C’est un classique du rugby contemporain. Le Stade Toulousain et le Leinster se retrouvent samedi pour gravir une nouvelle marche de leur très riche histoire. Et quoi de mieux que d’affronter son plus grand rival pour prendre le large au nombre de coupes d’Europe. Avec quatre Champions Cup dans la besace irlandaise et cinq victoires dans la compétition pour le Stade Toulousain, ces deux équipes se livrent à une véritable guerre des étoiles illuminée par une constellation d’internationaux.
Mais voilà cinq ans et demi que les champions de France en titre n’ont plus battu le Leinster. Dominés lors de leurs quatre dernières confrontations, les Haut-Garonnais espèrent bien stopper cette série noire pour soulever une sixième Champions Cup. À trois reprises (2019, 2022, 2023), le Leinster a mis fin aux espoirs toulousains aux portes de la finale. À Londres, les Stadistes défieront ni plus ni moins que leur Némésis. Un ogre bleu qui est devenu au fil des années un plafond de verre pour les hommes d’Ugo Mola, à qui rien ne résiste sur la scène domestique.
« Le mot d'ordre, c'est de rester à 15 »
Il est coutume de dire de ces rencontres couperets qu’elles se jouent sur des détails. Difficile en effet d’identifier le secteur qui permettra au Stade Toulousain de surpasser le Leinster au Tottenham Hotspur Stadium. Pour autant, une inefficience dans certains domaines risquerait d’hypothéquer leur chance de victoire. Et il y a un qui a tant fait défaut aux Toulousains ces dernières années face au Leinstermen : la discipline.
Un carton jaune dès la 15e minute du match pour Thomas Ramos. Un deuxième à l’heure de jeu contre Rodrigue Neti pénalisé pour un contact épaule contre tête… L’an dernier, le Stade Toulousain a vécu l’enfer à l’Aviva Stadium de Dublin (40-22). Au total, les coéquipiers d’Antoine Dupont avaient concédé 8 pénalités. Bien trop quand on défie une formation irlandaise à la rigueur inégalée. En 2022, la copie n’est pas plus reluisante. Alors que les deux équipes sont aux prises en demies, les rouge et noir se retrouvent à 14 dès la 35e minute (Meafou). Résultat : les Stadistes subissent la loi du Leinster et retournent dans la ville rose avec 40 points dans les poches. Sur les trois dernières confrontations, les champions de France ont toujours été sanctionnés d’au moins un carton jaune (Richie Gray en 2019).
À l’approche d’une 8e finale européenne, la lourde défaite l’an passé contre les Irlandais est bien présente dans les esprits toulousains et Thomas Ramos compte sur la discipline de ses coéquipiers pour rompre le mauvais sort, comme il le confie au Midi Olympique : « Ces défaites là-bas nous ont appris une chose : notre indiscipline a coûté cher. L'an dernier, nous étions dans le match et, sans ces deux infériorités numériques après carton jaune, il y avait la place pour batailler jusqu'au bout. Le mot d'ordre, c'est de rester à 15. Ensuite, la saison passée, on a vu qu'on avait réussi à imposer notre jeu en début de match. Je suis convaincu que notre rugby, si on arrive à le mettre en place, peut leur faire mal. En fait, c'est une équipe qui est tout le temps à 100 %, qui te donne l'impression de ne jamais se relâcher. À nous d'en faire autant. Quand on prend 28 points en 22 minutes à 14 l'an dernier, on apprend pour ne pas refaire les mêmes erreurs ».
Cette indiscipline avait déjà été le point noir de la dernière sortie des Toulousains en demi-finale contre les Harlequins : Ntamack et consorts ont en effet été sanctionnés 12 fois, contre seulement 7 pénalités concédées par les Harlequins. Finalement sans conséquences, les Quins préférant le plus souvent chercher la touche tant ils étaient distancés au score (38-26). En finale, match par excellence où chaque point compte, cette indiscipline pourrait peser bien plus lourd au terme des 80 minutes. Surtout contre le Leinster, où Ross Byrne a réussi à endosser le costume laissé vacant après le départ à la retraite de Jonathan Sexton.
Une discipline retrouvée, des espoirs toujours permis
À chaque fois, les rouge et noir ont écopé d’un carton jaune dans la première mi-temps des trois dernières rencontres face au Leinster. Une infériorité numérique qui a permis aux Irlandais de développer leur jeu d’attaque et de prendre très souvent le large. Tâche aux Stadistes de rester à 15 pour ne pas se faire distancer trop tôt dans le match.
Pour ce faire, ils devront monopoliser le ballon à l’image de la Rochelle qui, lors des deux précédentes finales européennes, avait su confisquer le sésame ovale. Multiplier les temps de jeu, garder la possession, c’est l’assurance de ne pas s’exposer aux assauts irlandais et par conséquent d’éviter tout risque de pénalités. Et à ce jeu, le Stade Toulousain sait être létal.
Le club de la Garonne est en tête des classements de points marqués (311), d'essais inscrits (46), de ballons joués à la main (896), de mètres parcourus (3 716), de franchissements (97) et de défenseurs battus (167). Si la qualité offensive de cet effectif doré n’est plus à prouver, la discipline est, comme le contait le dramaturge grec Eschyle, mère de succès. Les Toulousains seraient bien inspirés d’entrer sur la pelouse du Tottenham Hotspur Stadium avec cette citation en tête.
mic4619
Combien de fois les Irlandais que ce soit l'équipe nationale, ou le Leinster auraient du prendre des jaunes pour en particulier des fautes répétées dans et autour des rucks ......Bcp arbitres les laissent faire....l'année dernière quand ils ont pris un rouge .....qu'est-ce que l'on pas entendu comme pleurnicherie !
Jacques-Tati-en-EDF
Eschyle sont bien rigoureux, ça peut le faire ...
Like a Lion in Jau Zion
Eschyle dans la colle..
Jacques-Tati-en-EDF
Eschyle talon ?
Like a Lion in Jau Zion
😂
et Lefuneste 😁
duodumat
Bel article !
Et citer Eschile dans cette conclusion, je préfère cela à "quand ça veut pas, ça veut pas."
Bravo Romain Vintillas !
p.coutin
Ça m'arrive de ne pas être d'accord avec certains articles de ce site, mais lorsque l'article est bon, faut aussi le dire. C'est le cas de celui là. J'ajouterais dans la même ligne: porter une attention spéciale à la manière dont l'arbitre veut que les rucks soient joués et ne pas s'agacer. D'une manière générale Toulouse est une équipe correcte, pas violente, et plutôt respectueuse de l'arbitre, sauf contre le Leinster… qui est une équipe qui peut être franchement énervante lorsqu'elle joue à la limite de la faute. Comme le souligne l'article ci-dessus, la Rochelle à trouver une sorte de clef : Tenir sans gros dégâts et les ramasser en fin de partie... Match tellement intéressant que je propose qu'à l'avenir la finale de coupe d'Europe soit jouée façon playoffs de basket : plusieurs matchs aller retour jusqu'à ce que l'une des deux équipe gagne à l'extérieur.
Manu
Merci Romain(s)
Un bel article de Romain Vintillas
Et une belle prestation (anticipée) de Romain NTK