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Rugby. Humeur. De l'Aviva à la merguez...
Le public n'est plus qu'un lointain spectateur.
Ce dimanche, il y avait deux matchs de rugby à suivre, l’un à l’Aviva Stadium de Dublin, l’autre à Bayonne, au Stade Jean Dauger, tous les deux à huis-clos.

Scores serrés pour public absenté, le spectateur n’est plus qu’un téléspectateur, acteur invisible pour le joueur, il en est presque devenu sa douleur fantôme. Les encouragements des supporters, leurs chants dédiés à leurs favoris font définitivement défaut aux joueurs et manquent parfois à leurs dons de sublimations. Temple Bar est resté vide, tout comme le Petit-Bayonne où les quais de la Nive, bars et restaurants aux rideaux tirés, lumières éteintes sur la longue nuit de la pandémie. Partout le même constat, que ce soit à La Recoleta de Buenos- Aires, autour du Millenium à Cardiff, n’importe où à Londres, aux abords du château d’Edimbourg ou à la rue de la soif à Paris... Seule la Piazza Navona à Rome ouvre ses terrasses et le limoncello de ses soirées printanières. Mais hormis cette exception italienne, tout est à l’arrêt, les stades sont vides, les merguez ne viennent plus en camions réfrigérés, la ventrèche n’ose plus la plancha de sa grillade, la chipolata refroidit dans sa barquette périmée.

Le bruit du public n’est plus là, ses vibrations non plus, le rugby marche sur un poumon, en apnée provisoire. La bière ne fait plus chanter ou encourager, les fûts sont à secs, les buvettes fermées pour une durée indéterminée.

Dans toutes nos villes vouées à l’ovale, là où le cœur de la cité se ressent au centuple dans l’enceinte sportive, les bars et les restaurants ne sont plus le lever ou le baisser de rideau des deux mi-temps qui sont normalement leurs raisons d’être. Le rugby, plus particulièrement, le sport en général, vivent de la passion qu’ils génèrent auprès de leurs supporters, rien ne pourra la remplacer. Dans toutes les enceintes du rugby amateur, on respire l’odeur du graillon, on entend le chant de la bière et le rires des supporters joyeux.

Cet "à côté" est la richesse, au propre comme au figuré, de notre rugby des fédérales et des séries réunies. La recette au guichet fait rarement sauter la banque, la 3ème mi-temps est bien plus prolifique pour cela et sans limites de temps. Même au niveau des pros, on espère retrouver au plus vite la liesse du spectateur et son engouement débonnaire.

Merchandising parfaitement marketé dans des boutiques bien achalandées, vente de sandwiches, pizzas, hamburgers, on ratisse large pour tous les âges, chacun doit trouver son bonheur en argent sonnant et trébuchant. Sans oublier, comme partout, la bière conviviale, blonde, rousse ou brune... Elle réunit les Hommes et les âmes, les matchs à refaire et les compositions d’équipe à défaire.

Et nous voilà à espérer, comme dans un rêve d’enfant, que bientôt nous pourrons retrouver le chemin du stade avec sa halte de l’avant-match pour un premier verre ou un dernier tapas et son retour plus ou moins pressé pour fêter ou noyer le résultat toujours incertain. On pourrait appeler ça la glorieuse incertitude du sport, osons croire que très vite nous pourrons avoir des certitudes et des stades qui rugissent à nouveau avec l’odeur de la convivialité passionnée comme parfum déconfiné...

Merci à Pierre Navarron pour cet article ! Vous pouvez vous aussi nous soumettre des textes, pour ce faire, contactez-nous !

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