Rugby. Commotions : que se passe-t-il quand un joueur quitte le terrain ?
Dans un sport aussi violent que le rugby, le protocole commotion suffit-il à protéger les joueurs ? crédit photo : screenshot Canal +
Plus qu’un choc à la tête, une commotion cérébrale déclenche un protocole strict, de plus en plus encadré. Tests, examens, délais de retour… Voici ce que vit ce qu'il se passe lors d'un protocole.

Le choc est parfois discret, noyé dans le rythme du match. Mais le danger, lui, est bien réel. Une perte d’équilibre, un regard vide, un geste inhabituel, ou simplement un contact trop appuyé : autant de signaux qui peuvent alerter. Car au rugby, le moindre soupçon de commotion cérébrale déclenche aujourd’hui un protocole rigoureux, encadré par des règles internationales.

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Déclenchement du protocole

Depuis 2015, le protocole commotion (ou HIA, pour Head Injury Assessment) est systématiquement appliqué dès qu’un signalement est émis. Arbitre, joueur, staff, médecin, voire désormais le protège-dent connecté peuvent alerter. En 2022, les règles ont été encore durcies : une période de repos minimale de 12 jours est exigée en cas de commotion avérée. C’est ce qui explique par exemple l’absence de Pierre-Louis Barassi face à l’Écosse, après le choc subi contre l’Irlande.

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Trois phases d’évaluation

Une fois sorti du terrain, le joueur passe par trois niveaux d’examen.

HIA 1 – Pendant le match
Le premier test intervient immédiatement. Médecin indépendant, questions simples : où sommes-nous ? Qui est l’adversaire ? Quel est le score ? Le joueur est également invité à répéter des mots, citer les mois à l’envers ou décrire l’action au moment du choc. S’il échoue, retour impossible.

HIA 2 – Trois heures après
Le match terminé, un second examen est réalisé dans un environnement calme. Même logique : tests neurologiques, mémoire, équilibre, coordination. Cette étape est cruciale pour affiner le diagnostic.

HIA 3 – Deux jours plus tard
Le troisième test, 48 heures après le match, vise à confirmer ou non la commotion. En cas de réponse positive, une phase de repos sans contact commence immédiatement.

Le retour se fait en six étapes

Le joueur suit alors un parcours progressif :

  1. Repos total
  2. Activité physique légère
  3. Activité modérée
  4. Entraînement sans contact
  5. Entraînement avec contact
  6. Retour en compétition

À chaque étape, l’accord du médecin est obligatoire. Le moindre symptôme repousse le retour.

Des séquelles parfois invisibles

Le sujet est sensible. Des anciennes stars du rugby professionnel comme Steve Thompson ou Carl Hayman ont témoigné des séquelles laissées par les commotions : pertes de mémoire, migraines chroniques, troubles de l’humeur, voire pensées suicidaires.

À 43 ans, Hayman comparait son cerveau à un téléphone incapable de dépasser les 30 % de batterie. Quant à Thompson, il déclarait en 2023 : « Je me surprends parfois à penser que la chose la moins égoïste à faire est de me tuer. »

Le rugby prend (enfin) les choses au sérieux

Si ces témoignages glaçants ont fait réagir, ils ont aussi poussé World Rugby à agir : tests obligatoires, renforcement des délais, interdiction de retour sans validation médicale, détection par protège-dents connectés…

Ces mêmes protège-dents connectés ont causé quelques soucis à l’arrière de Perpignan Valentin Delpy récemment face à Toulon. En effet, le joueur a été contraint de quitter la pelouse sur une alerte de son protège-dent. Mais cet objet connecté a sonné au moment où il était dans la chaussette du joueur ! Cette histoire a causé beaucoup d’incompréhension, empêchant le joueur de faire son retour sur la pelouse malgré le bon déroulement de son protocole commotion.

Cette histoire est bien-sûr anecdotique et il ne faut en aucun cas remettre en question l’utilisation de cette technologie qui permet une meilleure protection des joueurs.

L’important est que l’on voit que les mentalités changent au fil des ans. Les clubs ne prennent plus le risque de forcer un retour prématuré. Et les joueurs, eux aussi, parlent davantage.

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Très intéressant et instructif cet article.

La question ou remarque qui me vient immédiatement à l'esprit,
c'est la nécessité de 3ème contrôle à 48h qui doit confirmer ou infirmer la commotion et donc repos etc...
et c'est ce point : possibilité d'infirmer la commotion qui m'interpelle et même m'inquiète fortement.
Si 3 heures après un match, un joueur est toujours à l'Ouest càd troubles neuro persistants, on peut être très surpris que la commotion ne soit pas confirmée d'office.
Quand pensent les neurologues,
" indépendants " si j'ose dire ?

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