RUGBY. ''Aux Fidji, il y a un très gros problème'', confie le plus Français des Fidjiens
Les Fidji ont réalisé une Coupe du Monde d’exception en France à l’automne dernier et semblent être proches de révéler leur plein potentiel. (Photo par Pauline Ballet - ©World Rugby)
Les Fidji ont réalisé une Coupe du Monde d’exception en France à l’automne dernier et semblent être proches de révéler leur plein potentiel.

Les îles Fidji sont un O.V.N.I. du rugby mondial. Petit pays de moins d’un million d’habitants, il produit de grands joueurs de rugby en pagaille. Réputés, les joueurs fidjiens sont très prisés par les meilleurs clubs du monde et leur sélection commence à prendre le rythme. À la dernière Coupe du monde, ils se sont qualifiés pour les quarts de finale, perdant contre l’Angleterre. Pour poursuivre cet effort, un sélectionneur compétent doit prendre la suite de Simon Raiwalui. Ainsi, l’Australien Mick Byrne a été désigné. Il était jusqu’alors manager des Fijian Drua, la franchise de Super Rugby Pacific basée aux Fidji.

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Pour prendre la température sur ce choix, nous avons contacté Franck Boivert. Ce Français est spécialiste du rugby fidjien et vit sur l’archipel depuis de longues années. Sa candidature avait été proposée, sur demande de plusieurs joueurs de la sélection. L'entraîneur et formateur nous confirme qu’il aurait bien aimé prendre ce poste. Cependant, il nous confie que "son dossier s’est perdu" dans les bureaux de la fédération fidjienne. Cette dernière ne lui ayant donné aucune réponse avant la nomination de l’Australien.

Il nous indique que Mick Byrne est issu de "l’école néo-zélandaise". Une méthode, selon lui, qui n'est pas toujours compatible avec les qualités fidjiennes. De plus, les entraîneurs océaniens, néo-zélandais ou australiens, peuvent parfois se confronter à une barrière culturelle, qu’il nous décrit ainsi :

Aux Fidji, quand on est jeune, on ne répond jamais à la figure d’autorité, les parents. Alors parfois, des Australiens et des Néo-Zélandais viennent entraîner aux Fidji. Ils convoquent les joueurs et leur posent des questions, mais c’est le silence total, personne ne répond. De plus, c’est extrêmement mal vu de se mettre en avant dans la culture fidjienne. Quand ton but est de faire participer les gars avec qui tu travailles, c’est un sacré handicap."

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Les Fidji, O.V.N.I. du ballon ovale

En parallèle, il nous confie qu’il est difficile pour les Fidjiens de trouver un sélectionneur compatible avec leur jeu. "Les Fidjiens sont des Mélanésiens. Ils ont des caractéristiques physiques différentes des Polynésiens (NDLR : Tongiens, Samoans, Maoris, etc.)", nous informe-t-il. Pour exploiter au maximum ces physiques si particuliers dans le monde du haut niveau, une méthode particulière est nécessaire selon lui.

Pour cette raison, Franck Boivert a créé il y a plusieurs années un diplôme d’entraîneur uniquement dédié au système fidjien. Cependant, le formateur s’est heurté à un problème majeur en tentant de faire émerger des entraîneurs talentueux directement sur l’archipel, où il vit encore aujourd’hui.

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Cet obstacle est totalement extérieur au monde du rugby et c’est en vivant aux Fidji que Franck Boivert a pu s’en rendre compte. Il nous explique ainsi pourquoi il est si compliqué de voir des coachs fidjiens émerger de la formation locale :

Aux Fidji, il y a un très gros problème. À l’école, l’intégralité de l’enseignement que les Fidjiens suivent quand ils sont enfants est basée sur la répétition. Il n’y a jamais de résolution de problèmes. Sur l’examen que j’ai mis en place, il y avait trois exercices : un QCM, des questions et une résolution de problèmes. Mes étudiants étaient souvent très bons sur le premier exercice, assez bons ou moyens sur le deuxième et catastrophiques sur le dernier. Malheureusement, être entraîneur de rugby, c’est constamment devoir résoudre des problèmes."

Néanmoins, Franck Boivert explique qu’il est possible de s’adapter à ces spécificités culturelles. Par exemple, le Catalan d’origine repère les leaders, soit les Ratu en fidjien, pour leur donner plus d’importance dans le jeu. Il reproduit également les coutumes locales lors des entraînements, afin de mettre ses joueurs dans les meilleures conditions possibles lors des entraînements. Une technique qui porte ses fruits puisque le formateur est à l’origine de l’éclosion de joueurs tels que Levani Botia, Peni Ravaï, Peceli Yato ou encore Alivereti Raka.

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  • alan75
    9149 points
  • il y a 6 mois

Il y a un autre problème : les cartons...

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