RUGBY. L'Australie ou la triste mort d'un géant qui ne veut pas changer - Loin des Bleus, près du cœur #11

En Océanie, les Néo-Zélandais n’ont pas beaucoup de concurrents. Pendant une trentaine d’années, et jusqu’en 2015, les Australiens tenaient pourtant tête aux All Blacks. Cependant, le niveau du rugby à XV sur l’île-continent a radicalement baissé et le pays semble s'enfoncer dans un marasme inquiétant.

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La déchéance de l'Australie

Lors de la Coupe du monde 2023, les Wallabies ont été éliminés dès les phases de poules pour la première fois de leur histoire. La sélection nationale pointait même à la 10ᵉ place du classement World Rugby, une chute encore jamais observée. De plus, à quelques jours de l'entame du Rugby Championship 2024, les craintes sont grandes et la nation double championne du monde en 1991 et 1999 pourrait encore descendre plus bas.

En Super Rugby, l’Australie compte cinq franchises, mais depuis le sacre des Waratahs en 2014, aucune équipe australienne n’a atteint la finale. Seuls les Brumbies et les Waratahs lèvent péniblement la tête avec, respectivement, quatre et deux demi-finales sur la dernière décennie. Niveau sélection, les Wallabies ne sont pas sortis des poules lors de la dernière Coupe du monde, une première dans leur histoire.

Échec du Sauvetage des Rebels ! La franchise australienne éjectée du Super Rugby en 2025Expatrié en Australie depuis 2020, Brendan Le Galludec y joue au rugby à XV. Ce dernier a joué dans différents clubs des championnats australiens locaux. Il constate un engouement limité. Les équipes « ne remplissent qu’un tiers du stade en Super Rugby », par exemple.

Sans réel championnat national, les divisions inférieures se jouent par régions où l’on peut apercevoir « jusqu’à 500 spectateurs » dans les gradins. Pendant longtemps, les Wallabies faisaient office de vitrine du rugby à XV dans le pays, mais les mauvais résultats récents font que « les Australiens perdent un peu foi en leur équipe. » Une réalité dure à accepter dans une nation de sport où les sélections de cricket et de rugby à XV étaient durant longtemps les ambassadeurs sportifs du pays.

Dans un pays où le rugby à XV n’est que le cinquième sport collectif le plus populaire (derrière le football australien, le cricket, le rugby à XIII et le football), la ferveur populaire ne retentit pas. De plus, le rugby australien peine à sortir de ses mauvaises habitudes. Il reste souvent pratiqué par des classes plus bourgeoises, offrant beaucoup de moyens à la discipline, mais profitant un vivier plus faible. « La majorité des écoles publiques jouent toutes au rugby à XIII et c'est en majorité des écoles privées qui vont jouer au rugby à XV. Le XIII ne mourra jamais grâce à ça. Si le XIII peut juste créer un peu d'espace pour que le XV prospère, je pense que vous verrez la profondeur du rugby australien », s'était indigné la star des All Blacks Sonny Bill Williams en 2021 sur la chaîne australienne Stan Sport.

Après la défaite face aux All Blacks, Sonny Bill Williams taille un costard au rugby australien

Le rugby français est-il occulté par les Australiens ?

Alors, y a-t-il une influence sportive tricolore qui a su se développer là-bas ? « Pas vraiment », répond Brendan Le Galludec. Formé au RC Vannes, le troisième ligne se rappelle qu’à son arrivée en Australie, il n’était pas vraiment attendu pour son French Flair. « Quand j’ai débarqué, on m’a dit “On sait que tu as bouffé de la touche, de la mêlée et des rucks en France. On t’attend sur ça.” Ils nous englobent sous le prisme des Européens, avec un jeu d’avant et une grosse mêlée. » Culturellement, le Breton évoque une dissonance dans la perception australienne. « Ils font la distinction entre Français et “British” en dehors du terrain, mais niveau rugby, ils nous mettent dans le même paquet. »

De plus, il confie que le rugby français est plus émotionnel que celui qu’il constate en Océanie. « En tribune et sur le terrain, je trouve que c’est assez calme, à part quand on marque, bien sûr. Il n’y a pas de musique, pas de fanfares, il n’y a pas de bruit », explique l’ancien du Stade Nantais au sujet de la ferveur des Australiens pour le rugby à XV. À l’autre bout du globe et même au cœur d’un continent acquis à sa cause, le ballon ovale souffre d’un certain désamour.

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