférer la sobriété de Dan Biggar, qui à défaut de ne pas être génial, est propre sur le terrain et effectue rarement des erreurs.6 NATIONS. Ce que change le retour du chien fou Josh Navidi pour l'équipe de FranceLe Pays de Galles a les moyens de ne pas se contenter de jouer petit bras. Si les retours d'hommes forts comme Josh Navidi, Alun Wyn Jones ou Taulupe Faletau aideront à coup sûr cette équipe à pouvoir répondre physiquement à ses adversaires, son manque technique pour transformer le jeu seront un réel handicap, surtout en vue de la prochaine Coupe du Monde en France. Les Fidji et surtout l'Australie, peuvent largement prétendre à s'imposer face aux Diables Rouges en phase de poules.
Yoooooooy
Bel effort d'article. Mais je pense que le problème c'est le plan de jeu des gallois... Dans le match aujourd'hui, sans Biggar, les gallois n'auraient pas faire grand chose en fait.
MARCFANXV
Si un média Gallois se fendait d'un mm article à propos de Ntamack plutôt que Jalibert, la franchouillardie crierait à l'outrage ! Sauf qu'avec Biggar le gestionnaire plutôt que Sheeddy l'offensif, le Pays de Galles est tenante du titre qd ce mm choix n'a pour l'instant rien rapporté aux Bleus...C'est pas un peu l'histoire de la paille vs la poutre cette affaire ?
Le Haut Landais
et je pense que Biggar a montre toute valeur et a longtemps maintenu son equipe dans le match hier
Timmaman
Article très intéressant merci. Biggar n'est certes pas flamboyant, mais, à l'image d'un Sexton ou d'un Ford, il est toujours "juste" et fais souvent les bons choix.
On pourrait comparer avec ce qu'il se passe chez les bleus, où Ntk est bcp plus gestionnaire (même s'il a cette capacité à varier son jeu) que Jalibert.
dusqual
oui, je me faisais la même réflexion pour sexton.
et pour l'edf, je pense que n'tamack bénéficie de son expérience du haut niveau (1 cdm, en club) et de sa complicité avec dupont. c'est plus un gestionnaire en effet, même si quand il joue en bleu, jalibert est beaucoup plus gestionnaire qu'en club.
fredo69007
Parce qu il est meilleur tout simplement, plus constant fiable et solide dans tous les secteurs... Quand est ce qu on comprendra que le rôle d un ouvreur c est pas de faire 20 percées par match!
Zizi Pompon
Le rôle d'un 10 n'est effectivement pas de percer la ligne 20 fois par match, mais de créer des brèches dans les lignes pour les faire prendre aux coéquipiers, peut-être bien...
Et pour cela, le 10 doit avoir un jeu (pour le moins) illisible par l'adversaire et savoir créer une certaine incertitude, afin de ne pas laisser les défenseurs se conforter dans l'application du plan initial.
En cela, je trouve également que Biggar, s'il est effectivement efficace pour décourager l'adversaire, dérouter, faire déjouer et prendre le score, lorsqu'il est étouffé il ne semble pas en mesure de revoir sa copie et s'adapter.
Hier soir, s'ils l'avaient fait remplacer par Sheedy, je me serais sûrement couché sans le sourire...
#maisavecdessi
fredo69007
L incertitude vient plus de l animation autour du 10 que de celui ci même je pense. Les meilleurs ouvreurs du monde je parle de Carter, Wilko etc savaient se faire oublier pour prendre leur chance en portant le ballon peut 3-4 fois par match max. L essentiel pour un 10 est donc selon moi bien plus la lecture du jeu que la capacité à percer ou défier la ligne adverse. C est surtout en cela je trouve qu un NTK par exemple est supérieur à Jalibert
Zizi Pompon
C'est de ça dont je parlais en disant : créer des brèches...pour les faire prendre...