COUPE D'EUROPE. Et maintenant, c'est quoi la suite après l'avalanche de reports ?Ce dimanche, le Stade Toulousain devait affronter les Wasps dans le cadre de la deuxième journée de Champions Cup. Un match qui semblait largement à portée du champion en titre. Vainqueurs de Cardiff lors du premier tour, les hommes de Mola allaient avoir face à eux une formation anglaise privée de nombreux éléments sur blessure, mais aussi en raison de la Covid. Mais comme six autres rencontres de Coupe d'Europe, la partie a été reportée à une date ultérieure. Ce qui devrait laisser le temps aux Guêpes de retrouver des couleurs après un début de saison compliquée. Avec seulement trois victoires au compteur en Premiership, et un revers dès la première journée de Champions, "cette équipe fait moins peur en ce moment", estime Yann Delaigue. Pourtant, il fut un temps où les Wasps étaient redoutables. L'ancien ouvreur du Stade Toulousain se souvient notamment de cette rencontre du 26 octobre 1996 où les hommes de Guy Novès avaient été balayés par les Anglais sur le score sans appel de 77 à 0. "C’étaient les débuts de la Coupe d’Europe et on ne connaissait pas le rugby des clubs étrangers. Ce match avait grandement surpris le monde du rugby français, car le Stade dominait le rugby français et avait pris près de 77 points avec une dimension physique et technique incroyable de la part des Wasps. Je ne jouais pas au Stade à cette époque (j’y suis arrivé la saison suivante) mais ce match avait fait beaucoup de bruit."Cédric Desbrosse : ''Aucune autre équipe n'est capable de sublimer le rugby comme le Stade Toulousain''L'autre rencontre entre Toulouse et les Wasps qui a marqué les esprits, c'est bien évidemment la finale de la H Cup en 2004. "Le match avait été intense. L’ambiance incroyable. On sentait qu’on prenait le dessus sur cette équipe en fin de match. On savait qu’on avait un gros banc contrairement à eux et on les sentait faiblir de plus en plus. Leur défense agressive, mais énergivore commençait à s’émousser." Puis, il y a eu cet essai en coin du Gallois Rob Howley sous les yeux du jeune Clément Poitrenaud. "Un essai sur une bêtise. Mais ça fait partie du jeu. C’était ma dernière saison au Stade. À titre personnel, j'aurais aimé partir avec un nouveau titre." Un an après, le Stade remportait sa troisième couronne européenne. Une autre suivra en 2010. Mais ce n'est que onze ans plus tard que la 5e étoile a été brodée sur le maillot de Toulouse. Conserver un titre européen n'est effet pas chose aisée. Surtout à notre époque. Pour y parvenir, Delaigue estime qu'il faut "avoir une équipe hors norme et des joueurs qui gardent l’enthousiasme, mais surtout une motivation forte. Car c’est souvent l’envie de conquête forte qui aide à remplir des objectifs aussi élevés et répétés." Le Stade Toulousain version Mola en a-t-il les moyens humains et mentaux ? Il pense que oui. "Sur un format de coupe, tout peut arriver. Ils ont beaucoup de maturité et d’expérience des grands rendez-vous. C’est une équipe avec un effectif riche et de très grande qualité. Certainement ce qui se fait de mieux." Le Toulouse de 2021 plus fort que celui de 2004 ? "C’est difficile de comparer les époques, mais je trouve cette équipe impressionnante. J’ai quand même l’impression qu’ils sont bien plus forts qu’on ne l’était à l’époque même si on pouvait dégager cette impression de pouvoir gagner sur des grands rendez-vous."
Mais il ne faut pas oublier que les Haut-Garonnais ont un autre titre à défendre, celui de champion de France. L'an passé, ils ont en effet réalisé un superbe doublé en dominant le Stade Rochelais en finale. Ce qui a surtout impressionné l'ancien de la maison toulousaine, c'est la force mentale du groupe sur la durée : "ils ont eu des matchs difficiles où ils ont lâché beaucoup d’énergie psychologique. Et on sait que c’est très dur de répéter des efforts chaque week-end sans décompression. Mais c’est toute la qualité de ce groupe qui a toujours envie de plus." Si cette envie est toujours là, ils pourraient très bien doubler le doublé. Ce qui serait une performance historique. Pour y parvenir, le Stade peut notamment compter sur sa charnière Antoine Dupont/Romain Ntamack. Un duo qui grandit ensemble au sein du groupe et s'installe petit à petit comme la meilleure associassions 9/10 sur la planète ovale. On a beaucoup d'eux ces derniers temps. Du second en raison de son replacement au centre lors de la tournée au profit du Bordelais Matthieu Jalibert. Un choix qui n'a pas été payant à court terme, confie l'ancien numéro 10 toulousain, mais qui représente tout de même une belle option pour l'avenir en vue de la Coupe du monde. D'ici là, Ntamack pourrait bien être le titulaire indiscutable au poste. "Il a des qualités incroyables. Il est jeune et dégage déjà une confiance et une grande expérience. Sincèrement je le vois faire des matchs extraordinaires avec très peu de déchets, parfois aucun d’ailleurs. Même s'il a une forte concurrence en équipe de France, c’est difficile de le sortir, car il ne se loupe jamais et fait partie des facteurs X des équipes. Il me semble que seule une blessure pourrait le ralentir un temps avant qu’il ne revienne encore plus fort." Et que dire de son compère à la mêlée qui ne semble pas avoir la moindre concurrence aussi bien chez les Bleus qu'au niveau international. Désormais, il n'est plus chauvin de dire qu'Antoine Dupont est ce qui s'est fait de mieux sur la planète ovale depuis qu'il a été par ses pairs et les supporters. "Ce titre de meilleur joueur n’a jamais été aussi évident. Antoine éclabousse le rugby de sa classe. Il n’y a aucune controverse. Il a tout lui aussi ! Nous avons une chance inouïe d’avoir ces deux joueurs associés au stade et en équipe de France." Deux jeunes éléments qui représentent non seulement l'avenir du Stade Toulousain, mais surtout celui du XV de France. L'ancien tricolore a regardé les performances tricolores avec un oeil attentif et admiratif. "J’aime leur jeu, mais aussi leur état d’esprit humble et conquérant. Ils ont gagné leur tournée de novembre, mais on attend évidemment leur confirmation dans les prochains mois avec le Tournoi des 6 Nations." Il a constaté qu'une progression constante des Bleus malgré les événements qui ont perturbé la saison internationale. Une progression qui doit les mener vers le sommet du monde en 2023 devant le public français. À ce titre, Yann Delaigue a déjà son pronostic : "Pour moi ils seront favoris pour la Coupe du Monde."
En marge du match de Toulouse face aux Wasps en Champions Cup, nous avons demandé à Yann Delaigue ce qu'il pensait du Stade et de sa charnière tricolore Dupont/Ntamack.
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