RUGBY. Du Top 14 à la Nationale 2, Valentin Tirefort souhaite reprendre du plaisir sur le terrain !
Valentin Tirefort quitte le CAB après trois saisons en noir et blanc.
Des parcours singuliers, le rugby de haut niveau en compte des dizaines et des centaines. Néanmoins, quitter le Top 14 et le rugby professionnel pour la Nationale 2, à 24 ans, c'est rare.

Comme un grand sentimental, déçu par une relation, et qui ne croît plus à l'amour, Valentin Tirefort a bien failli arrêter le rugby, un sport qu'il affectionne tant. Pour un rugbyman professionnel, quelle est la pire situation ? Mis à part la blessure, le manque de temps de jeu, évidemment. L'ancien ailier de Brive a goûté aux deux, d'abord frappé par une rupture des ligaments croisée, puis par une mise au placard de deux saisons. Néanmoins, coéquipier très apprécié au sein du club corrézien et compétiteur dans l'âme, c'est en Nationale 2 que Tirefort a souhaité donner un nouveau sens à sa carrière. Loin des semaines d'entraînement aux charges de travail excessives, le club de Graulhet lui ouvre les bras avec la ferme intention de monter en Nationale 1. Nous avons rencontré celui qui a 14 matchs de Top 14 dans les pattes, et qui ne renonce pas aux joies du rugby "amateur".

Valentin Tirefort, au bord de la rupture avec le rugby

Récemment annoncé par l'ambitieux club de Graulhet, Valentin Tirefort quitte Brive après 3 saisons et 13 petits matchs. Très peu utilisé ces deux dernières années, l'ailier originaire d'Albi est revenu avec fermeté sur ce passage douloureux : "Ces deux dernières saisons ont été un enfer. Tu t'entraînes, comme tout le monde, mais tu ne joues pas. Lorsque je me suis fait les croisés, je suis revenu en cinq mois et demi, et je n'ai pas joué pour autant. Certainement, j'ai loupé le wagon, des premiers matchs et de la prépa, mais je pensais tout même jouer pendant l'année. J'ai demandé plusieurs fois des prêts pour avoir du temps de jeu ailleurs, à la direction et aux différents entraîneurs à Brive, mais tout m'a été refusé. À la fin, je me levai le matin, en sachant que le club ne comptait pas sur moi, c'est très dur mentalement." Heureusement, Valentin Tirefort a pu s'appuyer sur l'aide de ses coéquipiers, qui ne l'ont visiblement jamais lâché : "Par chance, il y avait un super groupe donc je me suis mis au service du collectif. J'ai fait le con, j'ai fait rire les mecs, je les ai aussi fait travailler. De toute façon, je n'avais rien à perdre, donc je me suis mis à travailler pour moi, en sachant que mon sort ne changerait pas." Pour autant, le capitaine du Super Seven ne mâche pas ses mots au moment de parler de sa situation au club, qui ne s'est pas finie comme il aurait pu l'imaginer : "L'entraîneur des trois quarts de Brive, Jean-Baptiste Péjoine, ne faisait rien pour me mettre en confiance, je ne sentais plus aucun intérêt du staff à mon égard."

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Le rugby professionnel, comme une grande surprise 

Certains sont formatés depuis petit à marcher dans les pas de rugbymen professionnels, d'autres découvrent ce sport sur le tard, mais parviennent à gravir les échelons rapidement. Pour Tirefort, le rugby était simplement un loisir et le monde du rugby pro, une utopie. Lorsque La Rochelle le recrute en Espoir, ce dernier était bien loin de penser à ce qu'il attendait : "Je suis arrivé à la Rochelle, à 19 ans, un petit peu par hasard, sans savoir où je m’étais les pieds. Au départ, je me suis dit que si je faisais cinq matchs en Espoirs, c’était déjà très bien, je savais que c’était super dur pour faire mon trou ! Au final, je m’intègre super bien, la politique de méritocratie me plaît, et tout est mis à disposition pour que je réussisse. Mes études sont aménagées, je peux m’entraîner tous les jours, c’est super carré ! J’ai des étoiles plein les yeux, je mange à côté de Victor Vito et Atonio, des mecs que je ne voyais qu’à la télé ! Après six mois passés là-bas, je bascule avec les pros et je me dis qu’ils ne m’ont pas menti. À l’époque, c'était Collazo et Garbajosa, Greg Patat était en espoir et le lien était super fort entre les trois. L'année d’après, je bascule complètement avec les pros, je fais les matchs amicaux et ensuite, je fais mon premier match en décembre." Après une première rencontre réussie, avec un bel essai, et des promesses encourageantes pour son avenir en jaune et noir, Tirefort sent que le vent tourne. Il préfère alors tenter sa chance ailleurs, là où son temps de jeu pourrait être plus intéressant "Je sentais que la Rochelle passait dans une autre dimension, avec de nouveaux objectifs. J’ai aussi senti que ça allait être compliqué de me faire une place dans un effectif comme ça. Brive toque à la porte, et je me suis dit que c’était bien pour ma progression, mon temps de jeu, et je n’ai pas regretté la première année (8 matchs). À la Rochelle, j’avais pourtant une proposition de rester, mais elle était arrivée un peu tard. Je me suis aussi dit que l’essentiel, c'est de jouer au rugby et de progresser par le temps de jeu."

Graulhet, pour retrouver le plaisir du jeu

Pourquoi délaisser un sport qui t'anime depuis ton adolescence, du jour au lendemain ? Valentin Tirefort n'a pas su trouver la réponse, et nous non plus. Après deux saisons presque blanches, le joueur de 24 ans n'a pas vraiment hésité à lâcher sa situation de joueur professionnel, quitte à reprendre une activité extérieure ! Plus important que le sport professionnel, Tirefort souhaite bâtir des relations humaines dans le Sud-ouest "Au départ, je voulais trouver un club de Pro D2, mais le marché est traître cette année. Je n'avais pas envie d'attendre, je ne m'entraînais plus pour jouer. J'en avais marre. Quand Graulhet me contacte, ils ont un discours qui me parle. J'ai senti qu'ils avaient envie de me redonner, du plaisir, celui que j'ai perdu. J'ai aussi pensé à l'après, mettre un pied dans le monde pro. L'objectif numéro un, c'est de se régaler sur le terrain, de travailler ensemble, dans la même direction. Regoûter à la victoire !" Lorsque Tirefort parle "de mettre un pied dans le monde pro", le joueur reste encore indécis sur sa future situation, et souhaite faire au mieux : "Je suis en pleine réflexion, reprendre mes études en alternance ou me réinsérer directement dans le milieu professionnel. Dans ma tête, je n'ai pas lâché le rugby non plus, pas du tout même. Je vais continuer à m'entraîner tous les jours comme j'ai toujours fait. À Graulhet, je sais qu'un réseau professionnel m'attend, j'aimerais me faire la main." Enfin, Graulhet est perçu comme un sérieux candidat à la montée la saison prochaine, une aubaine pour Tirefort, qui est impatient de goûter aux joutes de la Nationale 2 : "J'ai senti un club plein d'ambition, structuré, qui cherche à bâtir une équipe compétitive. Une montée en nationale serait folle, mais le club a envie de faire étape par étape, c'est un bon fonctionnement. J'ai hâte de faire mes preuves, et de jouer rugby, tout simplement."

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