RUGBY. Top 14. Où en est le projet 100 % Région lancé par le Castres olympique en 2017 ?
Matthias Rolland, directeur du Castres olympique, a fait le point sur le projet 100 % région du CO. Crédit image : Screenshot Youtube Castres Olympique
Matthias Rolland, directeur du Castres olympique, a fait le point sur le projet 100 % région du CO. Lancé en 2017, il regroupe désormais 22 équipes.

Quelle a été la genèse de ce projet ?

On est parti du postulat qu'on avait un rayonnement qui était quand même assez limité. Donc, on a essayé de fédérer un territoire le plus large possible sur les départements qui nous correspondent. Où il n'y a pas forcément de concurrence avec des clubs de Top 14. L'idée derrière 100 % Région c'était de fédérer un maximum de clubs du Tarn pour après s'élargir à d'autres équipes hors de notre département.

L'idée générale était de faire évoluer le rugby dans son ensemble dans cette région ou pour alimenter le CO plus tard avec des joueurs ?

Le principe de base du 100 %, c'est de se dire que si les clubs de notre territoire sont forts, le CO sera plus fort et inversement. Le but, c'est de renforcer les clubs amateurs. Ça passe par des conventions sur l'ensemble de leur structure. Bien sûr, au niveau sportif, mais aussi au niveau commercial, de la communication, sur le médical, avec de nombreuses actions qui sont menées dans ce sens-là pour essayer de leur donner les moyens suffisants de pouvoir exister, se renforcer et être attractif à leur niveau. Ce n'est pas limité au sportif, ni simplement à des invitations au stade. L'idée est vraiment de les aider sur l'ensemble de leur structure selon les besoins qu'ils peuvent avoir au quotidien.

Comment tout cela se concrétise sportivement au niveau des clubs ?

Il y a un vrai lien au niveau des doubles licences qui est très important, notamment sur les U14 qui sont à la base du 100 % région. Yoan Bailly fait un gros travail au niveau sportif et fait le lien avec les éducateurs chez les U14. Une génération qui a remporté le Super Challenge l'an passé et qui a été championne de France Cadets cette année. Il y a des entraînements communs avec les meilleurs potentiels qui viennent s'entraîner tous les lundis à Castres et fonder l'équipe U14. Il y a également des séminaires sportifs qui s'adressent à l'ensemble des équipes et aux éducateurs des clubs parrainés.

Ce sont des interventions qui sont adaptées en fonction des niveaux des uns et des autres. Pierre Broncan, David Darricarrère et Rory Kockott ont fait des interventions comme ça pour les éducateurs. Les coachs viennent aussi en immersion au Lévezou pour voir comment les entraîneurs travaillent sur une journée. Il y a aussi des interventions ciblées. Karena Wihongi et Yannick Caballero interviennent dans des clubs sur la mêlée et la touche plus spécifiquement.

Comment intervenez-vous dans les autres domaines ?

Au niveau commercial, c'est de l'immersion. On permet aux clubs qui ont la volonté de se développer commercialement de voir avec nos équipes quels produits ils pourraient être amenés à commercialiser. On a la chance d'avoir des salariés à temps plein donc on peut donner des conseils sur de la visibilité, les projets digitaux, etc. C'est un projet d'ensemble du club, même au niveau de la communication. Il y a un séminaire de communication qui a été fait. On a mis des packs digitaux à disposition des clubs pour qu'ils puissent faire leurs propositions, mettre des choses en ligne qui soient cohérentes et plutôt jolies.

L'idée globale, c'est de répondre aux problématiques de l'ensemble des équipes et c'est tout le club du Castres Olympique qui est impliqué. Aussi bien au niveau sportif qu'au niveau du développement et de l'administratif. On est là pour répondre à l'ensemble de leurs demandes. Au niveau des équipements, on fait bénéficier de nos tarifs préférentiels, notamment par rapport aux ballons ou aux équipements. On joue un peu le rôle d'une centrale d'achats.

Combien de clubs font partie du projet à l'heure actuelle ?

Vingt-deux clubs à date. On rayonne maintenant sur cinq départements. Aujourd'hui, dans le Tarn, évidemment, qui est le coeur du projet. On a d'ailleurs signé une convention entre le comité du Tarn pour faire plein d'actions en commun. Un comité qui est partie prenante aussi de ce projet 100 % Région. Après, en Haute-Garonne, on a Revel, qui est vraiment limitrophe. Il y a également des clubs d'Aveyron, dans l'Hérault et l'Ariège.

Est-ce que vous avez d'autres envies d'expansion ou ce sont les clubs qui postulent ?

Désormais, ce sont les clubs qui font appel à nous pour entrer. Il y a des clubs, notamment dans le Tarn, avec leur propre identité. Donc ils ne sont pas forcément tous d'accord pour signer des conventions. Chacun est indépendant et a sa propre culture. Donc, on ne force personne. Les clubs font appel à nous, et on regarde s'il y a vraiment un sens à ce que l'on fasse ces actions, parce que ça demande quand même beaucoup d'énergie. Donc il faut donc une vraie volonté du club de nous supporter parce que c'est la seule contrepartie que l'on demande au club : être derrière le Castres Olympique.

Quels ont été les défis auxquels vous avez été confrontés au lancement du projet, ou peut-être encore maintenant ?

C'est surtout par rapport aux mentalités. Ne serait-ce que sur le département, il y a beaucoup de bastions, de clochers, de grands clubs. Il faut accepter que les équipes qui étaient rivales il y a quelques années encore puissent aujourd'hui évoluer main dans la main et comprendre que c'est dans l'intérêt de tous, dans l'intérêt du club. 100 % région, c'est un projet, c'est un bateau qui avance doucement. Ceux qui veulent monter y montent et ils font partie à l'aventure. Des fois, ça mettra plus de temps avec certains clubs que d'autres. Mais globalement, on va vraiment vers le mieux. J'en veux pour exemple l'an passé, au moment des phases finales, le nombre des messages que j'ai reçus des présidents des clubs 100 % région. C'était la première année que c'était comme ça. Par rapport aux autres années, il y a vraiment un état d'esprit qui évolue.

Quels sont les prochains objectifs ?

Les clubs savent très bien comment s'adresser au CO. Je pense que l'on peut les aider sur beaucoup de points. Il faut aussi qu'ils soient force de proposition en sachant qu'encore une fois, on est très ouvert pour pouvoir les aider sur des actions. Je pense notamment au prêt du bus à Alban. Ce sont des choses qui sont médiatisées mais qui ne représentent 5 % de ce que l'on peut faire au niveau des clubs.

Est-ce qu'il y a des joueurs du groupe pro qui sont peut-être amenés à aller dans des clubs ou voir les jeunes pour transmettre le savoir-faire, l'expérience ?

Oui, on a des joueurs qui sont impliqués dans le projet. Notamment, les joueurs formés sur le territoire comme Antoine Tichit, Geoffrey Palis, formé à Gaillac, Jérémy Fernandez, formé à Mazamet et à l'Aviron Castrais. Ces joueurs-là sont des relais importants. Ils sont sollicités pour faire des interventions sur le terrain. Il y a aussi de la présence lors de la remise de trophées lors de tournois de ces équipes-là de 100 % Région.

Est-ce que dans le cadre de ce projet, vous avez repéré des pépites que vous aimeriez voir sous le maillot du CO ou ce n'est pas une chose à laquelle vous pensez ?

Ce n'est pas le but au départ. Le but, c'est d'améliorer entre guillemets l'image du CO sur le territoire. Qu'au bout du compte, le meilleur gamin, plutôt que de partir dans un autre club professionnel, rejoigne le CO parce que c'est naturel. Je pense que le temps du recrutement sauvage est terminé. Il faut vraiment qu'on arrête ça. Les clubs bossent bien au niveau des catégories jeunes. Le système de double licence quand il est bien fait est un système fabuleux. Les joueurs qui ne sont pas retenus avec le CO vont jouer avec leur club formateur. Ils apportent une vraie plus-value à l'équipe. Si malheureusement, le joueur n'accède pas au centre de formation ou au niveau pro, il a gardé le lien avec son club formateur. Les exemples de joueurs qui y retournent son nombreux. On fait ce qu'il faut pour que les meilleurs potentiels aient envie de venir chez nous sans se poser la question d'aller ailleurs.

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C'est un peu ce qu'avait essayé de mettre en place Hill sur la Normandie avec le club de Rouen. Ça se rapproche finalement du fonctionnement d'une province néo zélandaise ou irlandaise hormis la propriété de la fédération sur la structure. Je pense que c'est une excellente façon de faire et j'espère que les clubs du Nord s'en inspireront pour implanter des équipes pro et arrêter de se faire piller ses meilleurs joueurs.

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